Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

mardi 26 février 2008

Pauv'con !

Voilà bien un titre que je n'aurais jamais imaginé pour l'un de mes articles, ce serait-ce qu'il y a 48 heures encore ! Mais je ne résiste pas à l'utiliser aujourd'hui, et ce n'est pas pour justifier l'usage de jurons en tous genres et à tous propos qui semble se développer à vitesse grand V dans notre société actuelle, quelquefois même dans la bouche ou sous la plume de ceux que l'on appelle communément les "intellectuels", comme récemment Robert Badinter dans l'une de ses diatribes contre Nicolas Sarkozy et la tentative de ce dernier de contourner l'arrêté du conseil constitutionnel au sujet de la loi Dati...

Non, loin de moi l'idée de justifier de tels écarts de langage, y compris et surtout dans la bouche du président d'une République que nous sommes un certain nombre à respecter, au point de considérer que son plus haut représentant a entre autres devoirs celui de donner au monde qui nous entoure une image respectable de notre pays.

Même si j'ai pu dire à maintes reprises dans ces colonnes à quel point le président actuel et son équipe affichaient des idées, de projets, une détermination, une philosophie politique même, auxquels j'adhérais presque pleinement. Même si je maintiens, contre les vents de la presse et les marées des sondages, une confiance raisonnable dans l'action du gouvernement et dans les résultats concrets qu'elle porte en germes à l'horizon des quatre ou cinq prochaines années. Même si je m'inscris en faux, et de la manière la plus vigoureuse, contre la vague actuelle de propos et de diatribes aussi délirantes qu'infondées, plus motivées par des considérations électorales à si peu de temps des municipales que par des motivations de pure réflexion politique au sens noble. Même si, donc, je me sens plus proche de lui que de ses détracteurs, je supporte de moins en moins les incartades et les écarts, de langage mais plus généralement d'image, de Nicolas Sarkozy.

La république n'est pas une monarchie, et n'a pas besoin du faste dont se parait l'ancien régime. Le président n'est pas le roi de France, et on ne lui demande pas de se conduire comme tel. On peut volontiers lui pardonner ce que lui reprochent aujourd'hui y compris les acteurs les plus à gauche de l'échiquier politique, à savoir une extrême simplicité du geste et des propos, le tutoiement dont il est un adepte, l'absence de cette hauteur, presque condescendante quelquefois, dont se paraient ses immédiats prédécesseurs. Mais on ne lui pardonnera jamais, et pas moi en tout cas, la vulgarité. Nicolas Sarkozy n'est pas Nicolas 1er ; il n'est "que" le premier citoyen de France, mais il la représente de fait comme de droit, tant auprès des Français eux-mêmes qu'auprès de l'étranger. Et je n'ai pas envie que la France soit vulgaire sous prétexte de simplicité !

Il en va de même de la représentation qu'il donne volontiers de sa vie privée. Si le spectacle dont nous sommes gratifiés à profusion est l'oeuvre de journalistes par trop indiscrets, il conviendrait qu'ils soient sanctionnés par leurs rédactions. S'il est orchestré par l'intéressé lui-même comme on nous le dit quelquefois, alors il sera normal également qu'il soit sanctionné d'une manière ou d'une autre. Nous n'avons pas à assister à la toilette du roi que nous n'avons pas, et pas plus à la vie amoureuse du président que nous voudrions être fiers d'avoir...

Voilà le "coup de gueule" que j'ai voulu pousser ici. Ca n'enlève rien à la bonne opinion que j'ai de l'équipe dirigeante et du travail qu'elle fournit. Mais je ne pouvais pas rester muet par rapport à des propos tenus en public et qui m'ont révolté...


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mercredi 13 février 2008

Comment sortir des ghettos ?

Certains vont se demander pourquoi j'aurai mis cet article dans la rubrique "Société" alors qu'il commente un élément de l'actualité. En fait, mon raisonnement est inverse, et je vais utiliser ici un projet du gouvernement actuel, qui est en soi un réel projet de société, pour illustrer mes opinions sur le sujet qu'il traite.

C'est en effet d'actualité : le gouvernement français, par la voix de sa secrétaire d'état à la politique de la ville d'abord, puis plus récemment par celle du président de la République lui-même, a annoncé et énoncé un nième "plan banlieue", au moins le 9ème en 10 ans, mais en se défendant justement de l'idée de cette pérennisation d'actions aussi inefficaces que coûteuses.

Mon propos n'est pas seulement ici de passer en revue les différentes mesures annoncées par le plan. Je me bornerai à dire que, globalement, si le discours officiel recouvre au moins une part de détermination, et si les mesures annoncées entrent ainsi en assez grande partie dans les faits d'ici à 2012, ce qui est le seul engagement du pouvoir en termes de délais, ce plan représente un espoir objectif pour ce que nous appelons de manière trop souvent péjorative "les banlieues".

De quoi s'agit-il en fait ? Pour des raisons le plus souvent de "politique politicienne", les élus locaux des communes qui ont accueilli dans les années 1960 le gros de l'immigration maghrébine, puis ensuite d'Afrique noire, car ce sont bien ces deux communautés qui posent la plus grande partie du problème en France (en Allemagne, ce sont les Turcs, en Angleterre les Indiens, etc... Chacun son immigration...), ces élus, donc, ont tout fait pour éviter de donner l'impression d'imposer à leur population "de souche", c'est à dire au gros des troupes de leurs électeurs, des nouveaux-venus dont la culture, la religion, les comportements, les moeurs, étaient bien souvent aux antipodes des nôtres. Et ils ont ainsi créé de toutes pièces de nouveaux quartiers à la périphérie de leurs villes, le plus loin possible du centre, et y ont "entassé" les nouveaux venus qui se sont ainsi retrouvés tous regroupés, isolés du reste de la cité, isolés surtout de la vie de cette cité, en l'absence de tout lien social avec les autres habitants. On a créé de toutes pièces des ghettos où se sont développés tout naturellement le corporatisme et le communautarisme.

Or, il fallait faire exactement le contraire de ça ! Ce qui fait le ciment de la vie sociale, surtout en zone urbaine, c'est la mixité. Il fallait répartir les nouveaux arrivants dans le tissu urbain existant, "mélanger" les nouveaux-venus et les anciens, les jeunes et les moins jeunes, les chrétiens et les musulmans. Il fallait "fondre" les immigrants dans la cité, et ne pas les "parquer" à l'extérieur, ne pas les mettre de fait "au ban" de la société existante. C'est d'ailleurs là le vrai sens du mot "banlieue" : le "lieu du ban"... Tout un symbole !

Mais voilà un demi siècle que le mal est fait, un demi siècle qu'il perdure et qu'il se perpétue. Chaque nouvelle vague d'immigrants s'est vue rajoutée comme une nouvelle "pelure d'oignon" au-dessus de la précédente, toujours plus à l'écart, toujours plus stigmatisée, toujours plus ghettoïsée. Et tout naturellement, ces gens-là sont devenus dans les esprits "bien pensants" les symboles de "l'autre", de celui qui est différent, de celui "qui ne pense pas comme nous", de celui qui ne vit pas comme nous, et très vite de celui "dont on ne veut pas chez nous". Et comme "on n'en veut pas" chez nous, alors très vite aussi, ils se sont mis à vivre entre eux, à ne plus avoir envie de se mêler à nous, et pour finir à ne plus vouloir de nous... Nous avons fabriqué des marginaux. Ne nous étonnons pas dès lors qu'ils le soient, marginaux !

Voilà pour le constat. Mais alors que faire maintenant pour sortir de cette situation intenable ? L'équation est bien compliquée, et sa résolution bien peu aisée. Car revenir en arrière pose un double problème :

1 - Les populations que nous avons ainsi "parquées" dans ces "cages à lapins" que sont nos HLM de banlieue, immeubles à bas coût et donc d'assez mauvaise qualité la plupart du temps, et où donc la vie est mécaniquement elle-aussi de mauvaise qualité, immeubles qui n'ont fait que se dégrader au fil du temps à la fois par manque d'entretien et par le fait des détériorations quotidiennes dont ils sont victimes, ces populations, donc, se sont installés dans un sentiments d'exclusion, et leurs enfants et petits-enfants (nous en sommes à la quatrième génération aujourd'hui) ont pour beaucoup d'entre eux développé de fait la culture du renoncement et de l'assistanat.Toutes les "aides" que nous avons "inventées" au fil des années pour soi-disant leur venir en aide n'ont fait que les conforter dans l'idée que l'avenir leur est bouché et qu'une assistance pérenne leur est due. Les "tirer vers le haut", c'est à dire vers la culture de l'effort et vers le désir de progresser (ce qu'on a pu appeler "l'ascenseur social"), est aujourd'hui, sans doute pas une mission impossible, mais un projet extrêmement ardu et risqué. Rien n'est plus difficile à faire évoluer que les mentalités, c'est bien connu, et particulièrement quand elles sont alimentées par les institutions, ce qui est le cas dans les "quartiers" depuis plusieurs décennies de laisser-aller.Surtout qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance démesurée de "l'économie souterraine", comme on dit trop pudiquement et qu'il faudrait bien appeler par son nom, à savoir les trafics en tous genres, à commencer par celui de la drogue. Celui qui gagne l'équivalent d'un smic par jour en "dealant" du canabis ou de l'héroïne n'acceptera jamais de travailler 8 heures par jour pour gagner la même chose en un mois... Sauf si son trafic est si totalement démantelé qu'il est obligé d'arrêter. D'où l'importance d'une implication policière particulièrement efficace, n'en déplaise aux associations angéliques qui prétendent le contraire...
2 - Les moyens à mettre en oeuvre sont colossaux, et hors de portée de quelque collectivité territoriale que ce soit. Le budget de l'état sera donc nécessairement mis à contribution. Mais ce budget est déjà victime d'un déficit abyssal. Il faut donc se rendre à l'évidence : la puissance publique n'a pas les moyens matériels de résoudre le problème des banlieues !

Nous sommes donc un certain nombre (un nombre certain, devrais-je dire) à redouter que ce "plan espoir banlieue" ne s'avère être finalement dans les faits qu'un replâtrage de plus, et un ensemble de mesures inefficaces dans le temps.Pourtant, sur le papier, le plan a des attraits et, peut-être, des atouts pour réussir. Encore faudra-t-il qu'on y mette la détermination nécessaire, y compris pour aller chercher là où ils sont possibles les financements que l'argent public ne peut pas mettre en oeuvre. Car d'autres acteurs y ont un intérêt certain à trouver et à défendre. A commencer par nombre d'entreprises, dont certaines d'ailleurs ont déjà "flairé" l'opportunité que représente, dans les quartiers difficiles, une main d'oeuvre certes peu qualifiée, et qu'il faudra former "de toutes pièces", mais une main d'oeuvre exceptionnellement bon marché : ceux parmi les "jeunes des cités" qui ont envie de "se lever le matin", et qui sont bien plus nombreux en pourcentage que ce que l'on croit, sont prêts à faire les efforts nécessaires en termes de prétentions salariales pour, enfin, obtenir un "job". Surtout si ce job n'est pas, enfin là aussi, un "petit boulot" de plus...J'entends déjà hurler les syndicalistes de tous poils, mais il faudra qu'ils m'expliquent avec des arguments probants qu'il est préférable, pour un jeune, de "galérer" à longueur de journées, et de soirées, dans le hall de son immeuble, un "joint" au bec et sans un sou en poche, plutôt que de travailler, même pour un très petit salaire, et ainsi s'ouvrir les portes de l'espoir d'une évolution professionnelle et d'une ascension sociale qui lui étaient jusque là totalement interdites...

Je voudrais maintenant donner mon avis sur les points importants du plan dont je parle :

1 - Inscrire la diversité dans le préambule de la constitution.Pourquoi pas ? Mais je ne vois pas l'impact concret d'une telle mesure.
2 - Un représentant de l'état dans chaque quartier.Là encore pourquoi pas ? Sauf que ça va encore coûter, pour peu d'efficacité concrète.
3 - Incitations pour les fonctionnaires à aller dans les quartiers.Quel est donc cet état-patron qui a besoin d'inciter ses fonctionnaires, c'est à dire ses subordonnés, à effectuer une tâche pour laquelle, rappelons-le, ils son payés ? Point n'est besoin d'incitation, monsieur le Président. Il suffit d'en donner l'ordre ! Tout simplement ! Et le refus d'obtempérer doit conduire à la révocation. C'est un abandon de poste. Il faut enfin cesser d'admettre le laxisme. Et pas seulement le dire !
4 - Partenariat entre l'état et les associations.Très bonne chose ! Les associations locales sont pour la majorité d'entre elles des relais particulièrement efficaces, et un vivier de bonnes volontés.Il faut simplement veiller à ce que ces associations dont nous parlons, certaines d'entre elles au moins, ne profitent pas de l'effet d'aubaine que pourrait représenter pour elles ce partenariat, essentiellement en terme de budget et de subventions. La politique de la ville ne doit pas devenir pour elles une source facile de trésorerie.
5 - Nouvelle répartition de la dotation de fonctionnement entre les communes.Oui mais... Il faut sans doute aider les collectivités locales dans leurs efforts. Mais il ne faut pas le faire sans discernement. Il faut que le redéploiement de la dotation de fonctionnement tienne compte des efforts réels en faveur des quartiers difficiles, et pas seulement de l'importance de ces derniers sur le terrain. Ce n'est pas parce que telle commune comporte quelques milliers de logements sociaux qu'elle doit mécaniquement bénéficier d'une dotation supérieure à telle autre qui n'en a que quelques centaines. Peut-être cette dernière, qui a mis en chantier un plan efficace en faveur de ses quartiers difficiles, devra-t-elle être mieux "servie" que la première qui ne fait rien !
6 - 500 millions d'euros pour les transports en commun.Oui, à condition qu'il s'agisse, par la politique des transports, de "désenclaver" les quartiers, et de palier ainsi au moins partiellement le manque de mixité sociale.On ne peut pas, évidemment, procéder à des déplacements de populations pour corriger l'état de fait d'une ghéttoïsation dommageable. On peut utiliser la politique des transports, associée peut-être à des actions contraignantes sur les implantations de commerces, de lieux de loisirs et de culture, ou encore de lieux de travail, pour faciliter les échanges entre quartiers et centre-ville.Et, bien sûr, tenir compte de l'impératif de mixité dans les implantations de nouveaux arrivants.
7 - 4000 nouveaux policiers dans les quartiers.Oui, mille fois oui ! Je ne vais pas revenir ici sur l'impératif d'éradication des économies souterraines. Il faut faire un effort tout particulièrement efficace pour débarrasser les quartiers de leurs "caïds" et pour éradiquer les zones de non-droit.
8 - Expérimentation d'un "contrat d'autonomie" pour les jeunes des quartiers.Il s'agit, si j'ai bien compris, d'un accompagnement individualisé des jeunes en difficulté, qui doit déboucher sur un CDI, un contrat d'apprentissage ou une formation en fin de parcours.Oui, mais à deux conditions :
- Que ce contrat d'autonomie soit un réel contrat. C'est à dire que le jeune s'engage et que son engagement soit vérifié et contrôlé durant tout le parcours. Pas de marché de dupe. Cela coûtera cher. Il faudra que ce soit efficace.
- Que les entreprises participent à l'effort de formation, et s'engagent elles aussi. Pas plus d'effet d'aubaine pour elles que pour les jeunes ! Ce contrat d'autonomie ne doit pas être un moyen de plus de profiter des financements publics sans contrepartie effective.
9 - Soutien à la création de 20 000 entreprises en 4 ans (soit 100 000 jeunes)Même remarque que ci-dessus : il faudra contrôler l'utilisation honnête du dispositif, et ne pas permettre que les aides soient détournées de leur but, même plusieurs années après leur octroi.
10 - Ecoles de la deuxième chance.Oui, bien sûr. Cela marche là où cela existe déjà. Il faut généraliser le système. Mais c'est comme les restaurants du coeur de Coluche, c'est destiné à devenir inutile ! "L'école de la première chance", celle de la République comme celle dite "libre", doit devenir de suffisamment bonne qualité pour que cette "école de la deuxième chance" devienne obsolète... Pour les "restos du coeur", c'est un échec. Pour l'école, on n'a pas le droit d'échouer.
11 - 4000 places d'internat de réussite éducative.Même remarque que ci-dessus, avec en plus la suivante : l'internat est un excellent moyen de motiver les jeunes et de les guider vers la réussite dès lors qu'ils sont demandeurs. Sinon, il est ressenti comme une prison, et ses effets sont désastreux.
12 - Expérimentation du "busing".Tout d'abord, pourquoi ce terme anglophone ? Mais passons, il y plus important...Il s'agirait de créer des transports scolaires pour que les meilleurs éléments des lycées et collèges des quartiers fréquentent les établissements situés "en ville".Non, absolument non ! Paradoxalement, cela va accentuer la ghéttoïsation des quartiers. Les établissements scolaires des quartiers difficiles seront immanquablement stigmatisés, montrés du doigt, et les élèves qui les fréquenteront encore seront désignés comme "nuls" et "irrécupérables".Ce qu'il faut, c'est élever le niveau des établissements scolaires de ces quartiers, en y affectant notamment des enseignants de qualité, même si ça ne leur plaît pas a priori (voir ci-dessus ce que j'en pense au point numéro 3), et en y faisant régner l'ordre et la discipline par tous les moyens, condition indispensable à une pédagogie de la réussite.Faire de la mixité, ce n'est pas mettre les meilleurs avec les meilleurs, c'est les mélanger aux autres pour que ceux-ci puissent le devenir à leur tour...Mais tout est lié : ça ne peut fonctionner que si le niveau éducatif est suffisant. Sinon, ce ne sont pas les moins bons qui s'améliorent, ce sont les meilleurs qui deviennent mauvais !
13 - 30 "sites d'excellence" adossés à des établissements d'enseignement supérieur ou à des entreprises pour les meilleurs éléments des quartiers.Oui ! Et surtout en liaison avec les entreprises, et avec des incitations efficaces à destination de ces dernières. Le but premier de l'enseignement, surtout quand il s'agit de populations "à problèmes", c'est la réussite sociale. Et elle passe par la réussite professionnelle. Il faut donc que l'école procure les clefs pour l'entrée et l'épanouissement dans le monde du travail. Et les mieux placés pour y parvenir sont les entrepreneurs. Même si ça doit déplaire à certains "intégristes" du secteur public.
14 - Accession sociale à la propriété.Oui, mais ce doit être une conséquence de la réussite sociale et professionnelle ; ça ne peut pas en être un moyen. Il ne faut pas subventionner des programmes d'accession à la propriété à l'intention de ceux qui ne pourront pas faire face à leurs obligations. Ne reproduisons pas, même en plus petit, l'exemple désastreux des "subprimes" américains

Voilà l'essentiel de ce que je pense sur la question des "quartiers difficiles". Le plan "espoir banlieues" n'a été qu'un outil pour développer mes idées sur la question. Le simple fait qu'il m'ait permis de le faire indique à l'évidence qu'il tente de "faire le tour" du problème, et qu'il correspond en grande partie à mes vues sur le sujet, malgré toutes les restrictions et toutes les réserves que j'ai pu exprimer ci-dessus.

J'attends vos réactions par le biais de vos commentaires, qui seront comme d'habitude les bien venus.


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jeudi 7 février 2008

Les chiens aboient, la caravane passe...

Je prenais la "plume" ce matin, au départ, pour une nouvelle fois me révolter contre la tiédeur et la mièvrerie des positions de nos dirigeants. Et puis, à la lecture plus approfondie d'un article du Monde, je vais peut-être tempérer mon propos.

De quoi s'agit-il ? Dans mon article d'hier, je me réjouissais que la question des "niches" et autres "rentes de situations" soit enfin à l'ordre du jour sur le bureau des autorités. Or ce matin, j'ai eu la mauvaise surprise d'apprendre au journal télévisé que François Fillion, premier ministre, avait reculé sur le sujet des licences supplémentaires à attribuer aux taxis, et qu'il avait promis, selon le journaliste à l'antenne, "d'enterrer le rapport Attali sur ce sujet" !Une fois de plus un flot d'adrénaline m'a submergé, et une fois de plus j'ai vociféré contre la lâcheté de ceux à qui pourtant des millions et des millions de Français ont donné solennellement pour mission d'avancer courageusement dans le sens de réformes libérales, seule voie efficace pour remettre le pays en ordre de marche et promouvoir cette croissance économique qui nous manque si cruellement ! Car n'en doutons pas, l'opinion n'est pas dupe des seules promesses électorales, et attend des actions concrètes. Et n'en doutons pas non plus, la route est semée d'embûches, les réformes à entreprendre sont d'une telle ampleur que des obstacles de gros calibre se dresseront tout au long de cette route, et il faudra (il faut d'ores et déjà !) beaucoup de courage pour avancer dans la bonne direction. Nous n'attendons pas de ce gouvernement qu'il recule à la moindre contestation. Et malgré l'ampleur de la mobilisation des taxis hier dans tout le pays, il ne fallait pas baisser pavillon. C'est un signe négatif donné non seulement aux contestataires du moment (les artisans taxis), mais à l'ensemble de ceux qui se préparent à manifester contre tout et n'importe quoi dès lors que leurs intérêts particuliers seront, à leurs yeux, menacés. Du président aux parlementaires et autres ministres de la République, vous n'avez pas reçu mandat du peuple pour ça ! Vous avez été élus ou nommés, selon les cas, pour agir...

Voilà pour mon "coup de gueule". Mais un peu plus tard dans la matinée, j'ai pu lire dans le journal Le Monde un article qui me ramène à un peu plus de sérénité. Il y est dit que François Fillion a déclaré souhaiter "donner toute sa place à la concertation avec les professionnels, en leur proposant de formuler des propositions susceptibles de mieux répondre à leurs attentes et à celles des usagers" et veiller "à ce que les évolutions de la profession soient mises en œuvre dans le respect de l'équité, sans mettre en péril l'équilibre économique de l'activité des taxis". Que le principal syndicat des taxis en ait tiré la conclusion dont s'est fait écho le journaliste de France 2 dont je parlais tout à l'heure est une chose. Qu'il faille obligatoirement interpréter les propos du premier ministre dans ce sens en est une autre, et pour ma part je ne me risquerais pas à franchir ce pas de manière aussi désinvolte.Je l'ai dit à plusieurs reprises dans ce blog, je ne fais qu'une confiance raisonnable au pouvoir issu des dernières élections présidentielles et législatives, mais raison ne veut pas dire méfiance, et je me refuse à quelque procès d'intention que ce soit. Nous connaissons la diplomatie dont est capable le premier ministre, peut-être d'ailleurs un peu plus que le président lui-même, et même si dans le passé beaucoup ont "enterré" des projets en créant au premier obstacle une commission dont les travaux ne furent jamais suivis d'effet, la promesse de concertation de François Fillon ne signifie pas mécaniquement l'abandon pur et simple d'un traitement résolu et efficace du problème. L'opposition et les syndicats avaient tenu un raisonnement similaire au sujet de l'affaire du contrat de travail. On sait aujourd'hui avec quelle détermination l'équipe gouvernementale a pu imposer une grande partie de ses vues sur la question...

En résumé, je ne sais pas à l'heure actuelle ce qu'il en sera finalement de cette proposition du rapport Attali, mais

1 - Je considère que l'ouverture du numerus closus est indispensable, et qu'il faut donc attribuer de nouvelles licences
2 - Il faut, par la concertation, régler le problème des capitaux engagés par les artisans-taxis pour acheter (très cher !) leurs actuelles licences, et faire en sorte qu'ils ne soient pas lésés par les nouveaux arrivants dans leur profession
3 - Il ne faut pas reculer, ni sur ce point ni sur un autre, face à la contestation. L'intérêt général, et en particulier la libération d'une croissance indispensable à l'amélioration de l'emploi et du pouvoir d'achat, doit absolument prévaloir sur les intérêts particuliers d'un petit nombre de bénéficiaires de rentes de situation. Taxis ou autres.
4 - Et surtout, il faut donner des signaux clairs et tangibles de notre détermination d'aller dans cette voie. La réussite du projet, à l'horizon 2012 et au-delà, est à ce prix. Même si la grogne monte. Même si les sondages sont mauvais. Même si des élus locaux "y laissent des plumes" aux prochaines municipales. Et même s'il serait plus confortable de "caresser les gens dans le sens du poil".

Les chiens aboient, mais la caravane passe, dit le proverbe... Et cette caravane doit passer !


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mercredi 6 février 2008

Retards d'actualité

Pris par d'autres obligations, voilà bien longtemps que je n'ai laissé d'articles dans mon blog ! Je prie bien humblement mes fidèles lecteurs de m'en excuser : la vraie vie a ses impératifs que la vie du "net" ignore...

La conséquence, c'est que bon nombre de sujets "d'actualité" se sont trouvés ainsi délaissés par moi. Je vais essayer de revenir sur ceux qui m'apparaissent aujourd'hui les plus importants, même si peut être d'autres, dans le feu de l'action dirais-je, auraient attiré de ma part des commentaires dont je ne ressens plus maintenant la pertinence, à la lumière du temps qui a passé depuis...

Je vais évacuer tout d'abord le plus médiatique d'entre eux : un certain "mariage princier" qui n'aurait pas dû, à mon sens, avoir tant d'échos dans les médias. La vie privée ne regarde pas le public, qu'il s'agisse d'un chef d'état ou d'un obscur quidam de la "France profonde" ne change rien à l'affaire... Il parait que le "marié de l'an 8" (2008 s'entend) a été l'artisan "souterrain" de ce battage médiatique. Si c'est vrai, ça n'est pas là son action la plus pertinente depuis son élection !... Les Français, et moi en particulier, se moquent bien de ce qui se passe au creux de son lit, et sont bien plus préoccupés de ce qui se passe dans son bureau, dans celui de ses proches collaborateurs, dans ses ministères, et dans sa tête quand il s'agit des actions à mener pour le bien de la France. Du moins, ça devrait être ainsi, et ceux qui pensent autrement n'ont pas grand intérêt à susciter.
Ensuite il y a les sondages. Même si ce sujet est un peu plus proche de centres d'intérêt légitimes, il ne faut leur accorder qu'une importance mesurée : ils ne sont le reflet, à un instant donné très précis (celui où la question est posée), de l'opinion d'un échantillon plus ou moins "représentatif", échantillon choisi par les sondeurs (sur quels critères ? selon quelle objectivité ?), en réponse à une question précise, et on ne doit en aucun cas se permettre, comme le font allègrement les commentateurs de tous bords, d'en déduire les opinions générales (plus larges que la question elle-même) de l'ensemble de la population (bien au-delà de l'échantillon, et même de sa supposée représentativité) et sur une période plus ou moins longue (pas seulement au moment où la question est posée, mais jusqu'à l'élaboration du commentaire).Les réponses sont celles données à la question et rien qu'à elle, par les personnes interrogées et rien qu'elles, à l'instant où on les interroge et rien qu'à ce moment.La seule crédibilité objective réside dans les comparaisons entre deux sondages, lorsque les échantillons sont semblables, et lorsque la question posée reste la même. Ce n'est presque jamais le cas.Ces précautions étant prises, on nous annonce que le chef de l'état perd de sa popularité de manière importante, que dans le même temps le premier ministre en gagne pour sa part de manière symétrique, et on en déduit que les Français seraient dans l'ensemble déçus de l'action de l'équipe gouvernementale issue des élections présidentielles et législatives.Je ne reviendrai pas ici sur ce que j'ai dit dans mon article du 18 janvier dernier dans cette même rubrique Actualités et que j'avais intitulé "vitesse ou précipitation", mais tout y est dit ou presque : il me semble normal qu'un certain nombre d'électeurs se soient à l'époque déterminés en omettant de considérer que les actions positives présentes dans le programme électoral ne pouvaient se concevoir que sur la durée du mandat au minimum, c'est à dire jusqu'en 2012. Que ceux-là soient déçus aujourd'hui se conçoit parfaitement. Il faut simplement leur expliquer, ce que, ce me semble, on ne fait pas assez, et il faut continuer d'agir sans faiblir. Les sondages sont au mieux une indication, certainement pas un critère déterminant quant à la politique à mener ! Il faut "bien faire et laisser dire". Même si certains intérêts électoraux se dessinent à un horizon immédiat. La vie politique et les intérêts des hommes politiques, même électoraux, sont choses différentes. Les hommes passent et les actions restent.

La Société Générale maintenant. J'ai dit le 22 janvier, dans la rubrique Economie, ce que je pensais du capitalisme financier et de ses dérives ultra libérales. Cette sombre affaire en est un magnifique exemple : le malheureux courtier (pourquoi employer un mot anglais alors que notre belle langue est si explicite ?) qui s'est laissé emporter par le "jeu" pour lequel on le payait, et qui a ainsi engagé plus de 50 milliards d'euros dans des opérations spéculatives qui se sont avérées mauvaises, n'en est pas, et de loin, le principal responsable. Il ne faudrait pas faire de ce pauvre bougre le bouc émissaire d'une politique financière qui est celle de la Générale comme celle de toutes les grandes banques. Ces établissements financiers dans lesquels nous plaçons tous notre confiance (et nos capitaux quand nous en avons !) n'ont qu'une obsession : "faire de l'argent". Je ne leur reproche aucunement : c'est là leur raison d'être. Mais ce que je leur reproche volontiers, c'est la manière dont elles opèrent. Et je veux m'en expliquer ici.Les opérations spéculatives, c'est à dire les placements à risque sur les marchés boursiers, sont le meilleur moyen par lequel on peut espérer faire de gros profits, sous forme de plus-values, en un minimum de temps. Mais c'est aussi le moyen le plus risqué. Alors, je ne dis pas que les banques ont tort de se lancer dans de tels placements. Je dis qu'elles ont tort de prétendre qu'elles ne le font pas. Et je dis en tout cas qu'elles ont tort de le faire sur une si grande échelle. N'oublions pas que toutes ces opérations sont menées avec notre argent ! Et le comble de l'hypocrisie est encore ailleurs : - elles prétendent ne pas prendre de risques inconsidérés,- elles fixent les plafonds qu'elles jugent raisonnables pour ces opérations,- elles mettent en place des procédures de contrôle aussi lourdes que coûteuses pour "surveiller" leurs courtiers, Mais en fin de compte - elles laissent ces mêmes courtiers prendre tous les risques qu'ils veulent, - elles "ferment les yeux" quand les plafonds sont dépassés,- elles ne tiennent bien souvent aucun compte des alertes issues des contrôles (ce fut le cas , on le sait aujourd'hui, dans l'affaire qui nous occupe ici)- et elles "lâchent" leur courtier malheureux si l'affaire devient désastreuse, et surtout si elle devient publique.De plus, dans cette affaire en particulier, il est acquis aujourd'hui que la revente des valeurs incriminées a été menée dans la précipitation et au plus mauvais moment ! Etait-ce pour tenter de "masquer" l'affaire ?...Espérons que le procès, qui aura lieu de toute façon, fera la part des responsabilités entre le courtier "indélicat", une hiérarchie "aveugle" et un PDG qui ne pouvait rien ignorer de la stratégie de son entreprise.

Dernier point sur lequel je voudrais m'arrêter aujourd'hui : le "rapport Attali". Voilà bien l'exemple parfait de la difficulté de gouverner dans une démocratie comme la nôtre. Ce rapport n'est qu'un catalogue de préconisations ; il n'a encore fait l'objet d'aucun projet de loi ; tout au plus le président a-t-il précisé dans l'une de ses interventions qu'il était "plutôt favorable" à "la plupart" des propositions contenues dans le rapport. Et déjà on constate une "levée de boucliers" de la part d'un certain nombre de citoyens qui se sentent "visés" et potentiellement "victimes" de certaines mesures, mesures qui ne sont que supposées à venir... A commencer par les chauffeurs de taxis (ou plus exactement les entrepreneurs de taxi, car les salariés ne sont tout simplement pas concernés, même si nombre d'entre eux manifestent sans doute aujourd'hui, pour "hurler avec les loups"). Je suis étonné pour ma part que les autres bénéficiaires de rentes de situation, telles que les pharmaciens par exemple, ne se soient pas encore exprimés sur le sujet. Car, si la plupart de nos concitoyens sont conscients de la nécessité absolue de moderniser et de réformer notre société, chacun de nous, semble-t-il, n'en accepte l'idée qu'à condition ne n'être pas concerné soi-même ! Je ne prends pas position ici pour ou contre le contenu du rapport Attali, dont nous ne connaissons dans le grand public qu'une infime partie du reste, mais ce rapport est l'aboutissement d'une longue réflexion menée par d'éminents économistes et autres sociologues, et il est sans aucun doute tout sauf fantaisiste. Il sera bien plus judicieux d'examiner en leur temps le contenu des projets de lois qui en découleront, que de pérorer sur le rapport lui-même, sans même en connaître la réelle substance.En tout état de cause, et s'agissant des "rentes de situation" dont je parlais plus haut, je ne peux que me réjouir par avance que le problème soit posé au plus haut niveau. Il est tout à fait anormal, dans le contexte d'une compétition sociale et économique de tous les instants, que certains se trouvent abusivement protégés par des lois qui avaient sans doute leur justification lorsqu'elles ont été votées, mais qui sont devenues totalement obsolètes à l'aune de la modernisation et de l'évolution de la société.

Voilà, très rapidement rédigé, un petit rattrapage de mon retard de commentaires. Je vais essayer à présent de "coller" un peu mieux aux évènement intéressants. N'hésitez pas, vous aussi, à intervenir dans ces pages...