Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

jeudi 26 juin 2008

Immigrés clandestins (2° partie)

Je suis un libéral convaincu, et un humaniste qui ne l'est pas moins.

A ces deux titres, et avant toute réflexion, ma position face au problème de l'immigration devrait me conduire en toute logique à considérer avec bien d'autres libres-penseurs que tout être humain vivant sur cette Terre a le droit de s'y déplacer à sa guise, sans aucune entrave d'aucune sorte, a le même droit naturel à s'installer dans le pays de son choix, et que nul n'est fondé à l'en empêcher par la force.

Et partant de ce principe, naturel autant que pouvait l'être la morale pour La Rochefoucauld, il devrait donc m'être imposé par le bon sens de hurler avec ces loups que sont devenus les défenseurs des "sans-papiers", de militer à leur unisson, et de m'indigner comme ils le font contre la politique gouvernementale et sarkozyste en la matière.

Avant toute réflexion ai-je bien dit. Et principe naturel ai-je dit également. Mais comme la "Morale Naturelle" de La Rochefoucauld n'était pas si naturelle que ça, toute emprunte qu'elle était des préjugés de son époque (lesquels a priori n'étaient pas plus absurdes que les nôtres d'aujourd'hui), le principe que je viens d'évoquer ne l'est pas vraiment, naturel. Et c'est ce que m'apporte la réflexion que je mène depuis quelques temps sur le sujet.

En effet, tous les migrants ne sont pas des promeneurs bucoliques qui parcourent la planète bleue de pays en pays pour en admirer les paysages et juste profiter du spectacle. Si c'était le cas, et si les accueillir ne posait aucun problème particulier, je ne vois pas bien au nom de quoi on pourrait légitimement les en empêcher.

Mais la Terre n'est plus le Paradis Terrestre, les hommes portent paraît-il le poids du "péché originel", les femmes "enfantent dans la douleur", et surtout les hommes doivent "travailler à la sueur de leur front" pour nourrir leurs familles.

Je referme bien vite cette parenthèse biblique uniquement destinée à rappeler que la Genèse est bien loin dans le passé, que l'agencement désordonné que les hommes ont mis en place ici-bas n'a rien d'idyllique ni de paradisiaque, et qu'il faut bien tenir compte de l'évidente absurdité de ce désordre institutionnel que nous appelons "géopolitique".

Il reste que les disparités énormes des conditions matérielles entre les différents points du globe sont la cause de velléités de déplacements des populations qui ne doivent plus rien à des comportements naturels, mais qui sont guidés par la recherche de conditions de vie meilleures, et que le principe qui consisterait à accueillir les migrants sans réfléchir par simple respect de leur liberté de circulation n'est plus du tout du domaine du naturel. Il est devenu essentiellement économique, et est de ce fait redevenu un problème, et un problème crucial...

Car pour riches que peuvent paraître nos pays aux yeux de beaucoup d'autres, cette richesse apparente, ce "miroir aux alouettes" que nous sommes pour eux, ne "vient pas au monde tout seul" et est le fruit de nos efforts et de notre organisation socio-économique bien plus que de critères naturels qui nous auraient été donnés de manière immanente. C'est bien l'organisation de notre société, telle que nous avons su la mettre en oeuvre, qui produit ces richesses qui brillent tellement, vues de loin, et qui font envie à tous ceux qui n'en ont pas, bien souvent, le tiers du quart dans leur pays...

Parallèlement, j'ai toujours soutenu, et je maintiens encore aujourd'hui, qu'il n'y a aucune différence objective entre l'accroissement de la population par la procréation et la même croissance démographique par l'immigration. Dans les deux cas, c'est forcément bénéfique pour l'économie en ce sens que la demande (la consommation) est le principal moteur de la croissance économique, du moins dans des systèmes où l'activité demeure libre.

A ce stade du raisonnement, il n'y a donc toujours aucune raison de s'opposer à l'immigration, fût-elle sauvage. Au contraire, une immigration nombreuse peut sembler avoir deux aspects positifs : le moteur économique dont je parlais à l'instant, et l'oeuvre humanitaire en faveur des défavorisés du tiers monde qui n'ont pas chez eux les structures propres à leur permettre de (sur)vivre correctement.

Mais cette vision idyllique n'est qu'illusoire. En effet, les économies des pays développés brillent de loin, je l'ai dit, mais de loin seulement. La réalité, vue de près, est toute autre, et elles sont en proie à des difficultés, notamment dues aux systèmes sociaux très coûteux qu'elles ont mis en oeuvre, ces mêmes systèmes sociaux qui attirent ceux qui sont tant candidats à venir chez nous.

Immigré ou non, l'individu qui produit des richesses est un atout ; celui qui ne produit pas est une charge. Et c'est tout le problème du poids économique du chômage dans nos sociétés.

La conséquence logique sur le raisonnement est malheureusement mathématique : on ne peut recevoir chez nous, économiquement parlant, que des actifs. Accepter n'importe qui sans restriction revient à "importer des chômeurs". Et nos économies n'arrivent déjà pas à supporter le coût des chômeurs nationaux. Il est donc absolument inéluctable de contrôler les flux migratoires entrants, sous peine de catastrophe économique...

Contrairement à beaucoup, notamment à droite et voire à l'extrême droite, je ne suis en aucun cas pour une "immigration zéro" qui non seulement est illusoire mais qui serait néfaste pour l'économie. J'ai déjà dit plus haut que plus la demande est forte et plus l'activité est forte, et donc plus le chômage est réduit. C'est le cercle vertueux qui contredit la fausse bonne idée du partage du travail, idée qui a échoué partout. Il faut donc faire entrer des immigrés. Mais pas n'importe lesquels...

Sur quels critères sélectionner les entrants ? Voilà une question qui fait débat, et qui pourtant possède des réponses de bon sens difficilement contournables.

Il y a d'abord un critère d'admission automatique évident : l'appartenance à la Communauté Européenne. Les traités européens nous en font un devoir, et c'est très bien comme ça. La libre circulation des personnes et des biens est un des principes fondateurs de l'Union.

Ensuite, il y a les critères politiques. Cela va de l'asile politique proprement dit au risque avéré d'application de la peine de mort dans le pays d'origine, en passant, bien entendu, par les accords bilatéraux conclus entre certains états.

Dans tous les autres cas, je prétends que l'installation sur le territoire national à titre permanent doit être conditionné à différents critères "d'admissibilité", dont font partie le respect absolu de toutes les lois en vigueur, une conformation aux principales règles culturelles du pays d'accueil, un minimum d'adaptation à commencer par une certaine pratique de la langue, et un travail régulier.

Ces règles valent à mon sens non seulement pour l'immigrant lui-même mais encore pour sa famille (dans le cadre du "regroupement familial").

Et un immigré qui ne remplit pas ces critères a vocation à être reconduit à la frontière dans les délais les plus brefs possibles ! Je trouve pour ma part totalement anormal que l'on recherche systématiquement un accord avec le pays d'origine avant de reconduire les clandestins à la frontière. Si un tel accord ne peut être obtenu, et à l'expiration du délai légal de rétention (en France, 32 jours), quitte à "remettre ces pauvres gens à la rue", je trouverais plus normal qu'on les "libère" chez eux plutôt que chez nous !

Et voilà qui devrait être de nature à faire retomber la polémique récente sur la directive "retour" votée par le Parlement Européen et dont
j'ai parlé il y a quelques jours. Si les clandestins étaient systématiquement reconduits dans leur pays d'origine, je suis convaincu que la plupart des "pays d'accueil" réduiraient drastiquement leur durée maximum de rétention administrative...

Restent au moins deux problèmes de fond soulevés par une certaine "tartufferie" dans les pratiques actuelles.

Tout d'abord, ces associations soi-disant caritatives dites "de soutien aux sans-papier". Je trouve particulièrement grotesque que l'on tolère des manifestations, qui troublent l'ordre public, et qui n'ont pour motivation avouée que de soutenir les hors la loi que sont les immigrés clandestins. Or, non seulement on les tolère, mais encore on les écoute avec bienveillance, et il arrive même (souvent) qu'on leur donne au moins partiellement satisfaction ! Quelle galéjade ! Pourquoi aussi ne pas créer des associations pour soutenir les fraudeurs du fisc ? Ou les contrevenants au code de la route ? Ne souriez pas, c'est sur le fond exactement la même chose. Il s'agit dans tous ces cas de prendre le parti des violeurs de la loi républicaine. Et c'est inadmissible.

En outre, la question a été posée récemment, dans un commentaire sur ce blog, de la source du financement de ces associations. Je n'ai pas la réponse, et j'espère à tout le moins qu'elles ne bénéficient pas de subventions. Ce serait un comble que l'Etat, avec nos impôts, finance les complices des délinquants...

Deuxième problème pour moi incompréhensible : les clandestins travailleurs. Ce sont ces immigrés illégaux qui réussissent, au moyen de faux documents, à obtenir un emploi, et qui ensuite, aidés par les associations dont je viens de parler, veulent se prévaloir de leur contrat de travail pour demander (exiger même !) d'être "régularisés".

Or, nous sommes ici en présence de délinquants à double titre : une première fois pour violation des lois sur l'immigration, et une seconde fois pour "faux et usage de faux". Non seulement ils n'ont pas vocation à être régularisés, mais encore ils sont passibles de poursuites pénales. Non seulement il ne faut pas leur donner des papiers, mais encore il faut les juger, les condamner, et les emprisonner ! A moins de décider, ce qui ne serait pas idiot, que les étrangers, réguliers ou non, ne soient plus emprisonnés en France en cas de condamnation pénale, mais reconduits chez eux. Voilà la vraie solution à la question de la "double peine"...

Sur le même sujet, je ne m'explique pas qu'un employeur puisse être durablement abusé par la fourniture de faux documents à l'embauche. Qu'il ne détecte pas le caractère frauduleux d'un bulletin de paie, d'un certificat de travail, d'une carte vitale, d'une carte de séjour, que sais-je, ça peut se comprendre : de tels documents peuvent être obtenus auprès de faussaires très habiles, moyennant finances bien sûr, et je soupçonne fort les mêmes associations que plus haut, non seulement de mettre en relation le demandeur et le faussaire, mais peut-être bien encore de financer au moins partiellement l'opération. En effet, nombre d'immigrés clandestins n'ont manifestement pas les moyens de prendre en charge eux-mêmes le coût de tels faux documents. Que notre employeur, donc, se laisse abuser à l'embauche, soit. Que l'URSSAF par exemple, ne soit pas capable de détecter la fraude dès la déclaration d'embauche ou à tout le moins lors des déclarations qui servent de base au calcul des cotisations, je n'y crois absolument pas. Je ne dis pas que l'URSSAF est volontairement complice, je dis qu'elle ne contrôle pas suffisamment. Et pour clore le sujet, un employeur qui serait convaincu d'avoir sciemment "fermé les yeux", pour payer son salarié de manière dérisoire par exemple (on sait bien que ça se pratique, et sur une grande échelle), cet employeur-là devrait systématiquement faire l'objet de poursuites et supporter des amendes sévères. Ces pratiques, non seulement pèsent sur l'emploi des travailleurs légaux, mais encore tirent les salaires vers le bas, et sont donc un ennemi parmi d'autres du niveau général des revenus, et donc du pouvoir d'achat. Ces employeurs voyous sont les négriers modernes, et devraient être poursuivis sans concession.

Comme on le voit, non seulement les solutions existent, mais elles sont relativement faciles à mettre en oeuvre pour peu qu'on ait un minimum de courage politique. Mais c'est sans doute sur ce dernier point que le bât blesse...


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mardi 24 juin 2008

Immigrés clandestins (1° partie)

Nouvelle polémique, et nouvelle déformation journalistique (mais pas seulement), au sujet d'une directivre européenne cette fois...

Le Parlement européen a adopté, mercredi 18 juin 2008, la directive dite "retour", qui tend à doter l’Union européenne de lois communes en matière d’expulsion d’immigrés clandestins.

Il s'agit notamment de limiter la durée de la rétention administrative : cette période pendant laquelle un immigré clandestin est retenu prisonnier dans l'attente de l'obtention de l'accord de son pays d'origine pour son retour. A défaut d'un tel accord, et à l'expiration de la période de rétention administrative, l'immigré est libéré ("relâché dans la nature" disent certains).

A titre d'exemple, en France cette durée maximale est de 32 jours, au Royaume Uni de 40 jours.
Précédemment à la directive "retour" dont je parle, plusieurs pays parmi les 27 de l'Union n'avaient tout simplement pas de période légale de rétention, ce qui équivaut à dire que la rétention était illimitée. La directive adoptée mercredi prévoit une durée maximale de 18 mois, ce qui constitue, pour ces pays là, une libéralisation indéniable. Et en ce qui concerne les autres (ceux dont la durée légale actuelle de rétention est inférieure à 18 mois), la directive prévoit expressément qu'ils ne sont pas tenus de modifier leur législation existante. La France comme le Royaume Uni ont, pour leurs parts, déjà indiqué qu'ils ne changeraient rien.

Cependant, la plupart des commentateurs, et semble-t-il quelques chancelleries, ont interprété le texte adopté par le Parlement Européen comme s'il fixait la période à 18 mois pour tout le monde. Hugo Chavez notamment, l'emblématique et très médiatique Président vénézuélien, se sert de cette directive pour faire un chantage au pétrole, édictant que le Vénézuela ne livrerait plus d'or noir aux pays qui mettraient en oeuvre cette directive. Heureusement qu'il ne s'agit là en fait que d'une déclaration symbolique, le Vénézuela n'assurant que 1 % des approvisionnements de pétrole de l'Europe...

Voilà donc encore un exemple de déformation médiatique (et aussi diplomatique cette fois) de la réalité, au profit d'intérêts douteux... Non seulement c'est inacceptable sur le principe, mais c'est encore un avatar qui ne plaide pas en faveur d'une perception positive de l'image de l'Union Européenne dans les mentalités, alors même que le point de départ représente une avancée positive de la législation dans le sens d'un plus grand respect des libertés...

Pour ce qui est du probème général des immigrés clandestins, je prépare pour ces jours prochains un article qui traitera du sujet de manière plus approfondie.



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Nota Bene - Opus 1

Voici le premier opus d'une rubrique que je veux périodique, et dans laquelle je dirai quels sont les articles de la blogosphère qui ont attiré mon attention. Ce qui ne signifie nullement que je sois forcément d'accord avec leurs contenus.

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Union européenne ou Union occidentale : le débat rebondit chez Criticus
- De la bouillie de cerveaux chez Expression Libre
- Capitalisme et antionomies présumées chez Aux Inniocents les Mains vides
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La haine du pauvre ches Aymeric Pontier
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Une mauvaise idée au placard sur Le Blog de Polluxe
- Le tagine, cette autre façon de cuisiner les blogueurs ches Monsieur Pingouin
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Les collectivistes sont des crapules chez Laure Allibert


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vendredi 20 juin 2008

L'union Européenne (suite)

Dans la série "j'en avais parlé", je vous signale une discussion très intéressante chez Criticus :

http://criticusleblog.blogspot.com/2008/06/lunion-occidentale-plutt-que-lunion.html

jeudi 19 juin 2008

Déformation médiatique

Voilà encore une "affaire" qui n'en est pas une à la base, mais qui est montée en épingles par les journalistes. Avec l'aide des avocats de la défense. Et je m'insurge autant contre l'interprétation journalistique que contre l'opportunisme des avocats, qui font mine d'être d'accord avec les propos de la presse alors que, en juristes qu'ils sont supposés être, et s'ils étaient sincèrement sur la même longueur d'onde que les chroniqueurs, ils ne mériteraient tout simplement pas la robe qu'ils portent...

Je veux parler de cette affaire de Villeneuve d'Asq, jugée aujourd'hui, et qui met en cause un docteur en médecine de 37 ans impliqué a posteriori dans un braquage.

Le braquage a eu lieu le 15 septembre 2005 contre un fourgon de transport de fonds qui contenait 671 000 euros. Les malfaiteurs manquent leur coup, et les deux braqueurs s'enfuient, blessés. L'un d'eux a besoin d'une opération chirurgicale pour extraire une balle, qui a pénétré dans son épaule et qui s'est logée dans son thorax.

Sous la menace des deux braqueurs, un certain docteur Sadek F. pratique cette intervention avec des moyens de fortune, l'intéressé refusant d'être conduit à l'hôpital.

Jusque là, rien d'anormal ni déontologiquement ni légalement. Ne serait-ce que le très célèbre serment d'Hippocrate, pour ne parler que de lui et sans même aborder l'aspect moral et humain de la situation, obligeait le docteur à pratiquer l'opération.

Là où il s'est mis dans l'illégalité, c'est qu'il n'a pas prévenu les autorités, comme l'y oblige la législation. Et c'est pour cette seule raison qu'il est jugé aujourd'hui. A ce titre il est tout à fait normal qu'il soit poursuivi, et condamné : nul n'est fondé à se dérober à une obligation légale.

Mais quand on lit la presse, quand on écoute la radio, quand on regarde la télévision, c'est un tout autre raisonnement qui nous est asséné. Tout le landerneau médiatique s'insurge à l'envi, contre cette justice qui poursuivrait le bon samaritain au motif qu'il aurait secouru un hors-la-loi...

L'avocate du prévenu se fend même d'un commentaire aux termes duquel un jugement de condamnation signifierait à l'intention des autres praticiens (dixit) "Si vous vous trouvez dans la même situation, laissez crever votre patient". Quelle honte pour un professionnel du droit ! Le docteur n'est pas poursuivi pour avoir soigné le malfaiteur, mais pour avoir manqué à son devoir de déclaration d'une blessure par balle. Cette avocate pense-t-elle vraiment que son rôle est de travestir la réalité, même si elle croit à tort que c'est dans l'intérêt de son client ? Si c'est vraiment le cas, elle ferait mieux de quitter tout de suite sa charge d'avocate. Ce serait profitable à ces futurs infortunés clients...

Il y a déjà quelques temps, j'avais évoqué le pouvoir médiatique. Cette affaire est emblématique d'un aspect encore plus incidieux que ce que je dénonçais alors : celui du pouvoir de déformation de la réalité, à des fins purement commerciales comme peut être ici (plus on fait dans le sensationnel et plus on vend, évidemment...), ou à des fins politiques dans d'autres cas très fréquents.

Je suis proprement révolté, et pas seulement dans cette affaire en particulier, contre la déformation intentionnelle de la vérité par ceux qui sont justement en charge de la diffuser. C'est inexcusable, et c'est dangereux. Combien d'auditeurs, de lecteurs, de téléspectateurs, auront compris "l'erreur" ? Très peu évidemment. Et c'est tout simplement, de la part de ceux qui détiennent de fait le très puissant pouvoir médiatique, un forfait contre l'honneur de la charge qui est la leur.

On enseignait dès l'école, jadis, ce qu'était la conscience professionnelle. Et on sanctionnait sévèrement ses manquements. On ferait bien d'y revenir, me semble-t-il...


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lundi 16 juin 2008

La construction d'une démocratie doit-elle être démocratique ?

Voilà, peut-être, une question intéressante. C'est vous, chers lecteurs, qui me le direz. En tout cas elle m'intéresse personnellement au plus haut point.

Vous l'aurez compris, cette question, je me la pose au sujet de ce "non" irlandais qui empoisonne tout le monde, sauf les opportunistes à la De Villiers ou à la Le Pen, ou à d'autres "nonistes" de 2005 encore, que je n'aurais pas encore entendus.

Le problème que pose ce "veto" que nos amis irlandais opposent au traité de Lisbonne est de plusieurs ordres, mais se résume à la pertinence d'un principe.

A) Les différents aspects du problème d'abord

1) Aux termes du traité de Nice, en vigueur aujourd'hui, la règle de l'unanimité est quasi absolue, et en tous cas l'adoption du nouveau traité, celui dit de Lisbonne, doit être ratifiée par les 27 pays membres sans aucune exception. Cela signifie que la non-ratification par Dublin précipite de droit ce nouveau traité à la poubelle. C'est ce qui s'était passé en 2005 avec les "non" français et hollandais au projet dit "de constitution".

2) Mais l'Irlande compte 4,5 millions habitants, l'Union Européenne 495 millions. Peut-on considérer qu'il est "normal" que moins de 1 % des Européens bloquent tout le processus ? Ce blocage est légal, en fonction des traités en vigueurs, il n'est à l'évidence pas démocratique du tout.

3) Autre côté non négligeable du problème posé : ses conséquences, et en premier lieu le maintien d'un statu quo où presque toutes les prises de décision "au long cours" sont bloquées par des institutions où il suffit qu'un seul pays refuse pour que rien ne soit possible. C'est justement l'un des points les plus concrets du projet de traité de Lisbonne que de proposer une solution à ce problème rédhibitoire. On est donc en face d'un cercle vicieux : c'est le problème à régler qui est la cause principale de l'absence de solution à ce problème...

B) Le principe qui en est la cause maintenant : la démocratie.

Je suis un démocrate convaincu, et je considère que l'Etat n'a de légitimité qu'issue de la "volonté du peuple" comme dirait Mirabeau.

Mais l'Union Européenne n'est pas (encore) un état, pas même une nation. Doit-on dans ces conditions considérer qu'elle est une démocratie ? Je ne le pense pas. Et d'ailleurs, ses institutions elles-mêmes ne sont pas démocratiques, avec un Parlement qui n'a pas le vrai pouvoir législatif, un pouvoir exécutif qui n'est pas responsable devant ce Parlement, et un pouvoir judiciaire qui n'est encore qu'embryonnaire. Comment et pourquoi, dans ces conditions, vouloir lui appliquer les règles d'une démocratie constituée ?

On m'opposera, bien sûr, que chacun des pays membres est une démocratie, et que donc la ratification des traités européens doit de ce fait répondre aux règles démocratiques qui y sont en vigueur. Le raisonnement se tient, mais force est de constater que ça ne marche pas...

Si on avait soumis le traité de Rome à la ratification par référendum des 6 peuples concernés d'alors, il y a très gros à parier qu'il n'aurait jamais vu le jour.

Et si on remonte beaucoup plus loin encore, peut-on vraiment envisager que les Révolutionnaires de 1789 eussent conquis le pouvoir contre le roi si le peuple avait été largement consulté ? Certainement pas !

Cela signifie que "par la volonté du peuple", non seulement la Communauté Européenne, devenue depuis l'Union du même nom, n'aurait jamais vu le jour, mais encore la République Française, héritière chaotique de la Révolution, n'existerait sans doute pas non plus...

Qu'est-ce qui a permis leur avènement ? L'intérêt commun et la nécessité. Rien d'autre, et par la volonté des dirigeants, pas du peuple !

Et bien je prétends qu'il en va de même aujourd'hui de l'Europe. Pas seulement celle qui existe et qui ne fonctionne pas, mais celle qui reste à construire et qui doit, sous peine de plonger ses habitants dans la dépendance économique et politique, devenir cette grande puissance capable de rivaliser avec le reste du monde.

Les Européens, dans leur très grande majorité, ne sont pas contre la construction Européenne. Ils ont simplement peur d'y perdre leur identité, et pour certains leurs privilèges. Les deux risques sont totalement illusoires, mais leur ressenti est bien réel.

Une fois l'Europe valablement constituée, il faudra en faire une vraie démocratie, et ce sera le rôle du peuple européen de la bâtir. Mais les Européens d'aujourd'hui, trop mal informés, ne sont pas suffisamment convaincus par l'idée, et sont trop sur leurs gardes, pour franchir un pas dont ils ne comprennent pas l'importance et l'urgence. Il faut le faire pour eux, même si cela peut heurter certaines consciences.

Espérons que les 26 autres pays sauront trouver la solution au problème posé par ce vote négatif, que dans le meilleur des cas les Irlandais eux-mêmes, par un moyen ou par autre, reviendront sur leur décision, ou qu'on saura passer outre, quitte à leur attribuer un statut particulier. Après tout, il y a des précédents : le Royaume Uni par exemple sur certains points. Mais il faut le faire vite. Le monde n'attendra pas que nous soyons capables de relever les nombreux défis qu'il nous lance, et qu'aucun pays membre, isolément, ne peut assumer...


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mardi 10 juin 2008

Le scandale de l'affaire Total

Voici un complément à mon article précédent. J'apprends avec stupeur que tant l'UMP que le PS se déclarent partisans de recourir aux bénéfices de Total pour lutter contre la hausse des produits pétroliers !
Et dire que dans le même temps, et sur un autre site, je me fais incendier parce que j'aurais soi-disant prétendu que ce gouvernement était libéral. Un comble !..


Plonger la main dans la poche d'une entreprise privée pour financer une politique interventionniste de contrôle autoritaire des prix, justement sur les produits que cette entreprise commercialise, serait-il un comportement libéral ? NON, Messieurs ! C'en, est très exactement le contraire !

Non content de racketter les consommateurs par une fiscalité à hauteur de 60 % (excusez du peu) sur les produits pétroliers, l'Etat serait-il assez malhonnête (le mot n'est pas trop fort) pour spolier le principal raffineur français de tout ou partie de ses bénéfices ?

Pour le parti socialiste, "il est temps que Total redistribue une partie de ses bénéfices au profit de tous les Français". Quant à l'UMP, son porte parole Frédéric Lefebvre "attend évidemment du gouvernement qu'il obtienne plus de l'entreprise Total". Ben voyons... Et la manne fiscale empochée par l'Etat, alors ? N'est-il pas temps que l'Etat la redistribue aux Français ? Et autrement qu'en financement du n'importe quoi de sa politique de laxisme à caractère social ! Les Français n'attendent-ils pas "évidemment" eux aussi, que l'état leur rende leur dû ?

A la veille de la fin de l'ère pétrolière, au moment où les raffineurs doivent impérativement trouver des filières alternatives pour survivre, est-ce le rôle de l'Etat de spolier leurs bénéfices, ou bien ne serait-ce pas plutôt de favoriser leur effort de recherche ? Si l'Etat veut absolument rester dans sa logique d'interventionnisme forcené, il serait plus logique qu'il intervienne en subventionnant la recherche, même si ce n'est pas dans la logique libérale que j'appelle de mes voeux, plutôt qu'en confisquant les revenus de ceux qui sont susceptibles de la mettre en oeuvre.

Espérons que le gouvernement ne suivra ni l'un ni l'autre de ces deux partis décidément aussi collectivistes l'un que l'autre, et qu'en tout état de cause les instances européennes, par exemple, seront assez puissantes pour l'en empêcher s'il en prenait le chemin.

Les beaux jours de du "socialisme à la française" ne sont pas encore totalement derrière nous. Soyons vigilants, Marx a encore des adeptes !


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lundi 9 juin 2008

L'Etat Providence et l'énergie

La grogne enfle et s'installe.

Il y a quelques jours, j'avais écrit un
billet, puis un deuxième, pour dire ce que je pensais du mouvement de grève des pêcheurs français, et surtout de leurs revendications. Je n'ai pas changé d'avis.

Aujourd'hui, non seulement les marins pêcheurs de beaucoup d'autres pays de l'Union Européenne ont emboîté le pas aux Français, mais plusieurs autres professions, partout en Europe également, sont entrées en manifestations : les transporteurs, les taxis, les ambulanciers, les agriculteurs... J'en oublie peut-être.

Je l'avais prédit, mais je ne m'en réjouis pas pour autant.

Concernant les marins pêcheurs, je ne connais pas la fiscalité du gas oil qu'ils utilisent dans les autres pays. En ce qui concerne la France, ce carburant est totalement détaxé, et je maintiens donc que l'Etat ne peut intervenir en aucune manière sur son prix, sauf à leur accorder des aides directes, c'est à dire à prendre sur les impôts des autres citoyens pour les subventionner, ce qui est selon moi (et selon la Commission Européenne) contraire à l'équité. Certains peuvent appeler ça de la solidarité. Je redis ici que la solidarité est une valeur positive à condition de n'être pas contrainte, ce qui exclue toute mesure autoritaire de redistribution par l'Etat ou la puissance publique au moyen des prélèvements obligatoires.

Il n'empêche que le problème du prix de l'énergie est extrêmement grave, et pas seulement pour les pêcheurs ni les professions "en colère". Monsieur Tout-le-Monde est tout autant concerné par la chèreté du carburant "à la pompe", et par les augmentations importantes et répétées du gaz et de l'électricité. Je comprends parfaitement la grogne des usagers, dont je fais partie. Je comprends moins bien qu'ils se tournent une nouvelle fois vers l'Etat pour obtenir des compensations financières face à un problème qui n'a pas de rapport direct avec lui. Ou plutôt j'ai peur de comprendre : l'explication est peut-être assez simple et je vais tenter de l'exprimer simplement.

Depuis plusieurs décennies, et d'une manière qui s'accélère, les gouvernements successifs, surtout en France mais aussi dans beaucoup d'autres pays, ont développé et mis en oeuvre des politiques que l'on regroupe commodément sous le vocable d'Etat Providence. Il s'agit pour la puissance publique d'intervenir outrageusement dans la sphère économique au moyen de "redistributions des richesses" ou autres "tranferts sociaux" selon la terminologie employée. Le mécanisme est simple dans son principe : c'est en gros l'application de la devise de Robin des Bois : "prendre aux riches pour donner aux pauvres". Sauf que les définitions du riche et du pauvre sont tellement subjectives qu'on en arrive à prendre beaucoup à certains, pas forcément les plus riches, pour saupoudrer de maigres allocations les autres, pas forcément les plus pauvres. C'est ainsi que de "niches fiscales" en "crédits d'impôts", "revenus minimums" dits "d'insertion" et qui n'insèrent personne, et autres "primes pour l'emploi" qui ne créent aucun emploi, la charge pour le budget de l'Etat est telle que même des prélèvements honteusement importants sur le fruit global de l'activité, et la démotivation à produire qu'ils engendrent, ne suffisent plus et que la dette nationale est devenue abyssale.

Il n'empêche que le principe est tellement entré dans les moeurs que l'inconscient collectif le considère comme tout à fait naturel et normal. Si je suis malade, il est normal que la Sécu prenne en charge mes soins (même si je n'ai jamais cotisé à la Sécu) ; si je perds mon emploi, il est normal que je perçoive un revenu de remplacement, pendant une période la plus longue possible, sans être contraint d'accepter un autre emploi s'il ne me plait pas ; si je fais des enfants, il est normal qu'on me paie pour ça, même si je n'assume pas mes responsabilités de parent en terme d'éducation, et quel que soit mon niveau de revenus par ailleurs... Et ce ne sont là, malheuseusement, que quelques menus exemples. Tout cela est ressenti comme normal, au point que toute vélléité de réforme sur ces sujets provoque une révolte courroucée et violente.

Il ne serait après tout pas étonnant, à partir de là, que certains manifestent demain tout aussi violemment et tout aussi bruyament pour "exiger" des aides si les pluies sont trop abondantes, si le vent se lève, s'ils ont une rage de dents ou s'il y a beaucoup de taupes dans leur jardin ! Pourquoi pas ? L'Etat ne doit-il pas être naturellement "providentiel" ? Ou alors, à quoi sert l'Etat ?...
Alors, pensez, le pétrole à 150 $ le barril !... Pas étonnant que tout le monde se tourne vers l'Etat, au moyen d'actions illégales si besoin est. Que fait l'Etat ? La Providence est-elle en panne ? C'est proprement scandaleux...

Rassurez-vous, chers lecteurs, je ne suis pas complètement de mauvaise foi, et je sais bien, concernant le prix de l'énergie, que tout le monde n'est pas logé à la même enseigne que les marins pêcheurs, et que l'Etat prélève sur la vente de la plupart des carburants des taxes très importantes.
A titre d'exemple, les chiffres d'Avril 2008 communiqués par la Direction Générale des Douanes font ressortir que, sans ces taxes, le gazole pourrait être vendu "à la pompe" à 0,65 € le litre. Voilà qui laisse rêveur...


Il faut cependant apporter plusieurs nuances à un raisonnement trop rapide basé sur ces chiffres.

1) Les taxes sur les carburants rapportent à l'Etat 33,9 milliards d'euros. Un tel manque à gagner devrait obligatoirement être compensé par une augmentation de la fiscalité dans d'autres domaines. On peut considérer qu'un tel redéploiement serait judicieux eu égard aux intérêts des usagers des produits énergétiques, professionnels ou privés, mais il ne faut surtout pas s'imaginer que le budget actuel de l'Etat est capable de se passer d'une telle recette.

2) Les prix des énergies fossiles vont obligatoirement continuer d'augmenter dans l'avenir, et sans doute à un niveau que nous n'imaginons pas encore. Toutes les conditions sont en effet réunies pour que leurs prix montent : rareté de la ressource (les réserves sont évaluées à quelques dizaines d'années au plus) et demande accrue (notamment par les "pays émergeants").

S'ajoute à celà la spéculation internationale, notamment du fait des pays producteurs eux-mêmes. Les fonds souverains atteignent des sommets encore jamais égalés. On peut d'ailleurs aisément comprendre que des pays comme l'Arabie Saoudite, pour ne parler que d'elle, qui n'ont pas d'autre ressource naturelle que le pétrole, préparent activement, y compris sur le plan financier, l'ère de l'après-pétrole. C'est une donnée incontournable, et il faut s'y adapter et non rêver à un retournement de tendance qui n'arrivera pas.

L'une des conséquences est que, même allégés de ces taxes, les prix des énergies fossiles deviendront à moyen terme insoutenables pour nombre d'utilisateurs. Il semble acquis que d'ici une quarantaine d'années, et à condition que la demande ait faibli suffisamment d'ici là pour que les réserves ne soient pas totalement taries, seule l'aéronautique pourra continuer à utiliser le pétrole, sachant que c'est dans ce domaine que les énergies de substitution sont les plus délicates à mettre en oeuvre.

Plutôt que de considérer un peu vite que les Etats détiennent la solution providentielle du problème et qu'il est tout à fait naturel d'exiger d'eux des aides qu'ils auront bien du mal à mettre en oeuvre, il serait bien plus intelligent de prendre le vrai problème à bras le corps, et d'effectuer la migration nécessaire vers les énergies renouvelables. Et là non plus, ce n'est pas l'Etat qui peut le faire à notre place. Ceux qui sauront s'adapter s'en sortiront. Les autres disparaîtront. Et l'Etat n'y peut rien...

Mais comme il s'agit là d'un raisonnement totalement à contre courant de la philosophie collectiviste à laquelle une majorité se raccroche désespérément, je suis persuadé que je vais encore soulever des commentaires courroucés, et, pire, que ce sursaut individuel et libéral que j'appelle de mes voeux ne verra sans doute jamais le jour, sauf peut-être contraint et forcé...


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mardi 3 juin 2008

De la laïcité (suite)

A l'occasion de l'affaire du mariage d'un couple de Musulmans annulé par le TGI de Lille, sur la requête du mari, au motif que sa jeune épousée lui avait menti sur le fait qu'elle n'était plus vierge, affaire qui a défrayé autant les médias officiels que la "blogosphère", avec d'ailleurs selon moi plus de pertinence et d'objectivité dans cette dernière, je me suis pris à relire mon article du 7 janvier 2008 sur la laïcité. Cet article ouvrait la porte à une suite. La voici.

Je tiens d'abord à rappeler ici que le jugement de Lille n'est pas motivé par le fait que l'épouse n'est pas arrivée vierge au mariage, mais par le mensonge qu'elle avait commis à l'égard de son futur mari alors qu'elle savait parfaitement que ce dernier attachait une importance cruciale à cette virginité. Elle a d'ailleurs reconnu ce mensonge, et admis le jugement. Le tribunal a considéré qu'il y avait eu erreur "sur des qualités essentielles de la personne" de l'épouse, et a ainsi reçu la demande en annulation du mari, sur la base de l'article 180 du code civil.

S'il en avait été autrement, et si le tribunal s'était fondé sur la non-virginité elle même pour formuler son jugement, alors là seulement ce jugement eût été scandaleux, et les réactions virulentes que l'on a pu constater de toutes parts eussent alors seulement été fondées. Mais il n'en est rien, et tout ce remue-ménage s'apparente en fait à une "tempête dans un verre d'eau", et n'est qu'un ensemble de prises de positions infondées. Y compris de la part du Premier Ministre, François Fillion, qui est allé jusqu'à forcer la main de sa ministre de la Justice, Rachida Dati, pour qu'elle enjoigne au Parquet d'interjeter appel, et ceci contre l'avis personnel de ladite ministre, avis qu'elle avait formulé "à chaud" en soutenant le bien-fondé du jugement de première instance. François Fillion va jusqu'à dire que le parquet se pourvoira en cassation si la Cour d'Appel confirme ce jugement. C'est faire pression sur ladite Cour d'Appel, et j'appelle ça de l'ingérence du pouvoir exécutif dans le pouvoir judiciaire. C'est tout simplement anticonstitutionnel.

Mais le fond du problème, celui qui m'amène à parler de cette affaire ici, est d'une autre nature, et, je le pense, autrement plus grave encore. En effet, si le couple dont il s'agit avait été un couple de Chrétiens, il y a gros à parier que personne n'en aurait parlé, sauf peut-être la Gazette du Palais, à l'usage des magistrats et autres hommes de loi. Mais voilà, nous avons affaire ici à un couple de Musulmans, et revoilà les éternels couplets sur l'Islam et tous les poncifs qui vont habituellement avec. De la part de journalistes, de "blogueurs", ou de simples citoyens, c'est déjà affligeant. Mais de la part d'hommes politiques et de ministres de cette République qui se veut tellement laïque, c'est tout simplement inacceptable, et au bord de l'illégalité !

On pense ce que l'on veut de l'Islam, et, objectivement, toutes les critiques qui lui sont adressées ne sont pas infondées. Mais à supposer que soient prouvées telle ou telle exaction, telle ou telle pression morale, telle ou telle mutilation corporelle, telle ou telle brimade, commise à l'encontre de telle ou telle femme musulmane, ce n'est certes pas à cause de la confession de la victime ou de celle de l'auteur des faits que notre jugement doive être porté, et encore moins qu'une sentence de justice doive être rendue. Dans un tel cas, ce n'est pas l'Islam qui doit être tenu pour responsable, mais le ou les auteurs eux-mêmes, sans tenir aucun compte de leur confession ou de leurs croyances religieuses, même s'il s'avérait qu'elles eussent motivé le forfait commis.

Les faits seraient-ils moins graves si la victime ou les coupables étaient des Chrétiens, des Juifs, ou des Bouddhistes ? Et dans ce cas, tiendrait-on pour responsable des faits reprochés la Chrétienté, le Judaïsme ou le Bouddhisme ? Gageons que non, et pourtant rappelons-nous que dans les siècles passés, les pratiques du Christianisme furent peu respectueuses elles non plus, c'est le moins qu'on puisse dire, de la personne humaine, et particulièrement à l'égard des femmes ! N'ayons pas la mémoire courte au point de reprocher aux Musulmans d'aujourd'hui des comportements que nous avions il y a finalement assez peu de temps encore... Nous n'avons pas à être fiers, par exemple, de l'Inquisition et des procès en sorcellerie, et même beaucoup plus de près de nous, rappelons-nous ce qu'étaient ces orphelinats dont la principale mission était de recueillir ces enfants que l'on disait "du péché" ! Et rappelons-nous également quel était le sort de leurs pauvres mères ! Ce n'était pas l'Islam qui guidait les esprits de l'époque : c'était une autre religion, celle qui anime, consciemment ou pas, les donneurs de leçon d'aujourd'hui. Même sur le seul plan moral, leur condamnation de l'Islam en tant que tel n'est pas défendable.

Quant au plan politique, faire référence à l'Islam ou à toute autre religion pour fonder un jugement ou pour étayer une prise de position est contraire au principe de laïcité, et donc anticonstitutionnel par nature.

Ca ne signifie nullement qu'il faille tomber dans l'excès inverse, et tolérer telles exactions ou telles pratiques illégales en raison du fait qu'elles sont rituelles, en rapport avec l'Islam ou toute autre religion. La République n'a pas à se soucier des croyances ou des pratiques religieuses des citoyens, et n'a à en tenir compte ni pour condamner ni pour relaxer.

Le maintien de l'ordre public, la garantie de la liberté et de la sécurité de chacun, sont les fonctions régaliennes de l'Etat, qui marquent la limite entre une société organisée et une jungle anarchique. Rendre la justice, c'est à dire veiller y compris par la force au respect de la loi fait partie de ce rôle essentiel de l'Etat. Mais la justice se doit de considérer les faits, et rien que les faits, pour appliquer la loi, qui n'a pas de son côté à se soucier des croyances ni des convictions religieuses.

La laïcité, c'est respecter toutes les croyances et toutes les religions, c'est n'en privilégier et n'en financer aucune, mais c'est aussi ne se réclamer d'aucune ni n'en combattre aucune pour élaborer la règle commune à tous les citoyens, c'est à dire la loi républicaine.


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lundi 2 juin 2008

Ma vision des 35 heures

On reparle actuellement beaucoup de cette mesure phare de la gestion socialiste passée qu'est la réduction du temps de travail, et le passage aux 35 heures hebdomadaires. Et la polémique fait rage. Je vais tenter d'apporter ma pierre à l'effort de compréhension qui doit l'accompagner.

L'erreur fondamentale du partage du travail, qui sous-tend cette mesure qui a prouvé très largement, non pas seulement son inefficacité, mais encore son caractère néfaste sur l'économie comme, par ricochet, sur le pouvoir d'achat, est tenue par ses défenseurs acharnés comme une panacée que l'histoire démontrera, paraît-il. Elle n'en prend pourtant pas le chemin, l'histoire ! Mais il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. D'autres que nous, dans d'autres pays où on s'attache peut-être moins à des dogmes, à des tabous, ou à des icônes politiques dont le culte est censé masquer le déclin de leur parti à la dérive, ont clairement fait le choix inverse, avec des résultats qu'il est, il est vrai, pour certains, plus facile de nier que de reconnaître.

Historiquement, la diminution du temps de travail est effectivement une constante, et c'est très bien. Mais elle s'est faite naturellement, au fil du temps et des progrès techniques. Vouloir l'imposer contre les réalités économiques du moment est une hérésie. Et ceux qui prétendent sans sourire que réduire le temps de travail conduit inévitablement à la création de nouveaux emploi oublient tout simplement que ce ne pourrait être vrai que si le coût global pour l'entreprise (la masse salariale) ne s'en trouvait pas majoré.

Si une une entreprise de 10 salariés procure 390 heures de travail par semaine avec le régime des 39 heures, elle ne pourra, c'est parfaitement évident, n'en procurer encore que 390 avec le régime des 35 heures, si le salaire horaire et le volume d'activité restent les mêmes. Ce qui représentera du travail pour 11 personnes en effet, mais il ne restera plus alors de disponible pour chacune d'entre elles que les 35/39 de son salaire antérieur, soit une diminution de 11 %. Sinon, l'augmentation de la masse salariale qui serait inévitable serait le plus souvent insupportable pour l'entreprise. Dans les faits, cette entreprise conservera bien à ses employés leur salaire existant, mais n'embauchera personne, et parallèlement la réduction du temps de travail entraînera une augmentation des cadences. Ceux qui ne veulent pas comprendre ça ne comprendront jamais rien à la gestion d'entreprise.

Le seul échappatoire serait de majorer les prix de vente des produits fabriqués pour augmenter d'autant la marge brute. Cela signifierait néanmoins, dans la grande majorité des cas, des pertes de marchés, c'est à dire une diminution de l'activité, et donc à court ou moyen terme des licenciements, sans parler de la baisse du pouvoir d'achat consécutive à la hausse des prix. Où est le bénéfice de la mesure ? Je n'y vois que des désavantages.

Tout ce que je viens de décrire n'est qu'un raisonnement théorique. Il se vérifie néanmoins dans les faits depuis la mise en oeuvre de la mesure. Les seuls contre exemples sont les entreprises dans lesquelles l'augmentation de l'activité et la rentabilisation des processus ont permis d'avancer dans le bon sens. Il y a même quelques exemples où le temps de travail hebdomadaire est descendu à 32 heures. Mais l'exception ne dément pas la règle, et ce que des entreprises en très bonne santé ont pu réaliser, toutes ne sont pas capables de le supporter. Dans l'écrasante majorité des cas, les 35 heures ont dégradé les conditions de travail sans augmenter le niveau des rémunérations, et contrairement aux allégations de certains, n'ont pas créé d'emplois. Les emplois créés l'auraient été de toute façon. Ce n'est pas la réduction du temps de travail qui donne des moyens supplémentaires à l'entreprise et qui lui permet d'embaucher ; ce ne peut être au contraire que l'augmentation du volume de son activité.

Et ce n'est pas en travaillant moins qu'on alimente les carnets de commandes. Au contraire, dirais-je, d'un point de vue macro économique. C'est pourquoi l'incitation aux heures supplémentaires est, qu'on le veuille ou non, une bonne mesure. Il faudrait également favoriser l'augmentation de la durée des carrières : commencer à travailler plus tôt dans la vie, et arrêter plus tard. On a détruit de manière insidieuse la valeur travail. Il ne faut pas s'étonner de nos difficultés économiques. Elles en sont la conséquence inévitable.

Le travail n'est pas une quantité finie à partager en autant de personnes que nécessaire pour faire chuter les chiffres du chômage. Le travail est une "denrée" en constante évolution quantitative, directement liée à l'activité économique et au volume de la demande. Le volume de la demande est, lui, directement lié au pouvoir d'achat global, lequel est lié essentiellement au volume global des revenus, et donc des salaires. Et le volume global des salaires est lié à la quantité de travail fourni. C'est donc en travaillant plus qu'on est capable de consommer plus, c'est à dire d'augmenter la demande, et donc l'activité des entreprises, et donc le besoin de main d'oeuvre, c'est à dire le volume de travail. CQFD : Travailler moins, c'est créer du chômage. Travailler plus, c'est le résorber. Marteler le contraire ne sert à rien. Le travail crée le travail, et on n'en sortira pas par des incantations fallacieuses sans cesse répétées...


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Quand réagira-t-on ?

Je viens de vivre une expérience affligeante sur laquelle je voudrais provoquer la réflexion de mes lecteurs.

J'avais lu dans un journal local qu'une association, dont le nom ne donnait pas une idée précise de ses activités, recherchait des bénévoles. Il s'agissait, disait l'article, d'aider des personnes en difficulté dans leurs démarches administratives ou pour la rédaction de courriers officiels.

D'un naturel plutôt altruiste, et fort d'une expérience passée dans le monde associatif qui m'a laissé d'excellents souvenirs, j'ai pris rendez-vous dans le but d'obtenir plus d'informations, dans l'optique d'une éventuelle collaboration (bénévole).

Arrivé à mon rendez-vous, et au contraire d'avoir affaire à quelqu'un qui puisse répondre à mes questions, je fus introduit directement dans le petit bureau où sont reçues les personnes qui demandent de l'aide, et où se trouvait d'ailleurs l'une d'elles.

Invité à participer à l'entretien, j'eus donc tout le loisir de découvrir la réalité de cette association. Je le répète, j'ai une expérience passée du monde associatif, et je voudrais insister sur le fait que cet article n'est pas destiné à le dénigrer. Bien au contraire, les associations font pour la plupart un travail magnifique, et sont bien plus un instrument de solidarité que les organismes officiels financés à grands renforts de prélèvements aussi obligatoires que trop souvent inutiles.

Sur le fond, le but que s'est fixé cette association en particulier est louable et part d'un bon sentiment. Il s'agit d'aider les personnes qui se trouvent en difficulté à frapper aux bonnes portes pour obtenir les réponses à leurs problèmes. Malheureusement, la réalité est bien éloignée de la théorie.

Dans les faits, le petit bureau où j'ai été reçu n'est qu'un "bureau des pleurs" où chacun vient le plus souvent en dernier recours chercher l'aide illusoire qu'ils n'ont pas reçue ailleurs. Ca peut facilement se concevoir, et même ça pourrait avoir une fonction sociale positive, si toutefois les réponses étaient adéquates et honnêtes.

Hélas, je me suis trouvé tout un après midi devant des gens qui avaient chacun un problème réel, qui d'emploi, qui de dépendance, qui encore de "fins de mois difficiles", des gens qui avaient épuisé tous les recours et qui n'avaient pas trouvé de solution, et qui mettaient dans cette association leurs derniers espoirs. Mais "à l'impossible nul n'est tenu", comme dit si bien le proverbe, et l'association dont je vous parle n'est ni le Bon Dieu ni un repère de magiciens. Les problèmes exposés par les trois ou quatre personnes reçues ce jour-là avaient plusieurs points communs : ils étaient le fruit chaque fois d'un comportement laxiste ou imprudent, les "aides publiques" soit n'existaient pas dans leur cas, soit avaient été épuisées, et de toute évidence personne n'avait eu jusque là le courage de le leur dire...

Il est tout à fait affligeant, en passant, de constater que certains puissent se trouver dans de telles situations malgré le niveau de prélèvements obligatoires que nous subissons, et ce n'était pas le lieu d'entrer dans la considération du pourquoi et du comment de la faillite de cet Etat Providence qui se targue pourtant de vouloir palier toute la misère du monde et qui, bien entendu, n'y parvient pas. Je me suis évidemment gardé d'intervenir, n'étant là de mon point de vue que comme observateur, mais les réponses dont j'ai été le témoin m'ont tout simplement révolté intérieurement.

Pensez-vous que les "assistantes" ont tenu à l'égard de ces pauvres gens, le discours responsable qui eût consisté à les inciter à modifier leur comportement, à cesser de se comporter en assistés perpétuels et à se tourner enfin vers des solutions actives ? Et bien non, c'est exactement le contraire que j'ai entendu : "Il est tout à fait anormal que vous ne puissiez plus espérer de nouvelles aides", "Il faut faire une demande exceptionnelle au bureau d'aide sociale", "Nous allons vous faire un modèle de lettre pour contacter le maire de votre commune, ou le conseiller général, ou le député de la circonscription", "Avez-vous pensé à contacter tel organisme : ils ont un fonds social", etc..

Cerise sur le gâteau, et renseignement pris après cet après-midi éprouvant, j'ai appris que l'association en question touchait une subvention (sur des fonds publiques évidemment) de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour son fonctionnement. Encore un emploi bien étudié et bien efficace de nos impôts...

Voilà dans quel monde nous vivons : on a habitué les gens à vivre sous perfusion, au point que certains d'entre eux trouvent tout à fait naturel de recevoir en permanence des subsides, même peu importants, même insuffisants, mais comme une sorte de "parapluie social" permanent qui leur éviterait de faire l'effort de subvenir à leur propre subsistance. Et quand le parapluie se referme, quand le robinet des allocations publiques se tarit, non seulement ils se retrouvent désemparés et perdus dans un monde devenu hostile, non seulement ils ont tendance à se révolter contre la société dont ils ont le sentiment qu'elle les abandonne, mais encore ceux qui se donnent pour tâche de les aider n'ont pas le courage de leur dire en face que la société ne peut pas en permanence leur maintenir la tête hors de l'eau, et qu'il leur appartient de faire un minimum d'efforts...

Il serait tellement plus efficace, et je dirais plus humain, de leur tenir un discours de vérité, tout en les aidant à mettre en oeuvre un projet de sortie de leur crise personnelle où ils tiendraient le rôle principal et où ils seraient enfin les acteurs de leur propre existence !

Alors, pourquoi ne le fait-on pas ? Je n'ai pas la réponse, et je n'ai que le sentiment que m'a laissé cette expérience. Mais ce sentiment est très net, et s'appuie sur les discours qui ont été tenus en ma présence et sur le climat général dans lequel se sont déroulés les entretiens. Tout ce petit monde, "aidants" comme "aidés", est pronfondément englué dans la philosophie de l'assistanat, et tout se passe comme s'il était naturel que la société prenne en charge sans freins tous ceux qui sont dans le besoin. Comme si le mot solidarité signifiait redistribution automatique de la richesse créée par le travail des uns en direction des besoins inassouvis des autres. Et comme s'il était inadmissible que cette redistribution connaisse des limites. Et lorsque les limites légales sont atteintes, comme s'il était naturel que l'on mette en oeuvre de nouveaux mécanismes, au pied levé, pour les transgresser.

C'est cet état d'esprit désastreux qui nous conduit "droit dans le mur" : cet assistanat organisé et sans limites détruit chez beaucoup le goût de l'effort comme le sentiment de la responsabilité de soi, et suscite chez les autres le sentiment de travailler "pour le roi de Prusse" comme l'on disait jadis. Il détruit donc de manière incidieuse les efforts des uns comme des autres, et est sans aucun doute le facteur premier de notre croissance molle.

Quand réagira-t-on, et traitera-t-on les citoyens en adultes ? Quand laissera-t-on aux actifs la liberté de profiter des fruits de leur activité, sans les confisquer à l'illusoire profit des autres. Quand cessera-t-on de prendre autoritairement aux uns pour donner aux autres ? Quand osera-t-on dire en face à chacun qu'il ne peut pas vivre éternellement à la chagre de tous ?


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