Un conseil extraordianire des ministres européens de l'agriculture se réunit aujourd'hui à Bruxelles, à la demande de la France. Il s'agit notamment de débattre de la politique européenne en matière de production laitière après la suppression totale de la politique des quotas à l'horizon 2015.
Les difficultés que rencontrent les producteurs de lait, en France mais pas seulement, faisait la Une de l'actualité il y a peu encore, avec des manifestations, défilés de tracteurs, et déversements de lait en plein champ.
Quant à moi, j'ai déjà eu l'occasion de parler du sujet ici. Je ne retire rien de ce que j'écrivais alors. Le problème n'a pas évolué depuis, et je maintiens que les quotas laitiers, comme toutes les contraintes légales en matière de production, qu'elles viennent de Bruxelles ou d'ailleurs, n'ont aucune justification objective.
De deux choses l'une : ou bien elles sont efficaces, et les producteurs n'ont aucun besoin de la législation ni de la réglementation pour les mettre en oeuvre en tant que chefs d'entreprises avertis, ou elles ne le sont pas et, par définition, elles n'ont pas lieu d'être. Dans les deux cas, le résultat est le même, et elles ne sont que la manifestation nuisible d'un interventionnisme qui ne satisfait personne, qui entrave la liberté d'entreprendre, et qui faussse le marché sur les quantités comme sur les prix. In fine, elles aboutissent à l'inverse de leur but et sont la source de tous les mécontentements et tous les désordres.
A la base, une exploitation agricole est une entreprise comme les autres : l'agriculteur ou l'éleveur, tout comme l'industriel, a pour but, à partir d'une matière première, de générer un produit fini et de le vendre en faisant un bénéfice. Une exploitation agricole, tout comme une usine, doit donc s'adapter à son marché, et ses prix de vente sont tributaires du jeu de l'offre et de la demande : si la demande est supérieure à l'offre, les prix montent; et si c'est le contraire, les prix baissent. C'est du moins comme cela que les choses devraient se passer "dans un monde parfait". Et c'est sur ce modèle que repose la politique économique de l'Union Européenne, qui érige en principe la libre concurrence.
Le libéral que je suis est totalement d'accord avec ce principe. Encore faut-il être conscient que nous ne vivons pas dans le "monde parfait" dont je parlais plus haut. Encore faut-il voir que, s'il est condamnable de mettre en oeuvre des pratiques qui faussent la concurrence entre les différents producteurs et qu'il convient de lutter contre, ces pratiques-là ne sont pas toutes du fait des producteurs, et qu'il convient cependant de les prendre toutes en compte !
Nous vivons et nous commerçons dans un monde globalisé, mais, même à l'intérieur de l'Europe, les règles ne sont pas identiques d'un pays à l'autre. La libre concurrence est, partant, totalement illusoire à bien des égards. Même au sein de l'Union Européenne, les régimes fiscaux, les cotisations sociales, les règles environnementales, sont bien souvent totalement différents, et l'ensemble de ces disparités fausse irrémédiablement les prix de revient. Et ce désordre, déjà important à l'intérieur de l'Europe, est considérablement plus important encore avec certaines parties du reste du monde.
Si nous continuons à ne juger les règles de libre concurrence qu'à un bout de la chaine, c'est à dire le marché, sans nous intéresser à l'autre extrémité, c'est à dire la production, nous aboutirons inexorablement à l'asphyxie des producteurs qui exercent dans les zones où les coûts sont les plus élevés, c'est à dire chez nous. La concurrence est alors totalement faussée avant même que quiconque ne vienne introduire des aides ou des quotas quelconques.
A l'intérieur de l'Union, il devrait être possible de se mettre d'accord sur des règles fiscales, sociales et environnementales, sinon identiques du moins harmonieuses. Avec le reste du monde, la solution est illusoire. Il n'est qu'à voir les disparités qui nous séparent de la situation en Chine, en Inde, en Amérique du Sud... Et cette liste est loin d'être close. Or, les règles de libre concurrence telles que prêchées par l'Union Européenne ou l'OMC ne tiennent aucun compte de ces disparités de contraintes et de coûts.
Au lieu de réclamer à cor et à cris encore plus de régulation, encore plus de quotas, encore plus de subventions, encore plus d'interventionnisme et de dirigisme, qui ont tous montré leur inefficacité et leurs conséquences nocives sur la vie des entreprises et sur l'économie en général, c'est soit la préférence communautaire qu'il faut instituer, soit, sous une forme ou sous une autre, le rétablissement de l'égalité des chances à la production entre nos entreprises et les autres.
Mais qui aura le courage de défendre cette position devant les instances internationales, à commencer par la Commission et le Conseil européens, puis l'OMC ?
Faute de cela pourtant, la sacro-sainte libre concurrence qui est le catéchisme de Bruxelles restera une illusion, et ne pourra que conduire à leur perte, nos producteurs laitiers puisque c'est eux dont il s'agit aujourd'hui, mais aussi toutes nos autres entreprises dès lors qu'elles entrent en compétition avec des pays qui n'appliquent pas nos contraintes. Et ce ne seront surtout pas les marges de la distribution qui pourront en aucune manière compenser la différence, comme le prêchent à tort les organisations agricoles aujourd'hui...
Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...
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lundi 5 octobre 2009
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