Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

vendredi 28 mars 2008

Savoir choisir entre "rigueur" et "bonne gestion"

Je veux parler ici du choix des mots, et pas de celui des actes, bien sûr... Car c'est à peu près la même chose !

Depuis plusieurs mois déjà, le débat fait rage en France dans les milieux "autorisés", savamment relayé par l'opposition politique et les journaux qui s'en réclament, sur le thème "Va-t-on vers un plan de rigueur ?", "Le gouvernement nous prépare-t-il un plan d'austérité ?", "Pour financer le paquet fiscal, le pouvoir va-t-il augmenter la TVA et les cotisations sociales ?", et autres interrogations de la même eau.

Depuis plus de trente ans que l'on creuse sans vergogne d'année en année les déficits publics, et que la dette s'alourdit à tel point qu'elle semble aujourd'hui insupportable (on nous dit sans l'ombre d'une gêne que le produit de l'impôt sur le revenu ne suffit même plus à en payer le poids, c'est à dire les seuls intérêts !...), depuis trois décennies donc que l'on dépense sans compter de l'agent que l'on n'a pas (une entreprise qui agirait de même ne tiendrait pas deux exercices comptables !...), avons-nous entendu quelque journaliste, quelque homme politique, ou même quelque citoyen "audible" dans ce pays, se demander si l'état se préparait à un "plan de bonne gestion" ?

Jamais de la vie ! Car de cette mauvaise gestion, je n'ai pas peur du mot, chacun "en bouffait", pour employer une expression peut-ête triviale mais qui dit bien ce qu'elle veut dire... Et c'est encore le cas aujourd'hui des associations à but plus ou moins lucratif (et plus ou moins pertinent) qui reçoivent des subventions publiques aussi peu efficaces que fondées, des administrations aux effectifs pléthoriques malgré les dénégations des centrales syndicales dont les intérêts sont proportionnels au (trop faible) nombre de leurs adhérents potentiels, des sous-traitants de ces mêmes administrations et en général des bénéficiaires des marchés publics, dont la réforme des procédures n'a jusqu'ici conduit qu'à des difficultés de mise en application et certainement pas à en limiter les abus, des politiques environnementales menées beaucoup plus dans l'optique de l'image positive des élus locaux que des bienfaits réels sur l'écologie, et de tant d'autres encore...

Alors, se poser la question, dans ce contexte avéré, de savoir si l'on va vers une politique de rigueur n'a de sens que s'il s'agit de savoir si, enfin, nos dirigeants sont disposés à mettre en oeuvre une meilleure gestion des fonds dont ils disposent en notre nom à tous, que ce soient nos impôts ou nos cotisations sociales... Et dans ce sens-là, on ne peut qu'espérer que ce soit vite le cas, avant que notre économie ne "touche le fond". Nous sommes déjà, sur bien des aspects, en retard sur nos grands voisins européens. Il n'a été que de voir ce qui se passe en Grande Bretagne, à l'occasion de la visite d'état du couple présidentiel qui vient de se terminer dans ce pays. Tout le monde a pu entendre des reportages menés auprès de quelques-uns de 300 000 Français expatriés à Londres, et qui le sont à cause des meilleures conditions offertes par l'économie britannique, notamment aux créateurs d'entreprises. Je ne pense pas pourtant que les Anglais dans leur majorité aient le sentiment de vivre dans une économie austère ! Peut-être plus simplement s'agit-il d'une économie plus sainement gérée que la nôtre, même si ce n'est évidemment pas là la seule explication.

Les promesses électorales et le discours actuel des responsables en place va dans le bon sens, mais nous avons été si souvent témoins de dires et d'actes en contradiction totale que je reste extrêmement prudent sur la question. On doit l'être, prudent, et on doit rester vigilant.

Ce qu'on doit demander au pouvoir dans les quatre années effectives qu'il lui reste ? Trois points qui conditionnent le développement économique indispensable au rétablissement des équilibres budgétaires publics comme du bien être des citoyens de ce pays :

- Réduire drastiquement les dépenses publiques, de l'état comme des collectivités locales.Cela passe notamment par une réduction importante de l'effectif global des administrations. Ceci ne signifie pas de réduire les effectifs de chacune des administrations, certaines demandent même sans aucun doute à être renforcées, mais l'effectif global est indûment le plus important de tous les pays d'Europe, et ça ne se justifie en rien.Cela passe aussi par une révision à la baisse de toutes les dépenses, y compris de celles dites "sociales" et qui pour beaucoup d'entre elles ne produisent qu'un effet d'aubaine et entretiennent une culture paralysante d'assistanat dont nous n'avons ni le besoin ni les moyens.

- Réduire considérablement les prélèvements obligatoires, c'est à dire à la fois les impôts mais aussi les cotisations sociales. L'ensemble pèse sur le produit national brut, c'est à dire sur la production de richesses, à hauteur de plus de 50 %, ce qui est tout bonnement insupportable.En outre, les cotisations sociales, même réduites, devraient ne pas peser sur le coût du travail, source de chômage et donc de réduction du pouvoir d'achat des Français. Notamment, les cotisations dites "patronales", et qui sont bien sûr payées in fine par les salariés sous forme de réduction mécanique de leur salaire brut, pourraient ne plus avoir pour assiette ledit salaire, mais pourrait par exemple être calculée sur la base de la valeur ajoutée. C'est ma conception de cette fameuse "TVA sociale" tant fustigée par certains qui font mine de ne pas savoir que cette terminologie est tout simplement mensongère. A noter que ce système, qui aurait au moins le mérite de "taxer" autant les produits étrangers que ceux fabriqués sur notre sol, permettrait de manière tout aussi mécanique une augmentation du salaire net et, in fine, du pouvoir d'achat des travailleurs.

- Permettre une fluidité maximum du marché du travail, afin de permettre simultanément, en particulier aux petites et moyennes entreprises, d'embaucher quand elles ont besoin de main d'oeuvre, et donc par exemple d'accepter de nouveaux marchés sans risquer un suremploi insupportable si la conjoncture se retourne pour elles. Tous les pays dans lesquels cette fluidité de l'emploi (que l'on appelle aussi flexibilité) a été organisée, sont les pays dans lesquels les taux de chômage sont les plus bas. Qu'attend-t-on pour faire de même ? La rigidité du contrat de travail que nous connaissons aujourd'hui, et qui freine autant l'activité qu'elle génère de chômage, procède elle aussi de ce système d'assistanat dont notre économie souffre et qui paralyse toute la société.

Tout ceci n'est pas de la rigueur au sens de restrictions et de privations, mais c'est à la fois de la rigueur dans la gestion des finances publiques, et du bon sens dans la gestion des politiques sociales. Ce serait donc, au final, de la bonne gestion...


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mercredi 26 mars 2008

JO : ni boycott ni immobilisme !

Je n'avais pas prévu de m'exprimer sur les JO de Pékin, et je me réservais de faire un billet à la fois complet et réfléchi sur les évènements du Tibet, à la lumière des développements qu'ils prendraient sur la longueur.Mais j'ai été amené à m'exprimer en réponse à plusieurs commentaires concernant d'autres sujets, mais dans lesquels on m'avait interpellé sur les JO.

Aussi bien, et afin que l'ensemble de mes lecteurs n'ignorent rien de ma prise de position, j'ai décidé de la préciser ici aujourd'hui.

Concernant les évènements du Tibet, on ne peut pas être surpris. Il fallait bien s'attendre à ce que Pékin réagisse aux évènements de Lhassa, et il fallait bien s'attendre également à ce que cette réaction soit violente. La dictature communiste chinoise, comme toute dictature, ne peut qu'avoir le réflexe de réprimer dans le sang toute velléité de contestation, a fortiori si elle est exprimée par des religieux... Tout au plus aurait-on pu espérer une moins grande ostentation à l'approche des Jeux Olympiques dont Pékin veut faire un évènement retentissant à sa propre gloire, et par lequel se refaire une image positive aux yeux du reste du monde. C'est raté...

Venons-en aux JO eux-mêmes, et à la polémique entre les tenants du boycott et les autres maintenant. Je suis radicalement contre le boycott. Les Jeux sont un moment unique et primordial dans la carrière de tout athlète de haut niveau. Ce n'est pas la Chine que l'on "punirait" en boycottant, mais les athlètes eux-mêmes.Et en plus, ça ne servirait strictement à rien. Dans le passé, des expériences du même type ont été menées, sans aucun résultat.

La bonne démarche consiste à utiliser les JO comme une tribune pour dénoncer et condamner haut et fort le régime chinois et ses exactions inadmissibles. Mais il faut le faire TRES FORT et sans aucune retenue. En aurons-nous le courage ?...

Après une posture trop "molle" à mon goût, Nicolas Sarkozy s'est exprimé hier soir dans un sens plus volontariste, au contraire de son ministre des Affaires Etrangères qui, lui, donne visiblement l'impression de "marcher sur des oeufs". Je me réjouis pour ma part de cette prise de position du Président, tout en regrettant qu'elle n'aille pas encore plus loin dans la condamnation du comportement de Pékin. Je dois toutefois à la sincérité de dire que je ne sais pas dans quelle mesure la diplomatie et les relations internationales permettent dans le contexte actuel de "frapper du poing sur la table". Je ressens cela comme une chose assez horrible par rapport à ce que vivent les Tibétains, mais la raison d'état est une réalité que la raison commune n'appréhende pas nécessairement...Et quand j'entends ce matin sur France 2 Daniel Cohn-Bendit dire haut et fort que "les centrales nucléaires, on s'en fout", ça me met hors de moi qu'un responsable de son niveau puisse se laisser aller à tels errements, malgré la fougue que je lui connais quand il s'agit de défendre les droits de l'homme et les libertés.Ok dans l'absolu, Dany, le commerce international et son cortège d'emplois induits et de production de richesses ne pèse peut-être pas autant que la vie de milliers de Tibétains, mais dans la vraie vie à la fois l'activité économique, gage de pouvoir d'achat, doit être à bon droit une des principales préoccupations de nos dirigeants, que nous avons élus pour ça, et à la fois les arcanes des relations internationales ne se résument certainement pas à ces seuls marchés inter-états ! Les aspects économiques ne sont certainement pas les seuls en jeu dans cette affaire, et le maintien de l'équilibre du monde ne se satisfait pas forcément de certaines prises de positions philosophiques, si essentielles soient-elles pour nombre d'entre nous...

Ceci étant, je maintiens qu'on ne peut pas se taire, et qu'il faut absolument trouver un consensus, au minimum entre les 27 pays de la Communauté Européenne, pour une posture commune vis à vis de la Chine, et ceci non seulement lors de la cérémonie d'ouverture comme certains le préconisent, mais encore pendant toute la durée de la manifestation.La France sera à ce moment en charge de la Présidence de l'Union, et il faut que nous en profitions pour entraîner avec nous les 26 autres pays dans un comportement réprobatif commun.Encore cela ne suffit-il pas : les hommes et les femmes politiques ne doivent pas être les seuls à agir dans ce sens, mais les simples citoyens que nous sommes ont également leur mot à dire, spécialement ceux qui feront le déplacement, ainsi évidemment que les journalistes occidentaux. Il est évident que la télévision chinoise mettra tout en oeuvre pour occulter totalement tout comportement et toute manifestation que les autorités locales jugeront hostiles. Les télévisions occidentales présentes sur place, et tous les journalistes accrédités, doivent par contre s'en faire très largement l'écho. Ca ne changera sans doute rien directement pour les Chinois, ni sans doute pour les Tibétains, mais l'image de la Chine s'en trouvant ternie aux yeux du monde, on peut espérer provoquer ainsi un infléchissement de la politique de Pékin.En tout état de cause, ne rien dire et ne rien faire serait se rendre complice des exactions.

Il ne fallait pas donner les Jeux à la Chine en contrepartie de promesses dont on pouvait s'attendre à ce qu'elle ne les respecte pas. Maintenant que le mal est fait, il ne faut surtout pas ne pas réagir. Ce serait cautionner par avance la violation des droits de l'homme partout dans le monde.


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jeudi 20 mars 2008

Travaux pratiques de bon augure

Le gouvernement aurait-il (enfin) décidé de mettre en (bonne) pratique la philosophie qui est officiellement la sienne, celle qui a été développée par le Président, à savoir notamment celle de la fermeté républicaine et de la fin du laxisme ?

On peut commencer à y croire, à la lumière d'une
lettre adressée le 18 mars à la Présidente du Syndicat de la Magistrature par le Directeur de Cabinet de Rachida Dati, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.
Rappel succinct des faits : le Syndicat de la Magistrature a annoncé le 12 mars par une lettre adressée aux services de Madame Dati son intention d'appeler les magistrats à une journée de grève le 20 mars, c'est à dire aujourd'hui. Peu importe sur le fond les motifs de cette grève, en l'occurrence l'opposition du syndicat majoritaire dans l'ordre judiciaire aux peines de rétention de sûreté prévues par la loi du 25 février dernier.

Dans un tel cas, on avait l'habitude de voir le gouvernement de la République prendre acte en quasi silence, et sans aucune réaction digne de ce nom, de l'ordre de grève, quelle que soit la catégorie professionnelle concernée, service public d'importance majeure ou non.S'agit-il d'une conséquence indirecte du résultat des élections municipales, ou plus simplement du fait que cette étape relevant hautement de la "cuisine politique" est désormais derrière nous, ou plus simplement encore de la volonté du Président d'aller plus avant dans l'application des principes au nom desquels, entre autres, il a été élu ? Toujours est-il que, cette fois, le ministère de tutelle a réagi dans le bon sens, à savoir par le rappel des principes qui régissent le droit de grève dans ce corps particulier de l'Etat qu'est la Justice.

Dans cette lettre, Rachida Dati, sous la plume de son directeur de cabinet, rappelle à ses magistrats que leur sont interdits "toute manifestation d'hostilité au principe ou à la forme du gouvernement..., toute démonstration politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions (et) toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions".

Le ministère aborde en outre brièvement le fond de la cause de la grogne, en expliquant une fois de plus les motivations du législateur qui l'ont conduit à voter cette loi sur la rétention de sûreté, loi qui a été ensuite validée par le Conseil Constitutionnel, ce qui fait obligation (mais la lettre ne va pas jusqu'à le préciser) aux magistrats de l'appliquer sans aucune interprétation personnelle ou syndicale.

On ne peut qu'applaudir à cette marque d'autorité réaffirmée de la part d'une équipe gouvernementale qui est de droit le "patron" des fonctionnaires, ce qu'il conviendrait de rappeler plus souvent, même si dans le cas précis le principe d'indépendance de la Justice, un des principaux piliers de la démocratie, oblige à une certaine prudence. Mais l'indépendance des juges ne leur donne pas le droit de discuter, et encore moins de combattre, les lois dont ils ont constitutionnellement la charge de l'application... Il est bon quelquefois de le rappeler avec fermeté.

On peut comprendre que cette réaction de leur ministre les ait quelque peu surpris, eux qui n'étaient pas habitués à un tel comportement pourtant de bon sens. Leur syndicat majoritaire "s'étonne d'une conception à géométrie variable du droit de grève dans la magistrature développée à la Chancellerie", et rappelle que "lors du précédent mouvement de grève du 29 novembre 2007 sur la réforme de la carte judiciaire (…) aucune démarche similaire n'avait été entreprise par la garde des Sceaux". On pourrait simplement regretter que tel ne fût pas le cas à l'époque.En outre, le Syndicat de la Magistrature estime que "la réaction (de Rachida Dati) illustre sa volonté de politiser une initiative purement syndicale". Re-voilà l'éternel argument fallacieux qui consiste à laisser supposer que "tout est permis" dans le cadre d'une "action syndicale". Et bien non, toute action, fût-elle syndicale, doit avant tout respecter la loi. D'autant plus me semble-t-il de la part de ceux qui ont pour charge de l'appliquer...

Le syndicat précise également qu'il maintient son appel à la grève. Grand bien lui fasse, et c'est son droit le plus strict. Il a cependant, je pense, grand intérêt à rester "dans les clous". La ministre (et derrière elle, n'en doutons pas, le Président) ne semble pas prête à faire marche arrière sur la question des principes.
Voilà un exemple de "travaux pratiques" de la part de l'équipe gouvernementale par rapport aux principes dont elle se réclame, et que les Français ont cautionnés au printemps 2007. C'est de bon augure. On n'était plus habitué à autant de cohérence. Pourvu que ça dure...



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lundi 17 mars 2008

Le village d'Astérix

S'il y a une chose je ne regrette pas ce matin, c'est bien de n'avoir jamais fait de politique active ! Et pourtant, j'ai bien failli en prendre la décision ces derniers mois, pour contrer le fait qu'au niveau du conseil municipal de ma commune, une personne (très) proche avait accepté de figurer sur une liste "de gauche". Grand bien m'a fait de ne pas aller jusqu'au bout de mon idée : non seulement ni elle ni sa liste n'ont obtenu le résultat escompté, mais, plus important encore, mon opinion quant au comportement des citoyens de mon pays ne s'est vraiment pas améliorée au cours de ce week-end électoral...

S'engager dans l'action politique, à quelque niveau que ce soit, relève en quelque sorte du sacerdoce, du moins si l'on veut le faire sérieusement : cela suppose rien moins que l'abandon de soi, au service de ses concitoyens. Loin de moi l'idée d'exiger de ces derniers une quelconque reconnaissance (ce sont les élus qui leur doivent, au contraire, cette reconnaissance-là pour leurs votes), ni un respect forcé qui n'aurait à mes yeux aucune valeur (le respect ne vaut que spontané et sincère, sinon il s'apparente très vite à la servilité et à l'hypocrisie, et n'a donc aucun intérêt), mais je pense que l'on est en droit de leur demander, au minimum, un comportement de bon sens et si possible intelligent.Or, ce n'est pas la première fois que j'émets des doutes quant à ces deux critères au sujet du corps électoral de ce pays (mais en est-il autrement ailleurs ? Voire...). L'incohérence des comportements des électeurs n'a bien souvent d'égale que leur manque criant de maturité et de culture politiques.

En outre, je n'ai pas non plus l'impression que les commentateurs qui s'en donnent "à coeur joie" ce matin relèvent le niveau du débat. J'ai envie de dire "au contraire"...

- En mai dernier, 85 % des électeurs (un score considéré comme historique) se sont rendus aux urnes pour élire à une très large majorité leur Président, sur un programme clairement et précisément orienté "à droite" et "libéral".

- Le mois suivant, ils lui ont donné lors des élections législatives une large majorité pour gouverner, et appliquer ledit programme.- Hier, 9 mois seulement après, avec un taux d'abstention record cette fois-ci, ils élisent à la tête de leurs mairies et de leurs départements une majorité d'hommes et de femmes qui se réclament de la sensibilité exactement inverse !

Que s'est-il passé entre temps ? Quel cataclysme ou quelle catastrophe imputable à leurs élus du printemps dernier s'est produit dans ce pays ? Le Président, les députés, le gouvernement, auraient-il fait le contraire de ce qui était promis ? Ou, à tout le moins, auraient-ils failli lourdement dans l'accomplissement de leurs promesses électorales ? Les électeurs seraient-ils fondés à croire qu'ils ont été trompés ?Que nenni ! Et d'ailleurs, nombre des ministres qui se présentaient aux municipales sont élus, et les sondages (avec toutes les réserves que l'on doit émettre à leur égard) propulsent le premier d'entre eux au zénith de la popularité ! Il ne semble donc pas a priori qu'une majorité de Français rejettent massivement l'action gouvernementale.D'ailleurs, des premiers résultats en sont d'ores et déjà visibles, notamment en ce qui concerne l'emploi.Incohérence, vous dis-je...

Mais il reste cependant à analyser les raisons de ce comportement a priori incompréhensible.Selon moi, elles sont de deux ordres, et j'ai pu constater à l'écoute des quelques analystes politiques impartiaux (si, si, il en existe...), sur les plateaux de télévision hier soir, que mon approche n'était pas solitaire :1) La réaction "épidermique" et insuffisamment contrôlée des électeurs à l'égard du comportement médiatique du Président. Les Français n'apprécient pas les "gesticulations" et les "frasques" trop fréquentes et trop souvent mises en scène de Nicolas Sarkozy. Je dois dire que je suis plutôt en accord avec eux sur le sujet (Voir notamment mon article du 25 février concernant son incartade verbale au salon de l'agriculture).2) L'impatience qu'ont ces mêmes Français de percevoir les résultats concrets des réformes entreprises en conformité avec le programme qui les a motivés dans leurs choix au printemps 2007. Impatience très fortement exacerbée d'ailleurs par les difficultés économiques du moment, à commencer par l'épineux problème du pouvoir d'achat O combien "monté en épingle" par la presse de gauche depuis plusieurs mois, dans l'optique évidemment de l'échéance électorale qui a vu hier son épilogue malheureux.

Ainsi en va-t-il de l'humeur versatile des électeurs, savamment "orchestrée", "cuisinée" et "modelée" selon une technique éprouvée par des journalistes et des politiciens rompus à l'exercice. Je n'ai pas besoin de rappeler ce que j'exposais en décembre dernier dans un article consacré en partie au "pouvoir médiatique". Entre des mains expertes, cela peut à bon droit s'appeler "lavage de cerveaux". Et ça marche...En tout cas, ça a marché cette fois-ci, et être convaincu, comme je le suis moi-même, que c'est une bien mauvaise chose pour la France et surtout pour les Français n'arrange rien à l'affaire. Il n'est même pas certain que les effets négatifs de ce scrutin, qui ne manqueront pas de se faire jour plus ou moins rapidement, seront perçus par une opinion qui, bien sûr, va continuer à être manipulée par une opposition qui reste autant en recherche d'existence réelle après les municipales qu'avant ces dernières...

Mais ce comportement des électeurs aura forcément des effets négatifs, car dans le cadre de la décentralisation (dont je continue cependant de dire qu'elle est indispensable, largement bénéfique, et qu'elle n'est pas menée assez rapidement), dans ce cadre donc, ces nouveaux élus, adeptes d'une politique qui privilégie très largement la distribution de fausses oboles, appelées "aides sociales", évidemment financées par l'impôt, à la mise en oeuvre des conditions favorables à une vraie création de richesses, par la modernisation et la libéralisation de l'économie, et notamment par le desserrement de l'étau fiscal, ces élus donc ne vont pas manquer, comme ils l'ont toujours fait dans le passé, de procéder aux augmentations des impôts locaux directement induites par ces largesses parfaitement inutiles puisqu'à effets très éphémères.Reprendre d'une main ce qu'on donne de l'autre, voilà le seul comportement possible tant que l'on ne crée pas les conditions de l'expansion.Le gouvernement actuel est l'artisan des réformes qui peuvent seules permettre cette expansion économique indispensable. Encore faut-il ne pas "mettre la charrue avant les boeufs" et distribuer par avance des bénéfices que l'on n'a pas encore dégagés. Dans une entreprise quelle qu'elle soit, ce comportement est celui qui mène inéluctablement à la faillite. En économie publique, la faillite n'existe pas. La conséquence est le creusement permanent du déficit budgétaire. C'est ce que nous avons fait pendant trente ans. C'est ce que, si nous les laissons faire, les élus d'hier continueront de faire demain.

Il faut cependant raison garder, et j'en viens au traitement que les médias, presse écrite ou télévision, font du sujet ce matin. A les entendre, nous assistons à une "déferlante", à une "vague rose", à un "vote sanction ", et encore à une "claque magistrale pour Nicolas Sarkozy". J'ai même lu sous la plume d'un éditorialiste le terme de "grosse branlée pour la droite", tout aussi critiquable que le "pauv'con" du Président le mois dernier. Quelle exagération, et quel manque de respect pour leurs lecteurs de la part de ceux dont le métier est d'informer, pas de travestir la réalité !

Car enfin, de quoi parlons-nous exactement ?- Aux municipales de 2001, la droite avait conquis 40 grandes villes précédemment gérées par la gauche. Hier, la gauche en a reconquis 39. Est-ce vraiment plus important qu'un simple "retour de balancier" ?- Hier toujours, sur la France entière, toute la gauche a "fait" 49 % des voix, la seule UMP (le parti du Président) 47 %. Est-ce vraiment la fin d'un système ?- Sur le plan des cantonales, neuf départements sur une cinquantaine ont basculé de droite à gauche. Est-ce que l'état va chanceler sur ses bases pour ça ?- A Paris, le maire PS sortant a été réélu avec 3 points de plus de majorité par rapport à 2001. Peut-il pour autant parler de plébiscite ?- La deuxième ville de France, Marseille, et la cinquième, Nice, conservent un maire de droite malgré une offensive sans précédent du parti socialiste, qui criait déjà victoire au soir du 1° tour. Est-ce finalement un si beau fait d'arme ?

Alors, Messieurs les journalistes, essayez, si vous savez le faire, de garder votre sang froid, et, pour une fois, de ne pas user de stratagèmes rhétoriques et de contre vérités pour vendre un peu de papier ! Il n'y a pas eu de révolution, il ne s'agissait après tout que d'élections locales, avec des conséquences locales, sur les finances locales, et ce sont les contribuables locaux qui, finalement, paieront le plus fort du prix de leur comportement...Ca ne signifie pas que l'affaire est de peu d'importance. Je maintiens que cette erreur coûtera cher. Cependant, le gouvernement aurait tort d'en tirer de mauvaises leçons. Il faut continuer les réformes en cours et mettre en chantier rapidement celles qui étaient prévues. Il faut même les accélérer, afin d'en précipiter dans le temps, dans toute la mesure du possible, les effets bénéfiques sur l'économie et sur le bien-être des citoyens, et il faut user de tous les leviers disponibles pour que les finances locales ne soient pas mises à mal par les actions inconsidérées dont sont coutumiers bon nombre d'élus de la sensibilité vers laquelle les électeurs d'hier ont penché majoritairement.L'avenir, n'en doutons pas, donnera raison aux sages et aux dirigeants compétents et sérieux.

Une petite consolation pour moi "dans ce monde de brutes". J'habite un petit hameau dans une commune qui compte exactement 1287 électeurs, dont 1115 d'entre eux se sont déplacés hier à leur bureau de vote (soit quand même près de 87 % de taux de participation). Quatre listes étaient en présence pour 19 conseillers à élire ! Il y avait en effet deux listes de gauche, dont une ouvertement étiquetée "PS" et l'autre qui ne le disait pas (ou n'avait pas le droit de le dire : ce que le parti veut...), la liste du maire sortant ("sans étiquette") et une quatrième menée de manière dissidente par une de ses adjointes. Il y avait donc, en définitive, deux listes "de l'opposition" et deux autres qui, sans être officiellement "de la majorité", étaient en tout cas "opposantes à l'opposition". Et comme "les ennemis de nos ennemis sont nos amis"...Et bien, cette petite commune du Pas de Calais fait aujourd'hui à mes yeux figure de "village gaulois", puisque contrairement à la moyenne nationale le résultat est sans appel, avec seulement 3 élus de gauche sur 19...

Ici, le ciel rose ne nous est pas tombé sur la tête, par Toutatis !...


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jeudi 6 mars 2008

De retour ? Enfin !

L'article que j'écris aujourd'hui m'a posé un problème : dans quelle rubrique allais-je le mettre ? Entre "Actualité" et "Société", c'est souvent le cas. Mais celui-ci pourrait tout aussi bien s'inscrire dans "Pouvoir" ou dans "Economie". C'est que son sujet, je veux dire par là le personnage qui l'a inspiré, est par nature un "touche à tout". J'ai bien dit par nature : c'est bien la nature de sa fonction qui lui donne obligation de s'intéresser à tout. Et c'est sa propre nature qui le pousse, sur cette base, à s'occuper de tout. Pas facile pour un seul homme. Mais, pour l'instant au moins, il semble y parvenir. Quoique...

On aura compris que je parle ici de l'
interview que le Président de la République vient d'accorder au journal Le Figaro, raison pour laquelle j'ai finalement choisi la rubrique "Actualité".Une précision importante avant toute chose : je n'ai aucunement l'intention de m'intéresser à cette interview d'un point de vue politicien. La couleur politique du Président importe peu dans mon propos d'aujourd'hui, et je ne m'intéresse ici qu'à la fonction, pas à l'homme.

En dehors de quelques soubresauts et de quelques gesticulations (trop) largement mis en exergue par une presse avide de sensationnel et toujours prompte à se précipiter sur n'importe quel évènement susceptible de lui faire "vendre du papier", en dehors donc d'articles au vitriol dans une presse de gauche ravie d'avoir des raisons de gloser ou dans une presse à sensation toujours l'oeil fixé au "trou de la serrure", nous avons été un certain nombre à noter un silence aussi assourdissant qu'inhabituel au sujet du chef de l'état et de son action, et ce depuis deux longs mois. Bien évidemment, la "machine à démolir" qu'est son opposition en a profité pour faire semblant d'exister. Seuls certains ministres, et le premier d'entre eux, nous rappelaient que le gouvernement continuait de gouverner...Même si ce fonctionnement de l'état peut sembler tout à fait normal à certains, et ils sont parfaitement respectables, ce n'est pas d'une part ce à quoi le pouvoir nous avait habitués depuis les dernières élections présidentielle et législative, ni d'autre part ce à quoi, de toute évidence, les Français aspirent, si l'on en juge par l'évolution des études d'opinion durant la période récente. En fait, l'omniprésence et l'hyper activité auxquelles le Président nous a habitués, y compris dès avant son élection à la tête de l'état, est tellement entrée dans les moeurs politiques de notre pays qu'une "baisse de tonus" est aussitôt interprétée comme un délaissement, voire comme une trahison.

La fonction présidentielle a beaucoup évolué au fil des années, et si dans l'esprit de la Vème République, le Président est l'inspirateur de la politique que d'autres (le Gouvernement) mettent en oeuvre, principe qui a été appliqué, dans l'image sinon dans les faits, par ses prédécesseurs à l'exception de De Gaulle, Nicolas Sarkozy a renoué de manière significative avec la façon d'agir du Général, et les Français ont aussitôt plébiscité cette "nouvelle" image de la Présidence.Pressé sans doute par les parlementaires de sa majorité, qui voulaient avoir "les mains libres" dans la campagne électorale pour les municipales et les cantonales, il a mis en sourdine son action et son image, et je pense personnellement qu'il a eu tort. La politique de la France ne se fait pas à la corbeille (parole célèbre). Elle ne se fait pas non plus, ni dans la rue ni dans les sondages, ni même en fonction des humeurs des candidats aux élections, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition. Certes, la politique n'a pas cessé d'être menée à bien durant cette période, mais elle a cessé d'être expliquée, ce qui, compte tenu de l'ampleur des réformes entreprises, et de la nécessité d'user de pédagogie pour les faire admettre à l'opinion, est au mieux une erreur et au pire une faute.

Aujourd'hui, le Président brise enfin son propre silence, et je pense que c'est une excellente chose. Il reste à espérer, et c'est mon cas, que la teneur de son interview entrera effectivement dans les faits :

- La campagne des municipales, pas plus que leur résultat, ne doit influencer en aucune manière l'action du gouvernement
- Les réformes doivent être menées à leur terme et au rythme voulu, quel que soit ce résultat
- L'ouverture politique est un mode de gouvernance respectueux de la diversité des sensibilités politiques dans le pays, et n'a aucune raison objective d'être abandonnée
- La baisse de popularité du Président mesurée par les sondages est sans aucun doute pour partie due à certains aspects de son comportement, et il en porte ainsi une part de responsabilité. La hausse symétrique de celle du Premier Ministre prouve s'il en était besoin que la politique menée n'est pas rejetée par l'opinion majoritaire. Les aléas de leurs cotes de popularités respectives ne doit donc en aucun cas infléchir la politique menée, et elle doit l'être avec détermination
- Il n'y a non plus aucune raison objective de remanier en profondeur, ni le gouvernement ni l'équipe élyséenne, en tout cas à l'aune de ce qui est rendu public
- Il faudra rassurer les parlementaires de la majorité en les associant plus étroitement aux décisions prises. Mais ces décisions doivent rester naturellement le fait de celui qui a été élu pour ça. L'intendance suivra...
- La prochaine étape de la "révolution" engagée des institutions est la réforme de l'état. Elle doit être engagée le plus rapidement possible. Les Français l'attendent. La France en a un besoin vital
- Les propositions du rapport Attali doivent entrer dans les faits chaque fois qu'elles s'avèreront judicieuses après un examen sérieux, sans tenir compte d'aucune chapelle, d'aucun lobby ni d'aucune pression.

Dès la fin de la trêve parlementaire, ce Président qui nous a paru absent un temps, qui redevient heureusement visible aujourd'hui, doit très rapidement, et avec efficacité, présider à nouveau au changement, et le gouvernement gouverner. En gardant vaillamment le cap qu'ils se sont fixé. Le pays n'a pas le temps d'attendre. Il ne reste que quatre ans, et c'est peu...


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