Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

lundi 19 octobre 2009

Budget de l'Etat : les vraies questions.

Demain mardi s'ouvre au Palais Bourbon un débat qui s'annonce houleux : celui sur la loi de finance pour 2010.

Et pourquoi ce débat promet-il d'être houleux, encore plus paraît-il que les autres années ? Aux dires de certains commentateurs, un certain nombre de députés, et pas seulement dans l'opposition, s'entêtent à vouloir remettre en cause le "bouclier fiscal", auquel l'état ne veut pas toucher à juste raison selon moi, et d'autres (peut-être les mêmes...) s'inquiètent de la disparition programmée de la taxe professionnelle et de la nature de ses recettes de substitution. Voilà au moins deux pommes de discorde qui ne manqueront pas de "faire du bruit" dans l'hémicycle, où comme à l'accoutumé un nombre non négligeable de nos élus partiront une nouvelle fois en croisade pour une soit-disant équité fiscale qui devrait conduire, selon eux, encore et toujours, à taxer toujours plus les uns et à exonérer certains autres de toute cotisation au bon fonctionnement de la chose publique. Voilà une conception de l'équité bien paradoxale, un enfant de 10 ans en conviendrait !...

Que penser d'abord de ce bouclier fiscal qui fait débat depuis son institution au début du mandat présidentiel ? Il s'agit d'un article de loi qui dispose qu'aucun citoyen français ne peut voir le total de ses impôts (y compris locaux) dépasser la moitié de ses revenus. 50 % du revenu : ça veut dire que vous travaillez six mois de l'année pour l'Etat ou les collectivités locales ! Eh bien il en demeure un certain nombre, non négligeable, pour considérer que ce n'est pas encore assez ! On croit rêver. Ou plutôt cauchemarder...

Et pendant le même temps, à l'autre bout de la chaîne, vous avez environ la moitié des Français qui sont totalement exonérés d'impôt sur le revenu ! Quelle belle équité fiscale dites-moi ! Car, cerise sur le gâteau, contrairement à ce que pensent beaucoup, et qui ne serait en aucune manière une justification, ce ne sont pas forcément ceux qui gagnent le plus qui paient le plus ! Par le jeu d'exemptions et de réductions diverses et variées, ce que l'on nomme couramment les niches fiscales, dont quelques exemples ici mais non les plus "juteuses", vous pourrez, si vous en avez les moyens évidemment, procéder à des investissements propres à échapper au moins partiellement à l'impôt. Donc, si vous en avez les moyens le répété-je, c'est à dire si vous n'êtes pas parmi les plus petits contribuables, vous pourrez participer un peu plus encore à l'inéquité fiscale institutionnelle tant défendue par les "chevaliers blancs" de la justice sociale. Comprenne qui pourra...

Alors, faut-il défendre le bouclier fiscal ? Je dis NON ! Sauf si on demeure dans notre système inique. Car ce "bouclier" n'est qu'un paravent qui masque mal combien est bafoué par le régime fiscal le principe d'égalité de droits inscrit dans notre Constitution. Il n'y a pas plus injuste que le système d'imposition tel qu'il pressure les citoyens aujourd'hui. Et il n'y a pas plus injuste que les discours de ceux qui veulent se donner l'image de défenseurs de l'équité fiscale, et qui au contraire prônent un accroissement de cette injustice.

La justice fiscale, la vraie, peut se résumer en une phrase laconique : tout le monde doit payer l'impôt en relation directe avec ses moyens. Cela signifie en clair que tous les impôts directs sans aucune exception doivent être assis sur le montant des revenus, et de tous les revenus quelle qu'en soit l'importance, ce qui est très loin d'être le cas aujourd'hui, et que les taux d'imposition doivent être les mêmes pour tous, ce qui est antinomique du système que nous connaissons. Le système dont je parle porte un nom : c'est l'impôt porportionnel. Et c'est le seul équitable. C'est le seul qui ne spolie pas les uns pour favoriser les autres. C'est le seul qui ne pénalise pas outrageusement les seuls pourtant qui sont réellement à même d'investir et de faire vivre l'économie, c'est à dire l'emploi, c'est à dire le pouvoir d'achat. Et ça ne concerne pas que les grosses fortunes, loin de là. Jusques et y compris les citoyens de cette fameuse classe moyenne, seraient en mesure de participer activement à la prospérité de la société et de ses membres, s'ils n'étaient pas ponctionnés de manière éhontée par une fiscalité confiscatoire.

Je ne prétends nullement que l'impôt proportionnel représente la solution à tous les problèmes. Mais sans cette base indispensable, alliée bien évidemment à une saine gestion des budgets publiques qui doit conduire à des économies drastiques, toute tentative de les résoudre restera vaine.

Donc, ce n'est pas le bouclier fiscal qu'il faut défendre. C'est le système fiscal dans son ensemble qu'il faut réformer de la cave au grenier. Beaucoup vont hurler. Ce ne sont pas ceux qui y sont le mieux fondés. Et en l'absence d'une telle refondation du système d'imposition dans ce pays, ce bouclier fiscal reste la moindre des choses ! Encore une fois, travailler six mois par an pour la chose publique, c'est déjà tout simplement insupportable...

La taxe professionnelle maintenant. Pratiquement depuis sa création, elle suscitait les critiques les plus acerbes, tant de la part de la gauche de que de la part de la droite. Tout le monde était d'accord jusqu'il y a peu pour dire qu'il s'agissait d'un impôt "mal ficelé" qui pénalisait tant les investissements que l'emploi, les deux ressorts de la croissance. Il a suffit que le Président prenne l'initiative, trop seul et trop vite, j'en conviens, de sa suppression, pour qu'elle se trouve des défenseurs acharnés, surtout évidemment parmi les élus locaux qui voient là s'envoler une part importante de leurs ressources. Mais ça ne justifie pas d'avoir dit noir pendant des lustres et de dire blanc aujourd'hui, au seul motif d'un opportunisme coupable.

Je l'ai dit, la décision a été prise trop vite et sans concertation. Mais était-il possible de faire autrement ? Je n'en sais rien. Il reste qu'il faut évidemment trouver pour les Territoires des revenus de substitution.

Pour ma part, je pencherais pour une taxe calculée sur la valeur ajoutée, critère objectif qui reflète mieux que tout autre le niveau d'activité de l'entreprise, qui ne dépend qu'indirectement de la masse salariale, et pas du tout de l'investissement, et qui ferait que cette taxe ne pénalise ainsi ni ce dernier ni l'emploi.

On entend dire en ce moment que la valeur ajoutée comprend les salaires, et que donc un tel impôt taxerait encore un peu plus les salaires. C'est à la fois vrai et faux. La valeur ajoutée, c'est la différence entre le chiffre d'affaires (les ventes) et les achats nécessaires à la production. Il est donc vrai que les salaires sont inclus dans la valeur ajoutée, puisque leur coût est évidemment répercuté sur les prix de vente. Cependant, la valeur ajoutée comprend également la marge que l'entreprise dégage sur le produit de ses ventes, et donc utiliser cette valeur ajoutée comme assiette d'une taxe, c'est taxer la marge autant que la masse salariale. L'impact du montant des salaires sur cette taxe est donc limité d'autant.

A noter, ce qui n'est pas exactement l'objet de ce billet, que je suis également partisan, comme je l'ai déjà dit, du calcul des charges sociales dites "patronales" sur cette même assiette (la valeur ajoutée). Un tel système diminuerait d'autant le coût global du travail, ce qui ne pourrait que favoriser les embauches et ôter beaucoup de pertinence aux délocalisations.

Mais pour en revenir à la taxe professionelle, n'est-ce pas en fin de compte sur la globalité des impôts locaux qu'il faudrait se pencher, plutôt que sur un seul d'entre eux ? Là encore, il s'agit d'une question d'équité : est-il normal que les citoyens d'une région soient traités différemment (et avec quelles différences !) de ceux de la région d'à côté ? Ceux de tel département différemment de ceux de tel autre ? Ceux d'une commune différemment de ceux de la commune voisine ? Est-elle normale, cette disparité de niveaux de prélèvements ? (Je ne parle pas du montant de l'impôt mais de son taux de calcul).

Ne pourrait-on pas réfléchir à un système là encore plus équitable ? Ne pourrait-on imaginer tout simplement qu'une part de cet impôt proportionnel dont je parlais plus haut, ainsi qu'une part de l'imposition des entreprises, soit dévolue aux collectivités locales ? Une part calculée uniformément sur tout le territoire, sur des critères objectifs tels que l'importance de la population, ou d'autres à débattre ? A charge pour chaque collectivité d'utiliser sa quote-part comme elle l'entend, mais sans pouvoir lever d'impôt spécifique.

Ce serait non seulement une simplification propre à rendre les choses plus "lisibles" pour le citoyen contribuable, non seulement un critère de justice inter-territoires, mais encore une petite révolution dans les moeurs des élus locaux, qui seraient bien obligés d'abandonner leur sempiternelle (mais aujourd'hui incontournable) politique d'appel constant aux subventions de l'Etat, et qui auraient en contrepartie, enfin, une véritable liberté.

Ne serait-ce pas là enfin, le moteur d'une véritable décentralisation de fait ? Une décentralisation intelligente qui redonnerait aux assemblées locales leur liberté d'action ? Est-il normal que, par le jeu du système actuel, le contribuable auvergnat participe au financement d'une route bretonne alors que son Conseil Régional n'obtient pas la subvention nécessaire pour une autre route, en Auvergne celle-là ? C'est une hypothèse d'école, mais tout à fait vraissemblable : il suffirait pour ça que Paris décide que la route bretonne a plus d'importance à ses yeux que la route auvergnate. Ou que le député local breton soit plus "en odeur de sainteté" à Paris que son collègue auvergnat...

Voilà seulement quelques pistes qui, encore une fois, ne prétendent pas tout régler. Mais le système actuel est totalement opaque, totalement inéquitable, et il est urgent de le réformer. Car les petites "guéguerres" que se livrent dans les couloirs de l'Assemblée et du Sénat, et dans les hémicycles, des élus plus souvent animés par les luttes partisanes que par l'examen objectif du bienfondé de l'article de loi ou de l'amendement dont ils ont à débattre, ces joutes oratoires ont un enjeu majeur à côté duquel ils passent allègrement la plupart du temps : la vie du pays comme de ses habitants et de ses entreprises, leur santé et, pour certains, leur survie économique.

Le rôle premier de l'Etat est de garantir la liberté et la sécurité des citoyens. Un système fiscal inapproprié nuit à la première et détruit la seconde.

mercredi 14 octobre 2009

Népotismes et (in)compétences

Le landerneau médiatico-politique, celui-là même qui institue l'amalgame entre deux mondes qui eussent pourtant été mieux inspirés de demeurer séparés l'un de l'autre mais qui font montre très habituellement de collusion depuis quelques années, ce "panier de crabes" où se mêlent et s'entre-tuent, plus que des opposants, des intérêts contraires, nous rebat les oreilles depuis quelques jours avec une affaire dont les Français semblent se délecter, alors qu'elle n'a finalement pas la moindre importance mais qu'elle cache un autre scandale, bien plus grave et bien plus digne d'intérêt et d'indignation encore...

De quoi s'agit-il ? Un jeune conseiller général des Hauts de Seine est pressenti pour prendre la tête de l'Epad, l'Etablissement Public pour l'Aménagement du quartier de la Défense. Pour son malheur, du moins en ce qui concerne son élection probable à ce poste, il porte un nom fort célèbre : celui de son père qui se trouve être également président de la République Française.

Et voilà la seule matière de cette "tempête dans un verre d'eau" : Jean Sarközy de Nagy-Bocsa, fils cadet de Nicolas Sarkozy, subit un véritable lynchage médiatique, tant en France qu'à l'étranger d'ailleurs. On crie au népotisme, pas toujours en sachant très bien ce que ça veut dire, on s'insurge, on en fait une montagne. La gauche tire à boulets rouges sur le pauvre garçon, ce qui se conçoit parfaitement. Une partie de la droite "s'émeut" également : quelques députés et sénateurs UMP qui craignent le scandale que ladite gauche tente, avec un certain bonheur semble-t-il, de fabriquer autour de cette filiation, emboîtent le pas aux auteurs habituels de ces polémiques creuses de sens mais qui ont le mérite, de leur point de vue, de "faire du bruit" et donc de faire parler d'eux, ce qui est leur principal souci (celui d'exister).

Et comme à sa mauvaise habitude, la presse dite "de droite", celle dont on attendrait pour le moins qu'elle contre ses adversaires idéologiques en appuyant sur les bons ressorts, cette presse-là ne fait que relater la polémique sans même prendre de réelle position. Là encore, on a l'habitude. Mais il y a des moments où c'est encore plus difficile à supporter qu'à d'autres.

Car le soit-disant népotisme dont on parle aujourd'hui, népotisme qui n'en est pas un puisque si Jean Sarkozy prend effectivement les reines de l'Epad, ce sera élu à ce poste, et non nommé, et encore moins nommé par son père, ce soit-disant népotisme-là, donc, a bien des antécédents qui n'ont jamais défrayé la chronique à leur époque. Y compris bien entendu quand ils étaient le fait de précédécesseurs de notre actuel Président de la République. A-t-on crié au scandale par exemple, ni sur les bancs de la gauche au Parlement ni dans la presse d'obédience socialo-marxiste, quand un certain Jean Philippe Mitterrand, fils de son Père lui aussi, a pris en 1986 les rennes de la cellule Afrique de l'Elysée ? Qui, a cette époque, a parlé de népotisme ? Qui a trouvé à redire à cette nomination (il ne s'agissait pas d'une élection cette fois) ? Et nous savons pourtant, depuis, quel usage le récipiendaire de la "charge" en question en a fait à son profit personnel. Mais, de ça non plus, "on" ne s'est pas indigné...

Alors, quoi ? Le fils d'Untel, parce qu'Untel est titulaire d'une haute charge, n'aurait par définition pas le droit d'en exercer une autre, ni d'être élu à un autre poste, sans qu'aussitôt on soupçonne son père d'abus de pouvoir ?

Alors quoi ? Un élu, même à un poste qui n'est que plus ou moins important (l'Epad, ce n'est quand même pas, ni la Cour des Comptes ni le Conseil Constitutionnel ! Remettons les choses à leur place), perdrait toute légitimité issue d'un suffrage sous prétextre qu'il est "le Fils De" ?

Mais dans quel monde voulez-vous nous faire vivre ? Au nom de quelle morale pervertie voulez-vous tordre le cou aux principes de la démocratie ? Jean Sarkozy, avec lequel je n'ai pas d'affinités particulières, on le comprendra plus loin, a été élu par le peuple conseiller général, puis élu par ses pairs président de son groupe au Conseil Général des Hauts de Seine, et serait éventuellement élu président de l'Epad. Où est le népostisme là-dedans ? De quelle nomination arbitraire de droit divin (ou présidentiel, comme on voudra) parlons-nous ? Quel est ce nouveau procès d'intention à l'encontre du chef de l'Etat ? Cette polémique est tout simplement indigne de la part d'une opposition qui ne sait vraiment plus de quel bois faire feu, et ridicule autant que poltronne de la part des élus de la majorité qui lui emboîtent le pas, même timidement.

Ceci étant dit, je m'inscris en faux contre cette possible élection de Jean Sarkozy à la présidence de l'Epad, qui a même provoqué une violente réaction de ma part, en privé, lors de son annonce dans les médias. Pourquoi ?

Parce que l'Epad est l'organisme qui gère l'aménagement et le développement du plus important quartier d'affaires d'Europe. Parce que les enjeux pour la France, pour l'Europe, pour les finances publiques en France et en Europe, pour l'avenir des entreprises qui s'y installent, pour l'avenir de l'économie, de l'emploi, sont colossaux.

Parce que Jean Sarkozy n'a que 23 ans, que du haut de ses 23 ans, il n'a aucune expérience du milieu des affaires, qu'il poursuit encore ses études de droit (il est, si j'ai bien compris, en troisième année après avoir redoublé les deux premières) et que donc, par définition, il n'a pas, sous cet angle non plus, la maturité requise pour exercer de telles responsabilités.

Parce que je me fais une autre idée des compétences qui doivent être celles du dirigeant d'un organisme aussi influent, non seulement à l'échelon local mais encore à l'échelon national, et même européen. Que la gestion d'un budget aussi important, la conduite d'une politique aux conséquences aussi déterminantes, que ceux de l'Epad, requièrent autre chose que l'ambition, si respectable soit-elle, d'un étudiant à Bac+3, fût-il élu départemental et issu d'une famille influente.

Parce que le nom que l'on porte, que ce soit celui de Sarkozy, de Mitterrand ou d'un autre, ne confère en lui-même aucune compétence ni aucune légitimité, que seules une bonne formation menée à son terme (et réussie), et une expérience suffisante, sont de nature à les apporter à tout être humain, et que sans cette compétence et cette légitimité, l'occupation d'un poste de responsabilité comme celui-là est une imposture.

Alors, je me résume : accuser Nicolas Sarkozy de népostisme dans cette affaire est une idiotie qui ne peut avoir pour fondement que le souci de certains de s'atribuer dans l'opinion une importance qu'ils n'ont pas ; mais élire Jean Sarkozy au poste de président de l'Epad est une idiotie non moins évidente, qui ne peut avoir pour origine que sa propre soif de pouvoir, héritée sans doute de son célèbre père. L'ambition n'est en aucune manière un défaut ; elle n'est pas plus une justification pour occuper des postes et des responsabilités que l'on n'est pas capable d'assumer.

C'est de ce scandale de l'incompétence que je parlais plus haut, en disant qu'il était bien plus grave et bien plus digne d'intérêt et d'indignation que la simple et hypothétique ingérance supposée d'un père puissant dans la carrière de son fils.

Et c'est sur ce terrain que j'aurais mieux apprécié de voir se placer tous ceux qui combattent aujourd'hui la probable future élection à un poste important, d'un homme (le fils) peut-être doué, assurément ambitieux, sans doute élevé à bonne école, mais pas encore ni assez mûr, ni assez formé, ni assez expérimenté, plutôt que de les entendre se fourvoyer une nouvelle fois dans la voie de la seule lutte stérile contre un autre homme (le père) qui les gêne souvent plus par sa seule présence que par ses actions, dont certaines qu'ils ne renieraient pas si elles étaient le fait de leur propre camp politique. Mais c'est là un autre problème.

lundi 5 octobre 2009

L'illusion de la concurrence

Un conseil extraordianire des ministres européens de l'agriculture se réunit aujourd'hui à Bruxelles, à la demande de la France. Il s'agit notamment de débattre de la politique européenne en matière de production laitière après la suppression totale de la politique des quotas à l'horizon 2015.

Les difficultés que rencontrent les producteurs de lait, en France mais pas seulement, faisait la Une de l'actualité il y a peu encore, avec des manifestations, défilés de tracteurs, et déversements de lait en plein champ.

Quant à moi, j'ai déjà eu l'occasion de parler du sujet ici. Je ne retire rien de ce que j'écrivais alors. Le problème n'a pas évolué depuis, et je maintiens que les quotas laitiers, comme toutes les contraintes légales en matière de production, qu'elles viennent de Bruxelles ou d'ailleurs, n'ont aucune justification objective.

De deux choses l'une : ou bien elles sont efficaces, et les producteurs n'ont aucun besoin de la législation ni de la réglementation pour les mettre en oeuvre en tant que chefs d'entreprises avertis, ou elles ne le sont pas et, par définition, elles n'ont pas lieu d'être. Dans les deux cas, le résultat est le même, et elles ne sont que la manifestation nuisible d'un interventionnisme qui ne satisfait personne, qui entrave la liberté d'entreprendre, et qui faussse le marché sur les quantités comme sur les prix. In fine, elles aboutissent à l'inverse de leur but et sont la source de tous les mécontentements et tous les désordres.

A la base, une exploitation agricole est une entreprise comme les autres : l'agriculteur ou l'éleveur, tout comme l'industriel, a pour but, à partir d'une matière première, de générer un produit fini et de le vendre en faisant un bénéfice. Une exploitation agricole, tout comme une usine, doit donc s'adapter à son marché, et ses prix de vente sont tributaires du jeu de l'offre et de la demande : si la demande est supérieure à l'offre, les prix montent; et si c'est le contraire, les prix baissent. C'est du moins comme cela que les choses devraient se passer "dans un monde parfait". Et c'est sur ce modèle que repose la politique économique de l'Union Européenne, qui érige en principe la libre concurrence.

Le libéral que je suis est totalement d'accord avec ce principe. Encore faut-il être conscient que nous ne vivons pas dans le "monde parfait" dont je parlais plus haut. Encore faut-il voir que, s'il est condamnable de mettre en oeuvre des pratiques qui faussent la concurrence entre les différents producteurs et qu'il convient de lutter contre, ces pratiques-là ne sont pas toutes du fait des producteurs, et qu'il convient cependant de les prendre toutes en compte !

Nous vivons et nous commerçons dans un monde globalisé, mais, même à l'intérieur de l'Europe, les règles ne sont pas identiques d'un pays à l'autre. La libre concurrence est, partant, totalement illusoire à bien des égards. Même au sein de l'Union Européenne, les régimes fiscaux, les cotisations sociales, les règles environnementales, sont bien souvent totalement différents, et l'ensemble de ces disparités fausse irrémédiablement les prix de revient. Et ce désordre, déjà important à l'intérieur de l'Europe, est considérablement plus important encore avec certaines parties du reste du monde.

Si nous continuons à ne juger les règles de libre concurrence qu'à un bout de la chaine, c'est à dire le marché, sans nous intéresser à l'autre extrémité, c'est à dire la production, nous aboutirons inexorablement à l'asphyxie des producteurs qui exercent dans les zones où les coûts sont les plus élevés, c'est à dire chez nous. La concurrence est alors totalement faussée avant même que quiconque ne vienne introduire des aides ou des quotas quelconques.

A l'intérieur de l'Union, il devrait être possible de se mettre d'accord sur des règles fiscales, sociales et environnementales, sinon identiques du moins harmonieuses. Avec le reste du monde, la solution est illusoire. Il n'est qu'à voir les disparités qui nous séparent de la situation en Chine, en Inde, en Amérique du Sud... Et cette liste est loin d'être close. Or, les règles de libre concurrence telles que prêchées par l'Union Européenne ou l'OMC ne tiennent aucun compte de ces disparités de contraintes et de coûts.

Au lieu de réclamer à cor et à cris encore plus de régulation, encore plus de quotas, encore plus de subventions, encore plus d'interventionnisme et de dirigisme, qui ont tous montré leur inefficacité et leurs conséquences nocives sur la vie des entreprises et sur l'économie en général, c'est soit la préférence communautaire qu'il faut instituer, soit, sous une forme ou sous une autre, le rétablissement de l'égalité des chances à la production entre nos entreprises et les autres.

Mais qui aura le courage de défendre cette position devant les instances internationales, à commencer par la Commission et le Conseil européens, puis l'OMC ?

Faute de cela pourtant, la sacro-sainte libre concurrence qui est le catéchisme de Bruxelles restera une illusion, et ne pourra que conduire à leur perte, nos producteurs laitiers puisque c'est eux dont il s'agit aujourd'hui, mais aussi toutes nos autres entreprises dès lors qu'elles entrent en compétition avec des pays qui n'appliquent pas nos contraintes. Et ce ne seront surtout pas les marges de la distribution qui pourront en aucune manière compenser la différence, comme le prêchent à tort les organisations agricoles aujourd'hui...

Un salaire pour les lycéens ?

Il n'est pas coutume que je sois d'accord avec les propos de François Bayrou, que je tiens pour un politicard de la pire espèce, de la race, déjà bien connue, de ceux, dont un Président très récent, dont le seul but est la carrière personnelle, et le seul point de mire de ladite carrière un palais républicain non moins connu, l'ancien hôtel d'Evreux devenu palais de l'Elysée.

Il n'en est pas coutume, mais une fois n'est pas cette coutume, et je ne peux cette fois que me dire en accord parfait avec ses propos, que j'ai lus ce matin dans La Tribune, après qu'ils aient été publiés hier dans le JDD.

De quoi parle-t-on ? L'académie de Créteil lance une expérimentation, financée par le haut commissariat à la jeunesse de Martin Hirsh, qui consiste à proposer aux jeunes lycéens une "cagnotte collective" (pour leur classe), pouvant aller jusqu'à 10 000 €, en récompense de leur assiduité aux cours !...

Le président du Modem dénonce un "incroyable déplacement des valeurs" et déclare "A l'école, l'argent ne devrait pas avoir droit de cité". Je suis en parfait accord, je le répète, avec ces deux sentences.

Tout d'abord, en France, l'école est obligatoire, c'est un lieu commun de le dire. Viendrait-il à l'idée de quiconque, de décerner un satisfecit sonnant et trébuchant, un crédit d'impôt par exemple, aux citoyens qui n'auraient pas commis de délit l'année précédente ? Eh bien ! Sur le principe, ce serait très exactement la même chose : payer les citoyens pour qu'ils respectent la loi républicaine ! Il fallait y penser...

Ensuite, nous nous trouvons une fois de plus face à l'application de ce qui est devenu un principe dans ce pays, à savoir disposer des finances publiques sans aucun souci, ni du respect des contribuables qui en sont les vrais propritétaires (l'Etat n'en étant que le gestionnaire), ni bien sûr du sens de l'efficacité : ces lycéens trouveront bientôt, vous verrez, que cette "cagnotte" est insuffisante, et en trouveront le prétexte d'un absentéisme persistant, et peut-être même grandissant...

Enfin et surtout, lier dans l'esprit des élèves leur assiduité aux cours à une quelconque rémunération, c'est nier l'essence-même de l'école. C'est nier le fait que l'enseignement en lui-même est un apport de la société à destination de sa jeunesse, que les connaissances que leur apporte cet enseignement sont la clef de la qualité de leur vie sociale et professionnelle future, et qu'ils sont déjà débiteurs de cet effort à leur adresse.

Il s'agit là encore, une fois de plus, de la négation des valeurs fondamentales de toute société humaine : les sens de l'effort et de la responsabilité, qui consistent à ne surtout pas attendre des autres, comme un dû, ce qui ne peut être que le fruit d'une posture et d'un travail personnels.

Ce sont au contraire des sanctions que devraient subir les absentéistes chroniques et leurs parents. L'école est obligatoire, répétons-le, et le non-respect de cette obligation légale devrait être sanctionné. Il l'est déjà de droit. Qu'attend-on pour qu'il le soit de fait ? Il ne s'agit pas de payer les élèves assidus. Il faut au contraire frapper "là où ça fait mal", c'est à dire au portefeuille, les parents défaillants dans le domaine de l'éducation de leur progéniture. Car c'est bien aux parents, et non à la société, d'inculquer à leurs enfants les bons comportements.

On me rétorquera que nombre de ces lycéens ont dépassé l'âge de 16 ans. Pour ce qui les concerne, et l'école n'étant désormais plus obligatoire pour eux, la seule sanction plausible est le renvoi de l'établissement scolaire (je parle bien des cas d'absentéisme chronique, ceux qui ont inspiré la mesure que je réprouve ici), renvoi qui entraînera mécaniquement la suppression des diverses aides financières dont bénéficient encore leurs parents du fait de la soit-disant "poursuite" (?!...) de leurs études.

On me dira également que l'échec scolaire va grandissant, et qu'une telle attitude ne ferait que l'empirer. Je rétorquerai que maintenir "de force", en le payant pour ça, un élève sur les bancs de l'école, est très loin d'être le gage de sa réussite scolaire. Il viendra en classe pour l'argent que vous lui promettez, mais vous le retrouverez sans le moindre diplôme à la sortie, soyez-en assuré ! Ce n'est pas l'argent facile qui pousse à l'effort. C'est même le contraire...

Avec de telles mesures, et une telle philosophie surtout, en s'attardant plus sur les "maillons faibles" que sur ceux qui étudient sérieusement, on fabrique des illettrés et des sous-diplômés "à la chaîne" (leurs diplômes ayant de moins en moins de valeur), en se donnant l'illusion du "social". Un "social" inopérant puisqu'aussitôt ressenti comme un droit (lisez "comme un dû") par ses bénéficaires. On va sans doute encore me reprocher mes propos, mais ils ne sont que le reflet d'une constatation évidente pour qui regarde la vérité en face : on cultive la paresse et on récolte la misère.

Dans le même esprit que cette cette mesure inepte, une autre idée, toute aussi absurde, pourrait bien voir le jour : on paie aujourd'hui les lycéens pour qu'ils viennent au lycée. Quand paiera-t-on les électeurs pour qu'ils viennent aux urnes ?

vendredi 2 octobre 2009

Pli recommandé

Parmi les nombreux sujets de polémique du moment, le statut de la poste est sans doute l'un des plus "sensibles", comme on a pris l'habitude de dire pudiquement quand il y a un risque certain de désordre majeur dans le landerneau politico-syndico-citoyen.

Le courrier était, sous l'ancien régime, un service "du Roi", comme il l'est encore explicitement en Angleterre par exemple (The Royal Mail), au contraire de la santé, par exemple encore, qui était un service rendu par l'Eglise. La Révolution en a fait un service républicain. Nous employons aujourd'hui communément le terme de "service public".

Et nous employons ce terme trop souvent à contre-sens. Si le courrier est évidemment un service (rendu au) public, nul ne peut en disconvenir, comme le sont la défense extérieure ou la sécurité intérieure, il en va tout autrement de la poste. La Poste est un Etablissement Public Industriel et Commercial (Epic), c'est à dire en clair une entreprise publique. La confusion entre service public et entreprise publique est à la fois habituelle, savamment entretenue par les lobbies syndicaux et les partis politiques de gauche, et l'expression d'une hérésie.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à maintes reprises, il n'y a aucune justification objective à confier nécessairement les services publics à des entreprises publiques. Surtout, et c'est le cas de La Poste, quand ces entreprises sont en concurrence. A noter que, quand ce n'est pas le cas, on a alors affaire à un monopole, qui doit être combattu comme doivent l'être tous les monopoles. Seuls sont légitimement du ressort direct de l'administration publique les services régaliens que sont la sécurité (la police) et la défense (l'armée).

Pour le reste, et singulièrement pour ce qui est des services marchands, comme le courrier et bien entendu la banque, les deux domaines d'activité de La Poste, il serait tout à fait normal qu'un cahier des charges très strict soit établi, et que son application soit confiée à des entreprises "concessionnaires" de ces services publics. L'Etat n'a pas à entreprendre. Ce n'est pas son rôle, et, quand il le fait, il le fait mal ! Un seul exemple justement : le courrier, service public dont la qualité s'est dégradée au point que plus personne aujourd'hui ne trouve anormal de recevoir un pli 3, voire 5 jours après son envoi ! Sachant que, dans le même temps, le prix n'a cessé d'augmenter...

Alors, faut-il privatiser la poste ?

1) Il est à noter que le projet gouvernemental actuel n'est pas (encore) celui-là. Il s'agit de transformer l'entreprise en Société Anonyme à capitaux exclusivement publics. Je n'approuve en rien la deuxième partie de l'équation (les capitaux publics) mais c'est ainsi, n'en déplaise aux lobbies partisans dont je parlais tout à l'heure

2) A tout le moins, il faut absolument ouvrir totalement le marché du courrier à la concurrence, comme le prévoient à très juste titre les directives européennes, et comme ce sera le cas, sauf reculade éhontée de nos dirigeants, en 2011. Et pour ce qui est de la partie "Banque Postale", la question ne se pose même pas : la concurrence est une réalité et tant mieux.

3) Mais cela ne suffit pas à mon sens, et c'est bien d'une réelle privatisation dont cette entreprise a besoin pour être capable d'affronter dans de bonne conditions la concurrence internationale. Je ne donne pas cher de sa peau si elle reste engoncée dans son statut actuel, dans les difficultés financières de son actionnaire unique (quand elle sera devenue SA), et dans l'esprit qui anime ses collaborateurs (l'esprit d'une administration et donc sans aucune notion de rentabilité ni d'efficacité).

Syndicats et partis d'opposition organisent demain une "votation", comme ils disent, destinée à donner la parole aux usagers "pour" ou "contre" la privation de la poste. J'aimerais souligner le marché de dupe que représente cette démarche. Il est évident que l'écrasante majorité de ceux qui vont se déplacer pour voter, le feront pour dire "non". Les autres, sauf une infime minorité, resteront chez eux, et c'est normal. Ce vote n'a aucune valeur juridique, et donc son résultat n'influencera en rien la suite des évènements. En conséquence, il est parfaitement inutile de se déplacer pour dire que l'on est d'accord avec ce qui se passera de toute façon ! C'est du bons sens. Et par conséquent, le résultat de ce "scrutin" est connu d'avance : ce sera "non" à une écrasante majorité !

Il serait quand même bon que l'on soit conscient de cette escroquerie morale. Mais aucun journal à ma connaissance n'a soulevé le problème. Il faut dire que la plupart d'entre eux sont du côté des organisateurs de cette farce. Ceci explique celà, sans doute...

Un argument "massue" (?...) des opposants au projet est de dire "ça fera comme pour France Telecom et EDF, le changement de statut conduira forcément à la privatisation". Il y a du vrai là-dedans, et je reproche d'ailleurs à nos dirigeants de ne pas le dire fanchement. Le pli est pris. Et ce n'est pas un pli à combattre, loin de là. C'est même un pli ... recommandé.

vendredi 18 septembre 2009

Escroc_logie

Je suis vert !

N'en déduisez pas un peu vite que j'ai pris ma carte chez Dominique Voynet, Noël Mammère ou mon ex-copain de fac qui a bien mal tourné depuis, j'ai nommé Dany l'ex-Rouge !

Non, et Dieu m'en préserve (clause de style, rassurez-vous !), je ne me suis pas (encore) laissé séduire par les sirènes politico-médiatico-publicitaires qui tendent à nous faire prendre à tout va des vessies pour des lanternes magiques à faible émission d'anhydride carbonique.

Et si je suis "vert", justement, c'est de constater l'activité quasi-mafieuse de ce rouleau compresseur à bourrer les crânes, dont les effets pervers déferlent à grande échelle sur toute la société, et dont une part croissante de nos concitoyens sont les victimes inconscientes et instinctivement consentantes.

Car, l'avez-vous remarqué ? De quelque côté que l'on tende l'oeil et l'oreille (et le portefeuille bien évidemment), tout est vert pourvu qu'on veuille bien écouter les conseils de ces mentors de toutes obédiances qui nous endoctrinent à petit feu et à longueur de spots télévisés, de journaux, qu'ils soient du même nom ou de papier, de discours politiques (même si leur sujet premier n'a rien à voir avec l'environnement), de sondages d'opinion où vous apprendrez que "les Français sont prêts à payer plus cher pour protéger la planète", etc, etc...

Après tout ça, il y a de quoi tout bonnement se sentir un quasi-criminel si on ose seulement poser la question de la réelle efficacité de telle ou telle mesure, de tel ou tel "conseil", ou de telle ou telle taxe, fût-elle déguisée en soit-disant potion indolore.

La planète va mal ! La calotte glaciaire fond à vue d'oeil. La couche d'ozone présente un trou béant (ça n'a aucun rapport, mais c'est toujours bon pour affoler les gogos). Le réchauffement climatique va faire "gonfler" la masse d'eau qui constitue les océans, lesquelles vont "déborder". Entendez par là que leur niveau va monter d'1 cm, de 50 cm, de 80 cm, de 2 mètres ... on entend tout et n'importe quoi. J'habite le Nord-Pas de Calais : Dunkerque va disparaître sous les eaux de la mer du Nord, laquelle va venir tout inonder jusqu'à St Omer. Ciel, je ne sais pas nager... Il est grand temps qu'on fasse "quelque chose" !...

Oui, il est vraiment GRAND TEMPS qu'on fasse quelque chose ... pour arrêter les conneries qui déglinguent la planète, sans doute, mais surtout, et sans aucun doute beaucoup plus urgemment encore, pour stopper les escrocs qui se foutent de nous et dont font partie jusqu'à nos dirigeants au plus haut niveau !

Car enfin, il est scientifiquement incontestable, n'en déplaise aux négationnistes de tous poils, que les activités humaines, grandes consommatrices de sédiments carbonnés, polluent l'atmosphère terrestre beaucoup plus vite que ses possibilités d'assimilation ne lui permettent de le supporter. Il est non moins incontestable qu'il existe des moyens de réduire nos consommations d'énergies fossiles, et donc nos émissions de CO2. Il est évident que nos chercheurs (pas seulement dans les laboratoires, mais aussi dans les bureaux d'études des entreprises industrielles) auraient dû depuis longtemps se pencher sur le problème, dans l'optique de mettre au point des sources d'énergie et des processus de fabrication plus "propres" à coût constant. C'est une lapalissade que de dire que chaque fois qu'on le peut (à la fois techniquement et économiquement j'entends), il faut choisir l'option la plus "propre" (prononcez "écologique" si vous y tenez).

MAIS

1) Pas en régressant

La réduction de la pollution au CO2 (pas plus d'ailleurs qu'au CH4 ou au NO2) ne peut pas se concevoir sous forme d'un retour à l'âge de pierre ! Ni même au 17 ème siècle pour être moins caricatural...

Ni même, selon moi, sous forme d'aucune régression. Il faut polluer le moins possible, certes, mais sans compromettre le progrès en termes de bien-être et de qualité de vie, progrès dont l'être humain a été capable notamment dans les deux derniers siècles. Or, ce progrès est énergivore, qu'on le veuille ou non. La "sphère énergétique" du Romain antique était dix mille fois moins importante que celle du citoyen américain, européen, japonais, et bientôt chinois ou indien, du 21ème siècle. C'est un fait incontournable et non négociable.

A quoi servirait-il d'avoir une planète idyllique, si c'était pour y vivre dans des conditions infernales ? La priorité n'est pas la Terre, Messieurs les écolos bornés, mais l'Homme. Et quand c'est antinonymique, il faut rechercher le meilleur compromis. Mais pas, surtout pas, jouer la planète contre l'Homme : ce serait tout bonnement un non-sens.

2) Pas à n'importe quel prix

Montrer du doigt ceux qui polluent, avec leurs véhicules automobiles par exemple, alors qu'ils n'ont aucune possibilité de faire autrement, est une insulte au bon sens. Et c'est le cas d'un nombre hallucinant de personnes qui sont obligées d'utiliser leur véhicule à essence (ou à gazole) parce qu'il n'existe pas d'autre alternative crédible que les moteurs thermiques, et parce qu'elles n'ont pas de transports en commun à leur disposition là où elles habitent, ou parce que ceux qui existent ne desservent pas leurs destinations obligées, ou parce que s'ils les desservent, ce n'est pas aux heures où ces personnes en ont besoin, ou encore, et ce n'est pas négligeable, parce que les transports en commun leurs coûteraient plus cher que leur véhicule personnel.
Prenez le train à quatre personnes sur 500 Km et comparez le prix de votre billet avec le coût du même trajet en voiture, y compris avec les péages autoroutiers. Vous m'en direz des nouvelles !...

3) Pas sans tenir compte des réalités budgétaires des ménages

Car le grand oublié de toutes ces litanies écologistes, c'est l'aspect économique, même quand elles sont assaisonnées à la sauce collectiviste, sous forme d'aides publiques, subventions et autres crédits d'impôt (non financés du reste, c'est à dire des chèques en bois tirés sur le déficit budgétaire !).

Même après déduction de ces assignats d'un nouveau genre, la solution écologique est toujours la plus chère ! Si je remplace ma chaudière actuelle par un système à condensation couplé à une pompe à chaleur (cas vécu), les économies d'énergie que je vais réaliser n'amortiront mon investissement de départ que dans 10 ans, dans le meilleur des cas. Y compris après déduction des aides de l'Etat et de la région.

Dans 10 ans, chers "amis" écologistes, qui me prouve que les économies, que l'on sait si bien agiter sous mes yeux aujourd'hui à des fins commerciales, seront toujours d'actualité ? Qui me prouve que ma nouvelle installation sera toujours en ordre de marche, et que je ne devrai pas la remplacer, et repartir pour dix nouvelles années ? Ou plus ?

Et qui a réellement intérêt aujourd'hui à me pousser à cette dépense écolo ? A qui profite le crime ? A quels copains de quels dirigeants ? Dans la poche de qui vont indirectement ces subventions soit-disant vertueuses, aux frais rappelons-le du contribuable (présent ou futur) ?

4) Pas en tapant toujours sur les mêmes lampistes

Avez-vous remarqué quel était la cible privilégiée de ce bourrage de crâne de haut vol ? Avez-vous remarqué qu'elle n'était pas constituée des plus gros pollueurs ? Avez-vous visionné ne serait-ce qu'une fois un spot télévisé, une communication officielle, la moindre remarque journalistique vertueusement orientée "écolo", à destination des industriels et des agriculteurs, lesquels déversent dans l'atmosphère plus de 20 % du CO2 produit par l'activité humaine ? Avez-vous connaissance d'un plan de taxation à leur encontre qui soit en rapport quantitatif avec leur part dans la pollution ?

Evidemment pas, car, me répondra-t-on, ces professionnels-là n'ont pas vraiment le choix, et leur tapper dessus conduirait à les handicaper dans la compétition économique, ce qui ne manquerait pas d'avoir des incidences directes sur l'emploi et la croissance.

J'en suis parfaitement d'accord ! Il n'empêche que d'une part, on oublie résolument de penser à la gêne financière non négligeable rencontrée par les particuliers à cause des mesures soit-disant écologiques, de la taxe carbone à la suppression des ampoules à incandescence en passant par le malus automobile. Essayez donc de trouver un véhicule pour votre famille de cinq enfants et qui dégage moins de 160 g de CO2 au kilomètre !.

Il n'empêche, d'autre part, que les seuls qui paient vraiment les conséquences de cette folie collective, ce sont ceux qui polluent le moins. En France, les activités industrielles, agricoles, et de transport, représentent ensemble près de 70 % des émissions de CO2. Les ménages et le tertiaire, les seules vraies cibles de cette "politique verte" et soit-disant ciblée, en représentent seulement 25 %...

5) Pas si on est les seuls

La part de la France dans la pollution mondiale est inférieure à 1,5 % ! Que font les autres ? Que fait l'Amérique du Nord, par exemple (près de 25 %) ? Que fait la Chine (plus de 20 %) ? Pense-t-on vraiment que les mesures coûteuses et gênantes imposées aux citoyens français auront un impact réel sur le climat planétaire si ces grands pollueurs devant l'Eternel continuent à s'en foutre comme d'une guigne ? Est-il raisonnable d'emm... le citoyen pour un impact totalement nul ? De qui se moque-ton ? Qui prend-on pour des imbéciles ? Qui profite réellement de ces mesures totalement inutiles ? Qui bénéficie au final de cette escroquerie ?

6) Pas sans réfléchir

De plus, la solution la plus propre n'est pas toujours celle qu'on pense. Deux exemples seulement. Il y en a beaucoup d'autres :

a) La voiture électrique

A priori, la solution semble alléchante : aucune émission de CO2 ! La panassée. Voire...

- D'abord, les batteries. Les plus performantes (?!...) sont les batteries au lithium-ion. Le lithium métallique réagit avec l'azote, l'oxygène et la vapeur d'eau dans l'air. Par conséquent, la surface de lithium devient un mélange d'hydroxyde de lithium, de carbonate de lithium et de nitrure de lithium. L'hydroxyde de lithium, notamment, présente un risque potentiel significatif car il est extrêmement corrosif. Il est susceptible également de représenter un danger important envers les organismes aquatiques. D'une manière plus générale, qu'adviendra-t-il de ces produits hautement polluants en fin de vie des batteries ? A quel coût pourra-t-on les recycler, et le fera-t-on ? Quel sera l'impact final sur l'environnement ?

- Ensuite, l'électricité. Nous avons en France un parc important de centrales nucléaires, ce qui est, Messieurs les écolos bornés cette fois encore, la meilleur solution environnementale. Je n'hésite pas à dire que l'énergie nucléaire est une énergie propre, même si je vais me faire écorcher vif...

Mais qu'en est-il des autres pays ? L'Allemagne, grâce là encore à ses écologistes, la Pologne, pour ne pas parler de la Chine et même des Etats Unis, produisent l'énorme majorité de leur électricité dans des centrales thermiques, au fuel ou, pire encore, au charbon ! Quelle est la pollution masquée de cette énergie électrique- là ? J'ai pu lire il y a peu qu'une voiture électrique en Allemagne polluait plus qu'une voiture Diesel ! Je ne suis pas spécialiste, mais l'idée ne me paraît pas idiote...

b) Les ampoules "basse consommation"

Les ampoules à incandescence sont de grandes dévoreuses d'énergie, dont plus de la moitié "s'envole" sous forme de chaleur et n'émet pas le moindre lumen. L'affaire est entendue, ce sont de véritables "trous noirs" énergétiques. Il est donc urgent, si l'on s'en réfère aux préoccupations écolos à la mode, de s'en débarrasser, et de les remplacer par "quelque chose" de plus "propre".

Le Grenelle de l'Environnement, cette grand'messe politico-affairiste, et le ministre Borloo son grand-prêtre, ont conduit à la décision d'en interdire la vente progressivement. Et de les remplacer par ... des ampoules au mercure ! Quelle belle idée "écolo" ! Quel progrès pour la planète ! Moins de CO2, mais une avalanche de métaux lourds ! On croit rêver, ou plutôt cauchemarder... Sauf, sans doute, les fabricants de ces ampoules 5 fois plus chères que les autres, même si on nous dit qu'elles durent 8 fois plus longtemps. Je me demande bien où est l'intérêt du fabricant si c'est le cas.

Je demande à voir. On vérifiera le résultat dans quelques années. Mais il sera de toute façon trop tard... Entre temps, on paie. Et qui empoche ? Si j'étais industriel dans le secteur, pour sûr, je serais écolo, moi ! Et si j'avais de plus un bon copain au pouvoir, je serais l'écolo le plus heureux du monde...

7) Pas en prenant les gens pour des c...

L'invention la plus subtile de nos chers dirigeants dans le domaine, c'est la taxe carbone. C'est la supercherie la mieux présentée, et la plus lucrative, qui se puisse imaginer. C'est en outre la pompe à fric qui aurait dû être la plus facile à mettre en oeuvre compte tenu de cette "mode verte" qui submerge l'opinion...

Sauf que les citoyens ne sont pas tous des imbéciles, et que surtout les frapper au porte-monnaie est le plus sûr moyen de les mettre en boule. Et ils ont bien raison !

"Pas d'impôt nouveau ! Pas d'augmentation des prélèvements obligatoires". C'était un des leitmotivs de la campagne présidentielle. C'était l'une des professions de foi les plus martelées alors.

Et c'est une idée que la plupart ont mal interprêtée. Ne pas augmenter les impôts, ça signifiait ne pas augmenter la masse globale des recettes budgétaires, en pourcentage du PIB vraissemblablement. Mais les gens ont compris que leur impôt n'augmenterait pas. Quel enfantillage ! Qui a dit que l'imposition en France était également répartie ? Qui a dit que la justice fiscale était une réalité ? Voilà l'erreur majeure qui fait monter la grogne contre cette taxe carbone qu'on nous présente comme indolore.

Même si elle était effectivement "à somme nulle", ce à quoi je ne crois pas un seul instant, elle resterait une charge et un facteur d'inflation pour ceux qui la paient. Car ceux qui la paient ne sont pas ceux qui en seront remboursés. Et si vous vous trouvez dans l'impossibilité de réduire votre consommation d'énergies fossiles (voir ci-dessus), vous la paierez, cette taxe, et cher ! Les 17 € la tonne de CO2 actuels vont se transformer progressivement en 100 € la tonne en quelques années. Rien que ça ! Mais vous ne serez pas remboursés en fonction de cette consommation obligée, mais en fonction de critères tout autres (géographiques, de quotient familial, etc...). Vous aurez donc toutes les chances d'être un "cocu vert" !

Cette mesure socialisante, comme l'est le plus gros de la politique menée actuellement, est une insulte à la justice sociale, dont se font pourtant des gorges chaudes ceux qui en ont initié l'idée, et une insulte à la justice tout court et à l'égalité de droits inscrite dans notre Constitution. Car vous n'avez pas le choix de votre consommation d'énergie, vous n'avez que le choix de payer la taxe. Une vraie taxe, quoi qu'on nous dise, et qui se traduit par une augmentation substantielle des dépenses obligées du citoyen moyen, cette "classe moyenne" qui finance pour la plus large part les politiques de nos dirigeants taxés par certains, les plus bruyants et les plus visibles, de libéraux, alors qu'ils mettent en oeuvre à longueur de temps des mesures d'inspiration collectiviste. Encore une autre forme d'escroquerie intellectuelle...
 
Je suis vert décidément, vous dis-je...




Nota : Les chiffres cités dans ce billet sont vérifiables ici

lundi 15 juin 2009

Discrimination positive et égalité de droits

Ne dites pas qu'Untel est homosexuel : c'est une discrimination homophobe !
Ne dites pas que tel autre est un Noir : c'est une discrimination raciste !
Ne dites pas que tel autre encore est juif ou musulman : c'est une discrimination confessionnelle !
Ne dites pas qu'il est arabe : c'est une discrimination xénophobe !
Ne dites pas que votre voisin est RMiste : c'est une discrimination sociale !
Ne dites pas que votre chef de service est une femme : c'est une discrimination sexiste !
Ne dites pas que votre cousin est fonctionnaire : c'est une discrimination aussi !
Ne dites pas que votre frère est syndicaliste : c'est encore une discrimination !

Cette liste n'est pas close...

Surtout, ne discriminez personne ! Surtout, laissez tout le monde sur le même plan ! Surtout, abstenez-vous de toute remarque es-qualité : vous tomberiez automatiquement sous le coup de la vaindicte populaire, voire de la loi...

Dans ce monde lisse et fade dans lequel on voudrait nous faire vivre, il importe que chacun respecte l'autre au point de ne surtout pas évoquer de différence, même évidente. Il importe que chacun soit le strict égal de l'autre. Il importe qu'aucun relief ne vienne faire de l'ombre à qui que ce soit.

Ce n'est plus l'égalité, un des trois principes fondateurs de notre République, issu de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789, mais l'égalitarisme. Et c'est déjà une utopie destructrice, dont témoignent les innombrables décisions et actions incompréhensibles de la HALDE, cette institution scélérate et liberticide à souhait.

Mais il y a pire encore. On est passé en quelques mois (quelques années tout au plus) d'un concept de refus de toute discrimination à celui d'une discrimination soit-disant positive : on ne se contente plus de refuser d'admettre les différences entre les individus, on les reconnait à demi-mot et l'on s'en sert pour accorder à certains, souvent minoritaires en nombre, des droits (et des passe-droits) en raison de ces différences-là. Drôle de manière de concevoir l'égalité, dites-moi !

Si je suis commerçant dans un quartier juif de telle grande ville et qu'une Musulmane voilée postule au poste de vendeuse, j'ai toutes les chances de me voir poursuivi pour discrimination si je refuse. Ne suis-je pas propriétaire de mon magasin ? N'ai-je pas, à ce titre, un droit d'exclusion, et particulièrement à l'encontre de cette vendeuse qui fera fuire à coup sûr une partie non négligeable de ma clientèle ? Où est le respect de ma propre liberté dans cette hypothèse ? Où est le respect du droit de propriété ? Au nom de quel principe d'égalité n'ai-je pas la même liberté d'action chez moi que cette personne, totalement fondée, elle, à ne pas me recevoir si je voulais m'imposer chez elle ? Au nom de quel principe d'égalité aurais-je tout à fait le droit de refuser, pour des raisons qui m'appartiennent et qu'on ne me demandera pas, la candidature de telle autre personne "bien française et bien blanche" ? N'est-ce pas discriminatoire à l'égard de cette dernière ?

Et un autre problème se pose avec acuité. Qu'on l'accepte ou qu'on le combatte, tout concept nécessite au départ, pour être compris, de définir sur quelles bases il s'établira : différence par rapport à qui ? Par rapport à quoi ? En fonction de quoi ?

S'il y a différence, c'est qu'il y a une norme. Et, déjà, les difficultés s'installent quand on veut définir ce mot. Qu'est-ce qui est normal ? Qu'est-ce que la normalité ? Un article qu'a fait paraître Franck Boizard sur son blog s'intitule "L'homosexualité est anormale". Que n'a-t-il pas écrit là, le malheureux ! Il a déclenché une polémique parmi ses commentateurs, dont je suis, mais dont certains autres l'ont honni, voire insulté ! C'est qu'il a transgressé un nouveau tabou, le pauvre Franck : il a osé employer le mot "anormal" à l'encontre des homosexuels ! Par le seul titre de son article, il a osé dire que la normalité n'est pas ce comportement-là ! Il a osé; quelle infamie !


Je ne suis pas ici, et je n'écris pas ce billet, pour le défendre. Je lui ai d'ailleurs demandé, et j'ai obtenu de lui, en commentaires sur son site et en a-parte par courriel, certaines explications qui me paraissaient nécessaires dans la mesure où son article ne possédait pas la conclusion qui aurait permis dès sa lecture de constater qu'il ne constituait pas une attaque à l'encontre des homosexuels. Car reconnaître les différences est une chose, et déduire de ces différences des considérations qualitatives en est une autre, que je réprouve totalement cela va sans dire.

Cet exemple est très significatif de la confusion entre norme construite et normalité constatée. Pour ne reprendre que cet exemple, le comportement sexuel normal au sens naturel est celui qui réunit un mâle et une femelle, et donc pour l'espèce humaine un homme et une femme. En ce sens, le titre de l'article de Franck est tout à fait recevable. Mais ça ne signifie en aucune façon qu'il existe ni qu'il soit logique d'admettre une norme sociale, légale, ou même morale, ce qui aurait pour conséquence de condamner socialement, légalement ou même moralement, un ou des comportements différents.

Cette parenthèse sur la notion de norme refermée, j'en reviens au problème de fond de cette discrimination positive que je considère comme à la fois néfaste, injuste, et contre-productive.

Sanctionner, de droit ou de fait, une personne ou un groupe humain, en fonction de ce qu'il est et non de ce qu'il fait pourrait paraître a priori illégitime. Il existe cependant nombre de cas où les spécificités de tel ou tel individu sont incompatibles avec certaines situations. Mon exemple ci-dessus de la vendeuse musulmane dans un quartier à dominance israélite en est un. Et le droit d'exclusion qui s'attache au droit de propriété est lui-même un excellent exemple de justification d'une telle discrimination.

Mais de manière encore bien plus flagrante, la descrimination à l'envers comme celle que certains voudraient nous imposer comme normale, ou normative, est une ineptie intellectuelle. Un exemple des plus frappants, pour un esprit logique, est celui du délégué syndical qui voit son emploi protégé (c'est le terme légal) du seul fait de ses fonctions électives. Poussé à l'extrême, ce principe conduit à des situations comme celle dont j'ai été personnellement témoin dans une grande entreprise où j'ai exercé mon activité. Un magasinier qui se voyait reprochés des écarts de stock importants a eu vent de l'intention de la Direction de le licencier, et ce à quelques semaines des élections professionnelles. Il a aussitôt présenté sa candidature. Elu délégué du personnel, sa direction s'est vue automatiquement dans l'impossibilité de s'en séparer. Oserais-je ajouter que les problèmes de gestion des stocks ont perduré après cette élection ? Voilà un exemple totalement inadmissible. Il y en a beaucoup d'autres.

Cet état d'esprit qui se développe au nom de la sacro-sainte lutte contre les descriminations prend des proportions ubuesques. Et nombre d'associations, constituées en véritables lobbies, en demandent toujours davantage. C'est totalement inadmissible, et c'est une insulte au principe de l'égalité de droits. Car chaque fois que l'on accorde un passe-droit à l'égard d'un groupe d'individus particulier, on bafoue dans le même temps le droit des autres dans le même domaine. Pourquoi un élu syndical ne pourrait-il être sanctionné comme le sont ses collègues dans les mêmes circonstances ? Pourquoi un fonctionnaire serait-il à l'abri du chômage dont sont victimes tant de salariés du secteur privé ? Pourquoi une femme serait-elle favorisée à un poste de travail au détriment des hommes ? Ou l'inverse ? Pourquoi les bénéficiaires des "minima sociaux" seraient-ils prioritaires sur tous les autres dans certaines démarches administratives ? Etc, etc...

Ce sont bien souvent ceux-là même qui hurlent contre les inégalités qui gesticulent dans le même temps pour que l'on accorde à des minorités, supposées fragiles (à voir...), des privilèges qu'ils seraient les premiers à dénoncer s'ils étaient accordés à d'autres. Où est la logique là-dedans ? Où est le respect du droit fondamental là-dedans ? Où est la justice (fût-elle sociale) là-dedans ? Où est le respect des libertés individuelles là-dedans ? Et où est tout simplement l'égalité de droits ?

A méditer...

vendredi 5 juin 2009

Redistribution

Il faut que je me fasse une raison : mes activités "extra-web" sont trop prenantes pour me permettre d'écrire aussi souvent que je le voudrais, et donc pour réagir rapidement à l'actualité. Ca n'est finalement pas très grave : je n'ai pas l'habitude, ni le goût, de commenter "à chaud" les évènements, et je préfère prendre le temps de la réflexion. En outre, un billet écrit sur l'instant n'est finalement qu'un billet parmi d'autres, alors qu'un billet réfléchi et décalé dans le temps incite le lecteur à réfléchir à nouveau, et à se poser de nouvelles questions, sur le sujet traité. Ce n'est pas plus mal en soi...

C'est ainsi que je prétends revenir aujourd'hui sur la grogne des producteurs de lait, qui a défrayé la chronique il y a quelques semaines, et dont plus personne ne parle aujourd'hui tant les médias ont d'autres chats à fouetter, même si la "solution" dont se gargarise notre ministre Barnier ne satisfait personne, et surtout pas les éleveurs eux-mêmes...

Si j'ai choisi de revenir sur cette Nième grogne paysanne, ce n'est pas tant pour l'intérêt qu'elle comporte légitimement en elle-même que parce qu'elle est emblématique de l'incurie et de l'inutilité des politiques de redistribution, qui sont pourtant tellement entrées dans les moeurs, quelle que soit l'obédience de nos dirigeants, qu'elles tendent à s'imposer dans les esprits comme quelque chose de naturel et de normal.

Qu'y a-t-il cependant de naturel ni de normal à spolier arbitrairement et autoritairement les citoyens d'une partie non négligeable du produit (naturel et normal, celui-là) de leur activité, pour la "redistribuer" non moins arbitrairement à ceux d'entre eux dont l'activité ne génère pas un produit suffisant ? Qu'y a-t-il de naturel et de normal à voler les uns au profit des autres ? Et qu'y a-t-il de naturel et de normal à décider arbitrairement que les revenus de ceux-ci sont trop élevés par rapport aux revenus de ceux-là ?

La réalité, c'est que tout ça n'est bien sûr ni naturel ni normal, et ne procède que d'une conception de l'action de l'Etat selon la laquelle ce dernier, réputé omniscient et omnicompétent, serait le seul à même de décider de ce qui est bon ou mauvais pour ses administrés, de qui gagne trop et de qui doit être assisté, de quelle branche moribonde de l'économie doit être mise sous perfusion et à la charge de qui, etc...

Ce type d'économie, dans laquelle l'Etat planifie et régule toute l'activité , dans laquelle il impose la solidarité quand celle-ci n'a de valeur et d'efficacité que librement consentie, dans laquelle il abuse de son autorité pour, n'en doutons pas, servir les intérêts de ses amis contre d'autres, ce type d'économie administrée porte un nom : cela s'appelle le collectivisme, et on sait quel désastre il a engendré et combien sa faillite a plongé certains pays dans un marasme dont ils ont les plus grandes peines à se sortir.

On va bien sûr m'attaquer vertement sur ce que je viens de dire, et prétendre que je noircis le tableau pour des raisons idéologiques. On va bien sûr me dire que la PAC (puisque j'ai parlé des paysans) n'a rien à voir avec l'économie planifiée de l'ex bloc soviétique. On va même sans doute me dire que je n'ai rien compris, et qu'au contraire la Commission de Bruxelles est à l'opposé de cette idéologie, que Manuel Barroso est un libéral, et que c'est sans doute cette soit-disant politique libérale qui est à l'origine des problèmes des agriculteurs.

Il faudra cependant m'expliquer, dans ce cas, en quoi un système d'aide artificielle à une profession toute entière, un système qui fausse de manière avouée, revendiquée, le fonctionnement naturel d'un marché, est un système libéral. Il faudra m'expliquer qu'il existe une vraie différence entre des aides "redistributrices" financées par l'impôt et la collectivisation des ressources, entre socialisme et collectivisme ! Et je gage qu'il va être difficile de m'en convaincre...

Car, j'ai lâché le mot, la politique soit-disant libérale de l'Union Européenne en la matière (mais ce n'est pas le seul exemple), comme d'ailleurs toutes les politiques dites "sociales" des Etats soit-disant libéraux dont la France, sont ni plus ni moins, en réalité, que du socialisme inavoué. Ce n'est pas un gros mot, mais d'une part ceux qui mettent en oeuvre ses principes seraient bien inspirés de l'admettre officiellement, et d'autre part leur application depuis des décennies est l'argument le plus convaincant de leur caractère néfaste au regard des difficultés que nous vivons (et pas seulement à cause de la crise économique et financière mondiale).

Car, pour en revenir aux producteurs de lait, quel est le vrai problème ? C'est un problème de marché. C'est le problème d'un marché (celui du lait) qui présente plusieurs aspects que nos producteurs n'ont pas su appréhender, bien aidés en cela par nombre d'opérateurs politiques ou économiques qui n'ont vu que leurs propres intérêts, et qui ont utilisé (et continuent de le faire) la souffrance paysane à leur profit :

1) L'élevage bovin à vocation laitière est une activité qui, outre qu'elle demande un investissement humain important (beaucoup de travail et de contraintes horaires), est soumise à des normes d'hygiène et de salubrité, à l'existence d'installations très techniques, qui alourdissent considérablement les coûts d'exploitation. Ces normes sont utiles et bienfondées, mais ne sont pas respectées dans nombre de pays étrangers dont les producteurs entrent ainsi en concurrence déloyale avec nos éleveurs.

2) Comme pour toutes les activités en Europe, les charges qui pèsent sur les salaires comme sur le chiffre d'affaires des agriculteurs sont éminament supérieures à celles que supportent nos concurrents étrangers. L'explication est partiellement représentée par la protection sociale. Je ne reviendrai pas ici sur le principe, mais voici encore un exemple de mesures qui ruinent ceux qu'elles sont sensées protéger.

3) Le marché (la consommation des produits laitiers) se resserre d'année en année, même si l'année 2008 a été un contre-exemple qui a permis une progression des cours mondiaux. Ce fut une exception notable, mais il y a au niveau mondial un problème de surproduction au long cours.

C'est pour palier ces difficultés (qui ne datent pas d'hier !) que la Politique Agricole Commune de l'Union Européenne a été créée. L'idée était simple, quelle que soit l'opinion qualitative que l'on s'en fait. Il s'agissait de compenser le niveau des cours mondiaux (trop faibles pour que les exploitations européennes soient rentables) par des aides communautaires. Au final, l'agriculteur vendait ainsi ses produits à des prix qui étaient sensés lui assurer un revenu suffisant.

Bien entendu, ces aides communautaires sont financés par les états membres, et donc par l'impôt. C'est en cela que je les assimile tout naturellement à une politique de redistribution.

Au premier abord, l'idée peut paraître séduisante à certains. Elle a d'ailleurs fonctionné tant bien que mal pendant de nombreuses années, ces années de croisance forte que l'on a pu appeler les "trente glorieuses". Mais le monde a changé, et les années que nous vivons sont bien moins "glorieuses" ! Sans encore une fois parler de la grande crise dépressionnaire que nous vivons, l'économie mondiale a eu bien du mal à supporter trois "chocs pétroliers" et des bouleversements géopolitiques importants, et l'ouverture des frontières, très positive par ailleurs à bien des égards, a accentué de manière importante la concurrence internationale. Les produits agricoles ne font pas exception à la règle, et les disparités que j'ai citées plus haut entre nos exploitations et celles d'une grande partie du reste du monde font qu'il y a désormais un gouffre entre les prix de revient de nos agriculteurs, et notamment de nos éleveurs, et ceux de leurs concurrents.

Pour me résumer, nous avons une agriculture qui produit trop et trop cher, et des instances étatiques et communautaires qui continuent de procéder comme si rien n'avait évolué. Le coût global des aides publiques est donc de plus en plus important, et pour s'en tirer les états n'ont d'autre alternative que d'envisager une réduction drastique de ces aides, s'ils ne veulent pas tout simplement les remettre en cause.

Gouverner, c'est prévoir. Gouverner, c'est aussi s'adapter. C'est vrai pour un état. C'est vrai pour un chef d'entreprise. Et un agriculteur est un chef d'entreprise. Faute d'avoir prévu (à cause de ce soutien artificiel qui a faussé leur marché intra-européen depuis des décennies), il leur appartient aujourd'hui de s'adapter ! Et ce n'est certainement pas aux Etats, ni à l'Union, de persister dans l'erreur qui consisterait à les maintenir sous perfusion avec des fonds qui ne feraient qu'accroître les déficits et les difficultés budgétaires ! Mais c'est pourtant la route que semblent bien emprunter nos dirigeants dans une gestion durablement calamiteuse du problème...

La solution, la seule valable, serait :

1) Pour l'Union de veiller enfin à la loyauté de la concurrence des pays étrangers : la préférence communautaire que prônent certains, dont je suis, ne consiste pas à fermer les frontières de l'Europe aux produits étrangers, mais à élever des frontières douanières à l'égard des pays qui produisent dans des conditions fiscales et sociales qui leur permettent des coûts de revient ridicules par rapport aux nôtres. C'est là une forme de concurrence déloyale que nous devons combattre efficacement, quitte à se battre contre l'OMC. Nous avons des arguments !...

2) Pour les producteurs à adapter leurs volumes de production à la demande. On les entend crier à tue-tête contre la suppression programmée des quotas laitiers. Mais qu'ont-ils besoin de ces quotas imposés pour se limiter, et pour éviter ainsi la surproduction et l'effondrement des cours ? On les entend (j'en côtoie un certain nombre) se plaindre qu'à cause de la PAC, ils seraient devenus "des fonctionnaires". Il y a quelque chose de vrai là-dedans ! Mais alors, qu'ils ne demandent pas qu'on les encadre et qu'on gère leurs exploitations à leur place ! Qu'ils soient responsables ! Ils seront alors libres !

On ne peut pas demander chaque chose et son contraire. On ne peut pas dans le même temps critiquer les aides publiques, et ces politiques de redistribution illégitimes autant qu'inefficaces, et réclamer l'assistanat des pouvoirs publics !

Et ce que je viens de dire pour les agriculteurs vaut tout autant pour les industriels. L'interventionnisme forcené actuel, dont la crise mondiale fournit l'alibi à nos dirigeants, nous conduira immanquablement aux mêmes difficultés. Avec leur même cortège de désillusions et de misère...

vendredi 15 mai 2009

La bonne alternative pour l'Europe

Nous sommes désormais à trois semaines des élections européennes du 7 juin, et après avoir donné ma propre vision de l'Europe telle que je la conçois, tout en ayant bien à l'esprit que je ne trouverai bien entendu pas de bulletin de vote qui réponde fidèlement à ce projet, il est grand temps que je m'intéresse à savoir quel "pis aller" je devrai choisir dans la solitude de l'isoloir...

Je passe rapidement sur deux ou trois "non-choix" :

1) Le Front National
Je n'ai pas besoin de dire pourquoi je l'exclue a priori

2) Libertas
Présent dans les 27 pays membres de l’UE, le mouvement est représenté en France par le MPF, présidé par Philippe de Villiers et par CPNT, dirigé par Frédéric Nihous.

Ces "nonistes" tentent aujourd'hui de nous faire croire qu'ils sont "pour une autre Europe". Ils sont bel et bien, sinon tout bonnement contre l'idée européenne, du moins pour une Europe quasiment dépouillée de tous ses aspects communautaires, ce qui revient strictement au même.

3) Le Mouvement Républicain et Citoyen
Jean Pierre Chevènement appelle à voter blanc ou nul : "Le peuple français ne doit pas laisser bafouer la volonté qu'il a démocratiquement exprimée le 29 mai 2005, lors du « non » au référendum sur le Traité constitutionnel".

Ce positionnement est révélateur du niveau de responsabilité politique du personnage...

4) Le Parti de Gauche
Sans surprise, Jean Luc Mélanchon prône sa vision d'une Europe dans laquelle le pouvoir étatique tout puissant interviendrait partout sans retenue : du plan financier au plan industriel, et surtout au plan social, par la contrainte et par la coercition. L'idéal européen n'a pour lui pas plus d'importance qu'une guigne : son propos est avant tout de "taper sur Sarkozy", de combattre le traité de Lisbonne et, par delà, les institutions européennes elles-mêmes, et d'enfoncer le clou de ses idées ultra gauchistes que (feu) le Parti Communiste Français n'aurait pas reniées.

5) Le Nouveau Parti Anticapitaliste
Sans surprise là encore, le programme du NPA, à côté de quelques déclarations d'intention que ne renieraient pas les Bisounours, n'a de réelle portée politique que la lutte acharnée contre le système capitaliste.

Sans réel intérêt...

Dommage que le petit facteur de Neuilly ait tant d'audience parmi les gogos et dans les médias. Son influence semble maintenue artificiellement. A quel dessein ? Une thèse en odeur de sainteté actuellement prétend qu'il servirait les intérêts du pouvoir en place. Je ne suis pas un adepte de Machiavel, et je ne sais pas quel crédit il faut apporter à cette idée...

Restent les "trois mousquetaires" de la politique française :

A - Le PS

Les aficionados de Martine Aubry, ou ceux de Ségolène Royale, c'est selon, sont fidèles à eux-mêmes et ne surprendront personne à la lecture de leur programme européen, ni à la constatation de leur volte-face récente : abondonnant, provisoirement sans doute, les seuls anti-sarkozysme et anti-libéralisme (comme si c'était la même chose...) qui leur servaient d'argumentaire jusqu'il y a peu, ils appellent au "vote utile", "mettent l'accent sur les spécificités de la gauche et sur ses propositions en matière sociale", et affichent avec fierté leurs propositions éculées.

A entendre Jean-Christophe Cambadélis, par exemple : « Désormais, nous mettons l'accent sur trois propositions fortes. Premièrement, nous voulons un plan de relance massif et au niveau européen de 100 milliards d'euros. Deuxièmement, nous souhaitons la mise en place d'un bouclier social. Cela passe par une directive sur les services publics, la protection des salariés, l'harmonisation sociale et un salaire minimum garanti européen. Enfin, le troisième axe repose sur un politique de grands travaux, l'augmentation du budget de l'Union, un vaste emprunt européen pour financer 10 millions d'emplois dans la croissance verte. »

Autrement dit, et par fidélité à leur sempiternel leitmotiv, il s'agit surtout d'ouvrir les vannes des finances publiques en faveur :

- de la consommation avant l'investissement, c'est à dire distribuer de la "monnaie de singe" sans production de richesses : inopérant par expérience, mais beaucoup ont la mémoire courte
- de l'emploi public, c'est à dire maintenir, voire créer, des postes pour la plupart inutiles et exclusivement financés par l'impôt
- de "grands travaux" certes intéressants en eux-mêmes, mais dont le financement n'est par nature pas assuré en l'état actuel des budgets.

Sans oublier, évidemment :

- la contrainte sur les entreprises privée en matière d'emploi (effectifs), de rémunérations (salaire minimum européen) et de mesures sociales (harmonisation, sans doute sur le modèle français, le plus déficitaire de la planète)
- les inévitables augmentations d'impôts, tant pour les projets cités plus haut que pour cette augmentation du budget de l'Union destinée, sans doute, à encore plus d'interventionnisme, et pour le service des intérêt de ce "vaste emprunt" destiné à "financer 10 millions d'emplois verts" (on pense inévitablement aux Ateliers Nationaux de sinistre mémoire, après la Commune de 1848).

B - Le Modem

Le Modem de François Bayrou est habituellement ressenti comme le plus européen des partis politiques français. Pour cette campagne, il se fond avec la Margherita italienne dans le Parti Démocrate Européen.

Le programme du PDE peut se résumer ainsi :

- Au plan international, il constate la nécessité de l'Union Européenne pour "peser" sur la politique mondiale. Il est pour une diplomatie européenne, une défense européenne, une coopération dans ces domaines et dans la recherche, "pour optimiser l'utilisation des fonds publics". D'accord sur le principe, mais sur quelles bases juridiques ? Il ne se prononce pas clairement là-dessus...
- Il est pour l'instauration d'une citoyenneté européenne qui "complète sans la remplacer" la citoyenneté nationale. Que met-il dans ce concept ? Ce n'est pas très clair...
- Le programme comporte un important volet "social". Ce volet, pas très concret, insiste surtout sur la nécessité "d'européaniser" les politiques sociales des différents états membres, pour plus de cohérence. Mais il préconise globalement un interventionnisme accru afin, par exemple, de "renforcer les garanties sociales face au marché unique", de "mettre en place des dispositifs de requalification", de "renforcer les garanties collectives des travailleurs"... Autrement dit, plus d'Etat à l'échelle européenne, ce qu'on reproche aujourd'hui aux gouvernements à l'échelle nationale...
- Il insiste également sur la nécessité d'un espace européen cohérent en matière de justice, de sécurité et d'immigration, avec des règles communes. Mais quelles règles, en matière d'immigration notamment ? L'Europe doit-elle se protéger ou ses frontières doivent-elles demeurer la "passoire" qu'elles sont aujourd'hui ? L'Europe doit-elle refouler les immigrants clandestins, ou les "régulariser" à tout va ? Ou encore les laisser dans la clandestinité et dans la pauvreté comme aujourd'hui ? Pas très clair non plus...
- Sur le plan économique et monétaire, enfin, il énonce à peu près exactement ce que je refuse. Pour commencer, il antérine le fait que la crise que nous connaissons serait celle "du modèle capitaliste", ce qui est une contre-vérité. Cette crise n'est pas celle du capitalisme, elle est celle du laxisme en matière financière, et d'un hyper interventionnisme qui fausse les règles du marché en matière économique. Ensuite, il prône une "gouvernance économique européenne", c'est à dire en fait des règles contraignantes encore plus importantes sur les acteurs économiques (entreprises, banques, et même consommateurs). Il va jusqu'à préconiser un "grand emprunt européen" (encore de la dette supplémentaire...) dans le but de financer des aides aux états membres indépendamment de leurs endettements respectifs. C'est à dire une vision dirigiste et fondamentalement antilibérale de l'économie. Inacceptable et dangereux. Inacceptable parce que dangereux. Dangereux pour l'économie, dangereux pour les libertés, et donc dangereux pour les citoyens... A rejeter catégoriquement !

C - L'UMP

Sur les 30 propositions que comporte son programme officiel, je ne reprendrai ici que celles contre lesquelles je m'inscris catégoriquement en faux
- Plans de relance coordonnés, et donc investissements publics massifs, financés soit par l'impôt soit par la dette, alors qu'il faut au contraire favoriser l'investissement privé, au moyen de réductions d'impôts drastiques
- Renforcement du Fonds d'Ajustement à la Mondialisation : financement du maintien des salariés dans l'entreprise. Même hérésie que ci-dessus. Il faut permettre aux entreprises de prospérer pour conserver les emplois, et surtout pas financer par les budgets publics des emplois artificiels
- Défense du modèle social français tout en "comblant le fossé" entre les états. Donc, tendre vers des normes sociales communes calquées sur celles de la France, et le gouffre budgétaire que l'on sait
- Défense des services publics "sans règles aveugles de concurrence". C'est à dire sous la seule coupe de la puissance publique. J'ai déjà dit longuement ce que j'en pensais en termes d'inefficacité et de gabegie budgétaire
- Protéger les citoyens sur Internet. Quand on voit ce dont le Parlement français est capable en la matière (HADOPI), il y a de quoi trembler...
- Et cette liste n'est pas exhaustive...

Comme on le voit, aucune de ces "formations institutionnelles" ne m'agrée le moins du monde. Il n'y a rien d'étonnant à celà en première analyse : ces trois-là sont en fait trois versions de la même vision socialisante et néo-collectiviste de la gouvernance politique. Même si elles s'en défendent et s'entre-déchirent sur des points marginaux.

Alors, pour qui voter ? Car j'exclue catégoriquement l'option abstentionniste !

Bien qu'ayant peu de probabilités de recueillir un nombre important de suffrages, et donc d'obtenir un nombre de sièges significatifs au prochain Parlement de Strasbourg (mais le mode de scrutin proportionnel lui donne quand même quelques chances), un parti moins médiatique que la moyenne retient depuis déjà quelques temps mon attention. Alternative Libérale est connue surtout sur la Toile, même si la sortie du livre "Le Bouffon du Roi", de Sabine Hérold, sa présidente, a été pas mal médiatisée et a fait connaître un peu plus ce parti.

Alternative Libérale a reçu le soutien de l'ELDR, le parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs. Ses élus du 7 juin prochain siégeront donc à Strasbourg au sein du groupe ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe).

Le manifeste d'Alternative Libérale contient tous les ingrédients d'une politique conforme à mes aspirations.

On y trouve notamment, pêle-mêle :

- La lutte contre les monopoles (y compris bien sûr les monopoles d'état)
- Une lutte efficace et coercitive contre les déficits publics
- La garantie des libertés individuelles
- La limitation des pouvoirs des états et des collectivités locales et la préservation de la souveraineté de l'individu
- La fixation d'un "taux d'usure fiscale" pour lutter contre les prélèvements abusifs
- La lutte contre l'interventionnisme étatique

Même si le programme n'est pas complet (il y manque par exemple pas mal de dispositions en matière de politique étrangère et de défense), il a au moins le mérite de rompre avec les discours (et les actes !) gauchisants et liberticides des partis traditionnels, même quand ceux-ci disent le contraire.

Ceci dit, AL prône l'élection d'une Assemblée Constituante au suffrage universel. Outre que le temps nécessaire à la rédaction de cette supposée constitution serait paralysant, l'idée même en est majoritairement rejetée par les citoyens, et je doute fort de sa faisabilité. Je pense préférable, comme je l'ai déjà dit, de continuer la construction européenne au niveau des Chefs d'Etats et de Gouvernement, contôlés par le Parlement de Strasbourg. Ceci suppose bien sûr la ratification du Traité de Lisbonne par l'ensemble des 27 pays membres, ce qui n'est pas encore acquis.

A cette réserve près, je pense sincèrement que le programme d'Alternative Libérale représente l'option la plus valable pour ce scrutin. Ce sera sans doute celle que je choisirai.

Ceci étant, je ne suis pas militant d'AL, et je ne fais évidemment que donner ici mon propre sentiment, et rien de plus.

lundi 4 mai 2009

Je ne pouvais pas me taire !

J'ai été alerté par plusieurs amis au sujet d'un article paru dans Le Monde le 30 avril, sous la plume de plusieurs universitaires navrants de sectarisme gauchisant, comme il en existe trop dans nos facultés, le bouillon de culture du collectivisme que l'on sait...

Le terme même, autant que le concept, de « dirigisme libéral » est une hérésie, que pour ma part j’ai du mal à trouver « drôle » ou « réjouissante », à l'inverse de ce que j'ai pu lire au sujet de cet article dont j'ai hésité à fournir le lien ici. Elle le serait intellectuellement, si malheureusement elle n’était conceptualisée par des enseignants réputés de haut niveau ! C’est une honte pour la « qualité » de nos universités, et c’est lamentable de dogmatisme et de propagande politique (ce dernier mot pris dans son plus mauvais sens). Quoi de plus dirigiste, en effet, que les doctrines antilibérales qui refleurissent de plus belle ce printemps-ci ?


Je n’ai malheureusement pas le temps ces jours-ci (encore une fois…) d’écrire un vrai billet de fond. Sinon, j’en écrirais un qui serait une réponse à ce torchon. Quelqu’un d’autre s’en chargera-t-il ? Ce serait salutaire. On ne peut pas se contenter de répondre à l'absurde et à la propagande par le silence.

Encore mille excuses pour ce temps qui me manque cruellement. Mais je ne pouvais pas me taire tout à fait...

mardi 28 avril 2009

La bonne longueur d'onde

Lomig, d'Expression Libre, m'a taggé dans un article sur le Grenelle des Ondes le 23 avril dernier. Absent du Net pour des raisons diverses, je n'y réponds qu'aujourd'hui, après notamment Mathieu L., qui prend une position prudente mais sans remettre réellement en cause le principe de précaution, Nicolas J., qui refuse de répondre (ce qui ne m'étonne guère) et profite lamentablement de l'occasion pour attaquer sans argument (pas étonnant là encore) le libéralisme en générale et Lomig en particulier sur un point qui n'a strictement aucun rapport avec le débat, et Le Chafouin qui, lui, prend nettement position dans le sens du bon sens, à savoir le rejet de toute manipulation sur fond d'exploitation de la peur populaire et de démagogie. Sans doute d'autres bloggeurs ont-ils traité du sujet, en réponse ou pas à Expression Libre, mais je n'ai pas pris le temps de "fouiller" le Web pour les lire. Ces trois-là (surtout le premier et le troisième) représentent, selon moi, une base assez significative pour répondre à l'interpellation de mon ami Lomig.

Pour ce qui me concerne, j'ai déjà dit il y a un an ce que je pensais du principe de précaution. Je n'ai pas varié dans mon opinion, aucun fait nouveau, aucune étude scientifique, statistique ou épidémiologique, n'étant venue apporter de l'eau au moulin de ceux qui le défendent.

Comme je l'écrivais alors, si le principe de précaution avait été mis en pratique à leurs époques, un grand nombre de techniques et d'applications qui font aujourd'hui partie de notre quotidien, et qui sont reconnues comme non seulement inoffensives mais encore hautement bénéfiques, n'auraient jamais vu le jour au motif que l'on ne savait pas alors si des effets induits négatifs étaient ou non à craindre. Au nombre de ces inventions, on trouve par exemple la pénicilline, et par ricochet tous les antibiotiques qui ont déjà sauvé des millions de vies. Et ce n'est pas, de très loin, le seul exemple. Les transplantations d'organes en font partie, et j'arrêterai là mon énumération, qui pourrait durer des pages et des pages...

Par définition, prouver qu'il n'y a pas de risque est tout simplement impossible, et l'application stricte du principe de précaution, que l'on a eu l'absurdité d'inscrire dans la Constitution, conduirait tout naturellement à l'immobilisme et à la passivité complète dans les domaines scientifiques et techniques. C'est donc tout simplement une hérésie intellectuelle.

Je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi le législateur en était venu à institutionnaliser cette idiotie conceptuelle. Les réponses ne sont convaicantes ni les unes ni les autres pour un esprit cartésien, mais on peut en imaginer au moins deux de crédibles dans le contexte socio-culturel qui est malheureusement le nôtre : le clientélisme électoral (il s'agit de jouer sur le sentiment de peur perçu par le bon peuple qui vote) et les mensonges à répétition qui ont fait tant de victimes : Tchernobyl, la vache folle, l'amiante, le sang contaminé ... la liste n'est pas close. Le législateur a voulu, je le pense évident, faire croire qu'il faisait quelque chose pour protéger le citoyen. Protéger n'est-il pas la fonction première de la Providence ? Et cet Etat omniprésent et omniscient qui rassure tant de crétins (qui sont aussi, ne l'oublions surtout pas, des électeurs) n'est-il pas communément invoqué, justement, sous le nom d'Etat Providence ? Il y a un autre mot, plus parlant, pour définir ce type de comportement : la démagogie. Et la démocratie démagogique est bel et bien en train de remplacer, sournoisement mais sûrement, la vraie démocratie : celle qui travaille pour le peuple et pas uniquemement par le peuple, c'est à dire en l'utilisant comme un levier à des fins de carriérisme politique.

Pour en revenir au coeur du problème qui m'est soumis, à savoir les téléphones cellulaires et leurs antennes-relais, non seulement strictement aucune étude n'a ne serait-ce qu'émis l'hypothèse d'un danger potentiel pour le corps humain, mais encore la quasi totalité d'entre elles disent le contraire. L'OMS, qui pourtant ne peut pas raisonnablement être taxée, ni de collusion avec des industriels, ni de clientélisme, indique clairement dans un excellent aide-mémoire que le danger n'est pas réel.

Je ne suis pas scientifique, mais il est de notoriété publique, par exemple, qu'il convient bien de faire la différence entre les ondes dont on parle et les radiations ionisantes comme les rayons X ou gamma. A la différence de ces derniers, les champs RF ne peuvent pas provoquer d'ionisation ou de radioactivité dans l'organisme. C'est pourquoi on les appelle rayonnements non ionisants. La peur populaire de ces ondes, qui s'appuie consciemment ou non sur le spectre de la pollution radioactive, est donc parfaitement irrationelle et les risques d'une telle irradiation scientifiquement démentis.

Reste que je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut rien faire, ni prendre aucune mesure de prudence élémentaire. Nous n'avons pas assez de recul temporel (quelques années, et même seulement une ou deux si l'on considère la multiplication assez récente du nombre d'utilisateurs) pour être absolument certains que ces antennes, ni les téléphones eux-mêmes, (mais il faudrait également penser aux liaisons wi-fi et autres blue tooth) n'ont absolument aucun effet négatif. Il convient donc de respecter certaines précautions d'évidence, comme par exemple de ne pas s'exposer pendant de très longues périodes ou de ne pas s'approcher de très près des antennes-relais (l'OMS préconise de respecter une distance de 5 m). Encore une fois, le risque n'est pas avéré, mais l'inocuité n'est pas prouvée non plus.

Si tout arrêter au nom d'un risque supposé et irrationnel est une absurdité, s'exposer volontairement et inconsidérément sans le recul suffisant pour apprécier les éventuels effets indésirables sur le long terme n'est pas plus malin. Tout est affaire de mesure, et d'intelligence. Est-il intelligent de se passer d'une technique aux multiples effets positifs en raison d'un risque hypothétique et infiniment peu probable ? Evidemment non. Est-il plus intelligent de nier absolument ce risque a priori et de s'y exposer sans réfléchir ? Certainement pas non plus.

Reste que les décisions de justice qui viennent d'être rendues sont totalement inadmissibles sur le plan de la raison, si elles sont parfaitement recevables sur le plan du droit, principe de précaution aidant.

Dans le doute, abstiens-toi, dit le proverbe populaire. Il serait temps de s'abstenir de légiférer quand on a le moindre doute sur la pertinence de la loi. Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres... La loi n'est pas faite pour rassurer les citoyens, ni pour les carresser dans le sens du poil. Le vrai principe de précaution conduirait à ne pas entretenir leurs phobies irrationnelles pour leur être populaire. Ce n'est pas d'une loi dont ils ont besoin ici, mais d'une pédagogie appropriée. Il est vrai que c'est plus difficile à mettre en oeuvre, et que ça demande un peu plus de courage politique. Mais ce serait peut-être un bon moyen pour ne pas être déphasé, et pour revenir sur la bonne longueur d'onde...