Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

jeudi 26 février 2009

La République des Blogs à Lille



La République des Blogs lilloise est renée de ses cendres le 28 janvier dernier. Nous étions 7 à nous y retrouver, et c’est déjà un bon début. Mais c’est insuffisant, et surtout assez étonnant : les blogueurs du Nord Pas de Calais seraient-ils si frileux, ou tant désireux de se cacher derrière leurs claviers ?...
Allez, soyons positifs ! Nous espérons bien que l’évènement créera la dynamique, et nous vous attendons nombreux lors de la prochaine édition.
Elle est fixée au
mercredi 18 mars 2009 à partir de 19h30
Le lieu est inchangé :
Restaurant Le Dracir12 rue Léon Trulinà Lille
L'endroit est sympa, ceux qui on répondu "présent" la dernière fois le sont aussi, et les rencontres sont forcément fructueuses.
Au 18 mars, donc.
Les blogueurs extérieurs à la région Nord PdC sont bien évidemment les bienvenus aussi. C'est à dessein, par exemple, que nous avons choisi une date différente de l'édition parisienne. Avis aux amateurs...


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mercredi 25 février 2009

Comment partager le gâteau ?

Dans un récent billet, j'ai annoncé que j'allais écrire un billet sur le sujet du partage des richesses. Je vous livre aujourd'hui le résultat de ma réflexion.
Tout d'abord, une évidence : le revenu du capital n'est pas indu. Investir son argent dans une entreprise, c'est par définition prendre un risque (celui de le perdre, rien que çà), et il est tout à fait naturel que ce risque soit rémunéré. C'est la raison d'être de ces dividendes d'actionnaires, tant décriés ces temps-ci où l'anticapitalisme primaire est de mise, sans aucun raisonnement cohérent d'ailleurs. Besancenot a un boulevard devant lui. C'est un véritable désastre intellectuel.
Ensuite, il faut avoir une idée bien claire de ce qu'est la valeur ajoutée et de la manière dont elle peut être répartie.
La valeur ajoutée est, schématiquement, la différence entre le prix de revient (achats de matières premières et coûts de fonctionnement) et le prix de vente (le chiffre d'affaires).
Dans le fonctionnement d'une entreprise, il y a trois types d'intervenants :
- le propriétaire (les actionnaires dans les grandes entreprises) qui apporte son propre capital
- les prêteurs (banquiers ou autres) qui apportent les fonds nécessaires à l'activité
- les salariés qui apportent leur travail
Parmi ces trois catégories, deux sont rémunérées forfaitairement par contrat : les intérêts d'emprunt vont aux prêteurs, et les salaires vont aux salariés. Dans les deux cas, il n'y a aucun risque encouru, et la rémunération est certaine quelle que soit la santé de l'entreprise. Au risque près de la faillite, dans laquelle tout le monde est perdant...
Le propriétaire, par contre, se rémunère (sous forme de dividende quand il est actionnaire) sur les profits, c'est à dire sur ce qui reste de la valeur ajoutée après paiement des deux autres catégories et des impôts et taxes. Ce qui signifie mathématiquement qu'il n'a de rémunération que s'il reste quelque chose... En outre, n'oublions pas les aléas boursiers. Les valeurs boursières, c'est à dire la valeur des capitaux investis en bourse, ont "fondu" de moitié en quelques mois ! D'accord, ça ne marche pas toujours dans ce sens-là ! Mais un salarié accepterait-il quelque chose de similaire ? Dans le bon sens, sans doute, mais dans l'autre, certainement pas !
Pour en revenir au schéma que j'ai brossé plus haut, il y manque un élément important, vital pour la pérénité de l'entreprise, à savoir les investissements. Car si l'on veut que l'entreprise perdure, non seulement il faut des clients qui achètent les produits, non seulement il faut des salariés qui fabriquent ces produits, non seulement il faut des banquiers qui financent les achats, mais encore faut-il que l'outil de travail soit maintenu en bon état, et qu'il évolue en fonction des techniques, des attentes de la clientèle, et de ce qui est proposé par la concurrence, tant en termes de qualité qu'en termes de coûts, c'est à dire de prix de vente.
Le schéma ci-dessus indique clairement que le seul poste sur lequel l'investissement peut être financé, ce sont les profits. Ce qui revient à dire que son financement vient en déduction du dividende de l'actionnaire.
Certains diront qu'il manque également, dans ce schéma, les organismes sociaux, dont les cotisations dites "patronales" sont un poste important de dépenses pour l'entreprise. C'est à dessein que je n'en ai pas parlé. Dans mon esprit, ces charges sociales patronales font partie intégrante du salaire. Le vrai montant du salaire est constitué par le salaire brut augmenté de ces charges soi-disant "patronales". Et la présentation absurde de la feuille de paie n'a pour conséquence que d'occulter aux yeux du salarié le coût réel de son poste, et de lui faire perdre de vue le montant de sa véritable rémunération. Les charges, si elles n'existaient pas, seraient autant de salaire qu'il pourrait gagner en plus. Mais combien en sont conscients ?...
Comme on le voit, le profit de
ne se partage pas : il est réparti par avance et contractuellement entre les acteurs de l'entreprise. Et quand notre Président de la République, l'autre jour, avance son idée de partage des profits selon sa règle des "trois tiers", il s'agit d'une hérésie économique qui ne résiste pas à la plus élémentaire analyse...
Pourtant, j'ai dit et je maintiens que l'idée n'est pas idiote. Où est l'erreur ?
C'est que l'interprétation qui en est faite, de cette idée, est largement fausse. Il a parlé des profits, pas de la valeur ajoutée ! Il s'agirait donc, selon lui, de répartir en trois parts ce qui reste de la valeur ajoutée après paiement des salaires (et donc des charges, je n'y reviens pas) et des coûts de fonctionnement (intérêts d'emprunts et autres).
Et j'ai dit que l'idée était bonne. Pas que le calcul était exact. Et encore moins que la mesure était juste. La répartition qui existe aujourd'hui de ce "gâteau résiduel" est très largement en faveur des salariés. Je vous invite pour vous en convaincre à relire
cet article du Monde qui l'explique fort bien.
Selon cette étude, et en moyenne sur l'ensemble des entreprises françaises, les salariés reçoivent 61 %, les investissements 32 % et les actionnaires 7 %.
En outre, il paraîtrait totalement anormal, et pour tout dire parfaitement inacceptable, que cette répartaition soit fixée autoritairement par la loi. Une entreprise est la propriété privée de ses actionnaires. Le respect du droit de propriété suppose la liberté de gestion et une telle disposition serait à mon sens tout simplement anticonstitutionnelle en ce qu'elle irait à l'encontre de l'exercice de ce droit. Les juristes me reprendront peut-être...
Par contre, l'idée selon laquelle la rémunération des salariés pourrait tenir compte des résultats de l'entreprise me parait, elle, une très bonne idée.
Les résultats de l'entreprise, bons ou mauvais, sont la conséquence des efforts de tous : les actionnaires qui engagent leurs capitaux, les dirigeants qui prennent les décisions stratégiques, les cadres et agents de maîtrise qui gèrent au mieux leurs départements respectifs, les techniciens qui font les efforts nécessaires pour que le travail rendu soit de qualité, les "cols blancs" qui gèrent les contingences administratives, etc...
Non seulement il me paraîtrait normal que chacun, à son niveau, profite du résultat de ses efforts, mais encore une telle forme de rémunération ne pourrait être qu'une motivation efficace pour la bonne marche de l'entreprise, c'est à dire pour ses performances, et donc pour ses résultats commerciaux, et donc pour l'emploi. Tout est lié.
Cette idée n'est pas neuve. Elle s'appelle la participation, et elle existe déjà dans un certain nombre de secteurs.
Mais cette participation, une idée du Général De Gaulle en son temps, reste une part très marginale de la rémunération là où elle existe, et a besoin d'un "coup de jeune". Pourquoi ne pas imaginer d'incorporer purement et simplement dans le salaire lui-même une part des résultats ? Pourquoi ne pas moduler le salaire en fonction de ces mêmes résultats ? Il faudrait alors partager, non pas les seuls profits, mais la valeur ajoutée elle-même, selon un plan de répartition à définir entreprise par entreprises et par un accord interne, entre salariés, investissements et actionnaires.
Le salaire fixe, non lié aux résultats, serait inférieur à ce qu'il est aujourd'hui, mais ces accords de participation "nouvelle formule" viendraient s'y ajouter, soumis évidemment au même traitement que le salaire de base en terme de cotisations, pour au final former un revenu plus conforme à la logique. Il en résulterait sans aucun doute une meilleure implication des salariés dans la bonne marche de leur entreprise, et une diminution radicale de cette impression qu'ils ont souvent d'être "exploités", en regard de la rémunération du capital.
Il ne s'agit là que d'une idée brute, à étudier et à débattre. Mais je suis convaincu que c'est la voie vers une meilleure compréhension du capitalisme par ceux qui aujourd'hui on tendance à s'y opposer, le plus souvent par ignorance et par manque d'implication.
Le capitalisme entrepreunarial est le meilleur garant du progrès social comme du progès technique. Encore faut-il qu'il soit compris par tous ses acteurs, et que chacun y trouve sa place sans avoir le sentiment d'en être victime.



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vendredi 20 février 2009

Comment mettre 2,6 milliards à la poubelle ?

Mercredi 18 février a eu lieu à l'Elysée un "sommet social" au cours duquel le Président de la République et le Premier Ministre ont reçu les "principaux" syndicats de salariés d'un côté et la patronne du Medef de l'autre. Quatre heures durant, ce beau monde s'est évertué à déterminer comment faire croire aux Français "les plus défavorisés", entendez ceux qui sont le plus susceptibles de mettre la pagaille, qu'ils allaient faire quelque chose pour les aider.

Car ne soyons pas dupes : personne n'a intérêt à ce que la situation sociale en métropole ressemble à court ou moyen terme à ce qu'elle est aux Antilles. Et c'est pourtant le risque que nous courons si tout le monde continue à dire n'importe quoi, et surtout des mensonges, comme ça se produit notamment depuis le début de la crise économique, laquelle, je le répète, n'a pas commencé avec la crise financière, mais était bel et bien une réalité plus ou moins dissimulée depuis de longs mois quand cette dernière a éclaté...

Les syndicats n'ont pas plus intérêt que le patronat ou le gouvernement à une situation de type insurrectionnel que, par défintion, ils ne contrôleraient pas, et qui pourrait même en venir à contester leur légitimité, légitimité toute relative et ils le savent parfaitement. Aussi ont-ils tout intérêt à "jouer le jeu", ce qu'ils font même sils font mine du contraire.

Depuis des années, on s'évertue à mentir à tout le monde, et à faire croire que tout est possible. Or, en temps de crise, non seulement tout n'est pas possible, mais ce qui l'était en temps de croissance est souvent devenu impensable. Et pourtant, les habitudes sont prises, et une part importante de la population ressent comme tout à fait naturels des comportements économiques totalement aberrants.

C'est ainsi qu'il est vain d'espérer faire comprendre à un RMiste que l'allocation qu'il perçoit chaque mois, en ce qu'elle ne correspond à aucune production de richesse, est un non-sens économique qui ne peut que conduire à une dégradation de l'activité, donc à un recul de l'emploi, et donc qu'elle est un des éléments qui le condamnent à rester allocataire de ce même RMI pendant de longs mois. Qu'en d'autres termes, le RMI (ou le RSA, sa version aggravée) crée une bonne part de l'exclusion dont il est victime.

C'est ainsi également qu'il est peu probable de trouver sur dix personnes interrogées, 2 d'entre elles qui admettront, même au prix d'une patiente pédagogie, que le résultat net d'exploitation (les bénéfices) de l'entreprise dans laquelle elles travaillent n'est pas autant de moins sur la part du résultat brut qui leur revient (les salaires), mais que par le biais de l'investissement, il représente le meilleur gage de la pérénité de leur emploi. Et bien sûr, ne parlons pas du dividende de l'actionnaire, perçu comme une "pompe à fric" qui "vit sur le dos des travailleurs". En occultant totalement le fait que l'actionnaire est celui qui prend tous les risques sans lesquels l'entreprise, et donc l'emploi, n'existerait tout simplement pas. Et que ce risque n'est concevable que rémunéré. Envisageraient-elles, quant à elles, de travailler sans salaire ? L'actionnaire n'envisage pas non plus d'investir sans dividende, voilà tout. Pour la petite histoire si j'ose dire, il n'avait pas envisagé non de plus de voir la valeur de son investissment divisé par deux en quelques mois . C'est pourtant ce qu'il vit avec l'effondrement de la bourse.

Tout ces (manques de) raisonnements-là, très largement alimentés et entretenus par des mensonges récurrents destinés à assoir les rentes de situation des meneurs qui les profèrent, sont devenus quasi naturels, et faussent irrémédiablement le jugement d'une part non négligeable de la population.

Alors, quand un gouvernement, de manière tout à fait novatrice par rapport à ses nombreux prédécesseurs, change de discours et privilégie l'investissement, créateur d'activité et donc d'emploi, au détriment de transferts sociaux stérils, le plus souvent non financés, et donc directement producteurs de déficits publics et/ou de faillites d'entreprises, et de chômage, ce gouvernement-là est bien sûr totalement incompris, surtout si, comme en temps de crise, ceux qui entendent le discours sont aussi ceux qui souffrent. Leur réflexe devenu naturel est de demander (d'exiger peut-être) que l'on ouvre un peu plus le robinet qu'ils ont tant l'habitude de voir couler, sans se poser la question de savoir si la source n'est pas déjà tarie. Et c'est bien ce qui se passe actuellement.

Mais, je l'ai dit, personne n'a intérêt à une "explosion sociale". Et comme la colère gronde de plus en plus, que les syndicats, pourtant au fait de toutes ces questions, et que les partis d'opposition, continuent de mentir à leurs ouailles de manière éhontée et de prétendre que l'état peut tout résoudre à coup de milliards qu'il n'a pas, l'état en question n'a qu'une très faible marge de manoeuvre s'il veut éviter le pire sans y perdre trop de plumes.

C'est ainsi qu'hier, le gouvernement s'est résolu à prendre les mauvaises décisions auxquelles il se refusait depuis de longs mois. C'est du moins sous cet angle que je préfère voir les choses, plutôt que de considérer qu'il l'a fait de bon gré et non sous la pression. Car je préfère le taxer de couardise que d'incompétence. Sans pour autant être sûr de la justesse de mon analyse sur ce point...

Déjà la semaine passée, le ton avait été donné quand Nicolas Sarkozy a "sorti de son chapeau" les 1,4 milliards d'euros issus des prêts aux institutions bancaires, en indiquant qu'il allait les distribuer au lieu de les utiliser à, comme il aurait été naturel, financer les intérêts des emprunts que l'état a bien dû lancer pour prêter aux banques. Et de prétendre qu'il s'agissait d'un jeu à somme nulle ! Non, Monsieur le Président, c'est totalement faux et vous le savez bien : les intérêts payés par les banques couvrent juste ceux dûs à vos prêteurs. Et il n'est pas besoin d'avoir fait l'ENA ou HEC pour le comprendre. Encore un mensonge. Comment voulez-vous que les Français s'y retrouvent ?..

Mais hier, cerise sur le gâteau, ces 1,4 milliards se transforment en 2,6 milliards. Que le personnel s'amuse !...

Et pour quoi faire ? Pour donner l'impression de faire quelque chose, et rien de plus. Pour des mesures totalement inopérantes à très moyen terme. Quelles mesures ?

- Une prime exceptionnelle de 500 euros aux salariés qui deviennent demandeurs d'emploi à compter du 1er avril prochain et n'ont travaillé que deux à quatre mois sur les 28 derniers mois : 500 euros une fois, et ensuite plus rien du tout. Un coup d'épée dans l'eau.

- Une prime supplémentaire de 150 euros "dès le mois de juin" pour les 3 millions de familles bénéficiant de l'allocation de rentrée scolaire : même raisonnement que ci-dessus. Deuxième coup d'épée dans l'eau.

- L'attribution de bons d'achat de services à la personne, pour une valeur de 200 euros par foyer, aux 660.000 ménages touchant l'allocation personnalisée d'autonomie à domicile, aux 470.000 familles bénéficiaires du complément mode de garde, aux 140.000 foyers ayant un enfant handicapé et aux demandeurs d'emplois qui retrouvent du travail et ont besoin de faire garder leur enfant : j'ai peur de devoir me répéter. Troisième mesure inopérante au long cours.

- La suppression des deux derniers tiers provisionnels de l'impôt sur le revenu 2009 pour les plus de 4 millions de foyers fiscaux de la première tranche d'imposition. Un crédit d'impôt destiné aux ménages dépassant légèrement la limite de la première tranche permettra d'étendre la mesure à 2 millions de foyers supplémentaires : Une très bonne initiative si elle était compensée par des économies à due concurrence de son coût. Mais ce n'est pas le cas. Et l'an prochain, on revient à la case départ. Sauf que le déficit s'est creusé entre temps. Les allégements d'impôts de cette année vont se transfroemr en impôts supplémentaires l'an prochain. C'est inéluctable...

Et puis des décisions que je qualifierai de pure forme :

- création d'un "fonds d'investissement social" doté de 2,5 à 3 milliards d'euros pour coordonner les efforts en matière d'emploi et de formation professionnelle. L'Etat "est prêt" à en financer la moitié : Sans doute pas complètement inutile, sauf que la formation ne fait pas les emplois. A quoi sert d'être formé s'il n'y a pas de postes à pourvoir ? On met la charrue avant les boeufs.

- information et consultation obligatoires du comité d'entreprise des sociétés de 50 salariés et plus lorsqu'une aide publique directe leur est versée. Brice Hortefeux (Travail) est chargé de préparer un décret "dans les meilleurs délais" : Une atteinte suplémentaire à la liberté d'entreprendre et de gérer son entreprise, c'est à dire une nouvelle entorse au respect du droit de propriété. Et je repose toujours la même question : pense-t-on favoriser l'embauche en mettant des freins aux licenciements ? Ce n'est pas le licenciement qu'il faut éviter, c'est l'embauche qu'il faut favoriser. Quand comprendra-t-on ça ?

En résumé, 2,6 milliards d'euros de déficits supplémentaires, jetés à tous vents, perdus à tout jamais, qui ne satisferont personne et qui ne résoudront rien... C'est le lot de toute relance par la consommation. On ne l'a toujours pas compris...

Enfin il y a les "incitations" et les "propositions", et notamment :

- encourager les branches professionnelles et entreprises à porter l'indemnisation du chômage partiel à 75% du salaire brut, par des conventions ad hoc avec l'Etat. Le gouvernement va engager des discussions avec l'Unedic pour répartir ce surcoût entre entreprises, Etat et assurance chômage : Encore une charge supplémentaire pour les entreprises et le Trésor. Vaut-il mieux, vraiment, payer du chômage partiel que d'investir et de fournir du travail ?

- engager des discussions entre partenaires sociaux sur la valeur ajoutée et le profit, sur la base des propositions d'une mission d'analyse et de concertation remises d'ici deux mois : Il s'agit, si j'ai bien compris, d'engager la discussion sur cette idée "des trois tiers" lancée la semaine dernière. L'idée est bonne, je l'ai déjà dit, mais ne peut se concevoir que dans le cadre d'une négociation dans l'entreprise, chacune d'elle étant un cas particulier, et la décision ne peut être prise qu'à la discrétion de l'employeur. Sinon, il s'agit encore une fois d'une atteinte au droit de propriété, et c'est tout à fait inacceptable.

J'ai l'intention de plancher sur ce dernier point, et de "pondre" un billet sur le sujet de la répartition des richesses produites.

D'ici là, dormez en paix, peuple de France. L'Etat veille sur vous. Mais ne rêvez pas trop quand même...


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mardi 10 février 2009

La voie (ou la voix ?) à suivre...

Le Président s'est donc exprimé hier soir, simultanément sur trois chaînes de télévision, au sujet de sa politique de relance et sous la "pression sociale" ambiante.

Dans ma réponse à un commentaire, j'avais exprimé hier mes craintes quant au contenu de son intervention. Je me sens donc moralement tenu de m'exprimer aujourd'hui à son sujet, même si rédiger un article de fond mériterait une étude plus approfondie mais trop coûteuse en un temps dont je ne dispose malheureusement pas.

Je me bornerai donc à quelques réflexions jetées pêle-mêle sur ce blog. J'imagine que les commentaires ne manqueront pas de me donner l'occasion de m'expliquer plus profondément sur le sujet si nécessaire.

Tout d'abord, je me félicite que son discours n'ait pas été le signe d'un changement de cap coupable que je n'étais pas le seul à redouter. Heureusement, la politique du gouvernement reste globalement orientée dans la bonne direction, celle d'une gestion pas trop calamiteuse (moins qu'elle pourrait l'être en tous cas), d'un investissement résolu dans l'activité, et non de la distributon d'assignats (cet argent qui n'a aucune contrepartie en termes de richesses) que réclament l'opposition et, malheureusement, une partie de l'opinion.

Cependant, et je pense sous la pression des mouvements de rue que l'on a connus très récemment, il nous a fait quelques annonces que je considère quelque peu démagogiques, sans doute dans le but, voué à l'échec, de calmer à la fois les esprits et les ardeurs combattantes de certaines victimes habilement manipulées. C'est le jeu normal, en démocratie, même si les conséquences peuvent être graves, et porter préjudice à ceux-là même sous la pression desquelles des décisions déraisonnables peuvent être prises...

Ainsi en va-t-il par exemple des ces chèque-emploi-services financés par le budget de l'état, ou de cette augmentation annoncée des allocations familiales, mesure pas plus financée que la première. A cause notamment de cette absence de financement, ces deux mesures, pour ne parler que d'elles, seront par nature inopérantes : il faudra bien un jour que quelqu'un les paie, et ce ne pourra évidemment être que les contibuables, et donc ceux qui vont en bénéficier (petitement) sur le court terme. Un coup d'épée dans l'eau dans le meilleur des cas. D'autant qu'elles ne suffiront pas à calmer les mécontents.

Les aides aux "chômeurs partiels", et aux jeunes chômeurs très mal ou pas indemnisés aujourd'hui, sont elles-aussi sujettes à caution. Qui paiera ? Les entreprises ? Dans le contexte actuel, on ne voit pas bien comment. Les contribuables ? Mais alors on en revient à la case départ... Ou les deux ? Car gageons que ces 1,4 milliard d'euros représentés par les intérêts des prêts consentis aux banques ne suffiront évidement pas à tout financer. Et il le sait parfaitement...

Restent des mesures beaucoup plus sensées et qui, elles, vont tout à fait dans le bon sens. A condition bien sûr qu'elles trouvent leur contrepartie dans des économies budgétaies dont il n'a hélas pratiquement pas fait mention..

A commencer par la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu qui, elle, apporterait un vrai "plus" au pouvoir d'achat de ceux qui sont le plus à même de relancer la consommation, et donc la production (même si la production intérieure n'en sera pas la première bénéficiaire compte tenu de l'importance des produits importés, ou ré-importés à cause des délocalisations)

A continuer par la suppresion de la taxe professionnelle : cet impôt dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est mal conçu et qu'il représente un frein à l'emploi. Il y avait longtemps que beaucoup la réclamaient, cette suppression, et que personne n'osait la faire. Evidemment, les élus locaux hurlent déjà contre cette mesure. Il est absolument certain qu'elle devra être compensée au niveau local pour permettre aux collectivités territoriales de financer leurs investissements, à laquelle cette taxe est aujourd'hui affectée. Mais on est là dans le contexte de la réforme fiscale indispensable qu'il faudra bien mettre en oeuvre, même si elle doit par nature bousculer certaines "rentes de situations" et certains immobilismes institutionnels. Le problème est bien plus vaste que la seule taxe professionnelle. Il concerne toute la gamme des prélèvements et des financements publics, aujourd'hui incroyablement exagérés et trop injustement répartis. Mais ce n'est certes pas dans l'urgence qu'il faut s'y attaquer. Dans cette optique, la suppresion de la taxe professionnelle, si elle n'est qu'un élément du puzzle, est de très bonne augure.

A noter enfin cette idée des "trois tiers", qu'il avait déjà exprimée, au sujet de la répartition des excédents des entreprises (ce qu'on appelle communément "les bénéfices"). Je resterai assez prudent à son sujet. Sur le fond, je suis assez partisan du principe, lequel consiste à "couper en trois" le résultat net : un tiers pour les actionnaires, un tiers pour l'investissement, et le dernier tiers pour les salariés. Sous forme de participation, évidemment, c'est à dire hors de toute augmentation de salaire et hors de tout prélèvement social. Sinon, la mesure devient quasiment caduque, le poids des charges annulant en grande partie le bénéfice de l'opération.

C'était la grande idée du général De Gaulle en son temps que de répartir une partie des bénéfices entre les salariés. Cette idée avait été mise en oeuvre, mais de manière très timide et selon moi avec deux défauts.

Primo le fait que cette participation soit bloquée sur une période assez longue et donc ne représente pas du pouvoir d'achat immédiat. Les Français n'ont pas à être incités à l'épargne : nous sommes le pays d'Europe où cette épargne "populaire" est la plus importante en volume.

Secundo le fait que le montant en soit fixé à la discrétion de l'employeur et sans concertation effective. De deux choses l'une : ou bien on considère que le chef d'entreprise est seul maître chez lui et fait ce qu'il entend du résultat financier de ses activités, et alors l'institution même de cette participation salariale est illégitime, ou bien on considère normal que les salariés, qui ont participé, c'est une évidence, aux résulats financiers dont on parle, en perçoivent une part en retour, et il devient alors normal que le montant en soit fixé d'un commun accord avec eux.

Personnellement, je serais assez d'accord, philosophiquement, avec la première proposition. Dans une entreprise, celui qui prend les risques, et celui qui paie de sa poche (sur ses biens personnels) si les choses tournent mal, c'est le propriétaire de l'entreprise, c'est à dire le patron ou l'actionnaire (dans les PME, c'est souvent le même). Il est donc normal a priori que ce soit également lui qui perçoive les bénéfices.

Mais cette position très libérale qui n'étonnera personne de ma part, doit être nuancée. Il faut être pragmatique, et constater qu'à l'évidence une part non négligeable d'employeurs ont une certaine tendance à se comporter sans considération à l'égard de leurs salariés. Je pense que cela tient au fait que les actionnaires sont de moins en moins souvent des entrepreneurs, mais des financiers qui n'ont de regard que sur la rentabilité immédiate de leurs investissements. Je le conçois parfaitement et sans restriction de la part d'un financier. Pas de la part d'un entrepreneur, dont le premier souci devrait être, et était encore il n'y a pas si longtemps dans l'écrasante majorité des cas, la pérennité de son entreprise. Or, cette pérennité passe par l'activité et les efforts des salariés. Ce n'est pas être collectiviste ou même socialisant que de le penser et de le dire. C'est tout simplement voir les choses telles qu'elles sont.

Or, une des conséquences de la manière d'opérer de ces "investisseurs non-entrepreneurs" dont je parle, c'est la non prise en compte des droits légitimes des salariés de l'entreprise. Et je ne parle pas ici des seuls droits issus de la législation, laquelle devrait n'être là que pour contrer les abus.

Le respect de la liberté des entrepeneurs, qui passe par le respect de leur droit de propriété sur leur entreprise, et donc corolairement par le respect de leur liberté d'utilisation des "bénéfices" de celle-ci quand ils existent, est la traduction naturelle et littérale de la philosophie libérale dont je me réclame haut et fort. Mais cette philosophie libérale n'est applicable dans les faits que si elle n'est pas utilisée comme un alibi pour se comporter en rapace et en prédateur. "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres", dit l'adage populaire. Eh bien ! Respecter la liberté des autres, c'est aussi respecter la valeur du travail des autres. Et ce n'est pas les considérer comme de la matière jetable (le "matériel humain", m'a dit un jour un DRH !).

Rassurez-vous, je ne suis pas devenu "gauchiste" ! Et je sais bien qu'il faut également prendre en compte les impératifs de la concurrence, et notamment de la concurrence internationale. C'est dans cette optique que je maintiens sans cesse que d'une part les rémunérations ne peuvent et ne doivent être fixées qu'en fonction des possibilités réelles des entreprises, et dans la conjoncture actuelle le moins est de dire qu'elles ne sont pas immenses, et que d'autre part les effectifs doivent être fixés au minimum nécessaire. Tout cela porte un nom : c'est de la bonne gestion. Mais il convient aussi de ne pas aller d'un extrême (sur-effectifs et salaires insupportables charges comprises) à l'autre (sous-effectif notoire et salaires de misère, voir délocalisations injustifiées).

J'en reviens à mes moutons : l'idée de la participation aux bénéfices est de mon point de vue une bonne idée. Que cette participation représente une part de la rémunération est très positif. Que les sommes issues du dispositif participatif soient disponibles immédiatement, et non soumis à cotisations sociales, ni pour le salarié ni pour l'employeur, en ferait un gain de pouvoir d'achat important.

Que la part des résultats affectée à cette participation soit fixée de concert entre employeur et employés m'apparaît indispensable.

Corolairement, que cette part soit fixée par la loi (que ce soit le tiers ou toute autre proportion) représenterait une ingérance inacceptable de l'état dans la gestion des entreprises. C'est pourquoi je pense que Nicolas Sarkozy a tout à fait raison "de mettre cette idée sur la table", parmi d'autres, et de provoquer la concertation entre patronat et syndicats, concertation dont le coup d'envoi sera donné le 18 février prochain si j'ai bien compris. Ce n'est pas à l'état de décider, c'est aux entreprises et aux représentants des salariés de se mettre d'accord.

Il n'y a plus qu'à espérer que les idéologies resteront au vestiaire lors de cette réunion, même si c'est peu probable.


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mardi 3 février 2009

Quelle relance ? Quelles mesures ? Quelle réponse ?

Juste un petit billet, aujourd'hui, pour souligner deux articles de presse qui m'ont interloqué, non pas en eux-mêmes mais en regard de leur concomitance.
Tout d'abord,
l'article de Challenges qui relate le nouvel accord conclu entre les différentes centrales syndicales, aux termes duquel elles annoncent "attendre le discours de Sarkozy" pour "en apprécier la portée et en mesurer les conséquences", sachant qu'elles "[...] attendent des réponses aux revendications par l'annonce de mesures concrètes et immédiates [...]".
Ensuite,
l'article de LCI qui explique comment la "prime à la casse" rencontre un très vif succès, mais bénéficie essentiellement aux modèles d'automobiles construits pour l'essentiel à l'étranger...
Concernant le "plan de relance", la position des centrales syndicales est bien connue, calquée sur celle du PS et savamment promue dans l'opinion, à savoir que les mesures annoncées par le gouvernement "sont inadaptées" (même si tous les économistes s'accordent à dire le contraire) et que la "bonne politique", conforme à l'attente des Français (attente savamment "programmée" au moyen de cette méthode Coué
dont j'ai déjà parlé), serait de procéder à une relance par la consommation, en lieu et place de l'aide à l'investissement, qui est l'essence principale du plan gouvernemental actuel.
J'ai déjà dit
tout le bien que je pensais, non pas du plan de relance lui-même (encore de l'interventionnisme forcené d'une part, et encore le creusement des déficits d'autre part) mais de l'esprit dans lequel il est bâti, c'est à dire en visant l'investissement dans l'avenir et non les seules dépenses immédiates, inefficaces à moyen et long terme comme l'aurait dit ce brave La Palice tant c'est évident.
Tous les syndicalistes ne fustigent pas les mesures prises, et certains ont l'intelligence d'admettre qu'elles sont de bon sens, mais tous demandent des "aides immédiates au pouvoir d'achat", en supplément quand ce n'est pas à la place de ce plan.
Or, il n'est pas besoin de revenir sur l'argument parfaitement justifié des plans de relances du passé, exclusivement orientés vers la consommation et qui ont TOUS échoué. Il suffit de simplement réfléchir quelques instants avec intelligence et sans parti pris.
Creuser les déficits budgétaires pour alimenter l'investissement, c'est certes hypothéquer l'avenir et reporter sur nos enfants, on ne cesse de le répéter, la charge de nos erreurs présentes et passées, mais c'est aussi permettre à l'économie (à l'industrie, au bâtiment, aux TP, à la recherche) de se construire un avenir; c'est préparer les emplois et les bénéfices de demain. C'est aussi favoriser l'emploi au présent, les opérations lancées dès maintenant nécessitant de la main d'oeuvre, et donc permettant de distribuer immédiatement des salaires et du pouvoir d'achat. Distribuer directement des sommes égales, voire supérieures comme le réclament certains, c'est au contraire dépenser cet argent en pure perte ou presque.
D'une part, je l'ai déjà dit, ces sommes si colossales soient-elles, ne peuvent représenter pour chaque individu concerné, sous la forme d'aides directes, que des montants dérisoires et en tout cas extrêmement limités dans le temps. D'autre part, cette relance de la consommation immédiate, même si l'argument est largement réfuté par nombre de responsables syndicaux et politiques, bénéficierait essentiellement à l'importation de produits, même français, fabriqués à l'étranger. Que cet état de fait résulte d'erreurs de gestion ou d'une politique erronnée, ce dont je ne suis pas certain, ne change rien à l'affaire. Et passés un ou deux mois (le temps de dépenser les 26 milliards dont on parle), on en reviendrait à la case départ, avec un "trou" de 26 milliards supplémentaires à combler et sans que l'activité en France, et donc l'emploi, et donc le pouvoir d'achat, n'y aient rien trouvé de positif.
Et c'est justement là qu'intervient le deuxième article, celui de LCI : on y apprend que la prime à la casse, qui est un parfait exemple d'une telle "aide à la consommation des ménages", bénéficie essentiellement, en liaison avec le "bonus écologique", à la vente de véhicules neufs de petite cyclindrée (crise oblige, c'est tout à fait normal) qui pour la plupart sont fabriqués à l'étranger, où les usines ne peuvent même plus fournir la demande. La prime à la casse en France a donc participé activement à la lutte contre le chômage ... à l'étranger !
CQFD...
Que la masse des citoyens, qui souffrent de la crise pour beaucoup d'entre eux c'est évident, ne réagissent qu'au premier degré en disant en substance "je manque de pouvoir d'achat, donnez-moi des sous", c'est déjà assez affligeant, mais il est tout simplement époustouflant que des hommes et des femmes responsables, sensés pourvus d'une intelligence supérieure à la moyenne (c'est du moins l'image qu'ils et elles ont dans l'opinion), ne soient pas capables de tenir des raisonnements aussi simples, et de procéder à des constatations aussi évidentes, à la lumière qui plus est de l'expérience du passé...
A moins que tous (et toutes) ne soient pas d'une extrême sincérité et d'une extrême honnêteté intellectuelle, et qu'ils (elles) ne "surfent" tout simplement sur la vague du mécontentement de leurs ouailles pour les entraîner dans des "actions syndicales" et des défilés de rue propres à faire la démonstration de leur force, et à asseoir leurs positions dominantes ?
Voilà encore une manière de prendre le citoyen moyen en ôtage. Gageons que, quelle que soit la teneur du discours de jeudi, une ou plusieurs nouvelles journées noires son à prévoir, téléguidées par ces soi-disant responsables pour qui "négocier" signifie uniquement "satisfaire nos revendications", et qui ont sans doute déjà programmé en secret leur "réponse circonstanciée".
Il reste à espérer que nos responsables politiques ne cèdent pas au chantage. Mais en auront-ils le courage ? On en revient toujours à la même question fondamentale.



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Mon positionnement sur l'échiquier

Depuis quelques temps, je lis avec intérêt, chez nombre de mes blogueurs favoris, des articles qui forment une "chaîne", chacun passant le relais à quelqu'un d'autre et ainsi de suite.

Cette chaîne est particulièrement intéressante, puisqu'elle questionne sur le positionnement politique de chacun. Intéressante, mais pas facile d'y répondre, et pour tout dire j'appréhendais un peu que quelqu'un me "passe le relais", tant il est difficile de répondre avec précision et avec honnêteté à une telle question.
Lomig m'ayant "pointé du doigt", parmi d'autres, je vais donc m'appliquer ici à le faire.

Tout d'abord, et contrairment à beaucoup, je préviens que je ne vais pas "m'intituler", comme le font beaucoup (exemple : "socialiste", "libéral ceci", "libéral cela", "bonapartiste", "royaliste", que sais-je encore ?). Ce n'est pas par coquetterie : je m'en sens tout simplement incapable. J'ai souvent dit, à une époque où je m'intéressais moins à la politique, et où en tous cas j'y avais moins réfléchi, que je n'adhérerais jamais à aucun parti politique en raison du fait que, selon moi à l'époque, aucun parti ne pouvait répondre exactement au positionnement d'un individu donné, et qu'il faudrait autant de partis que de citoyens.

J'ai bien sûr évolué depuis, mais je maintiens que le positionnement politique, pour peu que l'on y réfléchisse suffisamment et qu'on le réalise de manière honnête, est particulièrement complexe et ne peut pas cadrer totalement avec une doctrine quelle qu'elle soit.

J'ai fait en son temps,
comme l'ont fait tous les membres LHC d'ailleurs, un petit test qui vise à se positionner sur une carte virtuelle sensée représenter l'évantail des idées politiques possibles. Mon résultat de ce test est édifiant, et me place nettement parmi les "libertariens", c'est à dire parmi "l'aile dure" des libéraux. Ca ne me convient pas réellement, après analyse, et je vais essayer de dire pourquoi.

Certes, je suis pétri d'un idéal de liberté, et opposé dans l'absolu à toute idée de contrainte du pouvoir politique sur l'individu, à tout interventionnisme dudit pouvoir, et à tout ce qui est de nature à déposséder l'individu-citoyen de son libre arbitre et de sa liberté d'agir en tous domaines. En ce sens, et loin de moi l'idée de m'en cacher ou d'en minimiser l'intensité : je suis, foncièrement un libéral.

Cela signifie, comme je viens de le dire, que je dénie au pouvoir politique, c'est à dire à l'Etat, la légitimité de prendre quelque décision que ce soit en désaccord avec le citoyen, que je place les intérêts dudit citoyen, en tant qu'individu, très au-dessus de ceux de la société, en tant que groupe, et que je considère que l'Etat n'a de légitimité que pour garantir aux citoyens le plein exercice de leurs libertés. Cela suppose évidemment de garantir leur sécurité, et donc cela légitime l'usage de la force à cet effet. Je fais ainsi parfaitement mienne la formule selon laquelle "l'Etat est le seul dépositaire de la violence légitime", dans le cadre strict de sa seule mission décrite ci-avant.

Si j'en restais à ce positionnement que je qualifierais de "primaire", je laisserais sur leur faim beaucoup de mes lecteurs, qui sans doute ne comprendraient pas pourquoi le terme de "libertarien" ne me convient pas tout à fait.

C'est que nous ne vivons pas dans un concept virtuel mais dans une réalité tangible. Et dans cette réalité, les positions rêvées ne correspondent pas totalement aux situations vécues. Plusieurs de mes amis libéraux s'en tiennent volontiers à la doctrine que je viens de décrire brièvement. Ce sont eux que l'on appelle les "libertariens".

Quant à moi, esprit scientifique aidant, à chaque fois que je défends une idée, je me pose immédiatement la question de savoir si elle est réalisable dans le concret. Et c'est là que je diffère sensiblement des libéraux idéalistes, et que je me rapproche plus des libéraux "utilitaristes", ceux qui admettent certaines dérogations à leur principes dans un but "utilitaire", c'est à dire pour permettre la mise en oeuvre concrète d'une politique "la plus libérale possible", pour faire court.

Une restriction cependant, et de taille : cette éventuelle concession n'a de sens que temporaire. Il s'agit seulement de prendre le temps nécessaire à la modification des structures de la société, le but à atteindre étant dans tous les cas, à tous les niveaux et sur tous les sujets, une libéralisation complète.

Dernier point que je veux aborder ici : mon positionnement par rapport à l'échiquier politique établi.
Primo, je me refuse à chercher à me déterminer comme "de droite" ou "de gauche" : ça ne veut, à mon sens, strictement rien dire. Personne n'a été capable jusqu'ici de me donner de définitions fiables de ces deux termes. Et quand on me traite d'homme "de droite", comme cela arrive souvent du fait que je combats les idées constructivistes et interventionnistes de partis comme le PS, pour ne citer que lui, ça a le don de me déplaire superbement. Si la "droite" française état libérale, nous aurions sans doute moins de difficultés socio-économiques...

Secundo, s'il est parfaitement évident que les positions des partis d'obédience marxiste ou keynésienne sont le plus souvent à l'opposé des miennes, les partis qu'ils combattent ne répondent pas non plus à mes attentes, loin s'en faut. J'ai mis une certaine confiance dans le Président de la République actuel lorsqu'il n'était que candidat, et que son programme me semblait au minimum aller dans le bon sens. Mais force est de constater que la politique qu'il mène aujourd'hui n'a rien de libéral, et qu'il mérite presque la caricature de "socialiste de droite" que lui collent certains. Quant à ces partis qui se disent "centristes", et qui de fait ne savent pas trop de quel côté ils doivent pencher en fonction de leurs propres intérêts bassement électoralistes du moment, il n'est pas moins évident que je ne m'y reconnais pas plus...

De fait, aucun parti politique crédible sur l'échiquier actuel n'incarne de près ou de loin les idées qui sont les miennes, et nous ne sommes certes pas sur le chemin, dans la conjoncture actuelle qui pousse à tant d'interventionnisme partout dans le monde, de voir les choses changer.

Mon penchant "utilitariste" me conduit cependant à préférer ceux qui prônent la responsabilité et le travail à ceux qui prêchent l'assistanat. Etre libéral, c'est bien sûr se battre pour la liberté de l'individu, mais il n'y a pas de liberté sans responsabilité, et l'irresponsabilisation du citoyen conduit inexorablement à son asservissement, de fait sinon de droit...


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