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Les Modernes y ont ajouté la Liberté
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jeudi 4 septembre 2008

Encore une nouvelle usine à gaz !

Tout d'abord, je dois des excuses à mes fidèles lecteurs que vous êtes : je ne suis quasiment pas intervenu sur mon blog (sauf par deux ou trois commentaires) depuis le 17 juillet, c'est à dire pendant un mois et demi ! Je ne vais pas entrer dans les détails de ma situation personnelle, mais des obligations inattendues m'ont obligé à une activité intense non moins inattendue, qui m'a éloigné de ces colonnes. Eu égard au thème de mon dernier article, je ne vais cependant pas m'en plaindre : l'activité, les efforts et le travail, c'est l'antithèse du pseudo confort que pourrait représenter la qualité de retraité et les modestes revenus automatiques qui lui sont liés, et c'est au contraire le sens normal de la vie humaine...

Je ne vais pas non plus essayer de faire le tour des évènements qui se sont déroulés pendant cette longue absence : je n'en aurais sans doute pas le temps, et mes critiques (positives comme négatives) auraient de toute façon un goût de "réchauffé". Bouchée avalée n'a plus de saveur, disait l'autre; et la dure loi de l'immédiateté régit l'intérêt que portent la majorité de nos contemporains au monde qui nous entoure.

Revenir ainsi, pour ne prendre qu'un seul exemple, sur les déconvenues olympiques d'une Laure Manaudou (pour dire sans doute qu'elle n'a eu que l'insuccès qu'elle méritait en regard de son comportement laxiste et de son manque de sérieux et de travail consciencieux), même si cela me permettrait d'insister sur le fait que l'important, c'est de participer... à la victoire, cela n'intéresserait sans doute pas grand monde, plus préoccupés que nous sommes en ce vingt et unième siècle par ce qui inonde ce matin nos petits écrans, même ternes, que par ce qui soulevait des polémiques enflammées il y a encore une semaine. La polémique ces temps-ci a une durée de vie très (trop) courte, et le plus souvent l'intérêt du commun des mortels n'est plus commandé par le bien-fondé mais par l'actuel. Sans doute parce que "tout va trop vite" diront certains. Mais c'est sans doute justement à cause de ces comportements que "tout va trop vite". On ne prend plus le temps d'analyser; on se contente de réagir; sans réflexion et donc sans pertinence.

Mais laissons là des considérations philosophiques qui, elles non plus, ne vont sans doute pas intéresser grand monde (et pour les mêmes raisons). J'ai choisi, pour mon retour dans ces pages, de justement traiter un sujet d'actualité. Un sujet, d'ailleurs, qui, dans cette actualité, a occupé plusieurs occurrences qui, de mon point de vue, se rejoignent totalement.

Il y a d'abord ce prêt à taux 0 destiné aux travaux d'économie d'énergie. Il y a ensuite cet autre prêt à taux 0 destiné aux étudiants. Et puis il y a le RSA.

Pourquoi je mets tout ça "dans le même sac" ? Et bien parce que tout ça relève du même état d'esprit : dans les trois cas, il s'agit pour l'état de se comporter comme Dieu le Père et d'intervenir directement dans les affaires privées des pauvres ouailles que nous sommes, par nature incapables de subvenir à nos besoins et de gérer nos intérêts. Il est donc indispensable que Dieu le Père nous tende une main secourable pour nous aider (et nous apprendre) à mettre un pied devant l'autre et à progresser dans cette jungle qu'est la société. Sauf que la jungle, c'est justement Dieu le Père qui l'a créée ! Et qui continue à la rendre de plus en plus impénétrable ! Je m'explique.

L'exemple le plus représentatif de ce que je viens de dire, c'est le RSA. Car enfin, pourquoi en est-on arrivé à l'envisager, ce RSA ? Tout simplement pour réparer les inconvénients de son prédécesseur, le RMI. Il s'agit dans les deux cas de donner (j'emploie ce mot à dessein) un revenu à tous ceux qui n'en ont pas, c'est à dire essentiellement à ceux qui n'ont pas d'emploi (officiellement) rémunéré. L'idée est déjà discutable de distribuer de l'argent public sans aucune contrepartie au seul prétexte que ces personnes en expriment le besoin, mais la philosophie socialisante radicale dans laquelle nous baignons est telle qu'à cette mesure de base (le RMI) sont venus se greffer divers avantages non moins "sociaux" (traduisez financés par des fonds publics) tels que des exonérations totales ou partielles, des tarifs préférentiels, des réductions diverses et variées, etc.. etc.. Dès lors que le bénéficiaire du RMI retrouvait un emploi, et dès lors donc qu'il n'en était plus bénéficiaire, il perdait du même coup ces divers avantages, et dans bien des cas il se retrouvait au total avec un revenu inférieur à celui qui était le sien sans travailler. Et donc il préférait ne pas travailler, ce qui somme toute est humain... Ca fait partie des incohérences inhérentes à tout interventionnisme forcené, mais c'est là une lapalissade que nos édiles ne veulent pas entendre, ou ne peuvent pas reconnaître au risque d'une impopularité à laquelle ils sont par nature allergiques.

Mais en tout état de cause, le problème de fond n'est pas d'inciter les gens à travailler (bien que ce soit parfaitement louable, et pas inutile du tout par les temps qui courent), mais bien de leur permettre de travailler. En d'autres termes, le coeur de l'action ne devrait pas être le social mais bien l'économie, de générer des emplois et non de payer les chômeurs ! Ce n'est pas de financer l'oisiveté, mais de créer les conditions de la croissance, génératrice des emplois qui nous manquent. A quoi bon inciter les assistés à reprendre un emploi s'il n'y a pas d'emploi à reprendre !

L'idée du RSA, cependant, c'est de garantir qu'en travaillant, on gagnera, dans tous les cas, plus qu'en ne travaillant pas. En d'autres termes, c'est reconnaître implicitement que le RMI était une "connerie", mais implicitement seulement, car le dire serait bien trop risqué politiquement...

Alors, on ne le dit pas, et on l'aménage. On lui change son nom, on change ses modalités d'attribution, on le maintient partiellement en complément d'un salaire, on y mélange deux ou trois autres allocations, ce qui permet de "piquer" au passage les financements de ces dernières, on fait un bel emballage de tout ça, et on repart comme en 14 ... avec un déficit supplémentaire calculé à 1,5 milliard d'euros !...

Ca prend quand même quelques semaines avant qu'on se décide à dire haut et fort qu'on met le nouveau système en place ! Mais on l'avait tellement monté en épingles, ce nouveau système, qu'on ne peut pas "politiquement correctement" revenir en arrière ! D'autant qu'on a confié l'affaire à un gueulard qui ne la fermera pas facilement si on lui fait le coup de mettre son bébé sur la touche. Alors, on y va ! On sait qu'on remplace une connerie par une autre connerie, mais on n'est pas à une connerie près, n'est-ce pas ?

Et au passage, on en fait une autre, de connerie, et une belle ! On avait promis et re-promis tant et plus, non seulement avant l'élection présidentielle mais même après, et à plusieurs reprises, qu'on baisserait les prélèvements obligatoires. Et d'ailleurs on avait commencé de le faire. Vous savez, on a appelé ça le "paquet fiscal". On avait d'ailleurs fait la connerie (encore une) de le présenter si mal que tout le monde prétend, ce qui n'a aucun sens mais qui est habilement entretenu par l'opposition (c'est de bonne guerre même si c'est intellectuellement malhonnête), qu'il s'agit d'un "cadeau aux riches". Mais passons, la question n'est pas là. La nouvelle connerie, la vraie, c'est que pour financer ce RSA qui ne sert à rien mais qui coûte cher, on crée... un nouvel impôt ! Eh oui, c'est comme ça qu'en France on réduit les prélèvements obligatoires : en en créant de nouveaux ! Et pour faire bonne mesure, on fait peser cet impôt sur les "revenus du capital". Evidemment, ça ne peut que faire plaisir à l'opposition de gauche, ça : on va "faire payer les riches". Sauf que, non, ce ne sont pas les riches qui vont payer (ce qui d'ailleurs ne serait pas plus logique que l'inverse), mais ce sont ceux qui jouissent d'un revenu foncier ou de placements en bourse (y compris pour leur retraite). Et ceux-là, ce ne sont pas les vrais "riches". Ce sont ceux que l'on appelle communément les "classes moyennes", c'est à dire ceux qui gagnent un peu plus que la moyenne mais qui n'ont pas la chance d'être dans une de ces "niches fiscales" dans lesquelles on retrouve, justement, les fameux "plus riches", dont notamment ceux qui bénéficient du fameux "bouclier fiscal".

En résumé, non seulement on fait une usine à gaz qui ne sert à rien, non seulement on se déjuge en créant un impôt nouveau alors qu'on avait promis le contraire, non seulement on se targue à tort de justice fiscale en prétendant taxer les citoyens d'autant plus que leurs revenus sont plus élevés (c'est à dire ceux qui produisent et qui font tourner l'économie), mais encore on rate son coup et ce sont justement ceux-là qui ne supporteront pas le poids de cette mesure inutile...

S'agissant des prêts à taux 0, le raisonnement est le même à peu de chose près, outre le fait qu'il s'agit d'aider les citoyens à s'endetter un peu plus pour un bénéfice nul. L'exemple des "subprimes" américains ne nous a de toute évidence pas éclairés. Pour rentabiliser un investissement énergétique de type écologique, même avec les crédits d'impôt et les économies en volume sur la consommation, il faut en moyenne 8 à 10 ans (j'ai personnellement été récemment confronté au problème et je sais de quoi je parle). Et pour rembourser le prêt "étudiant" il faudra être sûr de trouver un emploi rémunérateur à la sortie, ce qui est loin d'être gagné d'avance. Malgré cela, on s'apprête à distribuer ces deux prêts "à guichet ouvert" et sans aucune exigence de solvabilité. Le coût de ces crédits, que bien entendu les banques ne peuvent pas rendre nul, et les défaillances inéluctables de certains emprunteurs, seront évidemment pris en charge par des fonds publics, c'est à dire, soit par de nouveaux impôts pas encore annoncés, soit par creusement du déficit déjà abyssal des comptes...

Les associations de consommateurs, pour leur part, sont insatisfaites de ces mesures et déclarent sans sourciller qu'elles préféreraient des aides sociales directes, et versées plus rapidement... Ben voyons ! "Toujours plus" avait écrit François De Closets en son temps dans un livre à succès. A l'époque c'était "toujours plus de croissance personnelle". On n'était pas forcément d'accord avec lui, mais ça n'excluait pas la production de richesses, au contraire. Aujourd'hui c'est "toujours plus de subventions publiques", et sans aucun investissement personnel en contrepartie. Comme un droit naturel et sans rien en retour. Si l'on est sensé, on n'est forcément pas d'accord du tout ! Mais peut-on encore souvent parler de bon sens ces jours-ci ?

Ces nouvelles dispositions sont non seulement une "usine à gaz" incompréhensible, une incitation au laxisme et au laisser-aller, mais encore une gabegie budgétaire qui sonne comme une insulte à l'égard du contribuable que nous sommes tous. Les fonds publics issus des différents impôts, taxes et autres cotisations sociales ne sont pas la propriété de cet Etat qui les dilapide cependant sans vergogne à longueur de temps. Ils sont placés sous sa responsabilité mais appartiennent aux citoyens qui les ont versés. Il n'en est que le gestionnaire et nous avons le devoir de ne pas tout accepter. Et pourtant, nous entendons trop souvent le contraire...

Dans un prochain article, je tenterai de détailler ma vision de ce que devrait être une gestion rigoureuse et juste de ces fonds publics. Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, en sachant que je vais sans aucun doute susciter des réactions pas toujours amènes. Mais si je voulais être en accord avec tout le monde, ou même avec une large majorité, je ne prendrais pas la peine d'écrire ici. C'est pour provoquer le débat que je le fais, et pour exprimer des idées que je ne suis heureusement pas seul à défendre, mais qu'il est bien difficile de faire passer dans une société gâtée par un constructivisme et un keynésianisme destructeurs.

D'aucuns auront remarqué que je n'ai pas employé le mot de libéralisme dans ce billet. C'est à dessein, et ce n'est évidemment pas un renoncement à mes idées, mais seulement le souci de ne pas déplacer le débat sur le seul terrain idéologique.



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