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Les Modernes y ont ajouté la Liberté
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dimanche 14 septembre 2008

Quelques précisions importantes.

Mon article du 12 septembre a provoqué, déjà, certains commentaires qui me poussent à y apporter quelques précisions.

1) Sur le revenu d'existence

L'orthodoxie libérale voudrait que je sois d'accord avec Criticus concernant le "revenu d'existence". En effet, rien au prime abord n'oblige, et même rien objectivement ne justifie à la base, le versement d'un revenu quelconque financé par l'impôt, et c'est une forme de cet interventionnisme que je dénonce à longueur de temps.

Au prime abord seulement, et au niveau de l'othodoxie seulement. Car en effet, le développement de nos sociétés, le niveau atteint par nos économies et celui des richesses qu'elles produisent, ne permettent pas à mon sens de supporter que des individus quels qu'ils soient se trouvent dans un état d'extrême pauvreté mortifère. L'image d'Epinal des mendiants aux portes des églises du Moyen Age, et la réalité des SDF qui meurent encore aujourd'hui dans nos rues, me sont tout simplement insupportables dans le contexte de nos sociétés évoluées.

Ceci étant, je suis totalement d'accord pour dire qu'"il faut travailler pour vivre". Je n'irai cependant pas jusqu'à dire qu'il faut nécessairement "travailler pour survivre". Ce n'est pas la même chose.

Le "revenu d'existence", idée qui n'est pas de moi (elle figure dans le programme d'Initiative Libérale) mais qui m'a séduit, ne doit évidemment pas être celui qui permet de vivre normalement à ne rien faire ! Je pense que l'on ne me fera pas l'injure de me prêter cette opinion. Très en-deçà du seuil de pauvreté (sans doute inférieur au RMI actuel), il ne serait destiné qu'à éviter les situations de désespérance qui peuvent aller jusqu'à la mort. Il y a des exemples à longueur de temps, et c'est, de mon point de vue toujours, totalement insupportable eu égard au niveau de civilisation qui est le nôtre.

De très faible importance, payé par tous et perçu par tous, y compris ceux qui le financent, soumis lui-même à l'impôt sur le revenu proportionnel, il ne représenterait pas, in fine, une charge très lourde, et ne comporterait surtout pas l'inconvénient d'inciter à ne pas travailler, puisque le salaire découlant d'un emploi, quel que soit son montant, viendrait par définition s'y ajouter. Il serait donc dans tous les cas plus bénéfique de travailler que de ne rien faire. Mais n'oublions pas les oubliés : ceux qui pour des raisons diverses et variées sont sans emploi à leur corps défendant. Ceux-là, nous n'avons pas le droit, même les libéraux dont je me réclame haut et fort, de "les laisser crever"...

Ca ne va en rien dans le sens d'une contestation du fait que "le travail est une nécessité pour vivre et que tout homme a le besoin de travailler pour se sentir bien", contrairement au préambule de l'intervention de Mathieu L sur son propre blog, qui se veut être une réponse à mon billet.

Il ne faudrait pas que Mathieu, que j'estime par ailleurs pour son esprit critique même si je ne partage absolument pas ses idées, confonde ma prise de position avec un éventuel "virage à gauche". Je répète que ce "revenu d'existence" n'est dans mon esprit qu'un mal nécessaire destiné à éviter le pire, et ne modifie en rien mes convictions libérales.

Toutes les objections contenues dans son article ne relèvent que de la philosophie collectiviste que je combats. En particulier, dire que ce revenu d'existence pourrait devenir un "super RMI" destiné à couvrir tous les besoins (alimentation, logement, transport, énergie...) est une déviation hérétique de mon propos. C'est le fruit du travail qui doit permettre à l'individu de subvenir à ses besoins, pas l'aide publique. L'activité, pas la charité. L'effort et la participation à la production des richesses, pas l'assistanat. Etre libre, c'est être responsable. Un être assisté, c'est le contraire d'un être responsable.

2) Sur les rôles "naturels" de l'Etat

Je suis à 100 % d'accord avec l'objection qui m'a été faite par le même Criticus : il faut y faire figurer l'éducation. L'éducation, et singulièrement l'instruction, sont une condition indispensable de la liberté des individus. Elle fait donc partie des obligations de cet Etat dont le rôle principal et quasi unique est de garantir ladite liberté. Ce fut, dans cet article, un oubli flagrant. Mea culpa !

3) Sur le financement de la protection sociale

L'un de mes commentateurs est revenu sur mon idée de calculer les "charges patronales" non sur les salaires, ce qui pénalise l'emploi, mais sur la valeur ajoutée. L'objection est de dire en substance que les entreprises ou les entités qui n'ont pas de valeur ajoutée ne participeraient pas au financement.

C'est vrai pour ce qui est des administrations et de certaines associations, c'est faux pour la plupart des entreprises. Il ne faut pas confondre valeur ajoutée et bénéfice. Une entreprise déficitaire n'est pas une entreprise sans valeur ajoutée. Si elle paie 100 € ses matières premières et qu'elle vend 120 € son produit fini, elle génère 20 € de valeur ajoutée. Et ce, même si elle ne fait aucun bénéfice, voire si elle fait une perte, à cause des diverses charges d'exploitation.

Cette précision technique posée, je n'ai conservé dans mon raisonnement cette notion de "charges patronales" que pour une raison pragmatique. Les charges "patronales" sont ancrées dans notre perception et dans la culture syndicale au point que les remettre en cause me paraît extrêmement difficile à envisager. Cependant, je suis bien d'accord pour dire, et je l'ai bien expliqué déjà, que ces charges ne sont "patronales" que de nom, et qu'elles sont in fine payées par le salarié, du salaire duquel elles sont déduites de facto par l'employeur.

L'idéal serait donc, en effet, de supprimer totalement ce distingo entre charges salariales et charges patronales, de verser au salarié l'intégralité de son salaire, c'est à dire le salaire brut augmenté des charges patronales actuelles, et comme je l'ai dit mettre en concurrence plusieurs entités pour garantir le risque maladie, la prévoyance et les retraites, avec bien entendu obligation pour le salairé de s'assurer, mais auprès de l'entité de son choix et pour les montants de son choix.

Ces quelques précisons étaient je pense nécessaires, et éclaireront mes prises de positions, que certains ont qualifié de "révolution", et que je qualifierai simplement pour ma part de réformes indispensables et urgentes.


Ce billet était publié sur mon ancien site. Commentaires ici

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