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Les Modernes y ont ajouté la Liberté
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vendredi 5 septembre 2008

Petit billet pour une ire matinale...

Juste quelques lignes pour graver dans ce blog la trace d'un "coup de gueule" que je pousse presque quotidiennement en écoutant le commentaire de la météo sur France 2 le matin...

Je ne suis pas de formation littéraire, mais j'ai compris depuis longtemps que la langue était le principal pilier de la culture, en France comme ailleurs dans le monde. Que serait devenue, par exemple, la culture celte en France sans la langue bretonne ? Qu'est devenue la culture de la Grèce antique quand tout le monde de l'époque s'est mis à parler latin ? Que sera la culture française si demain tous les Français se mettent à ne parler qu'anglais ? Et que dire de cette pseudo-langue "charabiaesque" que l'on nomme quelquefois le "franglais" ?

Eh bien, c'est pourtant ce à quoi nous assistons à longueur de temps, et de plus en plus... Non contents d'utiliser des mots d'anglais plus ou moins (et plutôt moins que plus) "francisés", alors même que des mots français existent, nos journalistes de la presse parlée, dont c'est pourtant le métier de parler, et qui à mes yeux ont de ce fait une lourde responsabilité dans le maintien d'un bon niveau de qualité de la pratique de la langue française dans ce pays, se mettent maintenant à utiliser une syntaxe empruntée au monde anglo-saxon !

Je n'en veux pour preuve que cette formulation directement copiée de la locution américaine "due to", dont la signification exacte est plus proche de "En raison de [... quelque chose]" que de "dû à [... quelque chose]".

Cependant, au moins deux commentatrices de la météo (pourquoi particulièrement cette rubrique ? Je n'en sais rien.) utilisent la locution "dû à [...]" sans aucun discernement. Et c'est particulièrement agaçant !

Cette façon de s'exprimer est dans certains cas parfaitement conforme à la syntaxe française, comme par exemple dans une phrase du type "De très fortes pluies sont à craindre sur la région Nord Pas de Calais, dues à une dépression située sur le nord de l'Irlande, associée à une perturbation qui traversera le pays [...]". L'adjectif qualificatif "dues" est ici attribut du nom "pluies" (avec lequel il doit s'accorder), et c'est tout à fait correct.

Par contre, la forme de phrase suivante, entendue "à répétition" sur l'antenne publique, est parfaitement incorrecte et ne veut rien dire : "Dû à une perturbation associée à la dépression située sur le nord de l'Irlance et qui traversera le pays [...], on peut craindre pour la région Nord Pas de Calais de très fortes pluies [...]". Ici, l'adjectif "Dû" ne s'applique à aucun élément de la phrase, ni comme épithète ni comme attribut, et n'a donc aucune raison d'être. La phrase devient sans signification, sauf au prix d'un effort intellectuel destiné à "remettre les choses d'aplomb", effort que certains d'entre nous font instinctivement en raison de leur pratique plus ou moins courante de la langue anglaise (ou américaine). Mais la majorité "laisse passer" la faute sans la remarquer, et assimilent instinctivement cette fausse syntaxe à une formulation correcte.

C'est ainsi que meurent les langues, et avec elles les cultures... Et qu'on ne vienne pas me "remettre le couvert" de l'enrichissement de la langue par l'apport d'une langue étrangère. Dans ce cas précis comme dans bien d'autres, il ne s'agit pas d'un enrichissement mais bien d'une pollution ! Il y aurait enrichissement, comme dirait monsieur de La Palice, si cela apportait quelque chose. Ici, il n'en est rien. La formulation correcte existe bien en langue châtiée pour dire exactement la même chose. Cette manière de parler est tout simplement une faute de syntaxe et rien d'autre...



Ce billet était publié sur mon ancien site. Commentaires ici

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