Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

mardi 23 septembre 2008

Capitalisme libéral et crise financière

Le 14 septembre dernier, je promettais un billet sur le sujet de la crise financière. Pardon pour le délai, mais tout arrive et je vous le livre aujourd'hui.

Pendant que je terminais son écriture, le Président du Conseil Européen (et non pas de l'Union Européenne comme il aime à s'en vanter à tort) prépare un discours devant l'ONU dont on nous dit qu'il comportera une prise de position, et peut-être une initiative. Si effectivement ce discours apporte quelque chose de neuf et d'important dans le débat, j'y réagirai. Mais je ne crois pas beaucoup à sa capacité d'influencer le monde financier, ni même le monde politique, planétaires. Et je ne suis pas certain du reste que les remèdes qu'il préconisera aillent véritablement dans le bon sens. J'ai cessé de croire à sa réelle volonté, ou à tout le moins à sa réelle capacité, d'aller au bout de la logique qui, pourtant, était la sienne affichée il y a encore peu. Qui vivra verra...

La crise que nous vivons (et non pas "que nous venons de vivre" comme je l'ai entendu ce matin encore) n'est ni plus ni moins que la conséquence logique, prévisible, et imparable, de comportements insensés de décideurs irresponsables. Que les anti-capitalistes de tous poils ne se réjouissent pas trop vite de mes propros : la suite va moins leur plaire...

Je l'ai encore écrit récemment : le capitalisme libéral est le seul système capable de favoriser efficacement, et je suis prêt à dire "de permettre", la mise en oeuvre de l'esprit d'entreprise, de créer des richesses de manière dynamique, et de permettre à chacun de profiter de manière juste des richesses produites.

L'être humain a ses caractéristiques naturelles incontournables qu'aucune théorie, aussi pensée et aussi sérieuse soit-elle, ne pourra pas plus changer que quelque législation ou quelque système politique que ce soit. Et parmi ces caractéristiques, il en est une qui est selon moi partie intégrante du concept d'intelligence dont s'enorgueillit notre espèce : chacun de nous a le souci de son propre intérêt, et quand nous faisons des efforts c'est avant tout pour profiter de leurs fruits. Obliger les individus à travailler dans la seule optique de la collectivité, et leur demander de faire confiance à cette collectivité pour subvenir à leurs propres besoins, est vain par avance, et je répète que c'est selon moi le signe d'une intelligence supérieure dont ne sont pas doués, par exemple, un chien de meute ou un loup, une abeille ou même un primate...

Ca ne justifie nullement des comportements du type "chacun pour soi", et la solidarité est également un signe d'intelligence. Elle est aussi une composante importante de l'humanisme dont je me réclame. Mais demander que chacun cesse de penser à lui pour ne penser qu'aux autres, ou même fasse passer couramment ses propres intérêts après ceux des autres, serait une hérésie, et le faire serait un signe de déficience intellectuelle.
Le capitalisme est un système qui permet à celui qui produit des richesses, à quelque niveau qu'il se trouve dans la chaîne de production, de profiter des fruits de son activité. C'est vrai pour l'investisseur qui voit son investissement valorisé et qui perçoit sa part des bénéfices sous forme de dividendes. C'est vrai aussi pour les salariés qui perçoivent leur part de ces mêmes bénéfices sous forme de salaire. Et plus on produit de richesses et plus il y a de fruits à se partager.

Dans un système collectiviste, les richesses produites sont mises en commun et partagées uniformément (du moins en théorie) entre les individus. Chaque individu n'a donc plus d'intérêt direct à faire des efforts de production, et c'est le meilleur moyen de démotiver tout le monde. On sait quel a été le résultat des expériences qui ont été menées en appliquant à la lettre ces théories, de l'URSS et de ses satellites à la Chine avant son virage capistaliste à la fin du siècle dernier.

Dit comme ça, on pourrait croire que "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes capitalistes". A ce stade de ce billet, beaucoup sans doute me reprochent déjà ce sophisme.

Comme toute construction humaine, la construction d'une société capitaliste comporte par nature ses erreurs, dont la première est sans aucun doute de ne pas appliquer correctement et complètement le principe qui la sous-tend. C'est ainsi que pas un seul pays au monde ne met en oeuvre un capitalisme économique "pur et dur", c'est à dire libre et sans contrainte, qui selon moi est contenu de manière implicite dans la doctrine libérale. Et, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, les entorses faites au système (capitalisme dont je parle ici ou libéralisme dont je parle souvent par ailleurs) ont deux conséquences immédiates et imparables : primo le fonctionnement est faussé et ses résultats dévalorisés; secondo les adversaires du système trouvent à profusion des arguments pour le dénigrer en "oubliant" évidemment de dire qu'il n'est en fait pas appliqué...
Voilà pour le capitalisme économique : le seul qui vaille car celui qui s'appuie sur la production de richesses dont il est chargé de réglementer la distribution entre les acteurs du marché.

Mais un autre aspect du capitalisme a vu le jour depuis longtemps, et a pris un essort sans précédent depuis la "révolution industrielle" au 19ème siècle. On l'appelle communément "capitalisme financier", et s'il est l'émanation du capitalisme économique dont je viens de parler, il en constitue une "verrue" que je qualifie de "tumorale", et je vais essayer d'expliquer pourquoi.

Je l'ai dit, le système capitaliste est le moyen de permettre aux uns d'investir et profiter de leurs investissements, et aux autres de travailler et de profiter des fruits de leur travail. Dans les deux cas, les bénéfices tirés de l'activité sont représentés par les richesses produites.

Pour permettre les échanges entre investisseurs, les titres de propriété des entreprises (les actions) sont placés dans des bourses d'échange où ils voient leur valeur fluctuer à la hausse ou à la baisse en fonction "du jeu de l'offre et de la demande" : plus il y a d'acheteurs potentiels d'une action donnée et plus sa valeur (son "cours de bourse") augmente. Inversement, si peu d'investisseurs se déclarent acheteurs, le cours baisse. Jusqu'ici, rien d'anormal. La prise de valeur d'une action est la conséquence de la bonne santé de l'entreprise, et donc de la production de richesses par cette entreprise. Il n'y a rien d'artificiel là-dedans.

Par contre, un autre aspect de l'activité de certains investisseurs est hautement condamnable en ce sens qu'il fausse délibérément le bon fonctionnement du système : je veux parler de la spéculation.

De quoi s'agit-il, expliqué simplement ? Il s'agit de faire monter artificiellement le cours de bourse d'une action pour la vendre plus cher qu'elle ne vaut, ou inversement de faire chuter son cours pour l'acheter "à vil prix", le tout sans aucun lien avec l'activité et la santé réelle de l'entreprise concernée. Les techniques qui permettent ces fluctuations articifielles des cours sont nombreuses, et certaines sont tout simplement illégales. Peu importe le détail de ces pratiques, c'est le principe de la spécualtion elle-même qui est un non-sens économico-financier.

J'en arrive à la crise que nous connaissons, qui de financière et liée à des opérations spéculatives est devenue économique, et je vais tenter d'expliquer pourquoi. Je sais par avance que beaucoup vont m'objecter que tout ça est trop simplement dit. C'est volontairement que je n'entre pas dans les détails et que je m'en tiens aux grandes lignes, au demeurant suffisantes pour expliquer.

A l'origine de cette crise se trouve ce que l'on a apelé "l'affaire des subprimes". Il s'est agi, pour les banques américaines, de profiter plus que de raison de l'essor du marché immobilier. Les prix de l'immobilier ont "flambé" d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique à cause d'une demande énormément supérieure à l'offre, et il n'y a rien là que de très normal. Mais en raison de cet état de fait, nombre de banquiers américains, parmi les plus importants, se sont mis à distribuer des crédits immobiliers à taux variables à n'importe qui et sans discernement de solvabilité. L'idée de base était simple : si le client ne peut plus payer, et comme la valeur de son bien prend constamment de la valeur, la banque aura tout loisir de vendre ce bien, sur lequel reposait évidemment le nantissement (la garantie) du prêt, pour récupérer son dû. Ces prêts étaient consentis à taux variable pour permettre à la banque de répercuter auprès de ses clients les variations possiblement importantes des taux d'intérêt.

Les taux d'intérêt ont effectivement évolué dans le mauvais sens, les échéances des prêts en question ont donc augmenté très considérablement, et un nombre très important d'emprunteurs se sont trouvés dans l'impossibilité de faire face à leurs obligations. Tant que les prix de l'immobilier montaient, les banques vendaient les biens nantis, les gens se retrouvaient à la rue mais les banques rentraient dans leurs fonds.
Mais toute embellie a un fin, et le marché de l'immobilier, en Amérique comme en Europe, s'est "retourné", et les prix se sont mis à chuter sans que les taux d'intérêt ne baissent. En conséquence les emprunteurs ne pouvaient toujours pas payer, mais les banques ne pouvaient pas non plus vendre les immeubles suffisamment cher pour entrer dans leurs fonds. D'où des difficultés financières très importantes pour beaucoup d'entre elles, et d'où des faillites en cascade.

Et le problème ne se limite pas à cette situation, déjà catastrophique. Les banquiers avaient en outre inventé ce qu'ils ont appelé la "titrisation" de leurs créances. Afin d'assurer un peu plus les risques fous qu'ils avaient pris avec ces pratiques tant hasardeuses, ils ont créé des "produits financiers", c'est à dire des titres de créance qu'ils ont vendus aux autres banques un peu partout dans le monde. De ce fait, quand les difficultés que je viens d'expliquer se sont fait jour aux Etats Unis, ce sont toutes les banques du monde ou presque qui se sont retrouvées avec des titres de créance qui ne valaient plus rien.

Or les banques, dans le monde entier, n'ont heureusement pas comme activité que de spéculer et espérer des bénéfices faramineux sur le dos de leurs clients. Elle font aussi leur métier, qui est essentiellement de financer par des prêts et moyennant intérêts (c'est là leur seule vraie source crédible et normale de revenus) les activités de leurs clients, que ce soit pour des opérations immobilières, pour des achats de consommation des ménages, ou pour les investissements dans les entreprises. Si un nombre très important de banques, et particulièrement les plus grandes d'entre elles, connaît de graves difficultés financières, elles se retrouvent de facto dans l'impossibilité de remplir ces missions qui sont les leurs naturellement.

Et c'est ainsi qu'aujourd'hui, il est de plus en plus difficile d'obtenir un prêt à la consommation (pour acheter un téléviseur, une voiture ou des meubles par exemple), de plus en plus difficile également d'obtenir un prêt immobilier pour faire construire sa maison ou pour la rénover, et surtout de plus en plus difficle pour les entreprises de financer leurs investissements (achat de machines-outils par exemple).

En conséquence, les marchands d'électroménager, l'industrie automobile, les marchands de meuble, entre autres, ne vendent plus. Leurs fournisseurs non plus. En conséquence également, les entreprises de bâtiment voient "fondre" leur marché. En conséquence toujours, les entreprises n'investissent plus et deviennent incapables de répondre aux besoins de leurs propres clients, etc, etc.. Sans oublier que tout le monde dans cette chaîne économique, voyant son activité diminuer considérablement, va devoir en tirer les conséquence sur le plan de l'emploi. D'où non seulement peu d'embauches, mais encore des licenciements...

Evidemment, tout ce marasme économique provoque une chute vertigineuse de la valeur des actions des entreprises, partout dans le monde, et comme une grande partie de l'épargne, les économies des ménages et les retraites complémentaires par exemple, est "assise" sur des actions en bourse, c'est également cette épargne qui "fond" à vue d'oeil, au rythme de la "dégringolade" des indices boursiers.

Moralité, si l'on peut dire dans une affaire qui en manque tant : une perversion par certains d'un système qui, à la base, est garant, tant qu'il est respecté, des intérêts et de la prospérité de chacun. Et cette perversion provoque une véritable catastrophe planétaire.

Je ne dis évidemment pas que cette crise dite "des subprimes" est la seule responsable de la crise actuelle : d'autres pratiques spéculatives, et pas seulement en Amérique, sont là pour l'alimenter encore aujourd'hui.
Si le capitalisme économique est, je le répète, le meilleur outil économique en ce bas monde, et si l'Etat n'a aucune vocation à y participer directement ni à en limiter la liberté d'action, il a par contre le devoir d'assumer sa fonction régalienne de garantie de la sécurité du citoyen et de ses biens. Et cette fonction recouvre la vérification du fonctionnement normal et honnête du système. Il dispose pour cela, dans tous les grands pays du monde, d'outils législatifs et d'organismes de contrôle qui, s'ils avaient été utilisés comme ils auraient dû l'être, n'auraient pas permis ces pratiques douteuses et ces prises de risques inconsidérées, et auraient ainsi eu toutes les chances d'éviter la catastrophe que nous vivons aujourd'hui.

Au lieu de cela, les états ont démissionné de leur mission de base, et ont laissé faire sans intervenir, eux qui pourtant sont si prompts et si enclins d'ordinaire à s'occuper de ce qui ne les regarde pas. Gageons que des raisons politiciennes (électoralistes) sont au minimum une des causes de ce laxisme. On pourrait aussi imaginer quelques "prises illégales d'intérêt" ou quelques "délits d'initiés". Mais je n'ai pas de preuve, et je ne m'aventurerai peut-être pas jusque là...

Aujourd'hui, les conséquences sur l'économie mondiale sont telles que tout le monde a peur. Le spectre de la crise de 1929 revient dans tous les commentaires, même si les causes ne sont pas les mêmes et que les effets ne seront donc pas les mêmes non plus (mais peut-être seront-ils pires ?).

Et ce qui fait peur aux citoyens fait peur aux politiciens : c'est le "syndrome du bulletin de vote". De ce fait, chacun y va de sa déclaration, de sa prise de position, et de sa "mesurette". Jusqu'au jour où, n'y tenant plus, le plus concerné d'entre eux, le plus près du problème de base aussi, et le plus responsable peut-être, "frappe un grand coup". En deux temps.

D'abord, il fait pression sur sa banque centrale (la Réserve Fédérale américaine), et elle consent un prêt d'un montant inégalé au plus gros banquier-assureur américain, AIG, proche de la faillite. J'ai soutenu, et je maintiens, que cette action n'était pas contre nature : il ne s'agissait pas d'une nationalisation puisque ce prêt, consenti en contrepartie de 80 % des actions de l'entreprise, était limité dans le temps. Il s'agissait donc bien d'une opération bancaire normale de refinancement, même si son montant était spectaculaire. Les autres grandes banques centrales ont d'ailleurs fait la même chose ou à peu près, en plus petit. A commencer par la Banque Centrale Européenne.

Mais ensuite, il "franchit le pas" et commet l'erreur du siècle en injectant des sommes colossales à fonds perdus, au nom du Trésor Public américain cette fois, et non plus de la banque centrale, et rachète purement et simplement les "créances douteuses" des entreprises bancaires les plus en difficulté. C'est de l'ingérence et de l'interventionnisme au premier degré, officiellement aux frais du contribuable mais en réalité par le jeu d'une aggravation du déficit du budget fédéral, qui pèse déjà de tout son poids faramineux sur l'économie mondiale. On viendra ensuite me dire que le libéralisme a tous les défauts, et que l'on peut les constater dans la société américaine soi-disant libérale ! Si, ça, c'est du libéralisme, alors je n'y comprends vraiment plus rien !..

Une dernière constation, bien peu optimiste : après un rebond spectaculaire de tous les marchés boursiers, ils sont aujourd'hui repartis à la baisse. Comme quoi l'interventionnisme des états est non seulement contraire à toute logique économique, mais encore inefficace. Je l'ai toujours dit. C'est ici flagrant. J'aurais pourtant, cette fois, préféré me tromper...


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dimanche 14 septembre 2008

Quelques précisions importantes.

Mon article du 12 septembre a provoqué, déjà, certains commentaires qui me poussent à y apporter quelques précisions.

1) Sur le revenu d'existence

L'orthodoxie libérale voudrait que je sois d'accord avec Criticus concernant le "revenu d'existence". En effet, rien au prime abord n'oblige, et même rien objectivement ne justifie à la base, le versement d'un revenu quelconque financé par l'impôt, et c'est une forme de cet interventionnisme que je dénonce à longueur de temps.

Au prime abord seulement, et au niveau de l'othodoxie seulement. Car en effet, le développement de nos sociétés, le niveau atteint par nos économies et celui des richesses qu'elles produisent, ne permettent pas à mon sens de supporter que des individus quels qu'ils soient se trouvent dans un état d'extrême pauvreté mortifère. L'image d'Epinal des mendiants aux portes des églises du Moyen Age, et la réalité des SDF qui meurent encore aujourd'hui dans nos rues, me sont tout simplement insupportables dans le contexte de nos sociétés évoluées.

Ceci étant, je suis totalement d'accord pour dire qu'"il faut travailler pour vivre". Je n'irai cependant pas jusqu'à dire qu'il faut nécessairement "travailler pour survivre". Ce n'est pas la même chose.

Le "revenu d'existence", idée qui n'est pas de moi (elle figure dans le programme d'Initiative Libérale) mais qui m'a séduit, ne doit évidemment pas être celui qui permet de vivre normalement à ne rien faire ! Je pense que l'on ne me fera pas l'injure de me prêter cette opinion. Très en-deçà du seuil de pauvreté (sans doute inférieur au RMI actuel), il ne serait destiné qu'à éviter les situations de désespérance qui peuvent aller jusqu'à la mort. Il y a des exemples à longueur de temps, et c'est, de mon point de vue toujours, totalement insupportable eu égard au niveau de civilisation qui est le nôtre.

De très faible importance, payé par tous et perçu par tous, y compris ceux qui le financent, soumis lui-même à l'impôt sur le revenu proportionnel, il ne représenterait pas, in fine, une charge très lourde, et ne comporterait surtout pas l'inconvénient d'inciter à ne pas travailler, puisque le salaire découlant d'un emploi, quel que soit son montant, viendrait par définition s'y ajouter. Il serait donc dans tous les cas plus bénéfique de travailler que de ne rien faire. Mais n'oublions pas les oubliés : ceux qui pour des raisons diverses et variées sont sans emploi à leur corps défendant. Ceux-là, nous n'avons pas le droit, même les libéraux dont je me réclame haut et fort, de "les laisser crever"...

Ca ne va en rien dans le sens d'une contestation du fait que "le travail est une nécessité pour vivre et que tout homme a le besoin de travailler pour se sentir bien", contrairement au préambule de l'intervention de Mathieu L sur son propre blog, qui se veut être une réponse à mon billet.

Il ne faudrait pas que Mathieu, que j'estime par ailleurs pour son esprit critique même si je ne partage absolument pas ses idées, confonde ma prise de position avec un éventuel "virage à gauche". Je répète que ce "revenu d'existence" n'est dans mon esprit qu'un mal nécessaire destiné à éviter le pire, et ne modifie en rien mes convictions libérales.

Toutes les objections contenues dans son article ne relèvent que de la philosophie collectiviste que je combats. En particulier, dire que ce revenu d'existence pourrait devenir un "super RMI" destiné à couvrir tous les besoins (alimentation, logement, transport, énergie...) est une déviation hérétique de mon propos. C'est le fruit du travail qui doit permettre à l'individu de subvenir à ses besoins, pas l'aide publique. L'activité, pas la charité. L'effort et la participation à la production des richesses, pas l'assistanat. Etre libre, c'est être responsable. Un être assisté, c'est le contraire d'un être responsable.

2) Sur les rôles "naturels" de l'Etat

Je suis à 100 % d'accord avec l'objection qui m'a été faite par le même Criticus : il faut y faire figurer l'éducation. L'éducation, et singulièrement l'instruction, sont une condition indispensable de la liberté des individus. Elle fait donc partie des obligations de cet Etat dont le rôle principal et quasi unique est de garantir ladite liberté. Ce fut, dans cet article, un oubli flagrant. Mea culpa !

3) Sur le financement de la protection sociale

L'un de mes commentateurs est revenu sur mon idée de calculer les "charges patronales" non sur les salaires, ce qui pénalise l'emploi, mais sur la valeur ajoutée. L'objection est de dire en substance que les entreprises ou les entités qui n'ont pas de valeur ajoutée ne participeraient pas au financement.

C'est vrai pour ce qui est des administrations et de certaines associations, c'est faux pour la plupart des entreprises. Il ne faut pas confondre valeur ajoutée et bénéfice. Une entreprise déficitaire n'est pas une entreprise sans valeur ajoutée. Si elle paie 100 € ses matières premières et qu'elle vend 120 € son produit fini, elle génère 20 € de valeur ajoutée. Et ce, même si elle ne fait aucun bénéfice, voire si elle fait une perte, à cause des diverses charges d'exploitation.

Cette précision technique posée, je n'ai conservé dans mon raisonnement cette notion de "charges patronales" que pour une raison pragmatique. Les charges "patronales" sont ancrées dans notre perception et dans la culture syndicale au point que les remettre en cause me paraît extrêmement difficile à envisager. Cependant, je suis bien d'accord pour dire, et je l'ai bien expliqué déjà, que ces charges ne sont "patronales" que de nom, et qu'elles sont in fine payées par le salarié, du salaire duquel elles sont déduites de facto par l'employeur.

L'idéal serait donc, en effet, de supprimer totalement ce distingo entre charges salariales et charges patronales, de verser au salarié l'intégralité de son salaire, c'est à dire le salaire brut augmenté des charges patronales actuelles, et comme je l'ai dit mettre en concurrence plusieurs entités pour garantir le risque maladie, la prévoyance et les retraites, avec bien entendu obligation pour le salairé de s'assurer, mais auprès de l'entité de son choix et pour les montants de son choix.

Ces quelques précisons étaient je pense nécessaires, et éclaireront mes prises de positions, que certains ont qualifié de "révolution", et que je qualifierai simplement pour ma part de réformes indispensables et urgentes.


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samedi 13 septembre 2008

Il serait temps d'en finir...

Chose promise, chose due : dans mon billet du 4 septembre consacré, sous les feux de l'actualité, au RSA, j'annonçais un billet de fond sur ce que je crois au sujet la politique sociale.

Si je voulais être strict dans la construction de ce billet, il conviendrait qu'en préambule, je dise quelle est ma position au sujet du rôle de l'état et de la puissance publique par rapport aux citoyens. Je pense cependant avoir déjà développé assez largement mes idées sur le sujet, et je ne vais que rappeler ci-dessous quelques billets qui les expriment :

Sur le rôle de l'état dans l'économie le 11 décembre 2007
Sur un montant commun à tous les minima le 26 décembre 2007
Sur l'économie budgétaire le 28 mars 2008
Sur la culture de l'assistanat le 1er juin 2008

Depuis ce billet du 4 septembre, de nouvelles annonces ont été faites par le gouvernement qui vont (encore et toujours) dans le mauvais sens. A commencer par ce projet de mettre à la charge de toutes les entreprises les frais de transport de leurs salariés, à hauteur minimum de 200 € par mois. Et remettez-moi çà ! Encore une louche d'assistanat s'il vous plaît ! Quand ce n'est pas à la charge de l'état, c'est-à-dire de l'impôt, c'est à la charge des entreprises, c'est à dire in fine du pouvoir d'achat des salariés... Car enfin, arrêtons de dire des idioties pour que les gens entendent ce qu'ils ont envie d'entendre : quand "le patron paie", c'est le salaire du salarié qui diminue d'autant ! Et c'est tout à fait normal. Gérer une entreprise, ce n'est pas jouer la femme du Larousse en "semant à tous vents" ! C'est au contraire faire en sorte que ladite entreprise soit financièrement saine, qu'elle fasse les bénéfices qui sont sa raison d'être, et qu'ainsi elle perdure.

Il est quand même spécieux d'entendre les acteurs sociaux, et singulièrement les syndicats, fustiger la mauvaise gestion de ses dirigeants quand une entreprise ferme ses portes, alors que leur action habituelle est de tenter d'obtenir des mesures qui relèvent directement de cette mauvaise gestion-là !...

Il en va totalement de même des aides sociales, des incitations fiscales et des subventions diverses et variées à la charge du budget de l'état ou des collectivités territoriales. Dans tous les cas, soit elles sont financées par des cotisations qui sont in fine à la charge y compris de leurs bénéficiaires, soit elles sont prises sur des fonds publics, c'est à dire sur l'impôt. C'est dire, donc, qu'elles grèvent dans tous les cas le pouvoir d'achat. Dire le contraire est un mensonge, et une tromperie éhontée...

Il serait temps d'en finir avec ces mensonges, et d'arrêter de "prendre les gens pour des cons", comme on vient élégamment de me le reprocher, évidemment à tort, dans un commentaire que j'ai reçu sur ce blog.

Il serait temps d'en finir avec l'arrogance, et d'arrêter de prétendre tout régenter "d'en haut", d'agir comme si les citoyens étaient des mineurs incapables, de se substituer à eux en les dépossédant de leur libre arbitre, et de faire les choix qui les concernent à leur place.

Il serait temps d'en finir avec les atteintes au droit de propriété. Le citoyen devrait demeurer maître de l'utilisation de ses revenus, qui lui appartiennent par définition. Au lieu de ça, l'état se comporte en racketteur, et spolie le citoyen d'en moyenne la moitié de ce qu'il gagne : les prélèvements obligatoires représentent bon an mal an 45 % du produit national brut, c'est à dire de toute la production de richesses dans ce pays. Source ici.Prétendre pratiquer ces ponctions autoritaires "dans l'intérêt général", c'est à dire soi-disant pour le bien des citoyens, est dans le meilleur des cas une tromperie, dans le pire des cas une escroquerie morale, et dans tous les cas un comportement dictatorial inadmissible.

Il serait temps d'en finir avec les redistributions et les transferts sociaux, décrétés selon des critères et sur un mode lui-aussi dictatorial. Prendre beaucoup à ceux qui ont plus que les autres pour redonner des miettes (parce qu'ils sont beaucoup plus nombreux) à ceux qui ont moins, revient à donner une prime au laxisme et à la passivité. C'est en tous cas le contraire de cette justice sociale et de cette sacro-sainte égalité dont on nous rebat les oreilles. L'égalité dont s'enorgueillit la devise de la république, c'est l'égalité de droits proclamée par la déclaration des droits de l'homme, pas une illusoire et impossible égalité de fait. Vouloir tout niveler d'un citoyen à l'autre, c'est tout niveler par le bas, et c'est porter une atteinte calamiteuse à la liberté, cet autre concept pourtant proclamé en tête de la même devise républicaine.

Il serait temps d'en finir, dans le même esprit, avec cet inepte système d'imposition progressive, caractérisée par les tranches de l'impôt sur le revenu. Car enfin, où est la justice fiscale quand certains individus sont totalement exonérés de l'impôt (revenu imposable inférieur à 5 700 € en 2007) et que d'autres sont ponctionnés jusqu'à hauteur de 40 % ? Source : ici. Le calcul donne 28 % dans le cas d'un revenu imposable de 100 000 €, contre 14 % dans le cas d'un revenu imposable de 12 000 €, soit exactement le double !

Il serait temps d'en finir, en outre, avec ces niches fiscales diverses et variées qui exonèrent de fait ceux qui ont la chance de s'y trouver. Les mauvaises langues ajouteront "ceux qui sont proches du législateur"...

Il serait temps d'en finir avec ces revenus de substitution extrêmement coûteux pour le citoyen actif, du RMI au RSA, qui sont une véritable "machine à exclure" en ce sens qu'ils démobilisent lamentablement les énergies de ceux qui en bénéficient, et qu'ils les enferment dans leur ghetto social sans espoir d'en sortir un jour. Malgré tous les vains efforts de leurs concepteurs, il sera toujours le plus souvent préférable, financièrement comme socialement parlant, de bénéficier de ces rentes publiques à ne rien faire que d'accepter un travail peu rémunéré. Sans préjudice du fait, chacun le sait parfaitement, que nombre des bénéficiaires "arrondissent leurs fins de mois" avec du travail clandestin auquel ils ont par définition tout le temps de se livrer...

Il serait temps d'en finir avec les dépenses somptuaires d'un état en faillite et de collectivités territoriales lamentablement gérées, avec des marchés publics aux procédures tellement complexes que les personnels ont le plus grand mal à les appliquer, et qui pourtant n'évitent en rien les abus, "pots de vins" et autres détournements et prises illégales d'intérêt. Les fonds publics ne sont pourtant pas la propriété des collectivités publiques. Ils appartiennent aux citoyens, à qui ils ont été ponctionnés par l'impôt, et sont sous la responsabilité écrasante des administrations qui devraient les gérer avec une rigueur extrême, ce qui est à l'opposé de ce qui se passe dans les faits. Si une entreprise, peu importe sa taille, gérait ses fonds comme le fait la puissance publique, elle ne "tiendrait" pas deux exercices comptables !

Il serait temps d'en finir avec ce déficit budgétaire infâme qui pèse sur l'économie, et qui alourdit mécaniquement le poids des prélèvements obligatoires. Il était de 51 milliards d'euros à fin juillet 2008 (source ici), soit environ 3 % du budget de la nation, et le déficit cumulé dépasse les 1 200 milliards d'euros, soit 65 % du produit intérieur (source ici) !

Il serait temps d'en finir avec les contraintes insupportables qui pèsent sur l'organisation du travail, et sur la teneur du contrat de travail. Ce dernier est, comme son nom l'indique, l'expression d'un accord contractuel entre l'employeur et son employé. Tant que les deux sont d'accord, on ne voit pas bien ce que la puissance publique vient faire là-dedans ! Il serait temps d'en finir avec les obligations en tous genres à la charge de l'employeur, notamment en matière de clause résolutoire (conditions imposées de la rupture du contrat, y compris du licenciement).

Plus il sera difficile de se séparer d'un salarié devenu en surnombre en regard de l'activité de l'entreprise, et plus cette entreprise hésitera à embaucher ce même salarié dont elle saura avoir ensuite le plus grand mal à se défaire le moment venu. Ce devrait être une lapalissade pour tout le monde. C'est aujourd'hui un concept honteux pour certains. Et pendant ce temps, le carcan du contrat de travail tel qu'il existe est une machine à créer du chômage...

Il serait temps d'en finir avec le SMIC, cette quasi exception française. Tant que le montant de la rémunération du salarié ne pourra être fixée librement de gré à gré, et tant qu'il sera plus rentable de faire travailler un Chinois qu'un Français à qualification et à temps de travail égal, il ne faudra pas s'étonner des délocalisations. Je sais parfaitement que, même en thérorisant l'absence des charges sociales lamentablement élevées qui pèsent sur les salaires européens, on ne pourrait pas rivaliser avec les pays que l'on nomme pour cette raison "à bas coûts". Mais une délocalisation n'entraîne pas pour l'entreprise que les avantages dûs à la différence de salaires.

Elle comporte bien des désavantages aussi, en termes de technicité et de culture d'entreprise notamment. Si la différence des coûts de main d'oeuvre comparés était raisonnable, un nombre non négligeable d'entreprises préfèreraient ne pas délocaliser. Le SMIC et les différents minima, issus des accords de branche ou autres, sont eux aussi des machines à détruire l'emploi.

En résumé, il serait temps d'en finir avec les demi-mesures et les réformetttes, et il serait temps de passer aux choses sérieuses !

Dans une société moderne et compte tenu de l'évolution favorable des sciences et des techniques, les conditions sont parfaitement réunies pour que l'organisation économique soit de nature, non seulement à permettre à chacun de vivre correctement du fruit de son travail, non seulement à permettre à l'état, via une fiscalité raisonnable, de faire face à ses obligations régaliennes, mais encore à mettre en oeuvre une garantie de survie pour chaque citoyen quel qu'il soit.

Encore faut-il en revenir à des notions simples et de bon sens :- L'Etat n'a pas pour vocation de se substituer à l'individu, au service duquel il doit être et pas l'inverse.- Ce même Etat doit se contenir à sa seule fonction naturelle, à savoir la garantie de la liberté des citoyens, qui passe par celle de la sécurité des biens (droit de propriété) et des personnes, à l'intérieur (police et justice) comme à l'extérieur (armée). Ce sont là les seuls domaines à financer par l'impôt.- Tous les autres "services publics" (entendez par là "services au public") doivent être ouverts au secteur privé, ce qui n'exclue pas des établissements publics, mais ces derniers financés par leurs usagers et non par l'impôt.

L'application de cette règle simple rendrait obsolète la très grande majorité des prélèvements obligatoires que nous connaissons aujourd'hui, et augmenterait mécaniquement dans une très large mesure les revenus effectifs des citoyens (ceux qu'ils perçoivent effectivement), et donc non moins mécaniquement leur pouvoir d'achat. Ils auraient ainsi, ensuite, tout le loisir et toute la possibilité de subvenir par eux-mêmes à leurs besoins, dans la mesure dictée par leur seul libre arbitre.

Concrètement, il s'agirait idéalement :- De réformer l'impôt sur le revenu en le rendant proportionnel, c'est à dire calculé selon un taux unique applicable à tous les revenus quel que soit leur importance, de 0 à l'infini.Cet impôt serait enfin juste et équitable, et sans doute de surcroît bien accepté par tous, comme l'est aujourd'hui la TVA.Sont taux devrait être contenu en-deçà de 20 %, à charge par les administrations de se gérer sur la base de cette seule ressource, laquelle serait non expansive sauf par le fait de l'expansion économique.- De supprimer toutes les aides sociales, crédits d'impôts, niches fiscales et autres subventions publiques. Et de supprimer par conséquent les cotisations qui vont avec certaines...- De les remplacer par un "revenu d'existence" d'un montant uniforme et versé à tous, sans condition de ressource. On garantirait ainsi à tous le "minimum vital", afin de ne laisser personne sur le bord du chemin, tout en supprimant l'incitation à ne pas reprendre un emploi pour ceux qui n'en ont pas. Ce même revenu d'existence, puisque versé à tous sans exception, permettrait la suppression pure et simple du SMIC, et la liberté totale de fixation du salaire entre employeur et salarié.

Concernant la protection sociale (maladie et retraite) :- De faire reposer les cotisations dites "salariales" sur tous les revenus, y compris bien sûr le revenu d'existence ci-dessus (même base que l'impôt proportionnel sur le revenu). Et ces cotisations devraient être versées par le salarié lui-même après qu'il ait touché son salaire entier, à la fois pour qu'il ait la pleine conscience de ce qu'il gagne effectivement et du coût de sa protection sociale, et à la fois pour permettre la mise en concurrence de plusieurs systèmes différents d'assurances santé et prévoyance et de retraites. Ce serait la fin de cet ogre macrophage et ingérable qu'est la Sécurité Sociale.- De faire reposer les cotisations dites "patronales" sur la valeur ajoutée et non plus sur les salaires. Cela présenterait deux avantages évidents : ne pas pénaliser l'emploi et faire cotiser toutes les activités, y compris à très faible utilisation de main d'oeuvre.

Le schéma que je décris ici est celui d'une société qui redonnerait enfin toute son importance à l'individu et au citoyen, lequel retrouverait toute sa liberté, tout en stimulant l'esprit d'entreprise et en éradiquant l'esprit d'assistanat qui sclérose notre économie et notre vie sociale.

Mais existe-t-il dans ce pays un seul décideur politique qui soit prêt à mettre en oeuvre une telle "révolution" dont la seule évocation, n'en doutons pas, va soulever des vagues géantes de protestations courroucées ?...

Nota : Je voudrais citer ici le blog d'Alternative Libérale, qui a travallé sur le même sujet dans cet article


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vendredi 5 septembre 2008

Petit billet pour une ire matinale...

Juste quelques lignes pour graver dans ce blog la trace d'un "coup de gueule" que je pousse presque quotidiennement en écoutant le commentaire de la météo sur France 2 le matin...

Je ne suis pas de formation littéraire, mais j'ai compris depuis longtemps que la langue était le principal pilier de la culture, en France comme ailleurs dans le monde. Que serait devenue, par exemple, la culture celte en France sans la langue bretonne ? Qu'est devenue la culture de la Grèce antique quand tout le monde de l'époque s'est mis à parler latin ? Que sera la culture française si demain tous les Français se mettent à ne parler qu'anglais ? Et que dire de cette pseudo-langue "charabiaesque" que l'on nomme quelquefois le "franglais" ?

Eh bien, c'est pourtant ce à quoi nous assistons à longueur de temps, et de plus en plus... Non contents d'utiliser des mots d'anglais plus ou moins (et plutôt moins que plus) "francisés", alors même que des mots français existent, nos journalistes de la presse parlée, dont c'est pourtant le métier de parler, et qui à mes yeux ont de ce fait une lourde responsabilité dans le maintien d'un bon niveau de qualité de la pratique de la langue française dans ce pays, se mettent maintenant à utiliser une syntaxe empruntée au monde anglo-saxon !

Je n'en veux pour preuve que cette formulation directement copiée de la locution américaine "due to", dont la signification exacte est plus proche de "En raison de [... quelque chose]" que de "dû à [... quelque chose]".

Cependant, au moins deux commentatrices de la météo (pourquoi particulièrement cette rubrique ? Je n'en sais rien.) utilisent la locution "dû à [...]" sans aucun discernement. Et c'est particulièrement agaçant !

Cette façon de s'exprimer est dans certains cas parfaitement conforme à la syntaxe française, comme par exemple dans une phrase du type "De très fortes pluies sont à craindre sur la région Nord Pas de Calais, dues à une dépression située sur le nord de l'Irlande, associée à une perturbation qui traversera le pays [...]". L'adjectif qualificatif "dues" est ici attribut du nom "pluies" (avec lequel il doit s'accorder), et c'est tout à fait correct.

Par contre, la forme de phrase suivante, entendue "à répétition" sur l'antenne publique, est parfaitement incorrecte et ne veut rien dire : "Dû à une perturbation associée à la dépression située sur le nord de l'Irlance et qui traversera le pays [...], on peut craindre pour la région Nord Pas de Calais de très fortes pluies [...]". Ici, l'adjectif "Dû" ne s'applique à aucun élément de la phrase, ni comme épithète ni comme attribut, et n'a donc aucune raison d'être. La phrase devient sans signification, sauf au prix d'un effort intellectuel destiné à "remettre les choses d'aplomb", effort que certains d'entre nous font instinctivement en raison de leur pratique plus ou moins courante de la langue anglaise (ou américaine). Mais la majorité "laisse passer" la faute sans la remarquer, et assimilent instinctivement cette fausse syntaxe à une formulation correcte.

C'est ainsi que meurent les langues, et avec elles les cultures... Et qu'on ne vienne pas me "remettre le couvert" de l'enrichissement de la langue par l'apport d'une langue étrangère. Dans ce cas précis comme dans bien d'autres, il ne s'agit pas d'un enrichissement mais bien d'une pollution ! Il y aurait enrichissement, comme dirait monsieur de La Palice, si cela apportait quelque chose. Ici, il n'en est rien. La formulation correcte existe bien en langue châtiée pour dire exactement la même chose. Cette manière de parler est tout simplement une faute de syntaxe et rien d'autre...



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jeudi 4 septembre 2008

Encore une nouvelle usine à gaz !

Tout d'abord, je dois des excuses à mes fidèles lecteurs que vous êtes : je ne suis quasiment pas intervenu sur mon blog (sauf par deux ou trois commentaires) depuis le 17 juillet, c'est à dire pendant un mois et demi ! Je ne vais pas entrer dans les détails de ma situation personnelle, mais des obligations inattendues m'ont obligé à une activité intense non moins inattendue, qui m'a éloigné de ces colonnes. Eu égard au thème de mon dernier article, je ne vais cependant pas m'en plaindre : l'activité, les efforts et le travail, c'est l'antithèse du pseudo confort que pourrait représenter la qualité de retraité et les modestes revenus automatiques qui lui sont liés, et c'est au contraire le sens normal de la vie humaine...

Je ne vais pas non plus essayer de faire le tour des évènements qui se sont déroulés pendant cette longue absence : je n'en aurais sans doute pas le temps, et mes critiques (positives comme négatives) auraient de toute façon un goût de "réchauffé". Bouchée avalée n'a plus de saveur, disait l'autre; et la dure loi de l'immédiateté régit l'intérêt que portent la majorité de nos contemporains au monde qui nous entoure.

Revenir ainsi, pour ne prendre qu'un seul exemple, sur les déconvenues olympiques d'une Laure Manaudou (pour dire sans doute qu'elle n'a eu que l'insuccès qu'elle méritait en regard de son comportement laxiste et de son manque de sérieux et de travail consciencieux), même si cela me permettrait d'insister sur le fait que l'important, c'est de participer... à la victoire, cela n'intéresserait sans doute pas grand monde, plus préoccupés que nous sommes en ce vingt et unième siècle par ce qui inonde ce matin nos petits écrans, même ternes, que par ce qui soulevait des polémiques enflammées il y a encore une semaine. La polémique ces temps-ci a une durée de vie très (trop) courte, et le plus souvent l'intérêt du commun des mortels n'est plus commandé par le bien-fondé mais par l'actuel. Sans doute parce que "tout va trop vite" diront certains. Mais c'est sans doute justement à cause de ces comportements que "tout va trop vite". On ne prend plus le temps d'analyser; on se contente de réagir; sans réflexion et donc sans pertinence.

Mais laissons là des considérations philosophiques qui, elles non plus, ne vont sans doute pas intéresser grand monde (et pour les mêmes raisons). J'ai choisi, pour mon retour dans ces pages, de justement traiter un sujet d'actualité. Un sujet, d'ailleurs, qui, dans cette actualité, a occupé plusieurs occurrences qui, de mon point de vue, se rejoignent totalement.

Il y a d'abord ce prêt à taux 0 destiné aux travaux d'économie d'énergie. Il y a ensuite cet autre prêt à taux 0 destiné aux étudiants. Et puis il y a le RSA.

Pourquoi je mets tout ça "dans le même sac" ? Et bien parce que tout ça relève du même état d'esprit : dans les trois cas, il s'agit pour l'état de se comporter comme Dieu le Père et d'intervenir directement dans les affaires privées des pauvres ouailles que nous sommes, par nature incapables de subvenir à nos besoins et de gérer nos intérêts. Il est donc indispensable que Dieu le Père nous tende une main secourable pour nous aider (et nous apprendre) à mettre un pied devant l'autre et à progresser dans cette jungle qu'est la société. Sauf que la jungle, c'est justement Dieu le Père qui l'a créée ! Et qui continue à la rendre de plus en plus impénétrable ! Je m'explique.

L'exemple le plus représentatif de ce que je viens de dire, c'est le RSA. Car enfin, pourquoi en est-on arrivé à l'envisager, ce RSA ? Tout simplement pour réparer les inconvénients de son prédécesseur, le RMI. Il s'agit dans les deux cas de donner (j'emploie ce mot à dessein) un revenu à tous ceux qui n'en ont pas, c'est à dire essentiellement à ceux qui n'ont pas d'emploi (officiellement) rémunéré. L'idée est déjà discutable de distribuer de l'argent public sans aucune contrepartie au seul prétexte que ces personnes en expriment le besoin, mais la philosophie socialisante radicale dans laquelle nous baignons est telle qu'à cette mesure de base (le RMI) sont venus se greffer divers avantages non moins "sociaux" (traduisez financés par des fonds publics) tels que des exonérations totales ou partielles, des tarifs préférentiels, des réductions diverses et variées, etc.. etc.. Dès lors que le bénéficiaire du RMI retrouvait un emploi, et dès lors donc qu'il n'en était plus bénéficiaire, il perdait du même coup ces divers avantages, et dans bien des cas il se retrouvait au total avec un revenu inférieur à celui qui était le sien sans travailler. Et donc il préférait ne pas travailler, ce qui somme toute est humain... Ca fait partie des incohérences inhérentes à tout interventionnisme forcené, mais c'est là une lapalissade que nos édiles ne veulent pas entendre, ou ne peuvent pas reconnaître au risque d'une impopularité à laquelle ils sont par nature allergiques.

Mais en tout état de cause, le problème de fond n'est pas d'inciter les gens à travailler (bien que ce soit parfaitement louable, et pas inutile du tout par les temps qui courent), mais bien de leur permettre de travailler. En d'autres termes, le coeur de l'action ne devrait pas être le social mais bien l'économie, de générer des emplois et non de payer les chômeurs ! Ce n'est pas de financer l'oisiveté, mais de créer les conditions de la croissance, génératrice des emplois qui nous manquent. A quoi bon inciter les assistés à reprendre un emploi s'il n'y a pas d'emploi à reprendre !

L'idée du RSA, cependant, c'est de garantir qu'en travaillant, on gagnera, dans tous les cas, plus qu'en ne travaillant pas. En d'autres termes, c'est reconnaître implicitement que le RMI était une "connerie", mais implicitement seulement, car le dire serait bien trop risqué politiquement...

Alors, on ne le dit pas, et on l'aménage. On lui change son nom, on change ses modalités d'attribution, on le maintient partiellement en complément d'un salaire, on y mélange deux ou trois autres allocations, ce qui permet de "piquer" au passage les financements de ces dernières, on fait un bel emballage de tout ça, et on repart comme en 14 ... avec un déficit supplémentaire calculé à 1,5 milliard d'euros !...

Ca prend quand même quelques semaines avant qu'on se décide à dire haut et fort qu'on met le nouveau système en place ! Mais on l'avait tellement monté en épingles, ce nouveau système, qu'on ne peut pas "politiquement correctement" revenir en arrière ! D'autant qu'on a confié l'affaire à un gueulard qui ne la fermera pas facilement si on lui fait le coup de mettre son bébé sur la touche. Alors, on y va ! On sait qu'on remplace une connerie par une autre connerie, mais on n'est pas à une connerie près, n'est-ce pas ?

Et au passage, on en fait une autre, de connerie, et une belle ! On avait promis et re-promis tant et plus, non seulement avant l'élection présidentielle mais même après, et à plusieurs reprises, qu'on baisserait les prélèvements obligatoires. Et d'ailleurs on avait commencé de le faire. Vous savez, on a appelé ça le "paquet fiscal". On avait d'ailleurs fait la connerie (encore une) de le présenter si mal que tout le monde prétend, ce qui n'a aucun sens mais qui est habilement entretenu par l'opposition (c'est de bonne guerre même si c'est intellectuellement malhonnête), qu'il s'agit d'un "cadeau aux riches". Mais passons, la question n'est pas là. La nouvelle connerie, la vraie, c'est que pour financer ce RSA qui ne sert à rien mais qui coûte cher, on crée... un nouvel impôt ! Eh oui, c'est comme ça qu'en France on réduit les prélèvements obligatoires : en en créant de nouveaux ! Et pour faire bonne mesure, on fait peser cet impôt sur les "revenus du capital". Evidemment, ça ne peut que faire plaisir à l'opposition de gauche, ça : on va "faire payer les riches". Sauf que, non, ce ne sont pas les riches qui vont payer (ce qui d'ailleurs ne serait pas plus logique que l'inverse), mais ce sont ceux qui jouissent d'un revenu foncier ou de placements en bourse (y compris pour leur retraite). Et ceux-là, ce ne sont pas les vrais "riches". Ce sont ceux que l'on appelle communément les "classes moyennes", c'est à dire ceux qui gagnent un peu plus que la moyenne mais qui n'ont pas la chance d'être dans une de ces "niches fiscales" dans lesquelles on retrouve, justement, les fameux "plus riches", dont notamment ceux qui bénéficient du fameux "bouclier fiscal".

En résumé, non seulement on fait une usine à gaz qui ne sert à rien, non seulement on se déjuge en créant un impôt nouveau alors qu'on avait promis le contraire, non seulement on se targue à tort de justice fiscale en prétendant taxer les citoyens d'autant plus que leurs revenus sont plus élevés (c'est à dire ceux qui produisent et qui font tourner l'économie), mais encore on rate son coup et ce sont justement ceux-là qui ne supporteront pas le poids de cette mesure inutile...

S'agissant des prêts à taux 0, le raisonnement est le même à peu de chose près, outre le fait qu'il s'agit d'aider les citoyens à s'endetter un peu plus pour un bénéfice nul. L'exemple des "subprimes" américains ne nous a de toute évidence pas éclairés. Pour rentabiliser un investissement énergétique de type écologique, même avec les crédits d'impôt et les économies en volume sur la consommation, il faut en moyenne 8 à 10 ans (j'ai personnellement été récemment confronté au problème et je sais de quoi je parle). Et pour rembourser le prêt "étudiant" il faudra être sûr de trouver un emploi rémunérateur à la sortie, ce qui est loin d'être gagné d'avance. Malgré cela, on s'apprête à distribuer ces deux prêts "à guichet ouvert" et sans aucune exigence de solvabilité. Le coût de ces crédits, que bien entendu les banques ne peuvent pas rendre nul, et les défaillances inéluctables de certains emprunteurs, seront évidemment pris en charge par des fonds publics, c'est à dire, soit par de nouveaux impôts pas encore annoncés, soit par creusement du déficit déjà abyssal des comptes...

Les associations de consommateurs, pour leur part, sont insatisfaites de ces mesures et déclarent sans sourciller qu'elles préféreraient des aides sociales directes, et versées plus rapidement... Ben voyons ! "Toujours plus" avait écrit François De Closets en son temps dans un livre à succès. A l'époque c'était "toujours plus de croissance personnelle". On n'était pas forcément d'accord avec lui, mais ça n'excluait pas la production de richesses, au contraire. Aujourd'hui c'est "toujours plus de subventions publiques", et sans aucun investissement personnel en contrepartie. Comme un droit naturel et sans rien en retour. Si l'on est sensé, on n'est forcément pas d'accord du tout ! Mais peut-on encore souvent parler de bon sens ces jours-ci ?

Ces nouvelles dispositions sont non seulement une "usine à gaz" incompréhensible, une incitation au laxisme et au laisser-aller, mais encore une gabegie budgétaire qui sonne comme une insulte à l'égard du contribuable que nous sommes tous. Les fonds publics issus des différents impôts, taxes et autres cotisations sociales ne sont pas la propriété de cet Etat qui les dilapide cependant sans vergogne à longueur de temps. Ils sont placés sous sa responsabilité mais appartiennent aux citoyens qui les ont versés. Il n'en est que le gestionnaire et nous avons le devoir de ne pas tout accepter. Et pourtant, nous entendons trop souvent le contraire...

Dans un prochain article, je tenterai de détailler ma vision de ce que devrait être une gestion rigoureuse et juste de ces fonds publics. Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, en sachant que je vais sans aucun doute susciter des réactions pas toujours amènes. Mais si je voulais être en accord avec tout le monde, ou même avec une large majorité, je ne prendrais pas la peine d'écrire ici. C'est pour provoquer le débat que je le fais, et pour exprimer des idées que je ne suis heureusement pas seul à défendre, mais qu'il est bien difficile de faire passer dans une société gâtée par un constructivisme et un keynésianisme destructeurs.

D'aucuns auront remarqué que je n'ai pas employé le mot de libéralisme dans ce billet. C'est à dessein, et ce n'est évidemment pas un renoncement à mes idées, mais seulement le souci de ne pas déplacer le débat sur le seul terrain idéologique.



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