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lundi 5 octobre 2009

Un salaire pour les lycéens ?

Il n'est pas coutume que je sois d'accord avec les propos de François Bayrou, que je tiens pour un politicard de la pire espèce, de la race, déjà bien connue, de ceux, dont un Président très récent, dont le seul but est la carrière personnelle, et le seul point de mire de ladite carrière un palais républicain non moins connu, l'ancien hôtel d'Evreux devenu palais de l'Elysée.

Il n'en est pas coutume, mais une fois n'est pas cette coutume, et je ne peux cette fois que me dire en accord parfait avec ses propos, que j'ai lus ce matin dans La Tribune, après qu'ils aient été publiés hier dans le JDD.

De quoi parle-t-on ? L'académie de Créteil lance une expérimentation, financée par le haut commissariat à la jeunesse de Martin Hirsh, qui consiste à proposer aux jeunes lycéens une "cagnotte collective" (pour leur classe), pouvant aller jusqu'à 10 000 €, en récompense de leur assiduité aux cours !...

Le président du Modem dénonce un "incroyable déplacement des valeurs" et déclare "A l'école, l'argent ne devrait pas avoir droit de cité". Je suis en parfait accord, je le répète, avec ces deux sentences.

Tout d'abord, en France, l'école est obligatoire, c'est un lieu commun de le dire. Viendrait-il à l'idée de quiconque, de décerner un satisfecit sonnant et trébuchant, un crédit d'impôt par exemple, aux citoyens qui n'auraient pas commis de délit l'année précédente ? Eh bien ! Sur le principe, ce serait très exactement la même chose : payer les citoyens pour qu'ils respectent la loi républicaine ! Il fallait y penser...

Ensuite, nous nous trouvons une fois de plus face à l'application de ce qui est devenu un principe dans ce pays, à savoir disposer des finances publiques sans aucun souci, ni du respect des contribuables qui en sont les vrais propritétaires (l'Etat n'en étant que le gestionnaire), ni bien sûr du sens de l'efficacité : ces lycéens trouveront bientôt, vous verrez, que cette "cagnotte" est insuffisante, et en trouveront le prétexte d'un absentéisme persistant, et peut-être même grandissant...

Enfin et surtout, lier dans l'esprit des élèves leur assiduité aux cours à une quelconque rémunération, c'est nier l'essence-même de l'école. C'est nier le fait que l'enseignement en lui-même est un apport de la société à destination de sa jeunesse, que les connaissances que leur apporte cet enseignement sont la clef de la qualité de leur vie sociale et professionnelle future, et qu'ils sont déjà débiteurs de cet effort à leur adresse.

Il s'agit là encore, une fois de plus, de la négation des valeurs fondamentales de toute société humaine : les sens de l'effort et de la responsabilité, qui consistent à ne surtout pas attendre des autres, comme un dû, ce qui ne peut être que le fruit d'une posture et d'un travail personnels.

Ce sont au contraire des sanctions que devraient subir les absentéistes chroniques et leurs parents. L'école est obligatoire, répétons-le, et le non-respect de cette obligation légale devrait être sanctionné. Il l'est déjà de droit. Qu'attend-on pour qu'il le soit de fait ? Il ne s'agit pas de payer les élèves assidus. Il faut au contraire frapper "là où ça fait mal", c'est à dire au portefeuille, les parents défaillants dans le domaine de l'éducation de leur progéniture. Car c'est bien aux parents, et non à la société, d'inculquer à leurs enfants les bons comportements.

On me rétorquera que nombre de ces lycéens ont dépassé l'âge de 16 ans. Pour ce qui les concerne, et l'école n'étant désormais plus obligatoire pour eux, la seule sanction plausible est le renvoi de l'établissement scolaire (je parle bien des cas d'absentéisme chronique, ceux qui ont inspiré la mesure que je réprouve ici), renvoi qui entraînera mécaniquement la suppression des diverses aides financières dont bénéficient encore leurs parents du fait de la soit-disant "poursuite" (?!...) de leurs études.

On me dira également que l'échec scolaire va grandissant, et qu'une telle attitude ne ferait que l'empirer. Je rétorquerai que maintenir "de force", en le payant pour ça, un élève sur les bancs de l'école, est très loin d'être le gage de sa réussite scolaire. Il viendra en classe pour l'argent que vous lui promettez, mais vous le retrouverez sans le moindre diplôme à la sortie, soyez-en assuré ! Ce n'est pas l'argent facile qui pousse à l'effort. C'est même le contraire...

Avec de telles mesures, et une telle philosophie surtout, en s'attardant plus sur les "maillons faibles" que sur ceux qui étudient sérieusement, on fabrique des illettrés et des sous-diplômés "à la chaîne" (leurs diplômes ayant de moins en moins de valeur), en se donnant l'illusion du "social". Un "social" inopérant puisqu'aussitôt ressenti comme un droit (lisez "comme un dû") par ses bénéficaires. On va sans doute encore me reprocher mes propos, mais ils ne sont que le reflet d'une constatation évidente pour qui regarde la vérité en face : on cultive la paresse et on récolte la misère.

Dans le même esprit que cette cette mesure inepte, une autre idée, toute aussi absurde, pourrait bien voir le jour : on paie aujourd'hui les lycéens pour qu'ils viennent au lycée. Quand paiera-t-on les électeurs pour qu'ils viennent aux urnes ?

18 commentaires:

  1. Excellent article, que j'ai relayé sur le blog.

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  2. Oh...certains de vos propos, en effet, ne me convienne guère.
    Mais sur le sujet JE SUIS TOUT AUSSI OUTRé que vous.

    jf.

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  3. @ Jacques

    Ravi de constater que nous sommes d'accord sur l'essentiel.

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  4. Et ce n'est pas la première fois.....
    C'est souvent la façon dont vous exprimez les choses et dont vous en profitez pour glisser vos opinions politiques qui sont, de ma part, sujettes à caution.

    jf.

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  5. Mischka a dit

    100% ( encore ces foutus pourcentages ! )d' accord avec ce billet.

    J' ajoute qu' une telle mesure conduit à une discrimination de fait à l' endroit des lycéens de classes ne connaissant pas de problème d' assiduité aux cours.

    En effet, du fait du bon comportement présent et passé de leur lycée ces élèves seront exclus d' office du bénéfice ( ex: permis de conduire)de ce système d' incitation.

    A moins que cette idée ne s' inscrive de façon déguisé dans l' objectif de mixité sociale poursuivit par les pouvoirs publics de faire venir des bons élèves dans les lycées dits défavorisés.

    Il m' étonnerait quand même que des parents sacrifient sur l' hotel du permis de conduire la réussite de leurs enfants...

    Enfin j' observe que le problème de l' assuidité ne touche marginalement les établissements scolaires privés.

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  6. Pleinement d'accord avec le contenu de ce billet. A quand l'octroi d'une prime aux délinquants prématurément libérés, qui renoncent au "récidivisme" ????
    La République ne cesse de s'abaisser devant ceux pour qui le mot "mériter" est une insulte.

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  7. @ Jacques

    Juste une remarque : c'est dans le but de défendre mes idées politiques que j'ai créé et que je tiens ce blog. Le plus souvent, l'actualité ne m'offre qu'un support pour exprimer ce que j'ai à dire. Il n'est donc pas anormal que vous retrouviez mes opinion politiques dans mes billets !

    @ Mischka

    Oui, la dicrimination est patente ! Quant à penser qu'il s'agisse d'un piège pour attirer de bons élèves dans les lycées difficiles, je n'ose pas y croire. Avouez que ce serait un peu tordu... En outre, ce serait sans doute voué à l'échec.

    Que l'absentéisme ne touche que peu les établissements privés me semble assez logique : les parents qui paient pour la scolarité de leurs enfants sont peut-être naturellement plus attentifs au comportement de leur progéniture à l'école. Encore une manifestation des vertus de l'implication active, comparée à la facilité passive.

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  8. @ berdepas
    Merci d'être passé par ici.

    Oui, le mérite est devenu un gros mot. L'effort aussi.

    "Ils ouvrent le robinet et ils boivent", disait Th. Gauthier sur un autre sujet. J'aime bien cette image, qui caractérise assez bien l'attitude de certains, attitude que la République encourage en effet.

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  9. @ René,

    Loin de moi de vous reprocher de publier vos idées politiques.
    Ce qui me choque parfois ce sont vos amalgames et la façon dont il vous arrive de tordre le cou à certains faits quand ce n'est pas une diatribe contre la Gauche et/ou les Syndicats, les Associations etc...

    Vous pouvez très bien exprimer vos idées sans pour autant vous en prendre à celles d'autres

    jf.

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  10. "Ils sont déjà débiteurs de cet effort à leur adresse" : belle formule à laquelle on cherche à nous opposer : nous serions très obligés et nous déposons nos offrandes à vos pieds, si vous consentiez à venir vous instruire! Quel renversement des points de vue...Très bon article auquel je souscris en tout point.

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  11. @ Jacques

    Et si, parmi mes idées politiques, il y avait, justement, un sentiment particulièrement anti-gauche et anti-centrales-syndicales-partisanes ?

    Navré de vous contredire, mais défendre ses propres idées, c'est par définition s'en prendre à celles qui leurs sont contraires !

    @ Lolik

    Merci pour ton commentaire. Oui, c'est le monde à l'envers : on mendie la présence des élèves en classe ! Quelle pantalonnade !

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  12. "Navré de vous contredire, mais défendre ses propres idées, c'est par définition s'en prendre à celles qui leurs sont contraires !"

    Eh bien je ne connaissais pas encore cette définition
    Ou bien c'était seulement dans mon subconscient à entendre M. Lefebvre et consorts reprocher quotidiennement au PS de ne pas faire de politique parce qu'il ne fait que s'en prendre à celle de M. Sarkozy....

    J'aurais pas tout compris ?????

    jf.

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  13. @ Jacques

    Vous avez une propension certaine à répondre à côté, bien que quelquefois de manière très proche, du propos de votre interlocuteur. De sorte qu'on ne sait jamais si vous n'avez vraiment pas compris ou si vous faites semblant...

    Je ne veux pas imaginer que vous n'ayez pas compris ce que je vous disais : vous-même ne vous privez pas, et c'est normal, de combattre à longueur de temps et à longueur de blog (Pardon ! De bloc-notes) les idées de vos adversaires politiques, dans le but, tout à fait compréhensible au demeurant, de défendre les vôtres...

    Je n'ai ni la vocation ni le désir de défendre les propos de Frédéric Lefebvre, ni de toute autre personne politique : je ne suis militant d'aucun parti, et je me contente de dire quelquefois qu'Untel à eu tort ou que tel autre a eu raison.

    Cependant, avoir des idées ne consiste pas à critiquer celles de ses adversaires et à ne faire QUE CA ! C'est le sens, tels que je les comprends, des propos que vous citez.

    Ceci étant dit, je ne suis pas entièrement d'accord avec ceux qui disent que le PS ne fait aucune proposition. Il en fait quelques-unes, et de très mauvaises. Mais ce jugement ne vaut évidemment qu'au regard des idées que je défends, contraires aux siennes, lesquelles siennes je combats justement pour défendre les miennes.

    Me suis-je fait comprendre ?

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  14. Voici un article très intéressant. J'aurais une fois de plus aimé avoir l'avis de Coluche sur cette bouffonnerie. Il est désolant de voir que notre gouvernement, très gauche à droite et très maladroit à gauche, n'arrive à proposer que de l'argent et de l'assistanat pour résoudre les problèmes. Pas une fois nos politicards n'auront l'idée d'apprendre à pêcher au peuple au lieu de lui offrir du poisson ! A quand de vraies et bonnes solutions pour sortir de ce marasme économico-culturel chronique (ou permanent ?) ?

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  15. @ René

    Bien sûr que je défends mes idées sur mon bloc-notes, sinon, je ne l'aurais pas ouvert...
    Vous qui avez fréquenté mon bloc-notes un temps certains vous devriez vous souvenir que:

    Quand je ne suis pas d'accord avec l'UMP, avec le Gouvernement, avec le "Président", je fais UN billet.
    Quand je suis d'accord avec des personnalités ou des actions de la Gauche, je fais UN billet.
    Quand je suis en désaccord avec la Gauche, je fais UN billet.

    Mais je ne mélange jamais la Droite et la Gauche.
    Je n'utilise pas certains arguments des uns pour "contrer" ceux des autres...

    Voilà ce qui nous différencie vous et moi en matière de...blog.

    jf.

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  16. @ Axel

    Merci pour votre commentaire. Et d'accord sur le marasme chronique ET permanent.

    La métaphore du pêcheur et du poisson me plaît bien aussi. Une précision importante : pour donner du poisson aux uns, il faut le prendre (le voler) aux autres. Le donner aux peuples suppose donc de le voler d'abord à ce même peuple, pour lui faire croire ensuite qu'on lui fait des cadeaux...

    @ Jacques

    C'est votre droit le plus strict de pratiquer comme vous l'explicitez. Quant à moi, je m'applique à moi-même la liberté que je prône pour les autres, et je ne m'interdis en aucune manière de donner mon opinion (favorable comme défavorable) sur tout et tout le monde, n'importe quand et n'importe où, dans un billet ou dans un commentaire, sur mon blog ou sur un autre.

    Nous différons donc en effet, quoique... Je n'avais pas eu encore le sentiment, et nous discutons depuis pas mal de temps maintenant, que vous vous priviez d'attaquer "la droite" en réponse à une critique de "la gauche"...

    Mais je vous ai peut-être mal lu ?

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  17. @ René
    Je n'ai jamais eu l'intention de remettre en cause votre liberté.
    Je vous ai simplement indiqué ci-dessus pourquoi j'étais personnellement parfois choqué par tel ou tel passage de vos billets.

    Quant à mon bloc-notes....que vous ne fréquentez plus....je n'y pratique pas l'amalgame !
    Droite et gauche ne sont jamais dans un même billet, c'est tout, et vous le savez bien pour m'avoir lu assez longtemps.

    jf.

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  18. Je ne parlais pas QUE de votre bloc-notes, mais de vos commentaires sur mon blog.

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