Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

vendredi 2 octobre 2009

Pli recommandé

Parmi les nombreux sujets de polémique du moment, le statut de la poste est sans doute l'un des plus "sensibles", comme on a pris l'habitude de dire pudiquement quand il y a un risque certain de désordre majeur dans le landerneau politico-syndico-citoyen.

Le courrier était, sous l'ancien régime, un service "du Roi", comme il l'est encore explicitement en Angleterre par exemple (The Royal Mail), au contraire de la santé, par exemple encore, qui était un service rendu par l'Eglise. La Révolution en a fait un service républicain. Nous employons aujourd'hui communément le terme de "service public".

Et nous employons ce terme trop souvent à contre-sens. Si le courrier est évidemment un service (rendu au) public, nul ne peut en disconvenir, comme le sont la défense extérieure ou la sécurité intérieure, il en va tout autrement de la poste. La Poste est un Etablissement Public Industriel et Commercial (Epic), c'est à dire en clair une entreprise publique. La confusion entre service public et entreprise publique est à la fois habituelle, savamment entretenue par les lobbies syndicaux et les partis politiques de gauche, et l'expression d'une hérésie.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à maintes reprises, il n'y a aucune justification objective à confier nécessairement les services publics à des entreprises publiques. Surtout, et c'est le cas de La Poste, quand ces entreprises sont en concurrence. A noter que, quand ce n'est pas le cas, on a alors affaire à un monopole, qui doit être combattu comme doivent l'être tous les monopoles. Seuls sont légitimement du ressort direct de l'administration publique les services régaliens que sont la sécurité (la police) et la défense (l'armée).

Pour le reste, et singulièrement pour ce qui est des services marchands, comme le courrier et bien entendu la banque, les deux domaines d'activité de La Poste, il serait tout à fait normal qu'un cahier des charges très strict soit établi, et que son application soit confiée à des entreprises "concessionnaires" de ces services publics. L'Etat n'a pas à entreprendre. Ce n'est pas son rôle, et, quand il le fait, il le fait mal ! Un seul exemple justement : le courrier, service public dont la qualité s'est dégradée au point que plus personne aujourd'hui ne trouve anormal de recevoir un pli 3, voire 5 jours après son envoi ! Sachant que, dans le même temps, le prix n'a cessé d'augmenter...

Alors, faut-il privatiser la poste ?

1) Il est à noter que le projet gouvernemental actuel n'est pas (encore) celui-là. Il s'agit de transformer l'entreprise en Société Anonyme à capitaux exclusivement publics. Je n'approuve en rien la deuxième partie de l'équation (les capitaux publics) mais c'est ainsi, n'en déplaise aux lobbies partisans dont je parlais tout à l'heure

2) A tout le moins, il faut absolument ouvrir totalement le marché du courrier à la concurrence, comme le prévoient à très juste titre les directives européennes, et comme ce sera le cas, sauf reculade éhontée de nos dirigeants, en 2011. Et pour ce qui est de la partie "Banque Postale", la question ne se pose même pas : la concurrence est une réalité et tant mieux.

3) Mais cela ne suffit pas à mon sens, et c'est bien d'une réelle privatisation dont cette entreprise a besoin pour être capable d'affronter dans de bonne conditions la concurrence internationale. Je ne donne pas cher de sa peau si elle reste engoncée dans son statut actuel, dans les difficultés financières de son actionnaire unique (quand elle sera devenue SA), et dans l'esprit qui anime ses collaborateurs (l'esprit d'une administration et donc sans aucune notion de rentabilité ni d'efficacité).

Syndicats et partis d'opposition organisent demain une "votation", comme ils disent, destinée à donner la parole aux usagers "pour" ou "contre" la privation de la poste. J'aimerais souligner le marché de dupe que représente cette démarche. Il est évident que l'écrasante majorité de ceux qui vont se déplacer pour voter, le feront pour dire "non". Les autres, sauf une infime minorité, resteront chez eux, et c'est normal. Ce vote n'a aucune valeur juridique, et donc son résultat n'influencera en rien la suite des évènements. En conséquence, il est parfaitement inutile de se déplacer pour dire que l'on est d'accord avec ce qui se passera de toute façon ! C'est du bons sens. Et par conséquent, le résultat de ce "scrutin" est connu d'avance : ce sera "non" à une écrasante majorité !

Il serait quand même bon que l'on soit conscient de cette escroquerie morale. Mais aucun journal à ma connaissance n'a soulevé le problème. Il faut dire que la plupart d'entre eux sont du côté des organisateurs de cette farce. Ceci explique celà, sans doute...

Un argument "massue" (?...) des opposants au projet est de dire "ça fera comme pour France Telecom et EDF, le changement de statut conduira forcément à la privatisation". Il y a du vrai là-dedans, et je reproche d'ailleurs à nos dirigeants de ne pas le dire fanchement. Le pli est pris. Et ce n'est pas un pli à combattre, loin de là. C'est même un pli ... recommandé.

29 commentaires:

  1. « je reproche d'ailleurs à nos dirigeants de ne pas le dire fanchement »

    Et tu as tout à fait raison de le leur reprocher. Le gouvernement ferait mieux de dire franchement qu'il veut privatiser La Poste, on ne pourrait pas le soupçonner de duplicité... Manque de courage ?

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  2. Je dirais, "manque de courage comme d'habitude" !
    On dirait que ce gouvernement (et le Président lui-même) a honte de ses opinions... C'est sans doute la "politique du bulletin de vote" qui sévit. Ils n'ont pourtant pas été élus avec des voix de gauche !

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  3. « Ils n'ont pourtant pas été élus avec des voix de gauche ! »

    En effet, je ne suis même pas sûr que ce soit électoralement payant. Les gens en ont marre de La Poste, de ses colis non distribués ni avisés, ses retards, voire pertes de courrier, ses horaires d'ouverture de bureaux trop restreints, ses grèves à répétition, ses machines d'affranchissement toujours en panne...

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  4. Je ne suis pas sûr non plus que ce soit payant. Mais je suis sûr que c'est leur façon de penser. Heureusement que l'opposition est en déconfiture ! La droite joue avec le feu...

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  5. L'opposition est en déconfiture, mais comme la Pénélope qu'est l'UMP détricote et retricote sans cesse ce qu'a fait la gauche avant, on a presque l'impression qu'elle attend son Ulysse de gauche.

    Il n'y a qu'à voir le discours étatiste et socialisant que tient Sarkozy depuis la crise...

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  6. Tout à fait d'accord avec toi. Ce n'est pas pour rien que j'ai écrit à plusieurs reprises que je me sentais cocu ! Il fait à peu près l'inverse de ce pourquoi on l'a élu...

    L'autre option était pire encore, mais ce n'est pas une consolation. Et en tous cas pas une excuse !

    Sarkozy est un "socialiste de droite". Et dire qu'à gauche on lui reproche d'être un libéral ! Soit ils n'ont rien compris, soit ils se foutent de nous. Peut-être les deux à la fois...

    Mais ça ne résout pas le problème du pétrin dans lequel on est, et dans lequel on s'enfonce chaque jour un peu plus. Si j'avais 20 ans, je crois que je quitterais le navire. Et pourtant, il aura fallu me pousser à bout pour que j'en arrive à dire ça... Mais le cas de la France est désespéré : de droite comme de gauche, nos politiques ne font que des conneries. Même le centre n'existe tout simplement pas. Que reste-t-il ? Marine Le Pen ? Olivier Besancenot ? On va de Charybde en Scylla...

    Ca ne m'empêchera jamais de prêcher pour un libéralisme salvateur, mais j'ai de plus en plus l'impression d'être la vox clamantis in deserto.

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  7. « Si j'avais 20 ans, je crois que je quitterais le navire. »

    Tu as changé d'avis, alors ! ;) Voici ce que tu écrivais, en avril 2008 encore :

    « Je ne peux pas, pour une fois, approuver l'une de vos prises de position : celle qui consiste à plaider pour un départ hors de France.
    Continuez plutôt à pourfendre les incongruités du système comme vous le faites si bien, et comme j'essaie de le faire moi-même, mais en restant chez nous : la meilleure défense n'est pas la fuite, mais l'attaque. C'est peut-être mon irrépressible esprit de résistance qui me fait parler comme ça. Je préfère agir que m'enfuir. N'y voyez pas une attaque, simplement un conseil. Dans le sens d'une meileure efficacité.
    Sinon, bravo, justement, pour la qualité de votre combat... »


    Ou encore :

    « [J]e persiste à dire qu'il est dommage de devoir s'expatrier pour faire carrière. Notre pays est descendu bien bas, et ce ne sont pas ceux qui partent qui pourront y faire quelque chose. Il s'agit d'un cercle vicieux[.] »

    Remarque, moi aussi, j'ai changé d'avis : je suis resté en France. Mais c'est parce que j'ai trouvé du boulot. Si la chance tourne, je me barrerai...

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  8. Trop drôles ce billet et ses commentaires ci-dessus....

    jf.

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  9. @ Criticus

    Tu as parfaitement raison, j'ai changé d'avis sur la question. La raison en est simple, je me suis rendu à l'évidence : il n'y quasiment aucune chance de voire ce pays prendre la bonne direction, tant en raison de son personnel politique crédible qu'en raison du fait que les citoyens s'enfoncent lascivement dans l'illusion du confort de l'assistanat. La moinde vélléité de libéralisation provoque un tollé général. C'est déprimant...

    Un bémol cependant : c'est le sexagénaire que je suis devenu qui dit "si j'avais 20 ans, je m'en irais voir ailleurs". Si j'avais 20 ans aujourd'hui, on peut supposer que je n'aurais sans doute pas la même posture démissionnaire.

    Allez, j'ai bien dit que je continuerai à militer pour mes idées. Je persiste et je signe.

    @ Jacques

    Heureux de provoquer chez vous, une fois de plus, une certaine hilarité. C'est très bon pour la santé.

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  10. Pardon pour les fautes : je ne me suis pas relu...

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  11. Eh oui, c'est bon pour la santé.
    Ainsi, je ne coûte rien à la Sécurité Sociale et ne me vautre donc pas lascivement dans ...l'assistanat.

    Au fait, où se trouve la définition légale des "services régaliens" puisque vous utilisez cette expression ?

    jf.

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  12. Mon cher Jacques, vous vous répétez ! Je vous ai déjà répondu sur ce terme de "régalien". Il signifie étymologiquement "qui est du ressort du roi", et il est couramment utilisé pour désigner les attributions légitimes de l'Etat.

    Quant à l'assistanat, la Sécurité Sociale n'en est malheureusement pas le seul (ni le plus pertinent) exemple...

    Il est devenu normal, dans l'esprit de la plupart de nos compatriotes, que la puissance publique distribue des subsides sans aucune contrepartie, et le premier réflexe de toute personne (ou catégorie de personnes) qui rencontre une difficulté est maintenant de se tourner vers l'état pour mendier des fonds publics.

    C'est un véritable phénomène de civilisation (plus que de simple société). Et c'est une "pente savonneuse" sur laquelle nous ne pourrons que nous abîmer. Distribuer de la richesse inexistante parce que non créée, c'est distribuer de la "monnaie de singe".

    Mais vous faites sans doute partie de ceux qui considèrent qu'il s'agit de l'exercice d'une saine solidarité (ou fraternité ?). Le problème est double : d'une part ce sont toujours les mêmes qui sont solidaires et qui paient tous ces abus, et ils en ont de plus en plus "par dessus la tête", et d'autre part il faudra bien un jour qu'on redresse la barre et qu'on en revienne à une gestion saine et intelligente si on veut éviter la banqueroute. Et ce jour-là ceux qui se croient aidés aujourd'hui seront ceux qui subiront le plus durement ce "retour de bâton".

    Mais qui s'en soucie ? Certainement pas ceux qui accompagnent (voire qui encouragent) les "revendications" et les désordres de tous poils, et encore moins nos décideurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur mandat électif, à renouveler à tout prix au prochain scrutin.

    La solidarité ne consiste pas à ruiner "les plus riches des pauvres" (et leurs descendants en raison des déficits chroniques) pour servir à d'autres de bien maigres mais pourtant O combien coûteuses rentes, dans des conditions qui les enlisent dans un assistanat chronique.

    La solidarité, c'est plus noble que ça. C'est une valeur humaniste de premier rang. Mais ça n'a de valeur que si ce n'est pas contraint. Et surtout, ça n'a pas pour but de remplacer les nécessiteux d'aujourd'hui par les ruinés de demain.

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  13. Mischka a dit :

    Je suis un partisan de la privatisation de La Poste mais je souhaite formuler les remarques suivantes:

    Tout service public doit satisfaire les trois obligations suivantes: continuité,égalité (tarifaires) et adaptabilité.

    C’ est pourquoi le service public postal qu’ il soit géré par une Poste privatisée ou non doit répondre de façon satisfaisante à ce point du cahier des charges selon lequel une distribution des lettres dans tous les points du territoire national même les plus éloignés.

    Or,le principe d’ égalité tarifaire implique qu’ une lettre distribuée à un destinataire résidant à Paris ou dans le fin fond de la Lozère soit affranchie au même tarif.

    C’ est toute la problématique de La Poste :elle gagne de l’ argent avec le courrier intra villes et en perd avec le courrier dont les destinataires sont situés dans des petites communes ou pire dans des hameaux éloignés ou difficilement accessible. Jusqu’ à présent La Poste parvient à équilibrer ses comptes car les bénéfices tirés du courrier à faible coût d’ acheminement et de distribution viennent compenser les déficits résultant du courrier à coût élevé.

    La fin du monopole de La Poste sur la lettre de vingt grammes aura pour conséquence que des sociétés privées se chargeront à moindre prix de la distribution du courrier dans les grandes villes (et intra villes) et laisseront à La Poste le soin de distribuer dans les zones déficitaires si est maintenue l’ obligation de distribution des lettres sur tout le territoire. Cette sujétion de service public sera in fine à la charge du contribuable à l’ instar de la distribution de la presse écrite.

    Enfin, j’ ajoute aux missions régaliennes de l’ Etat énumérées dans l’ article la diplomatie et la justice.

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  14. Je pense que l'Anonyme "Mischka" a plutôt bien "résumé" le sujet.
    Et moi qui me suis rendu ce matin à la votation dans ma ville, j'approuve son "résumé".
    Et à propos de cette votation, dans ma sous-préfecture de 13 000 habitants, il y avait quatre "bureaux de vote", un devant le bureau de poste, un devant la Mairie et deux sur le marché hebdomadaire.
    IL FALLAIT FAIRE LA QUEUE à chacun de ces bureaux pour pouvoir participer à cette votation. Il y avait là de tous âges, sans entrer plus dans les catégories que je ne saurais définir à vue d'oeil.
    Mais le fait qu'il y ait tous les âges m'a fait chaud au coeur.
    Il semble bien que toutes les générations de nos concitoyens soient sensibles au maintien de services publics dignes de ce nom.

    jf.

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  15. Je suis moi aussi totalement d'accord avec les impératifs énoncés par Anonyme.

    J'ai bien dit que, selon moi, et ça ne concerne pas que la poste, les services publics concédés doivent faire l'objet d'un cahier des charges contraignant qui s'impose aux entreprises "concessionnaires".

    Aujourd'hui, La Poste fait mieux qu'équilibrer ses comptes : elle est bénéficaire. Ce qui est une condition sine que non pour que ce service puisse intéresser des prestataires sérieux. Il est d'autant plus facile d'imposer un service de qualité de la part des entreprises candidates.

    Là où je ne suis plus du tout d'accord avec Anonyme, c'est quand il utilise l'indicatif pour dire que La fin du monopole de La Poste sur la lettre de vingt grammes aura pour conséquence ... etc. Elle pourrait avoir de telles conséquences si l'Etat n'imposait pas des règles strictes. Et s'il ne le fait pas, ce n'est pas au principe de la privatisation qu'il faudrait s'en prendre, mais à l'inconséquence de nos dirigeants. Je dois ajouter pour être honnête que je ne leur fais pas une entière confiance sur le sujet, ce qui ne m'empêche pas de rester favorable au principe.

    Concernant la diplomatie et la justice, je suis également d'accord. Elles étaient implicitement incluses dans le terme sécurité que j'ai employé. Mais c'est mieux de l'expliciter, en effet.

    Maintenant, mon cher Jacques, que beaucoup de monde se déplace à l'occasion de cette "votation", et que toutes les tranches d'âge soient représentées, ne contredit en rien ce que j'en ai dit : l'écrasante majorité de ceux qui se déplacent le font pour dire "non", ce qui me fait dire que le résultat est connu d'avance, et qu'il s'agit d'une opération de communication à caractère fallacieux.

    TOUT LE MONDE est attaché à la qualité des services publics. Mais tout le monde ne se laisse pas prendre au piège d'une idéologie socialiste poussée à son comble et qui considère que seul le secteur public, avec tous ses défauts intrinsèques, est capable de cette qualité. Le monopole étatique n'est pas moins condamnable ni moins nocif que les monopoles privés. Il est assez cocasse de constater que ce sont les mêmes qui stigmatisent le plus les seconds, et qui militent bec et ongles pour le premier.

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  16. Mischka dit à René

    Je suis d' accord avec votre réponse.

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  17. "TOUT LE MONDE est attaché à la qualité des services publics" dites-vous ???
    Permettez moi d'en douter, vous concernant, compte-tenu de ce que vous avez écrit ci-dessus.
    Passons.
    Cependant, vous n'êtes pas obligé de prendre pour des imbéciles tous ceux de vos concitoyens qui ont été "voter" hier.

    Vous ajoutez: "opération de communication à caractère fallacieux".
    Je n'ai jamais lu que vous auriez ainsi qualifié les sondages bidons dont nous sommes abreuvés tous les jours.
    Permettez-moi donc de vous dire que je considère la "votation" d'hier beaucoup moins "fallacieuse" que le résultat du "travail" de chacun de nos "instituts" de sondage !

    E puisque vous dites être attaché à la qualité des services publics, pourquoi ne faites vous pas partie de ceux qui réclament, comme la Constitution le permet, un referendum sur la question. Mais peut-être que ce serait également fallacieux et que vous ne vous dérangeriez pas...
    En attendant, vous pourriez quand même dénoncer ce gouvernement qui ne veut pas de ce referendum alors que c'est lui, avec ou grâce à NS, qui a amendé en ce sens notre Constitution il y a un peu plus d'un an.
    Comprenne qui pourra !

    jf.

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  18. Ah ! Mon cher Jacques ! Comme il est facile de vous enflammer. Il est des sujets auxquels il ne faut surtout pas toucher si on ne veut pas déclencher vos foudres. Dommage que tout ça ne soit pas plus empreint de réel esprit critique...

    Car enfin, on se (je me) demande bien qui prend les autres pour des imbéciles ! Pour ma part, je n'ai jamais traité personne comme tel. Je n'ai pas dit que ceux qui se déplaçaient pour cette "votation" étaient des imbéciles. J'ai simplement dit, et je le répète, que ce faux scrutin ne sert strictement à rien. Nuance. Et j'ai ajouté, ce que je répète également, qu'il s'agit d'une opération de communication menée par les lobbies à tendance collectiviste. Et enfin, dans la mesure où le résultat est connu d'avance pour les raisons que j'ai explicitées, résultat qui ira nécessairement dans le sens souhaité par ses instigateurs, j'en dénonce en effet le caractère fallacieux.

    Vous faites un parallèle avec les sondages "dont nous sommes abreuvés", dites-vous à juste titre. M'avez-vous entendu, même si je n'ai peut-être jamais pris la plume pour les dénoncer, les encenser ou leur attribuer une importance qu'ils n'ont pas ? Mais je ne suis pas sûr que vous les trouviez si "fallacieux" quand ils vont dans votre sens...

    Permettez-moi cependant de vous faire remarquer qu'il n'y a qu'un très lointain rapport entre les deux concepts. Dans un cas (la "votation" dont nous parlons), on incite les citoyens à se déplacer pour donner un avis qui n'aura aucune influence sur une décision qui est déjà prise, et donc on sait pertinemment que seuls les détracteurs de cette décision feront l'effort de se déplacer, alors que dans l'autre cas (les sondages), on va soi-même vers ceux que l'on se propose d'interroger, et donc, sauf machiavélisme servi par une intuition hautement inspirée, aussi bien vers les "pros" que vers les "anti". Cela ne m'empêche pas d'être extrêmement réservé, à la fois sur la qualité de l'échantillon soi-disant représentatif à qui on pose les questions, et à la fois sur la sincérité des réponses; et donc au final sur la réelle signification des résultats obtenus. En tout état de cause, le terme fallacieux que j'ai employé suppose une intention de tromper, ce qui jusqu'à plus ample informé ne semble pas être le cas des instituts de sondage...

    Quant à l'hypothèse d'un référendum sur la question des privatisations, soyez certain que s'il était organisé, je remplirais bien entendu mon devoir de citoyen, et que je voterais "oui" avec enthousiasme. Au contraire de cette "votation" informelle, un référendum serait une consultation officielle qui aurait une valeur légale incontestable, et dont le résultat engagerait le pouvoir politique. Par contre, je ne vois en rien la nécessité pour ce qui me concerne de réclamer une telle consultation, dans la mesure où je suis résolument pour une privatisation vers laquelle se dirige le gouvernement à ma plus grande satisfaction...

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  19. mischka @ René et Jacques

    Je préconise une approche réaliste et pragmatique de La Poste aux fins de relativiser l’ enjeu de la transformation de l’ entreprise en société anonyme.

    Car dans les faits La Poste est très éloignée de l’ image d’ épinale qu’ en a le grand public et dont se servent les partisans du référendum.

    En effet ,il convient d’ observer que depuis l’ abandon de son statut d’ Administration au début des années 90 La Poste n’ a cessé d’ évoluer vers une gestion de type privé .

    Plusieurs mutations internes l’ attestent :

    Depuis 20 ans les dirigeants successifs de l’ entreprise ont amélioré la productivité de l’ entreprise en abaissant les coûts. En particulier elle a en diminué les coût de personnel ( la poste est une gigantesque entreprise de main d’ œuvre ) en substituant progressivement les contractuels aux fonctionnaires.
    Les recrutements depuis 15 ans s’ effectuent principalement sur une base contractuelle du CDI ( ou du CDD) celui de fonctionnaires devenant marginal.
    Le personnel de la poste est ainsi composé de deux populations de salariés qui coexistent sur fond d’ inégalité salariale: des fonctionnaires ( les mieux rémunérés ) majoritaires aux deux tiers et des agents contractuels ( moins bien payés ) minoritaires .

    Le déroulement des carrières des agents de La Poste se fonde principalement à l’ instar du privé sur le mérite et non plus sur l’ ancienneté ou le corporatisme. Un exemple les emplois de cadres dirigeants étaient jusqu’ en 1991 la chasse gardée des administrateurs issus de l’ ENSPTT et ne le sont plus.

    La poste concurrencée sur ses deux métiers ( financier et courrier) a su répondre de façon adéquate aux défis du marché de l’ assurance vie et du marché de l’ express.

    Enfin et surtout, la Poste souffrait comme la SNCF d’ une main mise des syndicats dans son fonctionnement du seul fait de l’ emploi de la grêve. Une simple grêve dans un centre de tri menée par 50 individus suffisait jusque dans les années 90 à paralyser la distribution du courrier dans plusieurs départements.

    Les dirigeants successifs de La Poste se sont employés à « dévulnérabiliser » le métier courrier du phénomène de la grêve. Ont été mis en place des centres de tri et de distribution parallèles travaillant avec du personnel contractuel et intérimaire qui ont permis de surmonter maints conflits sociaux. La création de l’ agence Chronopost est emblématique de ce souci de dévulnérabilisation. Le personnel travaillant pour Chronopost est exclusivement contractuel et le courrier express est distribué uniquement par les agents de l’ agence. Bref, un facteur ne distribue jamais un objet chronopost.

    Désolé d’ avoir été si long pour vous présenter cette entreprise sous un angle moins orthodoxe.

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  20. Anonyme, je me permets de relever deux inexactitudes dans votre texte ci-dessus.
    1) le nombre de fonctionnaires encore présents à La Poste ne dépasse plus 50% du fait des départs intervenus depuis la cessation de ce type de recrutement.
    2) Chronopost: je peux vous affirmer que dans ma sous-préfecture ce sont bel et bien les agents de La Poste, en voiture jaune, qui m'amènent mes chronopost.
    A l'ouverture de "Chronopost", effectivement, c'était séparé, ils avaient des voitures à eux blanches, avec Chronopost en bleu, souligné en orange.
    Il y a belle lurette que je ne vois plus ces voitures-là ni dans ma sous-préfecture ni au Chef-lieu du Département. Et c'est heureux car la dépense pour acheter ces voitures "particulières" étaient une dépense considérable et inutile.

    jf.

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  21. Merci, Mischka, pour cet éclairage.

    J'en retiens principalement pour ma part que le fonctionnement actuel de La Poste, calqué sur celui d'une entreprise privée, ne se verrait pas boulversé par une privatisation.

    Quant à sa politique entrepreunariale, le cahier des charges contraignant dont je parlais plus haut serait un bon rempart contre les dérives que certains redoutent, dérives supposées néfastes à la qualité de ce service public.

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  22. @ René

    "Je n'ai pas dit que ceux qui se déplaçaient pour cette "votation" étaient des imbéciles"
    Oh non, vous ne l'avez pas dit ni écrit.
    Mais comme vous attaquez à bout portant la "votation" elle-même, on comprend tout à fait ce que vous pensez si fort de ceux qui se sont déplacés.
    Vous avez été élevé chez les Jésuites ????

    D'autant que vous avez eu aussi le culot d'écrire ceci:
    ""Mais je ne suis pas sûr que vous les trouviez si "fallacieux" quand ils vont dans votre sens...""
    Prouvez donc ce que vous avancez ainsi sur mon compte !
    Moi je vous renvoie simplement à un article par récent du tout que j'ai puvblé sur mon bloc-notes.

    http://lamauragne.blog.lemonde.fr/2007/02/18/excellente-analyse-sur-les-sondages/

    Bonne journée.

    jf.

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  23. Serions-nous chacun, inconsciemment, adeptes du procès d'intention ?...

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  24. Mischka remercie Jacques d' avoir rectifier les pourcentages donnés imprudemment:

    -le rapport fonctionnaires/contractuels au sein de La Poste est effectivement proche de 50/50;en 2008, La Poste comptait 163 000 fonctionnaires et 137 000 contractuels;

    -la filiale chronopost ne procède pas à la distribution de 100% de ses objets . Elle confie effectivement la distribution de ses objets aux préposés des bureaux dans certaines zones en province (notemment rurales)oû elle est encore peu présente logistiquement.Toutefois le maillage du territoire par de nouvelles antennes chronopost se poursuit dans l' esprit que j' avais indiqué.

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  25. @ René

    Il paraît que 31 000 personnes ont voté OUI.
    Vous voyez, vous auriez tout aussi bien pu faire comme elles au lieu de vous fâcher tout rouge.

    jf.

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  26. Je maintiens que ça ne servait à rien de se déplacer pour dire "Oui" dans la mesure où la décision qui m'agrée était déjà prise.

    J'ai refusé de me prêter à une mascarade tendencieuse dont le résultat était connu d'avance, et de donner en outre à une question truquée une réponse qui eût donc été mal comprise.

    Relisez mon billet, et vous aurez une réponse mieux explicitée.

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  27. Salut René,

    Je viens de lire ton article sur la poste, cela faisait un moment que je négligeais tes écrits, grands pardon demandé, mais on m’a rappelé à l’ordre, et signalé que tu avais abordé le problème de la poste.

    A ce sujet j’ai une petite anecdote à te narrer. Il y a une quinzaine de jours nous avons envoyé une lettre recommandée avec AR à une personne avec qui on va peut-être avoir un conflit. Le lendemain de notre envoi, nous avons reçu de la part de notre facteur le retour. En fait il était question non pas de l’avis de réception, mais du retour pure et simple de ma lettre avec comme motif : boîte à lettre non identifiable ?????

    Comme ce n’est pas très loin de chez moi j’ai fait un saut jusque là pour voir si par hasard la boîte à lettre était présente. Pas de problème elle était séante et normalement facilement identifiable par un être humain normalement constitué d’une vision normale. En plus un facteur c’est un pro. Habituellement quant j’étais encore parisien et qu’une lettre recommandée m’arrivait je trouvais dans la boîte un avis de passage me demandant de passer jusqu’à une certaine date au bureau de poste pour venir la chercher, ce qui n’a jusqu’à posé aucun problème.

    Nous voila donc avec notre lettre recommandée sans solution apparente. Nous nous sommes déplacés vers le bureau de poste pour avoir des explications. Là on nous a dit : Nous on peut pas vous renseigner, on a pas de rapport avec les facteurs, il faut appeler le 3631.

    On appelle le 3631, on tombe sur un guignol qui enregistre notre demande et nous précise qu’il va faire une enquête (temps prévu au moins 5 jours). Le lendemain nous recevons un courrier attestant de notre demande. (je te le mets en copie) . Le 21/10 nous recevons le rapport de l’enquête (je te le mets en copie) et là c’est surréaliste ils affirment que la personne a déménagée depuis au moins 2 semaines sans laisser d’adresse. Comment ils peuvent savoir ça ???? C’est justement l’époque ou j’ai envoyé mon recommandé. J’ai contacté la personne en question elle affirme avoir fait son changement d’adresse à la poste !!!!!

    Nous avons rappelé le 3631. Nous sommes tombés sur une bonne femme qui nous a dit que nous avions raison sur le principe et qu’elle engageait un recourt. Évidemment nous lui avons rappelé qu’une lettre recommandée coûtait un certain prix et que si nous avions envoyé une lettre ordinaire le facteur, comme il le faisait depuis des années, l’aurait mis naturellement dans la boîte à lettre.

    Voila ou nous en sommes (j’ai toujours ma lettre recommandée), tu te rends compte de ce que cela coûte ? C’est vrai qu’il faut nourrir ces 100 000 salariés de la poste. Mais quand même, des bons à rien pareil (je devrais dire des mauvais en tout) ce n’est pas possible, étant un peu extrémiste, j’ai envie qu’on en clou quelques un sur une porte cochère pour l’exemple. Vivement qu’on les privatise et tant pis pour le vélo (en état neuf) de Besancenot la poste pourra toujours le revendre sur E.Bay.

    Les explications de la poste, à la réflexion me paraissent très approximatives et contestables : (ils n’ont pas de rapport avec les facteurs). Mais c’est avec eux que j’ai passé un accord commercial. Je paie au bureau de poste, le bureau de poste est donc responsable (cela fait partie des lois du commerce en France), je ne devrais donc théoriquement pas avoir à me préoccuper de leurs intermédiaires, ni même d’être obligé de les contacter à mes frais au 3631.

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  28. Une autre anecdote :

    Récemment j’ai eu un problème avec le décodeur me permettant de recevoir les programmes TV d’orange par l’intermédiaire de ma « live box ». Après avoir signalé le problème à « Orange » ils m’ont signalé qu’un envoi en chronopost était dispo à une adresse à Montargis 63, rue de la Chaussée (trois coups de fil d’un robot, sans être certain qu’il s’agissait du décodeur en question). Il n’y a pas de poste à cet endroit, il n’y a pas non plus de N° 63. Après enquête il s’avère que le dépôt en question se trouve dans un magasin d’un centre commercial dans une boutique qui s’appelle « La boîte à cigares » .Nous avons fini par récupérer le colis de chronopost. Nous leur avons quant même signalé que le procédé nous semblait un peu limite. Que se passe-t-il quant les gens n’ont pas la possibilité de se déplacer « trop vieux, handicapés ou autres raisons ». Il faut dire que le lieu de chute se trouve approximativement à 5 bornes de chez nous. Cela ne semble pas être le problème de chronopost. Pour info Montargis n’est pas le "trou du cul du monde" c’est quant même une sous-préfecture. Mais tu vas peut-être penser que je cumule les emmerdes et que j’ai un mauvais « KARMA ».

    A bientôt Kamarad.

    Claude

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  29. Bonjour Claude,

    Merci pour tes commentaires, qui illustrent bien à quel point le fait que la Poste soit une administration (Saint Secteur Public, Priez Pour Nous) n'apporte en rien ni efficacité ni qualité du service rendu ! Y compris chez Chronoposte, qui est une "filiale du groupe La Poste", c'est à dire ni plus ni moins qu'un service particulier de l'Administration Postale.

    Gageons que dans un cadre réellement concurrentiel, c'est à dire avec une pluralité d'entreprises privées sur un marché ouvert, chacun ferait naturellement des efforts pour servir au mieux ses propres clients et en faire venir de nouveaux à lui, comme c'est le cas pour n'importe quel prestataire de services dans une économie libre.

    Sauf, peut-être, pour ce qui est justement de La Poste et de ses "filiales", dont les collaborateurs mettront un temps certain à comprendre que leur public n'est plus constitué d'administrés, mais bien de réels clients libres de choisir leur prestataire.

    Le problème est entier chez France Telecom par exemple, comme chez sa filiale Orange, où le service rendu au public est déplorable comparé à leurs concurrents, malgré les efforts déployés par leurs directions pour faire évoluer les mentalités. Je sais de quoi je parle par expérience personnelle...

    Et gageons que les postiers ne supporteront pas plus que les téléphonistes les probables et nécessaires tentatives de restructurations ni les actions de rentabilisation qui ne manqueront pas d'être mises en oeuvre. La culture administrative, où la présence au poste de travail (toute relative quelquefois, cependant) tient lieu de légitimité des émoluments, ne se combat pas si facilement. Quand le mauvais "pli" est pris, difficile de "rectifier le tir" sans provoquer des drames humains (!...) en cascade. Avec l'aide bienveillante des centrales syndicales qui entretiennent le syndrome dans le seul but doctrinal de combattre la libéralisation, qui pourtant ne peut que rendre service à tous.

    Pour en revenir à La Poste, le changement de statut ne suffira pas à affronter l'ouverture totale à la concurrence en 2011, notamment à cause de ce problème des mentalités, et c'est bien d'une réelle privatisation dont elle a besoin. Mais rien ne dit, au contraire, que l'Etat aura le courage d'aller au bout de sa démarche. En tout cas, si tel est effectivement son projet, il a grand tort de prétendre le contraire aujourd'hui. Il y agagnerait en crédibilité, et en paix sociale dans le futur, s'il s'y prenait pour une fois autrement...

    A bientôt

    PS : Et pour éviter à certains d'avoir à me resservir l'argument fallatieux des prix qui augmenteraient automatiquement quand les services passent au privé, avec justement l'exemple des télécommunications, je rappelle une fois de plus que la raison en est l'existence d'ententes illicites insuffisamment combattues (et même pas du tout). A croire que cela bénéficie autant à l'entreprise parapublique "historique" qu'à ses concurrents totalement privés, et que l'Etat n'a aucun réel intérêt à voir le marché et ses moeurs s'assainir...

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