Je n'ai pas l'habitude de réagir "à chaud" par rapport à ce que je lis dans les "colonnes" de mes amis blogueurs, que je lis avec grand intérêt quand leurs propos sont pertinents, et il y en a beaucoup, de quelque bord politique qu'ils soient. Mais ce matin, je viens de lire deux ou trois billets qui me donnent particulièrement à réfléchir, au sujet de la place de la famille dans notre société, et de la politique familiale.Cela a commencé par un excellent article du Chafouin, relayé par Criticus, qui lui-même cite également Seb. Et je vous invite également à lire les commentaires qui se rapportent à chacun. Ils m'ont, quant à moi, déterminé à m'exprimer ici sur le sujet.
Primo, la famille est en effet la cellule de base de la société, le creuset dans lequel se fondent les comportements individuels qui déterminent l'avenir collectif, et toute action politique devrait tendre, par définition, à la préserver et à la promouvoir.Mais la notion de famille a fortement évolué dans le temps, et particulièrement ces trente dernières années. Le schéma classique "père, mère, et enfants inscrits dans le mariage", même s'il n'a pas disparu, n'est plus le schéma dominant, au moins dans les mentalités. Le nombre de "familles monoparentales" a explosé, les "familles recomposées" sont légions et s'apparentent plus, de fait, à des tribus qu'à des familles. En outre, la prolifération des divorces n'est pas suffisamment compensée par ces recompositions, et les parents devenus isolés ne sont évidemment pas un terreau fertile.Ceci étant posé, non seulement aucune politique familiale ne permettra jamais d'endiguer cette évolution, mais je ne suis pas certain que la société en soit mise en péril. Nous sommes tellement accoutumés au schéma classique qu'il nous semble spontanément que tous les autres sont à proscrire. Ce n'est pas mon sentiment. Il faut simplement être capable d'admettre les nouvelles formes de cette cellule familiale.
Secondo, une natalité conséquente est la condition sine qua non de la prospérité d'une société, quelle qu'elle soit, et la dénatalité, en Occident actuellement, même si elle est moins importante en France sans toutefois être nulle, est le présage évident de lendemains calamiteux. L'expansion démographique est seule capable, liée à une raisonnable expansion économique, de pérenniser les systèmes sociaux en place, même réformés en profondeur. Il faudra toujours plus de cotisants que de bénéficiaires, c'est une lapalissade. Et en outre, l'équilibre sociétal est à ce prix également.
Tertio, une "politique familiale" ne se conçoit de mon point de vue que comme une aide apportée aux familles, et non, comme elle est trop souvent ressentie, comme une "perfusion financière" à la charge de la puissance publique en leur direction. Il ne s'agit pas de financer la famille, il s'agit de l'inciter et de l'aider, d'abord à exister, ensuite à persister, et enfin à procréer...
Une politique familiale efficace, ce n'est donc pas une "pompe à fric" qui déverserait un flot de liquidités sans discernement. Là comme ailleurs, les finances publiques ne sont pas là pour pallier systématiquement et sans réflexion les manquements du citoyen. Elles ne doivent être qu'un outil et pas une finalité.
C'est pourquoi, si je suis totalement pour une incitation à la procréation, les "allocations familiales", sont d'une part assez mal conçues dans leur principe en ce sens qu'elles font l'impasse sur la deuxième naissance, passage obligé vers la troisième (comme dirait Monsieur de La Palisse), et d'autre part qu'elles devraient logiquement être soumises à deux conditions au moins :
- La mise sous condition de ressources est beaucoup moins insensée qu'on le dit. Non seulement il peut paraître anormal de verser des sommes issues des deniers publics à des foyers qui ont déjà des revenus conséquents (je dis bien "conséquents"), mais encore l'impact de cette allocation est mathématiquement peu important sur de telles familles, ce qui en minimise mécaniquement l'efficacité.
- L'allocation ne doit pas être seulement destinée à promouvoir la naissance, mais également l'éducation. Il ne sert à rien d'avoir une population nombreuse si cette population est constituée d'individus associaux. Bien sûr, je caricature volontairement le trait en utilisant cette terminologie, mais il reste que l'éducation des enfants est l'un des premiers rôles des parents, juste après la subsistance. Beaucoup de parents ont pris l'habitude, maintenant quasiment entrée dans les moeurs, de s'en décharger sur les éducateurs (y compris évidemment les enseignants). C'est proprement inadmissible, c'est au détriment de la qualité de l'enseignement, et de fait on ne peut que constater que ça ne marche pas !
D'autre part, ces "allocations familiales" ne sont évidemment pas le seul aspect d'une vraie politique de la famille. Et j'en viens à l'"évènement" de l'actualité qui est venu susciter ce regain d'intérêt pour le sujet, à savoir la suppression annoncée de la carte "famille nombreuse" de la SNCF.
Au risque de faire bondir certains, je ne trouve pas ce projet dénué de fondement, à condition d'être pensé intelligemment. Aider les familles dans le coût de leurs déplacements, et les aider d'autant plus qu'elles sont nombreuses, est une mesure sociale qui peut se comprendre. Par parenthèse, je ne pense pas cependant qu'il s'agisse d'une incitation efficace à la natalité. Mais en tout état de cause, faire peser uniquement sur l'impôt cette mesure me parait tout à fait anormal. Cela se comprenait très bien tant que la SNCF était déficitaire, et donc in fine financée par l'état. Aujourd'hui, cette entreprise est (enfin !) devenue bénéficiaire, au moins pour ce qui du trafic voyageurs, et de son propre aveu grâce à sa politique commerciale agressive, laquelle passe essentiellement par un système de cartes d'abonnement diverses. Pourquoi les finances publiques devraient-elles prendre en charge le coût d'une telle carte, et même au-delà ? Car au final il s'agit bien de ça ! Si un tel système d'abonnement est rentable pour le transporteur qu'est la SNCF, et qui pourra être une autre entreprise plus privée demain, je ne vois pas bien en quoi il nécessite une subvention publique. On me répondra que ces cartes d'abonnement sont payantes. Certes, mais dans le cadre d'une mission de service public, il ne me semblerait pas anormal que sa gratuité soit rendue obligatoire, ce qui ne ferait que réduire de très peu les résultats positifs du contrat de transport. Il est à noter en effet que dans le cadre des abonnements existants, le coût de la carte est remboursé le plus souvent dès le premier voyage. Dans le système actuel de la carte "famille nombreuse", c'est l'état qui paie et la SNCF qui engrange les bénéfices dus à l'importance du trafic généré.Je ne suis pas l'ennemi des bénéfices des entreprises, bien au contraire, mais je ne pense pas qu'ils doivent être mis à la charge du contribuable.
Ce billet était publié sur mon ancien site. Commentaires ici
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vendredi 11 avril 2008
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