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lundi 2 juin 2008

Ma vision des 35 heures

On reparle actuellement beaucoup de cette mesure phare de la gestion socialiste passée qu'est la réduction du temps de travail, et le passage aux 35 heures hebdomadaires. Et la polémique fait rage. Je vais tenter d'apporter ma pierre à l'effort de compréhension qui doit l'accompagner.

L'erreur fondamentale du partage du travail, qui sous-tend cette mesure qui a prouvé très largement, non pas seulement son inefficacité, mais encore son caractère néfaste sur l'économie comme, par ricochet, sur le pouvoir d'achat, est tenue par ses défenseurs acharnés comme une panacée que l'histoire démontrera, paraît-il. Elle n'en prend pourtant pas le chemin, l'histoire ! Mais il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. D'autres que nous, dans d'autres pays où on s'attache peut-être moins à des dogmes, à des tabous, ou à des icônes politiques dont le culte est censé masquer le déclin de leur parti à la dérive, ont clairement fait le choix inverse, avec des résultats qu'il est, il est vrai, pour certains, plus facile de nier que de reconnaître.

Historiquement, la diminution du temps de travail est effectivement une constante, et c'est très bien. Mais elle s'est faite naturellement, au fil du temps et des progrès techniques. Vouloir l'imposer contre les réalités économiques du moment est une hérésie. Et ceux qui prétendent sans sourire que réduire le temps de travail conduit inévitablement à la création de nouveaux emploi oublient tout simplement que ce ne pourrait être vrai que si le coût global pour l'entreprise (la masse salariale) ne s'en trouvait pas majoré.

Si une une entreprise de 10 salariés procure 390 heures de travail par semaine avec le régime des 39 heures, elle ne pourra, c'est parfaitement évident, n'en procurer encore que 390 avec le régime des 35 heures, si le salaire horaire et le volume d'activité restent les mêmes. Ce qui représentera du travail pour 11 personnes en effet, mais il ne restera plus alors de disponible pour chacune d'entre elles que les 35/39 de son salaire antérieur, soit une diminution de 11 %. Sinon, l'augmentation de la masse salariale qui serait inévitable serait le plus souvent insupportable pour l'entreprise. Dans les faits, cette entreprise conservera bien à ses employés leur salaire existant, mais n'embauchera personne, et parallèlement la réduction du temps de travail entraînera une augmentation des cadences. Ceux qui ne veulent pas comprendre ça ne comprendront jamais rien à la gestion d'entreprise.

Le seul échappatoire serait de majorer les prix de vente des produits fabriqués pour augmenter d'autant la marge brute. Cela signifierait néanmoins, dans la grande majorité des cas, des pertes de marchés, c'est à dire une diminution de l'activité, et donc à court ou moyen terme des licenciements, sans parler de la baisse du pouvoir d'achat consécutive à la hausse des prix. Où est le bénéfice de la mesure ? Je n'y vois que des désavantages.

Tout ce que je viens de décrire n'est qu'un raisonnement théorique. Il se vérifie néanmoins dans les faits depuis la mise en oeuvre de la mesure. Les seuls contre exemples sont les entreprises dans lesquelles l'augmentation de l'activité et la rentabilisation des processus ont permis d'avancer dans le bon sens. Il y a même quelques exemples où le temps de travail hebdomadaire est descendu à 32 heures. Mais l'exception ne dément pas la règle, et ce que des entreprises en très bonne santé ont pu réaliser, toutes ne sont pas capables de le supporter. Dans l'écrasante majorité des cas, les 35 heures ont dégradé les conditions de travail sans augmenter le niveau des rémunérations, et contrairement aux allégations de certains, n'ont pas créé d'emplois. Les emplois créés l'auraient été de toute façon. Ce n'est pas la réduction du temps de travail qui donne des moyens supplémentaires à l'entreprise et qui lui permet d'embaucher ; ce ne peut être au contraire que l'augmentation du volume de son activité.

Et ce n'est pas en travaillant moins qu'on alimente les carnets de commandes. Au contraire, dirais-je, d'un point de vue macro économique. C'est pourquoi l'incitation aux heures supplémentaires est, qu'on le veuille ou non, une bonne mesure. Il faudrait également favoriser l'augmentation de la durée des carrières : commencer à travailler plus tôt dans la vie, et arrêter plus tard. On a détruit de manière insidieuse la valeur travail. Il ne faut pas s'étonner de nos difficultés économiques. Elles en sont la conséquence inévitable.

Le travail n'est pas une quantité finie à partager en autant de personnes que nécessaire pour faire chuter les chiffres du chômage. Le travail est une "denrée" en constante évolution quantitative, directement liée à l'activité économique et au volume de la demande. Le volume de la demande est, lui, directement lié au pouvoir d'achat global, lequel est lié essentiellement au volume global des revenus, et donc des salaires. Et le volume global des salaires est lié à la quantité de travail fourni. C'est donc en travaillant plus qu'on est capable de consommer plus, c'est à dire d'augmenter la demande, et donc l'activité des entreprises, et donc le besoin de main d'oeuvre, c'est à dire le volume de travail. CQFD : Travailler moins, c'est créer du chômage. Travailler plus, c'est le résorber. Marteler le contraire ne sert à rien. Le travail crée le travail, et on n'en sortira pas par des incantations fallacieuses sans cesse répétées...


Ce billet était publié sur mon ancien site. Commentaires ici

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