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jeudi 26 mars 2009

La paranoïa continue

Dans le sillage de mon billet du 24 mars, deux articles de presse ont particulièrement attiré mon attention ce matin.

1) Un article de
L'Express.fr sur "l'affaire" des stock-options chez GDF-Suez

Cette entreprise, GDF-Suez, qui a présenté sur l'exercice 2008 un excédent d'exploitation, et qui prévoit d'embaucher 8000 personnes en France au cours de son exercice 2009, a préparé un plan de distribution de stock-options qui a fait immédiatement réagir la presse et le monde politique, même si Patrick Devedjian, interrogé en sa qualité de ministre de la relance, s'est montré plutôt prudent sur la question en déclarant


"C'est une entreprise qui gagne de l'argent. C'est une entreprise qui embauche. Que les dirigeants soient encouragés, cela ne me choque pas. Maintenant il faut que cela soit dans une mesure raisonnable".
Il faut noter que le plan de stock-options dont on parle ne concerne pas uniquement les deux dirigeants stigmatisés, mais en tout 8000 collaborateurs de l'entreprise. Excusez du peu...

Il convient également de noter que GDF-Suez n'a reçu aucune aide de l'Etat.


Voilà donc une décision qui relève de la liberté contractuelle, et qui ne comporte, de mon point de vue et objectivement, aucune raison de critique fondée. Comme je l'ai expliqué dans mon billet précédent, les stock-options sont un excellent moyen d'intéresser les salariés à la bonne marche de l'entreprise. Et quand il s'agit d'une entreprise bénéficiaire et qui embauche, critiquer une telle mesure relève directement de la démagogie la plus primaire.

Maintenant, il faut noter également que l'état est actionnaire de l'entreprise à hauteur de 35,7 %. La décision votée par le conseil d'administration l'a donc été avec l'assentiment des administrateurs de l'état, qui possédaient avec ce pourcentage la minorité de blocage. Ceci étant dit pour déborder par avance sur l'article de presse suivant.

2) Un article du Figaro.fr sur la poursuite de la paranoïa anti-patronale

Le torchon continue de brûler en N. Sarkozy et L. Parisot. Et on peut comprendre l'un comme l'autre.

En effet, si le Medef est totalement fondé à refuser de se laisser imposer un diktat ou de subir les oukases d'un Président qui se prend pour Dieu le Père au nom d'une morale qu'il croit universelle, l'Etat n'a pas non plus vocation à distribuer l'argent du contribuable à des dirigeants qui ont failli.

Je ne vais pas refaire mon billet d'avant-hier, mais on peut parfaitement comprendre que les patrons des entreprises qui ont reçu des subsides dans le cadre du plan anti-crise se voient contester le versement de bonus et de stock-options. Encore faut-il bien vérifier que le versement de ces salaires complémentaires soit légalement attaquable, en fonction des contrats de travail d'une part, de la convention passée avec l'Etat d'autre part. Et la sentence présidentielle qui consiste à dire "Si le Medef n'y va pas, nous irons par la loi" risque bien de n'être qu'une fanfaronnade de plus. Il suffirait pour ça que les conventions passées avec les entreprises concernées soient restée totalement muettes sur le sujet. Ces conventions, elles aussi, sont de nature contracturelle, et prétendre que "Le gouvernement va reprendre les différentes conventions passées entre l'État et les entreprises qu'il aide" n'a pas beaucoup de sens. Un contrat ne peut être révisé que par l'accord de toutes les parties signataires. Il fallait mieux rédiger ces conventions dès le départ, si l'on voulait éviter de telles décisions, par ailleurs en effet hautement criticables. Nous sommes encore dans un état de droit, que je sache...

Pour ce qui est du reste du discours, je serais beaucoup plus nuancé. Revoir par la loi le mode de répartition des richesses produites est plus que criticable en ce qu'il empiète sur la liberté d'action liée au droit de propritété, mais reste du domaine du possible constitutionnellement parlant.

Et s'il s'agit d'instituer, comme on a pu le comprendre il y a quelques temps, un sytème de participation remanié par rapport à celui qui existe aujourd'hui, et qui peut paraître trop restreint, même si le nouveau système englobe des dispositions particulières à l'égard des dirigeants, le débat peut être ouvert. Si, par la négociation, un consensus peut être trouvé dans cette direction, ça peut être finalement un pis-aller pas trop négatif.

Mais vouloir passer en force constituerait deux forfaits majeurs : une violation de la liberté liée au droit de propriété et une ingérance insupportable dans la gestion des entreprises privées.

A entendre certains discours, et pas seulement des politiciens, on pourait croire qu'on se trouve (d'ores et déjà) dans un système étatique autoritaire, et cette simple impression est en elle-même intolérable.

A lire absolument :

-
un article de Lolik que je viens de découvir après avoir écrit ce qui précède, et qui éclaire le sujet d'un jour tout à fait intéressant.
- et un autre de Franck Boizard qui ne manque pas non plus de pertinence
- et encore un de Lomig (que j'ajoute aujourd'hui 27 mars)
qui complète le sujet


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6 commentaires:

  1. Bravo René, et merci beaucoup pour ce travail de pédagogie indispensable que tu fais depuis quelques temps. Limpides, rigoureux, voilà tout ce qui manque dans les médias traditionnels.

    Merci à toi !

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  2. Salut Lomig,

    Merci pour ton appréciation.

    Oui, les médias, comme d'habitude, ont bien plus tendance à surfer sur la vague de l'opinion et à "bêler avec le troupeau", plutôt que de se livrer à des analyses sérieuses.

    A preuve l'émission d'Arlette Chabaud hier soir sur France 2, où Benoît Hamon a pu faire son show sans quasiment être contredit. Tout juste Eric Woerth a-t-il risqué quelques contre-arguments, bien mièvres cependant...

    A bientôt.

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  3. René,
    Je crois que le GVT a commencé à dériver dangereusement vers le populisme à l'occasion de la grève en Guadeloupe, où il a forcé le MEDEF local augmenter les bas salaires, se substituant ainsi à l'état, dans une "redistribution de richesses" aussi improductive que néfaste pour l'économie.

    Le mouvement semble s'accélérer avec la stigmatisation des patrons. J'espère que l'enjeu des élections européennes va s'estomper après juin.

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  4. D'accord sur le populisme. C'est de plus en plus évident.

    Sur "l'enjeu des élections européennes", explique-moi ce que vous voulez dire par là SVP

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  5. @René,

    L'enjeu des européennes est selon moi un enjeu électoraliste. Tous se mettent à brosser les électeurs dans le sens du poil, c'est à dire que nos responsables politiques font mine d'aller dans le sens des électeurs, qui cherchent dans les difficultés économiques que nous traversons des boucs émissaires facilement identifiables.

    L'opinion publique dit selon les sondages que les patrons sont responsables de la crise (à 76%), alors nos élus en campagne pour les européennes emboitent le pas. Il n'y a pas de petits profits de bulletins de vote.

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  6. @ Groucho Marx

    Je suis parfaitement d'accord avec cette analyse. Et je regrette sincèrement que le débat sur les véritables enjeux de l'élection européenne n'ait aucune chance de voir le jour.
    Pendant que nous nous battons contre nos propres moulins à vent, le reste du monde avancera et l'Europe a de fortes chances de rester en panne. C'est tout simplement lamentable.

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