Que l'on prenne le problème "par n'importe quel bout", les différences entre les tendances politiques dans nos sociétés démocratiques se ramènent toutes, au plan économique en tout cas, au dosage du rôle de l'état dans la société.
Plus d'état ou moins d'état, telle est la question... La seule qui vaille. Car elle conditionne toutes les autres !
Je ne vais pas m'étendre ici sur les arguments des politiciens "de gauche" pour simplifier, les partisans d'un interventionnisme et d'une omniprésence de l'état dans la vie économique et sociale. Je leur laisse le soin d'expliquer leurs positions, et leurs contradictions, dans d'autre tribunes où ils savent si bien le faire. Je me bornerai quant à moi à expliquer pourquoi je pense le contraire.
J'ai expliqué dans d'autres articles l'importance que j'attache à la notion de liberté (voir la rubrique qui en porte le titre). La politique économique et sociale ne fait pas exception à la règle. Je prétends que le citoyen est un être majeur qui ne nécessite pas d'être "pris par la main" à longueur de temps pour que l'on lui explique ce qu'il doit faire. Ce qui équivaut à dire "ce qu'il a le droit de faire", et ceci est tout simplement inadmissible...
J'ouvre tout de suite une parenthèse, pour la refermer aussitôt car je ne souhaite pas déclencher la polémique sur le sujet, pour rappeler que le mot "libéralisme" provient directement du mot "liberté" : le libéralisme, c'est la doctrine qui a pour objet de laisser aux citoyens leur liberté d'action, dans le domaine économique comme dans tous les autres. Que ceux qui se disent anti-libéraux viennent m'expliquer, s'ils le peuvent, qu'ils sont en même temps des démocrates ! Je n'ai toujours pas entendu d'arguments convaincants sur le sujet...
Le rôle de l'état, je dirais sa raison d'être, est d'assurer l'harmonie et le bon fonctionnement de la société. Tout ça, mais rien que ça, et surtout pas de se mêler... de ce qui ne le regarde pas, mais qui ne regarde que les citoyens eux-mêmes.
Il doit donc assurer un certain nombre de services qui, dans l'ancien régime, étaient soit dévolus au roi (d'où le terme régalien), soit à l'église.
Les services régaliens, financés par l'impôt, étaient essentiellement
1 - La sécurité extérieure (les forces armées)
2 - La sécurité intérieure (la police)
3 - La justice (les tribunaux, ainsi que les prisons)
4 - La poste
Les services antérieurement dévolus à l'église, financés par des dons et des oboles, étaient notamment
1 - La santé (les hôpitaux et les hospices)
2 - La charité (ce que nous appelons maintenant la solidarité)
3 - L'enseignement
Depuis la révolution, ils sont tous à la charge de l'état, et s'y sont ajoutés un certain nombre qui découlent de l'évolution des techniques et des modes de vie, par exemple les transports. L'ensemble constitue ce que nous appelons les services publics. Ces services publics constituent l'essentiel des compétences "naturelles" de l'état.
L'état ne devrait à mon sens intervenir économiquement que dans ce domaine, et accessoirement pour orienter l'activité dans telle ou telle direction lorsque c'est souhaitable pour la bonne marche de l'économie. Par exemple, des incitations fiscales pour favoriser tel ou tel secteur de l'économie menacé par la spéculation ou la concurrence étrangère...
Mais ce ne doivent être là que des exceptions. Les acteurs économiques doivent rester libres de leurs mouvements si l'on veut que l'offre réponde naturellement à la demande, et si l'on veut que le niveau d'activité ne soit pas sclérosé par des contraintes insupportables.
On le voit bien en matière de réglementation du travail, où les charges sont devenues si importantes que le coût du travail en devient insupportable pour les entreprises, qui sont ainsi amenées de plus en plus à dé-localiser massivement leur production dans d'autres pays, ce qui induit chez nous à la fois des salaires trop faibles et un taux de chômage toujours trop important.
Et il y a un autre domaine dans lequel la puissance publique (car quand je parle de l'état, ce peuvent être aussi bien les collectivités locales, bien entendu) intervient de manière des plus abusives : il s'agit de l'attribution de subventions "incitatives". Quel est ce système qui consiste à prendre sur l'impôt, c'est à dire sur la contribution de tous les citoyens, pour distribuer des avantages à un petit nombre d'entre eux ? Je sais, on me répondra que cela s'appelle la solidarité. Je suis naturellement pour l'exercice de la solidarité. Sous l'ancien régime, cela s'appelait la charité, et elle était pratiquée par l'église. Je préfère de loin que ce soit institutionnalisé et que cela passe par les élus du peuple. Mais il y a deux différences fondamentales entre la charité d'alors et la soi-disant solidarité d'aujourd'hui :
1 - Alors, la charité était faite aux nécessiteux avec le produit des dons faits volontairement dans ce but. Aujourd'hui, on puise dans des contributions obligatoires, à savoir les impôts, sans demander leur avis aux contribuables
2 - La charité était faite à l'endroit de personnes objectivement nécessiteuses, et pas dans le but de mettre en place des politiques économiques dont on ne sait même pas si elles seront couronnées de succès. Quand encore elles ne provoquent pas des "effets d'aubaine". La politique économique d'un état ou d'une région, ce n'est pas une loterie. Ce n'est pas le loto...
L'attribution de subventions fausse la concurrence, et cela se retourne toujours contre la bonne santé de l'économie. Je suis quant à moi pour la vérité des prix :
- Il faut vendre les produits et les services qui sont l'objet de la demande à leur vrai prix, c'est à dire avec une marge suffisante
- Il faut, grâce à cette marge, rémunérer correctement ceux qui travaillent à leur élaboration et les investisseurs (les actionnaires des entreprises)
- Ainsi, le pouvoir d'achat généré permet un bon niveau de la consommation
- Le niveau de la consommation soutient le niveau de la demande
- Et la boucle se referme : demande, production, vente, marge bénéficiaire, pouvoir d'achat, consommation, nouvelle demande, etc..
C'est là le fonctionnement naturel de l'économie. Tout autre comportement est artificiel et conduit inexorablement à un fiasco, ce que nous vivons aujourd'hui.
On me rétorquera que le problème est plus complexe, dans la mesure où l'on doit tenir compte de la concurrence étrangère. Je réponds que le raisonnement que je tiens ci-dessus vaut intégralement au plan international. Pensez-vous que l'on continuera durablement à vendre des centrales et des Airbus à la Chine si les Chinois continuent d'être payés à coups de pieds dans le "chose" ? Ils ne vont pas se satisfaire éternellement d'un bol de riz. Et si leur pouvoir d'achat augmente correctement, quand ils en voudront plus, nous pourrons alors leur vendre plus... A condition qu'on ait encore quelque chose à vendre !... Et dans le cas contraire, je vois mal avec quoi on pourra servir ces subventions destinées à soutenir une économie qui d'ailleurs n'existera plus...
Si l'on se décidait enfin à laisser l'économie "vivre sa vie", faites lui confiance, elle saurait comme toujours s'adapter à son marché, et quand les industriels constateraient qu'ils n'ont pas d'autre issue, pour vendre leurs produits, que de favoriser le pouvoir d'achat de leurs clients potentiels, leur comportement, sur le marché extérieur comme en France même, serait bien plus performant que notre interventionnisme désordonné !
Et tout le monde y gagnerait...
Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...
mardi 11 décembre 2007
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