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mercredi 26 décembre 2007

Ultra libéralisme ou collectivisme ?

Ultra libéralisme ou collectivisme ? Ni l'un ni l'autre, et je vais tenter d'expliquer...
Mais la tâche est rude tant les concepts sont à la fois simples et compliqués, populaires et méconnus, et surtout "sensibles" comme l'on dit habituellement aujourd'hui quand on ne veut vexer personne. Quant à moi, je me soucis peu d'en vexer certains, sinon je n'écrirais pas ici...

D'abord, définir les deux thèses antagonistes : il s'agit des deux conceptions de la vie économique et sociale qui se partagent les opinions (et les systèmes en place) sur la planète. En effet, toutes les autres n'en sont que des variantes, et les contiennent toutes deux, les différences, pour énormes qu'elles soient, n'étant qu'affaire de dosage entre ces deux concepts à l'opposé l'un de l'autre.

1 - Le libéralisme


Je commence par celui-là pour la raison qu'il est la théorie la plus ancienne des deux. L'ultra libéralisme en est la variante moderne, née du besoin ressenti par certains de s'opposer avec une vigueur accrue au collectivisme, et que pour ma part je considère comporter des excès : avec l'ultra libéralisme, "on a franchi la ligne jaune" ! Mais j'expliquerai plus loin quelles sont mes positions personnelles. Pour l'instant, j'en resterai aux définitions de base.
Le libéralisme est un mouvement intellectuel né dans l’Europe des Lumières aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui affirme les principes de liberté et de responsabilité individuelles. Il repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits naturels sur lesquels aucun pouvoir ne peut empiéter. En conséquence, les libéraux veulent limiter, au profit du libre arbitre de chaque individu, les choix imposés à la société par l'État ou par d'autres formes de pouvoir, quels qu'en soient la forme et le mode de désignation.
On pourra, pour plus de précisions, se rendre utilement à l'adresse suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/Libéralisme.

2 - Le collectivisme

Le mot regroupe plusieurs domaines et plusieurs acceptions : collectivisme politique, collectivisme économique, étatisme, socialisme, communisme, interventionnisme, ou encore capitalisme d'état. En fait, tous ces concepts sont très voisins les uns des autres, et sous-tendus par une même idée, elle-même contenue toute entière dans l'idéologie marxiste.
De quoi s'agit-il ? Karl Marx est un idéologue du début du XIXe siècle qui a marqué profondément, non seulement l'histoire de son temps, mais encore l'Histoire tout court, jusqu'à nos jours encore. Ses théories ont servi de base à des courants politiques aussi connus et répandus que le socialisme et le communisme, même si cette dernière doctrine peut à bon droit être définie au plan politique comme une déviance de l'idéologie marxiste. On pourra, pour plus de précisions sur Karl Marx, visiter l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Pensée_de_Karl_Marx.
Le "fil rouge" de la pensée de Marx est de tout ramener à l'homme au détriment du spirituel, ce que l'on appelle le matérialisme, et de contraindre les êtres humains à "se libérer" de leur penchant naturel à l'égoïsme et au profit personnel, au bénéfice de la collectivité. Pour Marx, il appartient à l'Etat de mettre en oeuvre cette contrainte, politiquement, économiquement, idéologiquement...
Sur le plan économique, Marx a développé notamment les théories de collectivisation des moyens de production, de planification de cette production, de "distribution sociale" des biens produits. Il s'agit, on le voit bien, d'un interventionnisme exacerbé de l'Etat, qui réglemente tout, qui dicte tous les comportements, qui planifie tout, et qui impose, au besoin par la force, le respect des règles planifiées.
Même la Chine, dernier grand pays marxiste sur la planète, s'est éloignée considérablement du modèle depuis quelques années, en intégrant une dimension capitaliste sinon libérale dans son système.

Ceux d'entre vous qui auront lu certains de mes autres articles, auront déjà compris que je suis beaucoup plus proche des idées libérales que des idées collectivistes. Mais, je l'ai dit, l'ultra libéralisme, qui nous vient d'Outre Atlantique où tout est fait dans l'excès, dans le domaine économique comme dans le reste, est une déviance particulièrement excessive et dangereuse de la doctrine libérale. On ne peut à mon sens pas laisser aux seuls marchés l'entier loisir de s'auto-réglementer, au mépris des intérêts des plus faibles. Ce serait la "loi de la jungle" où "seuls les plus forts survivent" (j'utilise ici à dessein des expressions directement issues de la littérature nord-américaine). C'est pourtant ce que nous constatons trop souvent aujourd'hui, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique d'ailleurs : nous avons la mauvaise habitude de copier nos "amis" américains avec une ou deux décennies de retard, ce qui signifie bien souvent que nous commençons à mettre en oeuvre une pratique qui nous vient de chez eux au moment même où ils s'aperçoivent qu'il vaudrait mieux faire autrement... Mais c'est une autre histoire, qui ne concerne pas (pas encore) le sujet qui est le mien aujourd'hui.

Ceci étant posé, je vais essayer de définir mes positions le plus clairement et le plus succinctement possible. Je ne vais aborder ici que le domaine de l'économie. Pour ce qui est des aspects politiques et sociaux, je vous invite à vous reporter aux rubriques correspondantes où je pense m'être exprimé avec précision. Je vous demande de bien vouloir utiliser les commentaires pour vous exprimer à votre tour chaque fois que vous le jugerez nécessaire ou pertinent.

1 - L'être humain est doué par nature d'un certain nombre de facultés qui lui permettent de bâtir des règles de vie structurées destinées à régir ses comportements vis à vis de ses semblables en vue d'une harmonie sociale. En d'autres termes, l'être humain est un animal "social" et possiblement "sociable". Il est intellectuellement parfaitement capable de défendre ses propres intérêts, et n'a nul besoin qu'on le "prenne par la main" dans les actes de la vie courante comme un enfant. Cela porte un nom : la liberté...
2 - Si la vie du groupe est importante en tant que telle, le groupe dont on parle ici et que l'on appelle la société n'existe que par la présence de ceux qui le composent. Je déduis naturellement de cette lapalissade que la vie de chacun de ces individus doit avoir la primauté absolue sur la vie du groupe. D'aucun crieront à l'individualisme. Ca n'est pas un gros mot, et l'organisation sociale ne sert à rien si l'individu ne peut en recueillir les fruits...
3 - L'activité économique, c'est à dire la production de richesses par le travail, obéît naturellement à la loi de l'offre et de la demande dans tous les domaines, c'est à dire bien sûr dans le commerce comme on en accepte habituellement l'idée, mais également dans les rapports entre les individus, ce qui est moins consensuel. Je veux parler ici, par exemple, du temps de travail, du montant des salaires, des conditions de travail, et en général de tout ce qui met deux individus devant la nécessité de se mettre d'accord pour faire quelque chose ensemble.
Cette loi de l'offre et de la demande, prise dans son acception la plus large, peut également être appelée loi du marché, ou encore négociation de gré à gré.
Il s'agit tout simplement de la capacité qu'ont naturellement les individus de se mettre d'accord entre eux sur les modalités propres à garantir leurs intérêts réciproques, dans le cadre de leurs activités.
4 - La stricte application du concept que je viens de définir comporte un risque important au préjudice de certains. Sans un minimum de régulation, c'est à dire de législation contraignante, elle conduirait à la domination des plus faibles par les plus forts. Un encadrement par la loi est donc indispensable. Cette législation doit cependant laisser aux acteurs économiques la liberté d'action la plus large possible, et la puissance publique ne doit intervenir que pour empêcher les abus de position dominante.
5 - L'état, et les pouvoirs publics en général, n'ont aucune vocation à être acteurs de l'activité économique. Leur rôle strict est de réguler et d'arbitrer, pas de participer. Tout au plus peut-on envisager de leur part, dans les cas extrêmes, un rôle d'incitation, mais uniquement en cas de danger avéré dans tel ou tel secteur de l'activité.
Pour plus de détails sur mon opinion au sujet du rôle de l'état dans l'économie, je vous invite à vous reporter à mon article du 11 décembre dernier sur le sujet, dans cette même rubrique "économie".
6 - Les impôts et les taxes, dont les seules justifications sont ainsi le fonctionnement de l'administration, les services publics régaliens et l'exercice d'une solidarité bien dosée, doivent être réduits au strict nécessaire.
7 - Les autres prélèvements obligatoires, et particulièrement les charges sociales, ne doivent en aucun cas conduire à freiner l'activité économique. L'action sociale doit être contenue dans les limites des besoins et non des souhaits et désirs de tel ou tel. L'activité économique, délivrée du poids excessif de ces trop lourdes charges, doit de ce fait redevenir capable de financer les garanties nécessaires des risques de la vie (maladie, chômage, retraites, etc...).
8 - Ce n'est pas à la collectivité de prendre en charge les risques courants des individus. C'est aux individus eux-mêmes, par le fruit normal de leur travail, de le faire. Mais pour cela, il faut bien sûr que ce fruit du travail demeure effectivement "normal", c'est à dire que l'état n'en "pompe" pas abusivement une proportion exagérée.
9 - L'action sociale publique devrait pour cela se limiter aux "gros risques" en laissant aux individus le soin de s'assurer au long cours pour le reste, "en bons pères de familles". Leurs revenus, beaucoup moins amputés qu'aujourd'hui, leur permettraient ainsi de le faire...

Je pense pour ma part qu'un montant unique et commun, constant d'un individu à l'autre, devrait être fixé pour les postes suivants :

- Le SMIC, qui par ailleurs devrait être le revenu minimum unique, applicable quelle que soit la catégorie sociale (secteur privé, secteur public, agriculture, commerce, industrie, professions libérales, etc...)

- Le minimum vieillesse.
Cette notion devrait d'ailleurs tout simplement disparaître : le montant des pensions de la retraite par répartition devrait être le même pour tous, quel que soit le niveau social en cours d'activité. Ce régime de retraite financé pour une grande partie, qu'on le veuille ou non, par le budget de l'état, devrait être un minimum obligatoire auquel chacun viendrait ajouter des garanties personnelles et facultatives dont le montant serait fixé par chacun en fonction de ses propres revenus, et donc du niveau de pension à garantir la retraite venue.
Bien entendu, la cotisation du régime par répartition serait réduite en conséquence, ce qui permettrait naturellement le financement de ces garanties complémentaires (sans doute par capitalisation). Il va de soi que les cotisations devraient en être défiscalisées.

- Les indemnités de chômage.
L'assurance chômage est là pour permettre aux chômeurs de vivre normalement pendant leur période de recherche d'emploi, et non dans le but de maintenir le niveau de leurs revenus antérieurs. Il s'agit là encore d'un exercice de solidarité, et pas d'assistanat. L'indemnité qu'ils reçoivent ne devrait avoir aucun lien avec leur ancien salaire. Pas plus d'ailleurs que les cotisations.

- Le RMI. Il a été institué dans le but de fournir un revenu à ceux qui n'ont plus de travail rémunéré, ni ne bénéficient plus d'aucune aide ou indemnité d'aucune sorte, comme par exemple les "chômeurs en fin de droit".
Je ne reviendrai pas sur le bien-fondé de cette mesure, extrêmement coûteuse mais peut-on admettre de laisser dans le plus grand dénuement les "accidentés de la vie" ? Cependant, il faut bien prendre garde, ce qu'on ne fait pas aujourd'hui, à ne pas la transformer en une prime à l'oisiveté. Le but n'est pas d'entretenir les gens à ne rien faire leur vie durant !
Aussi, je considère d'une part que, quitte à faire quelque chose, il faut le faire bien et fixer le montant de cette aide à un niveau convenable, mais d'autre part qu'il faut en conditionner le versement à l'exercice d'un travail, et par exemple d'une tâche d'intérêt général. Il ne manque pas de besoins de ce type, du service à la personne aux travaux de voirie publique en passant par le soutien scolaire, selon les capacités de chacun. Les fonds publics ne sont pas un trésor sans limite, et il ne s'agit pas d'entretenir l'oisiveté et le renoncement...
10 - En outre, les charges sociales ne doivent pas peser uniquement sur le travail. Elles doivent être conçues comme une part de la solidarité, et donc peser sur tous les revenus. Le financement de l'assurance maladie via la CSG pour ce qui est de la part salariale des cotisations va dans ce sens. Mais la part dite "patronale" des charges sociales, et qui n'est d'ailleurs patronale que de nom (elle se déduit bien sûr du salaire auquel le travailleur pourrait prétendre si elle n'existait pas), devrait reposer sur la valeur ajoutée (c'est à dire sur les bénéfices de l'entreprise), et non pas sur les seuls salaires, ce qui conduit mécaniquement à la fois à du sous-emploi et à des bas salaires.
A noter que ce mode de calcul sur la valeur ajoutée (que l'on peut, si l'on veut, appeler "TVA sociale") aurait pour conséquence mécanique de faire supporter le financement de l'action sociale par les produits importés, et pas seulement par les produits fabriqués sur le sol national. De plus, elle ne pénaliserait pas, comme c'est le cas aujourd'hui, les entreprises de main d'oeuvre. Elle devrait en effet être à la charge de toutes les entreprises, sans tenir compte de l'importance de leur masse salariale respective...
11 - Cette simplification des lois sociales, entraînant à la fois une revalorisation de la plupart des minima, une réduction significative des prestations obligatoires à la charge de la collectivité, et un allégement symétrique des cotisations obligatoires à la charge tant des individus que des entreprises, simplification qui redonnerait au citoyen sa liberté, en même temps qu'elle rétablirait ses responsabilités en matière sociale, pourrait efficacement être accompagnée d'un ensemble de mesures fiscales destinées à favoriser la solidarité entre les individus eux-mêmes, sans l'intervention directe de fonds publics. Ainsi, des réductions d'impôts significatives, et non pas seulement symboliques comme aujourd'hui, pourraient être consenties en raison d'actions solidaires en faveur des plus démunis, d'actions de mécennat, ou d'autres actions de soutien en faveur des handicapés par exemple, sans que cette liste soit exhaustive.
Une entraide solidaire efficace serait ainsi encouragée, qui réduirait d'autant les besoins d'intervention en terme de fonds publics. Car, n'en doutons pas, les réductions d'impôts dont je parle ici seraient, et de loin, bien inférieures aux coûts de fonctionnement actuels des "bureaux d'aide sociale" de nos mairies par exemple.
Mais ce comportement citoyen des plus aisés, incité au plan fiscal, ne serait rendu possible que par l'allègement significatif des prélèvements obligatoires découlant de l'ensemble des réformes que je propose ci-dessus...


Voilà, pour l'essentiel, ce que sont mes conceptions macro-économiques. Le sujet n'est pas clos, et je vous invite à réagir. J'affinerai volontiers mes propos en fonction de vos questions et de vos réactions...


Ce billet était publié sur mon ancien site. Commentaires ici

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