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mercredi 5 décembre 2007

Le pouvoir (des) citoyen(s)

Dans une démocratie, ce sont les citoyens (schématiquement, l'ensemble des habitants) qui élisent (qui choisissent) leurs dirigeants. C'est là un pouvoir considérable, dont malheureusement nombre d'entre eux aujourd'hui ne sont pas réellement conscients. D'où un taux d'abstention très important lors des scrutins.
Que ce soient le président de la république, les députés, les sénateurs, les conseillers municipaux (qui élisent parmi eux le maire de la commune), etc... Voilà autant d'individus qui vont gouverner, c'est à dire décider à la place de chacun d'entre nous (théoriquement et officiellement au nom de chacun de nous), et ce pendant une période de plus ou moins cinq à six années selon les cas, avec des incidences dans pratiquement tous les domaines de notre vie !...
Ce n'est pas une mince affaire, et cela devrait faire réfléchir chacun de nous !

Voilà pour le principe. Car tout ça n'est en fait que théorique. Dans la pratique, différents facteurs faussent radicalement le "jeu" démocratique, et sapent considérablement ce pouvoir citoyen. Par exemple :

- Les partis politiques

Ils sont censés partager les hommes et les femmes politiques, c'est à dire ceux et celles qui se proposent de gouverner, en différentes catégories selon leurs conceptions de l'organisation de la société. Mais pour y parvenir de manière parfaitement honnête, il faudrait autant de partis... que d'individus ! En effet, la nature humaine est ainsi faite, et le parcours de chacun est si différent de celui de son voisin, qu'on ne conçoit pas de trouver deux individus d'accord sur tout, surtout dans ce domaine si "sensible" qu'est la politique !
Le résultat de cette ambiguïté, c'est qu'au sein d'un même parti, qui regroupe évidemment des hommes et des femmes qui "voient les choses" de manières assez proches les uns des autres, il existe des courants de pensée très différents ! De ce fait, l'appartenance d'un candidat à un parti ne préjuge pas forcément de la concordance de vues entre lui et vous...
Or ce sont justement les partis politiques qui organisent, parce qu'ils les financent, les campagnes électorales.

- Le carriérisme des hommes politiques

Même si vous avez trouvé parmi les candidats la "perle rare" qui correspond exactement à vos idées, et même s'il est élu, il y a fort peu de chances qu'il mette en oeuvre exactement la politique pour laquelle vous l'avez choisi.
En effet, le "travail" de votre heureux élu va consister à prendre un certain nombre de décisions pour le bien de la collectivité. Mais certaines d'entre elles seront quelquefois lourdes à supporter pour les individus qui la composent, y compris pour ses électeurs, et y compris peut-être pour vous-même !..
Or, le voeu le plus cher d'un élu, c'est d'être réélu la prochaine fois !... Et ces décisions "impopulaires" risqueraient bien de l'en empêcher...
La conséquence dans la pratique, c'est que la plupart de ces décisions, ne seront jamais prises ! Voilà un sacré coup porté à votre pouvoir de citoyen, ne croyez-vous pas ?

- La notion de majorité

Il serait illusoire de penser qu'un jour quelqu'un (ou quelqu'une) soit élu à l'unanimité ! Et donc, après l'élection, il y aura forcément des mécontents, mais là n'est pas la question. Quel est le pourcentage de voix requis pour prétendre être élu ? La question est d'importance, et tout le monde ne partage pas la même opinion sur le sujet. Il existe différents systèmes de comptage.
Tout d'abord, que doit-on mettre sous le vocable de "suffrage universel" ? Etymologiquement, ce terme signifie que "tout le monde vote", ou plus précisément que "tout le monde est électeur". Et ce n'est pas le cas dans la pratique, puisqu'il y a un âge minimum, qu'on doit être de nationalité française, ou au moins ressortissant de l'Union Européenne dans les élections locales, qu'on doit être inscrit sur une liste électorale dont les inscriptions sont clôturées à partir d'une date quelquefois assez éloignée de la date du scrutin, etc. etc...
Ensuite, un certain nombre de votes "ne comptent pas", à commencer par les votes nuls, qui pourtant reflètent dans la plupart des cas une opinion, par exemple du type "aucun candidat ne correspond à mes choix", ou "le système politique ne correspond pas du tout à mes voeux", etc.
Or, le résultat du scrutin va s'imposer à tous, et pas seulement aux auteurs des suffrages retenus pour le calcul de ce résultat... Sans parler du mode de scrutin, qui dans certains cas peut s'apparenter à de la "cuisine électorale", de même que le découpage des circonscriptions de vote...
Après tout cela, où en est vraiment la notion de majorité ?

- Les comportements sociaux

Supposons malgré tout que vous soyez tombé sur un "saint-homme-politique-prêt-à-se-sacrifier-pour-les-autres" (voir ci-dessus le paragraphe sur le carriérisme). Vous n'êtes pas au bout de vos peines malgré tout !
En effet, votre élu hors paire va donc tenter de mettre en oeuvre la politique pour laquelle il a été élu. A noter que c'est là exactement ce qu'on attend de lui, et que ça devrait être l'attitude de tous les élus ... Mais voilà ! Ca ne va pas se passer tout seul... Car n'oublions pas que votre élu ne l'a été que par une fraction plus ou moins importante de la population, celle que l'on appelle la "majorité" et qui ne l'est pas forcément (voir ci-dessus les remarques à ce sujet). Or les décisions prises vont s'imposer à tous, y compris à tous ceux qui n'ont pas voté pour votre oiseau rare... Et bien, il y a toutes les chances pour que ceux-là se mettent en colère, et se proposent d'empêcher l'exécution des décisions prises, y compris par des actions illégales et violentes...
L'expérience a prouvé que dans de telles situations, ce n'est pas le politique qui a le dernier mot, et donc pas le citoyen électeur, mais la rue, c'est à dire les "manifestants" comme on les appelle pudiquement. J'aurais pour ma part tendance dans bien des cas à plutôt les qualifier de "casseurs", de "malfaiteurs" et/ou de "voyous", même si cela en fait sursauter plus d'un, j'imagine...

Voilà quelques-uns des "bémoles" qu'il faut selon moi apporter à la notion de pouvoir citoyen. Mais tant bien que mal, ce système, je veux dire la démocratie, qui somme toute est d'ailleurs perfectible, est comme disait Winston Churchill "sans doute le pire des systèmes, mais on n'en a pas trouvé de meilleur... "

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